Sous-catégories

mardi, 7 mars, 2017

C’est à ça que servent les féministes !

« Mademoiselle », « nom de jeune fille »… au-delà du caractère symbolique qu’a le renvoi systématique des femmes à leur statut marital, faire jongler les femmes avec plusieurs noms leur porte préjudice en compliquant leurs démarches administratives et en étant source d’erreurs. Rencontre avec l’une des petites mains d’un chantier de refonte des sites administratifs qui permettent d’effectuer des démarches en ligne. Elle est ergonome et développeuse mais également féministe et blogueuse.

Lire la suite...

lundi, 11 avril, 2016

Espérance de vie : la fin de quelle illusion ?

Article paru dans « Faire la paix avec la mort », dossier n°8 de En attendant l'an 02, ouvrage collectif aux éditions Le Passager clandestin, avril 2016, 220 pages, 15 euros

« Au moins dans nos sociétés meurt-on toujours plus vieux. » C'est la tarte à la crème que reçoivent en réponse les critiques de l'industrialisme, des villes tentaculaires et de la bouffe dopée aux produits chimiques. Sommes-nous vraiment sûr·e·s de mourir plus tard que les générations qui nous ont précédées ? Et en quoi cela nous assurerait une vie bonne ?

Janvier 2016. L'INSEE livre les chiffres de la démographie française pendant l'année écoulée. L'info fait les titres des journaux : l'espérance de vie est en baisse et la mortalité la plus élevée depuis 1945. Pour la première fois depuis 1969, les espérances de vie masculine et féminine baissent de manière simultanée : -0,3 ans pour les hommes, qui meurent en moyenne à 78,9 ans, et -0,4 ans pour les femmes, pour 85 ans. Les événements météorologiques de 2016 (une canicule en juillet et une vague de froid en octobre) suffisent-ils à expliquer ce chiffre ? Et ne s'agit-il que d'un phénomène conjoncturel, comme les démographes nous l'expliquent tout le long de la semaine qui suit ? Claude Aubert, agronome, promoteur de l'agriculture biologique et auteur d'ouvrages de santé environnementale comme Espérance de vie, la fin des illusions (Terre vivante, Mens, 2006), a à ce sujet un avis sensiblement différent…

Lire la suite...

mercredi, 11 juin, 2014

Vaches, cochons, poulets et TAFTA

C’est la course aux aliments les plus efficaces pour permettre aux bêtes de grossir vite et à moindre frais. Mon premier contient « 25 à 50 % de protéines brutes et de 55 à 60 % de substances nutritives digestives, le tout sur matière sèche, et est riche en minéraux essentiels ». Il s’agit de l’excrément de poulet, défendu dans une étude pour la Food and Drugs Administration américaine en 2001 par deux chercheurs de l’université de Virginie (voir « Utilisation of Poultry Litter as Feed for Beef Cattle »). Vache folle oblige, et car les poulets eux-mêmes sont nourris aux restes de bovins, en 2003 la FDA interdit la pratique pour l'alimentation bovine… pour l’autoriser de nouveau sous la pression de l’industrie. Seule précaution, puisque « les excréments de poulet sont une source potentielle de micro-organismes pathogènes » (rappel : on parle toujours de caca, bien que de caca alimentaire), « les excréments devraient être traités avant d’être donnés à manger ».

Lire la suite...

lundi, 13 janvier, 2014

Berlin, pauvre mais sexy

Paru dans L'An 02 n°5, fin janvier autour du dossier « Alerte aux territoires ! »

Pour certain·e·s c'est la faute aux hipsters, ces classes « créatives » mondialisées, relativement aisées (si l'on compare à une famille ouvrière d'origine turque) et qui peuvent décider d'un jour à l'autre de quitter Melbourne ou New York pour Berlin, « paradis hédoniste où la bière est moins chère que l'eau, les drogues faciles à se procurer et la meilleure musique techno du monde accessible chaque nuit de la semaine » (1). Pour d'autres c'est la faute aux Souabes et autres Bavarois·es, cadres des régions riches du sud dont les entreprises ont enfin tourné leur attention vers la capitale et qui l'ont investie avec leurs costumes bien coupés, leurs attaché cases et leurs Land Rovers.

