samedi, 12 novembre, 2022
Par Aude le samedi, 12 novembre, 2022, 14h29 - Textes
Quand les annonces dans les trains et les métros, depuis plus de six mois, invitent « vivement » au port du masque pour éviter la propagation du Covid alors que même le personnel de la SNCF ou de la RATP ne le porte pas, la parole des autorités est démonétisée comme jamais. « Parle à mon cul, Manu, ma tête est malade ! » On pourrait en sourire ou se réjouir de cette insubordination mais je ne pense pas qu’elle constitue le moindre antidote au libéralisme autoritaire qui triomphe actuellement, avec son atteinte aux formes démocratiques pourtant peu exigeantes du gouvernement représentatif. Au contraire, c’est d’obéissance aux autorités qu’il est question quand le gouvernement choisit de se passer dans les lieux publics d’un moyen de protection simple, au motif que les hôpitaux sont à peine engorgés et que le nombre de mort·es chaque semaine est acceptable (l’équivalent d’un ou deux cars qui se crashent chaque jour, presque trois pendant le printemps électoral), et que l’immense majorité d’entre nous le suit.
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vendredi, 30 septembre, 2022
Par Aude le vendredi, 30 septembre, 2022, 08h31 - Textes
« Vous avez remarqué, personne ne porte de masque. Les gens ont l’air en forme... » C’est donc que la pandémie est terminée, disait le président états-unien le 18 septembre. Une pandémie est terminée quand les indicateurs le montrent, pas quand les autorités abandonnent toute mesure de précaution et que cela donne l’impression au public que tout va bien. Mi-juillet de cette année, en France, c’était l’équivalent de deux cars par jour qui se crashaient en tuant des malades du Covid, pour presque un million de nouveaux cas par semaine mais il était surtout question de partir en vacances sans aucune mesure de précaution dans les transports en commun, avec l’injonction de tout oublier pour bien dépenser. Ce que l’on peut retenir de la sortie tautologique de Joe Biden, c’est avant tout que les dirigeants ont envie que la crise sanitaire soit finie, quelque soit la réalité des faits.
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mercredi, 24 août, 2022
Par Aude le mercredi, 24 août, 2022, 08h48 - Lectures
Daniel Benamouzig et Joan Cortinas Muñoz, Des lobbys au menu. Les entreprises agro-alimentaires contre la santé publique, Raisons d’agir, 2022, 176 pages, 9 €
C’est un court ouvrage mais qui rend compte d’une recherche très ambitieuse sur l’influence des entreprises agroalimentaires sur le débat et les politiques publiques en France. Cette influence se déploie dans trois dimensions avec trois outils privilégiés. Les think tanks investissent le champ scientifique, les organisations de représentations d’intérêt les instances étatiques, les fondations d’entreprise la société civile. Leurs efforts se sont particulièrement concentrés ces dernières années sur trois sujets : la mise en œuvre du Nutriscore, les états généraux de l’alimentation et dans une moindre mesure la discussion de l’interdiction de publicités télévisées pour les aliments transformés à l’attention des enfants. Ces trois moments ont été l’occasion d’influences plus directes qui mobilisent des liens créés et entretenus en continu par l’industrie en ordre plus ou moins dispersé car au-delà des entreprises, les filières (profession du lait ou du sucre) et l’ensemble de la profession (Association nationale des industries alimentaires, la discrète Ania) mènent des actions en ce sens.
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vendredi, 8 juillet, 2022
Par Aude le vendredi, 8 juillet, 2022, 08h51 - Textes
Deux ans après les mensonges sur les masques, que le gouvernement n’avait pas pris la peine de provisionner en masse malgré les multiples alertes de virus se transmettant par voie d’air, les autorités ont été jugées fautives par le Conseil d’État. Mais aucune responsabilité n’a été précisément établie concernant les personnes mortes des conséquences de leur action car après tout c’est aussi la faute à pas de chance quand on chope le Covid et parce que les dites autorités ont quand même montré leur bonne volonté pour lutter contre l’épidémie en promouvant largement la distanciation physique et le lavage des mains. Voilà qui pose problème. Car la distanciation physique et le lavage des mains ne contribuent pas vraiment à la réduction des risques Covid. Pire, les efforts qui leur sont dédiés sont divertis du cœur du problème : la transmission par aérosols, qui nécessite port du masque et aération des locaux. Et depuis deux ans et demie, ce cœur de la réduction des risques est sous-estimé ou ignoré et nous perdons « la bataille de l’air ».
