lundi, 7 octobre, 2024

Géopolitique de l’état d’exception

geopol_etat-dexception-1400-254x400.jpg, oct. 2024Eugénie Mérieau, Géopolitique de l’état d’exception. Les Mondialisations de l’état d’urgence, Le Cavalier bleu, 2024, 176 pages, 21 €

Après La Dictature, une antithèse de la démocratie ?, dans lequel elle démystifiait les régimes autoritaires et les mythes autour des dictatures, la juriste et politiste Eugénie Mérieau propose de regarder dans l’arrière cour des régimes libéraux à travers la notion d’état d’exception. On a souvent coutume d’évaluer les caractères démocratiques d’un régime au regard de sa Constitution et de la soumission de l’État aux règles du droit. Or, comme Mérieau le montre tout le long de cet ouvrage synthétique, l’État de droit s’est souvent accompagné d’un double moins présentable, l’état d’exception.

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mardi, 1 octobre, 2024

Le RN est-il un nouveau centre ?

Il y a quelques semaines j’écrivais ici qu’Emmanuel Macron, malgré la défaite subie aux législatives de juillet, gardait la main non seulement en tant que président d’un régime aux traits monarchiques mais aussi grâce à la position du centre dans l’échiquier politique, ce qui lui permettait de choisir ses alliances. Or il a fait le choix constant depuis 2017 de gouverner très à droite et de s’appuyer sur l’extrême droite (en validant ses éléments de langage et ses paniques morales, en sollicitant les votes du RN comme lors de la loi immigration) plutôt que de déboussoler la gauche en pratiquant un « en même temps » plus consistant. Il aurait pu s’appuyer sur les thématiques appréciées par la bourgeoisie de gauche molle, faire passer quelques lois « sociétales », être le premier « président féministe » en s’épargnant de s’inquiéter des excès de #MeToo (quelques jours à peine après le début de la vague) ou en ne jouant pas au père de famille hétéro qu’il n’est pas en tapotant des joues de violeurs tout en leur demandant de s’y prendre mieux la prochaine fois.

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Le Double

naomi-klein.jpg, sept. 2024Naomi Klein, Le Double. Voyage dans le monde miroir, traduit de l'anglais (Canada) par Cédric Weis, Actes Sud, 2024, 496 pages, 24,89 €

Lors du confinement, en mars 2020, je me souviens avoir bien vite écarté les soupçons d’après lesquels le surgissement du Covid serait dû aux mauvaises intentions de la Chine (ou, plus étrangement, d’Emmanuel Macron), aidée notamment par l’idée popularisée par Naomi Klein dans La Stratégie du choc que les acteurs politiques et économiques les plus puissants n’ont pas besoin de manufacturer des catastrophes pour en profiter. Il leur suffit d’attendre qu’elles arrivent, ce qu’elles ne manquent pas de faire. Je me demandais alors ce que Klein aurait à dire de la période.

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dimanche, 22 septembre, 2024

Dévorer le monde

9782228936538.jpg, sept. 2024Aude Vidal, Dévorer le monde. Voyage, capitalisme et domination, Payot, 2024, 192 pages, 18 €

Ce mois-ci paraît Dévorer le monde, mon quatrième ouvrage personnel. J’en publie ici les premières lignes. Merci à Audrey et Aude, mes premières lectrices, à Laura à qui je dois la précision lexicale du titre, à toutes les personnes qui m’ont encouragée à l’écrire, ainsi qu’à Christophe, mon éditeur, et à l’équipe des éditions Payot.

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mardi, 17 septembre, 2024

Surtourisme : derrière un mot

signal-2024-09-17-112319_002.jpeg, sept. 2024Depuis la fin des années 2010, la popularisation de la notion de surtourisme rend compte des dégâts du tourisme dans de grandes villes européennes. Les luttes urbaines, de Barcelone à Berlin, s’attaquent aux locations courte durée et aux résidences secondaires qui ont sorti du marché immobilier des logements à l’année. Les plateformes de location entre particuliers sont pointées du doigt, un peu moins les compagnies d’aviation qui offrent des trajets bon marché entre capitales européennes et grandes destinations touristiques.