Lire la suite...

dimanche, 12 janvier, 2014

Gosses de Berlin

Ou « Scie j'avais un marteau... »

Paru dans L'An 02 n°5, fin janvier

Wedding, un quartier au nord-ouest de Berlin. Jadis rouge, toujours populaire : le multiplexe du quartier diffuse des films turcs en VO et des blockbusters doublés en allemand. Les enfants d'ici viennent souvent d'ailleurs. Qu'il neige ou qu'il pleuve, ils et elles sont tou·te·s les bienvenu·e·s dans un « terrain de jeux et d'aventures » et une « ferme des enfants » ouvertes cinq et six jours sur sept. Le premier est créé en 1973, quand un projet de construction de terrains de tennis est refusé par une « initiative citoyenne », un dispositif propre au pays, qui lui oppose la création d'un terrain de jeux. Dix ans plus tard, c'est une ferme qui est ouverte à côté. Les deux sont animés par des salarié·e·s, épaulé·e·s par des bénévoles, pour presque une centaine d'enfants de moins de quatorze ans qui passent chaque jour. Le matin des jours de classe, des écoles viennent découvrir les lieux. Le reste de la journée, la porte reste ouverte à tou·te·s, pour retrouver les copains/ines ou pour des ateliers (cuisine, poterie, petite menuiserie, jeux de société, etc.).

Lire la suite...

samedi, 21 décembre, 2013

Quatre-vingt quatre heures de train

Passer trois jours et quatre nuits dans un train ? Non seulement c'est possible, mais c'est même désirable. Récit du plus beau voyage en train du monde (enfin, que je sache).

Lire la suite...

mercredi, 22 mai, 2013

Montréal-Portland-Lille : des centres communautaires pour les femmes

Article à paraître dans L'An 02 n°4, juin 2013.
Abonnez-vous
pour recevoir à la maison la version complète, avec des brèves dans les marges et plein de beaux articles autour !

Vous avez envie de vous remettre au yoga ? d'apprendre le français langue étrangère ? besoin d'accéder à un ordi pour votre recherche d'emploi ? d'un lieu pour accueillir un groupe de discussion féministe ? Des centres communautaires permettent aux femmes de mener des activités ensemble. De Montréal à San Francisco, en passant par Portland, et sur le vieux continent à Lille, des femmes s'organisent pour animer des espaces ouverts à toutes, en particulier aux plus fragiles.

Lire la suite...

samedi, 19 janvier, 2013

Portland, capitale cinéphile de l'Amérique du Nord ?

Avant que ne décline dramatiquement la fréquentation des salles de cinéma, l'exploitation des films était structurée d'une manière assez différente de celle que nous connaissons aujourd'hui. Au fil des décennies, le nombre de copies mises en circulation à leur sortie n'a cessé de croître, l'idéal étant que dans les plus petites salles on puisse accéder aux films huit semaines au plus tard après leur sortie nationale. La télévision, qui a drainé le public des salles, stimule aussi la fréquentation des cinémas. Et tout le monde est de plus en plus impatient de voir dès les premières semaines une sortie abondamment commentée à la télé. L'offre des salles répond à cette impatience, les copies déferlent sur tout le territoire pour une durée de vie de plus en plus courte, et chaque année voit battu le record du nombre de copies pour un même film (350 ! 700 !). On voit même des multiplexes programmer le même blockbuster dans plusieurs salles pour qu'il soit accessible à n'importe quelle heure du jour. On n'a plus jamais loupé l'heure, la prochaine séance commence en permanence. Tout cela occasionne un gâchis de pellicule auquel le numérique et ses copies reproductibles sans (presque) de support matériel semblerait (presque) apporter une réponse écologique (nous y reviendrons dans un prochain texte). Et une standardisation des salles, qui programment toutes à peu près les mêmes films au même moment (y compris les films de patrimoine, qui n'échappent pas à la règle), et dont les différences tarifaires ne tiennent qu'à un critère : subventionnées ou non.

En arrivant à Portland, sans me douter du sort qui m'attendait en tant que spectatrice, j'ai fait non seulement un voyage dans l'espace, mais aussi un voyage dans le temps.

Lire la suite...

jeudi, 13 décembre, 2012

Portland, capitale vélo de l'Amérique du Nord ?

Jeudi 22 novembre 2012, Portland, devant le café coop de la 12e rue. Rendez-vous est pris pour une balade festive dans les rues de la ville, désertées pour cause de Thanksgiving. Une trentaine de cyclistes se sont réuni-e-s pour profiter du calme et « se mettre en appétit » pour le repas de 15 h. L'un des nombreux rendez-vous quotidiens qui animent la communauté des cyclistes de Portland, Oregon. Avec ses 500 000 habitant-e-s (deux millions dans toute l'agglo, qui s'étend jusque dans l'état de Washington), la petite métropole du Nord-Ouest fait figure de capitale vélo de toute l'Amérique du Nord.