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lundi, 20 juin, 2022
Par Aude le lundi, 20 juin, 2022, 08h53 - Textes
Enfants, nous avions appris que la France, les pays d’Europe occidentale et tous les pays où se tiennent des élections libres étaient des démocraties. Mais aujourd’hui on constate, dans des pays du Sud, du Nord mais également au cœur de l’Europe, que de plus en plus de dirigeants très peu respectueux des règles démocratiques sont élus, souvent réélus, et cette définition ne tient plus. Les choses sont plus compliquées et force est de constater que « démocratique » n’est plus un adjectif absolu mais qu’il admet des variations : les régimes, les pays ont des caractères démocratiques plus ou moins marqués. À quoi cela tient-il ? Et où en est notre société en matière de démocratie ?
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lundi, 6 juin, 2022
Par Aude le lundi, 6 juin, 2022, 11h29 - Textes
C’était il y a presque vingt ans. Nous avions payé un lourd tribut à la canicule, 15 000 morts de plus par rapport à un été comme les autres. L’occasion d’extorquer un jour de travail gratuit dont bénéficient les entreprises et pour lequel elles versent à l’État en contrepartie 0,3 % de leur masse salariale pour financer un impôt aux personnes âgées et handicapées. 15 000 morts avaient suffi à nous tordre le bras, un an après un mouvement contre une énième attaque sociale. C’était pour la bonne cause.
Aujourd’hui, après presque vingt années supplémentaires de mépris néolibéral et de virages vers l’extrême droite, ces 15 000 morts sont une broutille. Après tout, c’était 80 % de vieux et de vieilles, on s’en tape. Même lassitude devant les morts du Covid, un nez à l’air vaut bien une vie. Le variant Omicron ? Il est sympa quand même, depuis une vingtaine de semaines qu’il est majoritaire il n’a tué que 26 000 personnes. Une peccadille, ces 26 000 familles endeuillées, une à deux centaines par jour. Tant que l’économie n’est plus impactée, tout va bien, inutile de rappeler ce fait dans le débat public.
Bon courage à celles et ceux qui bossent en ce lundi de Pentecôte et on croise les doigts. Ce n’est pas parce que cette fois on n’a pas pleuré nos mort·es qu’on ne va pas les payer.
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dimanche, 22 mai, 2022
Par Aude le dimanche, 22 mai, 2022, 11h25 - Textes
Imaginez cette annonce dans un avion : « Mesdames et messieurs, pas la peine d’attacher vos ceintures, elles ne servent à rien : même avec, des gens ont pu mourir dans des accidents aériens. Nous avons revendu les gilets de sauvetage et économisé sur les inspections de sécurité avant le vol. N’hésitez pas à aller fumer dans les toilettes et bon courage pour arriver à bon port. » Ce n’est pas le genre d’annonce qui susciterait les applaudissements et les cris de joie des passagèr·es mais c’est ce qui s’est passé mi-avril quand aux États-Unis les juges ont estimé que le port du masque attentait à la liberté individuelle. Et pas du tout à la liberté de tou·tes de prendre les transports en toute sécurité, malgré leur fragilité ou leur simple manque d’appétence pour une semaine de grosse crève, le risque d’un Covid long et la possibilité d’infliger tout ça ou pire aux personnes de leur entourage et au-delà. Le scénario catastrophe s’est propagé de l’Amérique libertarienne à la France macroniste avec un mois de retard et, le 16 mai, la fin du port du masque obligatoire dans les lieux publics confinés s’est étendue aux transports en commun. Ironie de l’histoire, ce sont ces jours-là pour lesquels l’Assurance maladie me demande de renseigner mes cas contact car je viens d’être testée positive (j'ai répondu en donnant la liste des lignes de transport en commun que je fréquente).
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samedi, 21 mai, 2022
Par Aude le samedi, 21 mai, 2022, 13h00 - Textes
Des jeunes qui ont le grand mérite d’avoir décroché un diplôme sensiblement égal à celui de leurs parents. Des consommateurs et consommatrices à blâmer pour leurs choix peu soutenables. Des personnes positives au Covid et qui ne peuvent que regretter leur manque de chance. Nous peinons toujours à admettre à quel point nos vies sont déterminées par l’organisation sociale et préférons envisager nos personnes en majesté, en capacité de mener des vies indépendantes, de faire des choix qui leur appartiennent entièrement.
