mardi, 1 octobre, 2024
Par Aude le mardi, 1 octobre, 2024, 11h44 - Textes
Il y a quelques semaines j’écrivais ici qu’Emmanuel Macron, malgré la défaite subie aux législatives de juillet, gardait la main non seulement en tant que président d’un régime aux traits monarchiques mais aussi grâce à la position du centre dans l’échiquier politique, ce qui lui permettait de choisir ses alliances. Or il a fait le choix constant depuis 2017 de gouverner très à droite et de s’appuyer sur l’extrême droite (en validant ses éléments de langage et ses paniques morales, en sollicitant les votes du RN comme lors de la loi immigration) plutôt que de déboussoler la gauche en pratiquant un « en même temps » plus consistant. Il aurait pu s’appuyer sur les thématiques appréciées par la bourgeoisie de gauche molle, faire passer quelques lois « sociétales », être le premier « président féministe » en s’épargnant de s’inquiéter des excès de #MeToo (quelques jours à peine après le début de la vague) ou en ne jouant pas au père de famille hétéro qu’il n’est pas en tapotant des joues de violeurs tout en leur demandant de s’y prendre mieux la prochaine fois.
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Par Aude le mardi, 1 octobre, 2024, 08h11 - Lectures
Naomi Klein, Le Double. Voyage dans le monde miroir, traduit de l'anglais (Canada) par Cédric Weis, Actes Sud, 2024, 496 pages, 24,89 €
Lors du confinement, en mars 2020, je me souviens avoir bien vite écarté les soupçons d’après lesquels le surgissement du Covid serait dû aux mauvaises intentions de la Chine (ou, plus étrangement, d’Emmanuel Macron), aidée notamment par l’idée popularisée par Naomi Klein dans La Stratégie du choc que les acteurs politiques et économiques les plus puissants n’ont pas besoin de manufacturer des catastrophes pour en profiter. Il leur suffit d’attendre qu’elles arrivent, ce qu’elles ne manquent pas de faire. Je me demandais alors ce que Klein aurait à dire de la période.
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samedi, 14 septembre, 2024
Par Aude le samedi, 14 septembre, 2024, 20h51 - Textes
Michel Feher, Producteurs et parasites. L’Imaginaire si désirable du Rassemblement national, La Découverte, 2024, 270 pages, 16 €
Lors du mouvement des Gilets jaunes, que j’ai suivi de loin mais avec intérêt, je me souviens des premières interviews de gens de classes populaires stabilisées ou de petits bourgeois qui exprimaient leur dépit de jouer le jeu sans pour autant s’en sortir. Elles et ils travaillaient, multipliaient les heures sup mais éprouvaient de la difficulté à payer la facture de leur rêve de pavillon avec deux voitures. Au fil des actes, il fut de plus en plus question des « cas soc’ » (aussi écrit cassos, il ne s’agit plus de personnes qui nécessitent l’intervention des services sociaux mais plus simplement de chômeurs et de précaires bénéficiaires de droits sociaux) qui nourrissaient le mouvement mais avaient fini par en faire partir les gens bien qui ne voulaient pas y être associés – leur colère pouvait exploser pendant un mois mais eux n’avaient pas que ça à faire, de tenir les ronds-points. Ce clivage observé lors du mouvement rappelle l’imaginaire qui s’est déployé à chaque réforme macroniste de l’assurance chômage : d’un côté il est des producteurs méritants et de l’autre des parasites qui profitent de leur travail et qu’il ne faut pas laisser proliférer.
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dimanche, 8 septembre, 2024
Par Aude le dimanche, 8 septembre, 2024, 10h07 - Textes
Dans toute l’Europe, pays après pays, l’extrême droite arrive au pouvoir. C’est rarement après un raz-de-marée électoral mais invitée dans des coalitions par des partis de droite. Il arrive que les élections suivantes la balayent, il arrive aussi que son influence ne prenne pas la forme d’une participation au gouvernement mais de simples accords programmatiques (je notais ici le cas de la Suède où l’extrême droite soutient le gouvernement sans y participer).