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samedi, 14 septembre, 2024

Producteurs et parasites

producteurs.jpg, sept. 2024Michel Feher, Producteurs et parasites. L’Imaginaire si désirable du Rassemblement national, La Découverte, 2024, 270 pages, 16 €

Lors du mouvement des Gilets jaunes, que j’ai suivi de loin mais avec intérêt, je me souviens des premières interviews de gens de classes populaires stabilisées ou de petits bourgeois qui exprimaient leur dépit de jouer le jeu sans pour autant s’en sortir. Elles et ils travaillaient, multipliaient les heures sup mais éprouvaient de la difficulté à payer la facture de leur rêve de pavillon avec deux voitures. Au fil des actes, il fut de plus en plus question des « cas soc’ » (aussi écrit cassos, il ne s’agit plus de personnes qui nécessitent l’intervention des services sociaux mais plus simplement de chômeurs et de précaires bénéficiaires de droits sociaux) qui nourrissaient le mouvement mais avaient fini par en faire partir les gens bien qui ne voulaient pas y être associés – leur colère pouvait exploser pendant un mois mais eux n’avaient pas que ça à faire, de tenir les ronds-points. Ce clivage observé lors du mouvement rappelle l’imaginaire qui s’est déployé à chaque réforme macroniste de l’assurance chômage : d’un côté il est des producteurs méritants et de l’autre des parasites qui profitent de leur travail et qu’il ne faut pas laisser proliférer.

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dimanche, 8 septembre, 2024

Une discrète arrivée au pouvoir

Dans toute l’Europe, pays après pays, l’extrême droite arrive au pouvoir. C’est rarement après un raz-de-marée électoral mais invitée dans des coalitions par des partis de droite. Il arrive que les élections suivantes la balayent, il arrive aussi que son influence ne prenne pas la forme d’une participation au gouvernement mais de simples accords programmatiques (je notais ici le cas de la Suède où l’extrême droite soutient le gouvernement sans y participer).

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vendredi, 6 septembre, 2024

Le Féminisme libertaire

feminismelibertaire_1400-254x400.jpg, sept. 2024Irène Pereira, Le Féminisme libertaire. Des apports pour une société radicalement féministe, Le Cavalier bleu, 2024, 136 pages, 18 €

Irène Pereira, autrice de travaux sur l’anarchisme et sur les pédagogies critiques, propose un livre bienvenu sur le féminisme libertaire. Si l’anarchisme et le féminisme sont des mouvements anciens, qu’on peut dater de la deuxième moitié du XIXe siècle, il n’en est pas de même de l’anarcha-féminisme ou féminisme libertaire, qui s’est constitué dans les années 1970. L’anarchisme a pu être féministe (ou pas, le misogyne Proudhon n’a pas été un cas isolé) avant cela, ce que Pereira rappelle à propos de plusieurs autrices et auteurs pour qui le féminisme en tant que tel était un engagement bourgeois mais qui se sont engagé·es en anarchistes pour l’égalité femmes-hommes. Au fil de cette histoire par petites touches de l’anarchisme, et d’un rapide tour d’horizon contemporain, apparaissent quelques questions qui furent objets de discussion d’une période à l’autre : les libertés amoureuses, sexuelles et reproductives, la prostitution.

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jeudi, 25 juillet, 2024

Tourisme et travail, deux faces d’une même médaille

Il existe des cartes du monde « à gratter ». Il est loisible, une fois qu’on a « fait » Moscou, de racler toute la Russie jusqu’à la Sibérie. La couleur métallique de la surface ainsi dégarnie laisse alors place à un décor uni. Aucun relief, aucune couleur de végétation. Le message est clair : inutile d’y revenir car ce qui est fait n’est plus à faire. Cette carte témoigne d’un rapport au voyage de type tableau de chasse.

Un article pour le dossier « La flemme olympique », CQFD n°232.

La Dictature, une antithèse de la démocratie ?

couv_irdictatures_2ed_1400-233x400.jpg, juil. 2024Eugénie Mérieau, La Dictature, une antithèse de la démocratie ? 20 idées reçues sur les régimes autoritaires, Le Cavalier bleu, 2024, 239 pages, 13 €

D’un côté, un gouvernement qui vient d’établir une discrimination entre ses citoyen·nes en fonction de leur origine ethnique et qui entend limiter la capacité de la Cour suprême à faire respecter la Constitution au motif que les juges, contrairement aux député·es soutenant la « coalition d’extrême droite, messianique et ultraorthodoxe » au pouvoir, ne sont pas élu·es et qui s’est vu opposer pendant des mois en 2023 un mouvement social d’une vigueur rarement observée dans le pays. De l’autre, un gouvernement élu en 2006 mais qui l’année suivante opère un coup de force contre son principal opposant dans un État fragile, parfois qualifié de proto-État. Depuis lors, aucune large manifestation de rue, comme celles de 2019 et 2023, n’a réussi à faire bouger le régime. En août 2023, les gouvernements israélien et palestinien de Gaza étaient en guerre contre leur propre peuple qui aspirait à une démocratisation du régime. On connaît la suite.