Lire la suite...

mercredi, 12 décembre, 2012

Québec : cap au Nord !

Paru dans L'An 02, hiver 2012-2013.

Le second pays le plus vaste au monde n'est peuplé que de 34 millions d'habitant·e·s, massé·e·s sur la frontière méridionale. Autant dire que le reste n'est qu'une vaste réserve de richesses qui n'attendent que d'être exploitées. Le Canada s'y emploie déjà, et mines et barrages prospèrent depuis longtemps au Nord. Mais le pic de Hubbert, un phénomène de stagnation mondiale de l'extraction du pétrole, et la demande qui va croissant, ouvrent une course à l'exploitation de toutes les ressources imaginables d'énergie. On connaît en France la brillante idée qui consiste à polluer les nappes phréatiques d'un pays densément peuplé pour en extraire quelques litres de gaz de schiste, imaginons donc les appétits qui s'aiguisent autour des ressources souterraines d'un pays vécu comme un quasi-désert. Jusqu'ici l'exploitation a été modérée par des prix trop faibles, mais aujourd'hui tous s'envolent, et l'affaire devient enfin rentable. Il s'agit de terres rares, délaissées quand la Chine les bradait, mais qui sont devenues bien précieuses, de fer et d'autres métaux dont les prix ont eux aussi explosé, et enfin d'énergie sous toutes ses formes : uranium (les autres fournisseurs de la France sont le Niger et l'Australie), hydroélectricité et énergies fossiles non-conventionnelles (sables bitumineux, gaz de schiste). La folie extractiviste s'est emparée du pays.

Lire la suite...

A qui la rue ? A nous la rue ! Retour sur un printemps érable

Paru dans L'An 02, hiver 2012-2013.

22 septembre, dans le métro de Montréal, ligne orange, station Sherbrooke. Je fais des pieds et des mains pour sortir du wagon au milieu des voyageur/ses en chemin pour un samedi de magasinage, et nous sommes peu nombreux/ses sur le quai à arborer le carré rouge pour la grande manif, parc Lafontaine à 14h. L'engouement est un peu passé pour les manifs du 22, qui depuis le 22 mars ont ponctué la vie politique québécoise. Et celle-ci sera peut-être la dernière : mille ou deux mille ultra motivé·e·s, sous la pluie, dispersé·e·s par la police avant d'avoir atteint leur but.

Lire la suite...

vendredi, 24 février, 2012

A la Communauté

Premier jour : arrivée sac au dos de la gare toute proche, on m'accueille en me montrant ma chambre, toute simple et très jolie, avec assez de rangements pour m'installer une dizaine de jours. L'après-midi est – comme la matinée – consacrée au travail, mais dans quelques heures tout le monde sera plus disponible. J'attends donc ce moment, bien tranquillement. Mais à 17h30 les lieux restent vides. A 19h30, l'heure de la prière commune, je n'aurai croisé que Sandra, ma voisine du dessous, une très jeune femme en stage pour un an avec son ami, venue me souhaiter la bienvenue. L'appel de la cloche se fait finalement entendre, je me précipite dans la salle commune où brûlent trois bougies devant une assistance plutôt clairsemée. Un texte récité par cœur, des intentions de prière, une chanson, quelques annonces dont celle de mon arrivée. Avant de nous quitter, nous embrassons nos voisin-e-s de droite et de gauche en leur souhaitant une belle soirée. Le samedi est le seul soir où une activité collective est proposée : c'est danse. Les autres soirs, les personnes installées (engagées, selon le vocabulaire de la Communauté), rentrent dans leurs appartements pendant que les six ou sept stagiaires se réunissent dans la cuisine pour finir les restes du midi (1). C'est toujours copieux et délicieux, on mange très bien, en quantité parce qu'on a beaucoup travaillé en plein air, et l'ambiance est cordiale. A la fin du repas, nous lavons nos couverts mais l'un-e de nous reste, préposé-e à la vaisselle des plats. Je me retrouve vite seule, sans autre perspective que celui de rejoindre mon lit. Il est 20h30. Je peste un peu, avant de me rappeler que j'étais aussi venue pour ça : rompre avec mon quotidien, couper pour quelques jours les liens avec mes collaborateurs et mes ami-e-s, avoir enfin beaucoup de temps libre pour lire et me reposer. La mission est donc remplie, de quoi pourrais-je me plaindre ?

Lire la suite...