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jeudi, 25 juillet, 2024
Par Aude le jeudi, 25 juillet, 2024, 12h36 - Lectures
Eugénie Mérieau, La Dictature, une antithèse de la démocratie ? 20 idées reçues sur les régimes autoritaires, Le Cavalier bleu, 2024, 239 pages, 13 €
D’un côté, un gouvernement qui vient d’établir une discrimination entre ses citoyen·nes en fonction de leur origine ethnique et qui entend limiter la capacité de la Cour suprême à faire respecter la Constitution au motif que les juges, contrairement aux député·es soutenant la « coalition d’extrême droite, messianique et ultraorthodoxe » au pouvoir, ne sont pas élu·es et qui s’est vu opposer pendant des mois en 2023 un mouvement social d’une vigueur rarement observée dans le pays. De l’autre, un gouvernement élu en 2006 mais qui l’année suivante opère un coup de force contre son principal opposant dans un État fragile, parfois qualifié de proto-État. Depuis lors, aucune large manifestation de rue, comme celles de 2019 et 2023, n’a réussi à faire bouger le régime. En août 2023, les gouvernements israélien et palestinien de Gaza étaient en guerre contre leur propre peuple qui aspirait à une démocratisation du régime. On connaît la suite.
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lundi, 1 juillet, 2024
Par Aude le lundi, 1 juillet, 2024, 09h02 - Textes
Même si elle n’a jamais abordé le sujet avec moi, j’ai de bonnes raisons de croire que la gardienne de mon immeuble vote pour le Rassemblement national. L’un de ses thèmes de prédilection est le goût du travail bien fait qui se perd, « voyez-vous madame Vidal ». Je ne mets pas en cause son constat. Locataire dans le logement social, je n’ai jamais eu de propriétaire aussi indélicat. Et si, quand j’ai emménagé, j’ai pu être choquée par certains comportements peu civiques de mes voisin·es, j’en suis venue à les voir comme des révoltes minuscules et mal ciblées contre un monstre maltraitant mais invisible. Ce bailleur, l’un des plus gros du pays, a par exemple externalisé son service d’intervention technique et l’a confié à une entreprise encore plus détestable.
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lundi, 10 juin, 2024
Par Aude le lundi, 10 juin, 2024, 07h56 - Textes
Depuis quelques années je ressens une contrainte à aller voter, bien loin de mes convictions selon lesquelles l’élection n’est pas une procédure démocratique, ou plutôt qu’elle a des caractères démocratiques bien ténus (1). L’urgence, la nécessité de faire barrage au fascisme s’impose à moi – serait-ce en votant pour celui qui justement gouverne en entretenant la vitalité de son opposition d’extrême droite et en validant des points essentiels de son discours. Toujours il faut aller nettoyer la merde avec son petit bulletin crotté.
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lundi, 3 juin, 2024
Par Aude le lundi, 3 juin, 2024, 20h56 - Textes
Il y a quelques mois a été publié un pamphlet anonyme dénonçant le « naufrage réactionnaire du mouvement anti-industriel ». Mouvance à laquelle j’estime appartenir (entre autres affiliations) et pamphlet dans lequel un de mes écrits fait référence… Je ne sais pas si c’est une position spécialement confortable ou au contraire inconfortable mais le fait est que je n’ai pas ressenti l’intérêt de m’exprimer à ce sujet. Les camarades du collectif anti-autoritaire et technocritique Ruptures l’ont fait et même si, probablement, nous ne sommes pas parfaitement aligné·es sur tout leur réponse me semble devoir clore le débat en rappelant d’une part que leur militantisme consiste non pas en une recherche de la pureté mais en la construction d’alliances pour lutter à la fois contre le « déferlement technologique » et le « raidissement autoritaire du pouvoir » (deux objets souvent réunis, qu’on pense aux technologies de surveillance) et d’autre part que ni la lutte sociale, contre les inégalités et les oppressions, ni la lutte technocritique pure n’ont pour elles et eux de sens si elles ne sont pas fermement liées l’une à l’autre.
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jeudi, 25 janvier, 2024
Par Aude le jeudi, 25 janvier, 2024, 08h13 - Textes
Il y a quelques jours j’ai repéré une pub assez laide pour un entreprise avec un nom à la con. Un peu comme Assur2000 ou Charenton Clés. Passant et repassant devant pour aller prendre le métro (quand il est accessible), il m’a fallu un temps pour comprendre que France Services était une énième déclinaison de France Bullshit, cette refonte des services de l’État sous une marque à la syntaxe anglaise.