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dimanche, 14 juillet, 2024

La bourgeoisie de gauche molle

Dans les milieux écolos, féministes et de gauche que je fréquente on trouve un peu de tout : des précaires avec ou sans capital culturel (mais toujours un capital social, parfois acquis au hasard de rencontres, qui permet de ne pas subir les déterminations de sa classe), des petit·es bourgeois·es qui ont des intérêts objectifs à être de gauche et des personnes plus aisé·es qui en ont un peu moins (pour donner un seul exemple, dans une société décente les services de ménage dus aux gens qui peuvent se les payer ne seraient pas pris en charge à 50 % par la collectivité, voir quelques bouquins à ce sujet). J’ai déjà pas mal parlé dans Égologie des conflits de classe à peine cachés qu’on peut observer dans ces milieux plutôt engagés et du rôle qu’y jouent les classes les plus aisées. Je fréquente beaucoup moins, notamment parce qu’elle est moins engagée, la bourgeoisie de gauche molle, mais elle mérite que je lui fasse enfin un sort.

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lundi, 1 juillet, 2024

Faire la morale, une bonne stratégie politique ?

Même si elle n’a jamais abordé le sujet avec moi, j’ai de bonnes raisons de croire que la gardienne de mon immeuble vote pour le Rassemblement national. L’un de ses thèmes de prédilection est le goût du travail bien fait qui se perd, « voyez-vous madame Vidal ». Je ne mets pas en cause son constat. Locataire dans le logement social, je n’ai jamais eu de propriétaire aussi indélicat. Et si, quand j’ai emménagé, j’ai pu être choquée par certains comportements peu civiques de mes voisin·es, j’en suis venue à les voir comme des révoltes minuscules et mal ciblées contre un monstre maltraitant mais invisible. Ce bailleur, l’un des plus gros du pays, a par exemple externalisé son service d’intervention technique et l’a confié à une entreprise encore plus détestable.

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vendredi, 28 juin, 2024

Élections-surprise dans une démocratie faillie

En 2018, l’économie malaisienne avait le moral en berne, le parti au pouvoir était en crise et des accusations graves et nombreuses de corruption pesaient sur le Premier ministre Najib Razak. Celui-ci, aux abois, avait pourtant choisi cette année-là d’accorder 32 jours à la campagne électorale, soit moitié plus que les 20 jours concédés le 9 juin 2024 à ses opposant·es par le président français Emmanuel Macron. Alors que touchent à leur fin ces trois semaines pour élaborer, valider, imprimer et éventuellement faire lire aux personnes qui les subiront les programmes des candidat·es, petit passage par la Malaisie.

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lundi, 10 juin, 2024

Pourquoi je n’ai pas voté hier

signal-2024-06-10-075109_002.jpeg, juin 2024Depuis quelques années je ressens une contrainte à aller voter, bien loin de mes convictions selon lesquelles l’élection n’est pas une procédure démocratique, ou plutôt qu’elle a des caractères démocratiques bien ténus (1). L’urgence, la nécessité de faire barrage au fascisme s’impose à moi – serait-ce en votant pour celui qui justement gouverne en entretenant la vitalité de son opposition d’extrême droite et en validant des points essentiels de son discours. Toujours il faut aller nettoyer la merde avec son petit bulletin crotté.

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lundi, 3 juin, 2024

Sur quelques accusations de fascisme envers le mouvement anti-industriel

Il y a quelques mois a été publié un pamphlet anonyme dénonçant le « naufrage réactionnaire du mouvement anti-industriel ». Mouvance à laquelle j’estime appartenir (entre autres affiliations) et pamphlet dans lequel un de mes écrits fait référence… Je ne sais pas si c’est une position spécialement confortable ou au contraire inconfortable mais le fait est que je n’ai pas ressenti l’intérêt de m’exprimer à ce sujet. Les camarades du collectif anti-autoritaire et technocritique Ruptures l’ont fait et même si, probablement, nous ne sommes pas parfaitement aligné·es sur tout leur réponse me semble devoir clore le débat en rappelant d’une part que leur militantisme consiste non pas en une recherche de la pureté mais en la construction d’alliances pour lutter à la fois contre le « déferlement technologique » et le « raidissement autoritaire du pouvoir » (deux objets souvent réunis, qu’on pense aux technologies de surveillance) et d’autre part que ni la lutte sociale, contre les inégalités et les oppressions, ni la lutte technocritique pure n’ont pour elles et eux de sens si elles ne sont pas fermement liées l’une à l’autre.

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samedi, 27 avril, 2024

Être de gauche et penser la domination (ou pas)

Le récit des relations sexuelles abusives que le psychanalyste de gauche Gérard Miller a imposées à de jeunes femmes admiratives m’a rappelé les mésaventures subies par des ami·es. Dans mon entourage, je connais pas moins de trois personnes qui à des âges très jeunes (entre 18 et 22 ou 23 ans) ont eu des rapports sexuels avec des personnalités masculines, rapports qui après coup avaient un goût amer. Aucun·e n’a été forcé·e comme les victimes de Miller dans les descriptions qu’en donne Mediapart ici, mais il me semble que la relation qui s’est nouée alors interroge la notion de consentement.

