On achève bien les éleveurs
Par Aude le jeudi, 30 novembre, 2017, 21h07 - Annonces - Lien permanent
Avec Jean-Pierre Berlan, Jocelyne Porcher, Xavier Noulhianne, Christophe Richard, le groupe Marcuse, Fabrice Jaragoyhen, les fermiers du Pic-Bois et Stéphane Dinard
144 pages, 24 euros
Parution le 1er décembre 2017
Dossier de presse à télécharger ici
À l'origine de ce livre, le dessinateur Guillaume Trouillard. Loin de se contenter d'illustrer les entretiens qui sont ici retranscrits et mis en forme, il a ouvert les premières pistes de ce qui est devenu On achève bien les éleveurs. C'est lui que la lecture de La Liberté dans le coma, ouvrage du groupe Marcuse, a convaincu de la nécessité d'aborder la question du puçage des bêtes, du contrôle et plus globalement de l'administration du métier d'éleveur… et des résistances à cette lame de fond. C'est encore lui qui, après avoir découvert la chercheuse Jocelyne Porcher et l'éleveur Xavier Noulhianne dans l'émission de Ruth Stegassy sur France Culture, « Terre à terre », a souhaité que nous les rencontrions.
Guillaume se flatte parfois d'être né dans le même canton que Bernard Charbonneau, un penseur écologiste et critique de la technique actif dès les années 1930, parfois mentionné dans ces entretiens. Il est surtout un fidèle lecteur des ouvrages publiés par l'Encyclopédie des nuisances, éditeur entre autres de Du progrès dans la domestication. C'est peut-être parce que cela se devine trop aisément que La Revue dessinée, qui lui avait commandé un reportage d'une trentaine de pages sur la question de l'élevage aujourd'hui, a retardé la publication de cette bande dessinée dont Gabriel Blaise et moi avons écrit le scénario. Ce reportage est finalement paru, plus de deux ans après nos premiers entretiens et malgré les efforts de Gabriel pour nous remettre dans les clous d'une revue peu désireuse de prendre des positions aussi tranchées que les nôtres. Le reste tient en partie au fait que, plutôt que de prendre des notes à partir desquelles j'aurais écrit les maigres bulles d'un reportage en bande dessinée, j'ai pris la peine de retranscrire les heures de savantes explications, de considérations passionnantes et d'indignations à partager. Il en est resté des pages que je ne pouvais me résoudre à simplement archiver.


C'est avec de tels guides que j'ai assisté, pendant les plus de quatre années qu'a duré l'élaboration de cet ouvrage, à l'émergence de mouvements de pensée qui combattent la domestication des animaux par les êtres humains ou prônent l'égalité entre espèces (antispécisme). Des associations comme L214 alertent le grand public sur le désastre environnemental causé par la surconsommation de viande et de produits d'origine animale. Le constat qu'elles font est partagé par les écologistes bon teint comme par les contributeurs et contributrices de ce livre : les productions animales industrielles ont un impact environnemental accablant. L'aliment pour le bétail, en particulier le soja, s'échange sur un marché mondialisé. Ces cultures, comme les pâtures, prennent d'assaut les écosystèmes les plus riches de la planète, comme le bassin de l'Amazonie qui subit la déforestation. Elles sont trop souvent en concurrence avec l'alimentation humaine : mangeurs et mangeuses de viande, plus solvables que les pauvres des pays du Sud, sont servi-es en premier. Les rots des ruminants sont chargés de méthane, un puissant gaz à effet de serre, et ne contribuent pas peu aux désordres climatiques en cours. Les usines à animaux, comme celles de cochons en Bretagne, polluent les eaux et produisent des crises sanitaires à répétition.