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jeudi, 21 décembre, 2023
Par Aude le jeudi, 21 décembre, 2023, 09h03 - Textes
Le trafiquant d’influence Darmanin-démission, par ailleurs ministre de l’intérieur, se flatte de ne pas avoir fait voter sa loi contre les personnes migrantes avec les voix de l’extrême droite. Cela m’évoque la situation suédoise à l'issue des élections de 2022. L’extrême droite suédoise, un parti d’origine néo-nazie bien nommé Démocrates de Suède (SD), est le deuxième plus gros groupe parlementaire (73 sièges) derrière celui du parti social-démocrate (107 sièges). Mais c’est le dirigeant d’un parti de droite ayant obtenu 68 sièges, Ulf Kristersson, qui dirige le gouvernement dans lequel sont entrés d’autres partis de droite ayant fait des scores de respectivement 5,34 et 4,61 %. À eux trois, ceux-ci ont réuni 30 % des voix et donc des sièges. Le gouvernement Kristersson est élu par 176 voix contre 173 grâce à un accord programmatique avec le SD. Celui-ci fait en outre partie d’un cabinet informel qui réunit les quatre partis et prépare les budgets endossés par la coalition de trois partis. Officiellement, l’extrême droite ne gouverne pas en Suède, elle se contente de régner.
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mercredi, 8 novembre, 2023
Par Aude le mercredi, 8 novembre, 2023, 08h49 - Lectures
Pierre Madelin, La Tentation écofasciste. Écologie et extrême droite, Écosociété, 2023, 272 pages, 18 €
Après deux ouvrages consacrés à l’écologie politique (Après le capitalisme. Essai d’écologie politique) et à une de ses branches parmi les plus intrigantes ou questionnables (Faut-il en finir avec la civilisation ? Primitivisme et effondrement), le philosophe Pierre Madelin a choisi d’interroger l’écofascisme, mis sur le devant de la scène en 2019 par deux meurtres de masse, à Christchurch en Nouvelle-Zélande et Houston au Texas, justifiés par les discours écofascistes de leurs auteurs. Son ouvrage commence par une recherche de définition de ce qu’est l’écofascisme. Plus souvent insulte qu’argumentaire étayé, l’accusation d’écofascisme n’est pas plus claire que celle de fascisme. Les discours dominants assimilent l’écofascisme avec toute critique de la modernité et de l’industrialisme. Les écologistes, d’EELV aux sphères anti-indus et radicales, seraient donc des écofascistes en puissance, foulant aux pieds l’héritage monolithique des Lumières et son universalisme éclairé (pas si simple). Leur attachement aux notions d’autonomie et de liberté est évacué, pendant que leur discours sur les limites écosystémiques est assimilé à l’acceptation des diktat de la nature. Les écologistes, au premier rang desquels Bernard Charbonneau et André Gorz, ont pour leur part appelé écofascisme la tentation de régler les problèmes d’accès à des ressources naturelles devenues plus rares par un contrôle bureaucratique et un partage autoritaire. Enfin, une dernière définition de l’écofascisme tient à certaines pensées écocentriques, accusées de mépriser la vie humaine.
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mercredi, 25 octobre, 2023
Par Aude le mercredi, 25 octobre, 2023, 08h09 - Textes
Rien de tel qu’une bonne guerre pour faire taire toute contestation. On se souvient du maréchal Macron, recevant dès 2018 des réponses cinglantes à son mépris, mis en difficulté sur sa réforme des retraites, se saisissant de la crise sanitaire pour se faire une image de chef de guerre là où on avait plutôt besoin de soignant·es. Plus tard il a su également profiter des guerres des autres pour se mettre en scène viril et hétérosexuel, en sweat à capuche et mal rasé pour mimer maladroitement le président ukrainien. La guerre fait les chefs, la guerre fait l’unité. Quand c’est la guerre, il faut abdiquer toute réflexion, faire front commun contre l’ennemi. Les conflits sur la production des richesses, serait-ce par la destruction de nos milieux de vie, et sur leur répartition n’importent plus quand on a un ennemi, extérieur idéalement et à défaut intérieur.