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lundi, 22 avril, 2024

Les hommes doux sont-ils l’avenir du féminisme ?

Même si lafemme est l’avenir de l’homme, c’est moins sur nous que sur les hommes que sont projetées nombre d’attentes concernant le recul espéré du sexisme. Comme si nous ne faisions que notre boulot ingrat de féministes, tandis qu’eux sont des forces telluriques. Hommes proféministes, à la masculinité non hégémonique, non binaires (1), ce sont eux qui vont sauver le monde. Engagements contre le sexisme, participation à la création de savoirs sur le genre et les sexualités, renouvellement des représentations sur ce qu’est un homme et légitimation de formes de masculinités diverses et plus respectueuses des femmes, voilà tout ce que nous leur devons.

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samedi, 20 avril, 2024

Écolos, mais pas trop…

comby.png, avr. 2024Jean-Baptiste Comby, Écolos, mais pas trop… Les Classes sociales face à l’enjeu environnemental, Raisons d’agir, 2024, 186 pages, 14 €

Dans ce livre rapide et incisif, le sociologue Jean-Baptiste Comby analyse la manière dont les classes sociales, et au sein de celles-ci les pôles économique et culturel, interprètent diversement les problèmes écologiques actuels. Bourgeoisie, petite bourgeoisie et classes populaires font l’objet de trois grandes parties nourries par deux enquêtes, qualitative et quantitative, le tout étant illustré par des parcours biographiques et des extraits d’entretiens qui donnent à entendre le propos des enquêté·es. L’ouvrage commence avec une autre étude, celle d’entrepreneurs en écologisme au sein de la bourgeoisie culturelle, une association de « créatifs » attaché·es à une transition écologique consensuelle, très désireux et désireuses d’apparaître du côté de la raison, notamment économique, du compromis par opposition au militantisme – tout en restant très attentifs/ves à leurs intérêts économiques car s’ils et elles peuvent investir professionnellement le champ écolo, c’est dans l’idée de ne pas trop perdre en statut. Ils et elles sont « à l’intersection de l’écologie et du marché », visiblement très content·es de pouvoir écologiser un monde de l’entreprise par ailleurs peu sensible aux discours militants. Un chapitre qui prend la température de l’écologisme bourgeois pour en dégager quelques traits qui seront repris plus loin.

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dimanche, 14 avril, 2024

Burn-out : les uns profitent, les autres payent

Imaginez que votre patron abuse (oui, c’est pour les besoins de la démonstration, dans la vraie vie ça n’arrive jamais). Deux de vos collègues sont parti·es ou ont été poussé·es vers la porte pendant la crise sanitaire et vous avez hérité de leurs missions. On vous a promis que c’était temporaire mais l’activité est revenue, il n’y a pas de recrutement à l’horizon et la fatigue s’installe. Votre n+1 sait déjà que l’équipe est en train de craquer. Elle est bien sympa mais ne peut que compatir avec vous car c’est plus haut que sont prises les décisions. Est-ce que continuer au même train et vous laisser finir en burn-out, en arrêt pour les six mois, un ou deux ans que réclame le traitement, serait une décision économiquement rationnelle de votre patron ?

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vendredi, 29 mars, 2024

Vide à la demande

VIDE-A-LA-DEMANDE.png, mar. 2024Bertrand Cochard, Vide à la demande. Critique des séries, L’Échappée, 2024, 176 pages, 17 €

Je l’avoue tout de suite, j’ai bingé Vide à la demande. Telle la lumière bleue des écrans qui retarde l’endormissement, le livre de Bertrand Cochard peut vous faire perdre quelques heures de sommeil. Dans le paysage des ouvrages sur les séries télévisées, il y a les ravi·es de la crèche, pour beaucoup des philosophes de gauche qui changent de sujet de recherche avec les modes. Et puis il y a les ronchons qui n’ont jamais suivi une série et qu’on imagine très bien conspuant la télévision ou avant cela la radio au motif que c’était mieux de leur temps. Cochard n’est heureusement ni l’un ni l’autre. Technocritique, lecteur d’Anders, d’Arendt et surtout de Guy Debord mais pas réactionnaire (à part quelques ronchonneries pas argumentées (1)), l’auteur semble avoir passé beaucoup de temps à regarder des séries et des produits des industries culturelles, au point d’aller voir Barbie en avant-première dresscode pink. J’avoue que je ne le suis pas sur ce coup-là, j’ai arrêté Game of Thrones après la première saison et je n’ai jamais regardé jusqu’au bout que The West Wing et The Wire (2).

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