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mardi, 3 octobre, 2023
Par Aude le mardi, 3 octobre, 2023, 09h10 - Textes
Celles et ceux que fatigue l’overdose actuelle de sport ne sont pas au bout de leurs peines. La France macroniste est un pays profondément divisé politiquement et dans lequel les entrepreneurs en politique n’ont de cesse de nier à leurs adversaires la simple existence ou d’appuyer à leur profit sur tout ce qui clive (voir le récent usage de l’abaya, mot et vêtement inconnus de la plupart d’entre nous avant qu’un ministre n’en fasse LA menace contre sainte République, bien avant le démantèlement organisé des services publics). Cette France-là a bien besoin de sport, cet objet qui réconcilie à moindre coût, et Emmanuel Macron s’en empare avec enthousiasme. On se rappelle l’énarque vibrant de manière exagérée à la victoire de l’équipe de France en 2018 et sa silhouette exultante, pour une fois virile et hétérosexuelle, aussi vite répliquée sur le matériel promotionnel de l’Élysée. C’est bien là un usage politique, voire partisan, du sport mais on est tenu de respecter l’injonction paradoxale à une réconciliation programmée autour de l’équipe de France. Le président va pêcher un peu de popularité dans les stades ? Impossible de le huer, il représente la France. Il mène une politique assise sur une bien faible légitimité démocratique et sa Première ministre ne gouverne plus que par 49.3 ? Il est Mbappé ou Dupont, il est la France, taisez-vous.
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mardi, 15 août, 2023
Par Aude le mardi, 15 août, 2023, 16h54 - Lectures
David Chavalarias, Toxic Data. Comment les réseaux manipulent nos opinions (2022), Champs Flammarion, 2023, 290 pages, 10 €
Il y a une quinzaine d’années, je traînais dans une méchante revue écologiste qui publiait encore des articles énamourés sur les médias sociaux, synonymes de démocratie. Maintenant que tout le monde pouvait savoir (savoir quoi ?), le peuple était au pouvoir et tout irait pour le mieux. Les pires plumes de la revue étaient restées scotchées sur un imaginaire datant de quinze ans de plus (le web comme espace nécessairement décentralisé donc démocratique) sans arriver à tirer les conclusions des premiers mouvements sociaux Facebook, comme la révolution iranienne manquée de 2009 qui donna au contraire le loisir aux autorités d’exercer une répression féroce sur les comptes ayant relayé le message des manifestations.
À l’époque il me semblait seulement que ces niaiseries péchaient par excès d’optimisme, confondant savoir et pouvoir, révolte et concertation, se faisant des illusions sur l’horizontalité produite par Internet et sur sa capacité subversive. La droite de l’époque et cette gauche radicale technophile avaient en commun le rêve qu’Internet produise une société sans corps intermédiaires, la première en connaissance de cause pour mieux gouverner et la seconde par manque de vision politique et utopisme mal digéré. Voilà ce que j’écrivais à ce sujet en plein surgissement des printemps arabes et peu avant le mouvement des places. Eh bien je me trompais. C’était bien pire ! C’est ce que nous explique cet ouvrage publié en poche cette année.
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mardi, 1 août, 2023
Par Aude le mardi, 1 août, 2023, 08h56 - Textes
Il y a quelques semaines une députée du Rassemblement national, Jacqueline Eustache-Brinio, disait à propos de jeunes qui avaient pris la rue suite à l’assassinat de Nahel et au dévoilement des mensonges des policiers : « Vous allez me dire que la plupart des gens arrêtés sont français. D’accord. Mais ça ne veut plus rien dire aujourd’hui. Ils sont comment français ? » Ils sont français comme vous et moi, pourrait-on lui répliquer, soit que l’un·e de leurs parents soient français·e, soit qu’ils soient nés en France de parents étrangers, y résident habituellement et en aient fait la demande. Je ne suspecte pas la députée de l’ignorer. Que manque-t-il donc aux jeunes pour être vraiment français puisqu’ils le sont déjà ? Mystère… Si au moins Eustache-Brinio avait le courage de critiquer frontalement les lois de son pays et de proposer leur réforme on saurait s’il faut pour être français·e avoir appris par cœur la Marseillaise, avoir tel niveau d’éducation (au hasard : le sien), être macroniste, catholique ou blanc·he. Mais les racistes de la République ont cette particularité de ne pas être bien courageux et courageuses, et de manier l’hypocrisie avec un talent consommé.
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mardi, 13 juin, 2023
Par Aude le mardi, 13 juin, 2023, 08h03 - Textes
L'extrême droite française fait ses délices de la notion de déclin, celui-ci étant toujours mis sur le compte des minorités, en particulier ethniques. Faisons-nous, nous qui sommes attaché·es à des valeurs égalitaires, émancipatrices et à la réconciliation avec notre milieu naturel, le même constat ? Oui et non. Et pour nous les causes sont absolument différentes.
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samedi, 29 avril, 2023
Par Aude le samedi, 29 avril, 2023, 19h31 - Textes
Il est poignant de constater, alors que les colères contre la réforme des retraites restent vives, à quel point les garde-fou nous manquent. Où que l’on regarde, le pouvoir semble absolu. Une police et une gendarmerie en roue libre, à laquelle l’IGPN et l’IGGN distribuent des jokers à tour de bras, même quand les illégalismes sont avérés et dénoncés. Un Conseil constitutionnel si fragile (trop proche du pouvoir et trop peu savant en matière de droit constitutionnel) qu’il est incapable de sanctionner un usage irrégulier de procédures pensées à d’autres fins qu’une absence de majorité aux élections législatives. Un président dont l’hubris bêtasse de gamin de 15 ans premier de la classe, qui fait enfin pitié au monde entier, ne semble plus connaître aucune limite. Une Constitution depuis toujours problématique, taillée sur mesure pour des régimes autoritaires, et dont les critiques se recrutent désormais de la France insoumise au Financial Times (1). Des préfets qui tentent d’interdire des manifestations pour la seule raison qu’elles déplaisent aux puissants… Ah non, là il reste encore quelques magistrat·es réveillé·es pour retoquer leurs arrêtés, maigre consolation.
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dimanche, 23 avril, 2023
Par Aude le dimanche, 23 avril, 2023, 11h29 - Textes
Il y a quelques jours, dans un groupe féministe, nous avons déplié un paragraphe de notre manifeste qui reprenait le slogan « Mon corps, mon choix ». J’avais émis quelques doutes sur cette formulation car si entendue comme un appel à la liberté reproductive et sexuelle des femmes elle fait consensus, elle contient aussi tout un monde contre lequel, en tant que féministes au sein d’un syndicat de transformation sociale, nous luttons. Enfin, j’espère.
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mardi, 29 mars, 2022
Par Aude le mardi, 29 mars, 2022, 17h53 - Lectures
Le Piège identitaire. L’Effacement de la question sociale, Daniel Bernabé, traduit de l’espagnol par Patrick Marcolini avec Victoria Goicovich, L’Échappée, 312 pages, 20 €
En 2018, le journaliste et essayiste Daniel Bernabé publiait en Espagne un ouvrage critique des tendances de la gauche à servir les besoins de reconnaissance des minorités tout en abandonnant toute prétention à lutter contre l’organisation socio-économique qui permet l’exploitation des travailleurs et travailleuses. Résumé comme ça, le livre semble rejoindre le lot de ces nombreuses imprécations moqueuses et convenues contre les « racialisateurs », les féministes post-modernes ou les poses de la bourgeoisie de gauche dans l’espace public. Mais l’exercice est bien plus subtil et cette publication, traduite et légèrement adaptée au contexte français de 2022 par Patrick Marcolini (1), est une réussite. Car il ne s’agit pas pour l’auteur de déclarer la nullité des demandes des groupes sociaux minorisés (femmes, personnes non blanches, LGBT, etc.) mais de les articuler à une critique sociale plus large et vigoureuse, celle d’un capitalisme en roue libre, qui ne rencontre plus guère d’opposition dans les sociétés européennes.
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samedi, 23 octobre, 2021
Par Aude le samedi, 23 octobre, 2021, 13h45 - Textes
Connaissez-vous l’agneau de Scythie ? C’est une plante assez semblable à première vue au coton, en forme d’agneau, mais sa fleur s’avère d’une structure et d’un goût proches de la chair de l’écrevisse. Cette plante extraordinaire, rare mais attestée au nord de la mer Noire, est décrite par nombre d’auteurs classiques qui se citent les uns les autres sans l’avoir jamais vue car elle n’existe pas. L’entrée « Agnus Scythus », qui se trouve dès la lettre A dans l’Encyclopédie de Diderot (l’auteur de l’article) et d’Alembert, est parfois considérée comme un modeste manifeste des Lumières, léger et ironique, une invitation à l’esprit critique et à l’irrévérence.
À entendre la droite rance de ce début de XXIe siècle, d’Anne Hidalgo à Zemmour, les Lumières sont au contraire un véritable mythe national, monolithique et très révérencieux. Qui a tort ? Qui a raison ? Autrice d’un mémoire de deuxième cycle universitaire consacré à Denis Diderot, j’ai une connaissance des Lumières non seulement très biaisée par mon travail sur cet auteur mais aussi légèrement embrumée par le temps qui a passé depuis lors. Elle est néanmoins plus sûre que celle, simpliste, de tristes sires ignorants s’abritant derrière ce mythe et d’autres pour justifier leur haine de l’autre et leur autoritarisme, désormais leur seule manière d’envisager la vie sociale.
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