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dimanche, 1 mai, 2022
Par Aude le dimanche, 1 mai, 2022, 20h12 - Lectures
Mickaël Correia, Criminels climatiques. Enquête sur les multinationales qui brûlent notre planète, La Découverte, 2022, 190 pages, 19 €
Au début des années 2000, l’industrie pétrolière promeut le concept d’empreinte carbone. Chacun·e selon son mode de vie a une empreinte comptabilisée en émissions de gaz à effet de serre (GES) : kilomètres en voiture ou en avion, alimentation, achats, chauffage correspondent à des consommations énergétiques et aux émissions de GES conséquentes. Et si, au-delà des individus, on comptait l’empreinte carbone des pays ? celle des entreprises ? et pourquoi pas celle des entreprises qui livrent l’énergie aux consommateurs finaux ? L’idée semble a priori simple ou bien alors incongrue car ces entreprises ne se contentent-elles pas de fournir aux dits consommateurs ?
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mercredi, 20 avril, 2022
Par Aude le mercredi, 20 avril, 2022, 10h08 - Textes
Si la crise sanitaire due au Covid-19 était un marathon, on peut tenter d’imaginer comment les autorités françaises l’auraient couru. D’abord un énorme sprint, à s’en faire péter la rate. Confinement strict, avec deux poids-deux mesures selon le statut social des personnes, et un coût énorme – pas seulement économique mais aussi social et sanitaire (les malades, actuel·les et à venir, d’autres pathologies ont été sérieusement impacté·es (1), sans compter la dégradation globale de la santé physiologique et psychologique), démocratique également car l’arbitraire des règles et de leur mise en œuvre attente aux quelques caractères démocratiques de nos sociétés. Le tout avec le petit caillou dans la chaussure que constituent le discours sur l’inutilité des masques et leur absence dans les stocks.
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vendredi, 15 avril, 2022
Par Aude le vendredi, 15 avril, 2022, 08h51 - Textes
Par Alain Gomasio
La bride tendue sur mon cou, la ceinture de chasteté sur ma bite, tout ce qui m’empêche de humer l’air des sous-bois et de profiter du vivant… Voilà deux ans que le capital et ses complices appauvrissent ma vie et confinent mon vit. Le troupeau des peine-à-jouir applaudit les autorités pour leur gestion inhumaine de nos corps, salue l’efficacité et la constance de mesures qui devraient faire horreur à n’importe quel être véritablement vivant. « Gestes-barrière », « confinement », « comorbidités », « immunité », « épidémiologie », « ARN messager », leur lexique est envahi par une novlangue aussi laide que commune.
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mardi, 29 mars, 2022
Par Aude le mardi, 29 mars, 2022, 17h53 - Lectures
Le Piège identitaire. L’Effacement de la question sociale, Daniel Bernabé, traduit de l’espagnol par Patrick Marcolini avec Victoria Goicovich, L’Échappée, 312 pages, 20 €
En 2018, le journaliste et essayiste Daniel Bernabé publiait en Espagne un ouvrage critique des tendances de la gauche à servir les besoins de reconnaissance des minorités tout en abandonnant toute prétention à lutter contre l’organisation socio-économique qui permet l’exploitation des travailleurs et travailleuses. Résumé comme ça, le livre semble rejoindre le lot de ces nombreuses imprécations moqueuses et convenues contre les « racialisateurs », les féministes post-modernes ou les poses de la bourgeoisie de gauche dans l’espace public. Mais l’exercice est bien plus subtil et cette publication, traduite et légèrement adaptée au contexte français de 2022 par Patrick Marcolini (1), est une réussite. Car il ne s’agit pas pour l’auteur de déclarer la nullité des demandes des groupes sociaux minorisés (femmes, personnes non blanches, LGBT, etc.) mais de les articuler à une critique sociale plus large et vigoureuse, celle d’un capitalisme en roue libre, qui ne rencontre plus guère d’opposition dans les sociétés européennes.
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jeudi, 17 mars, 2022
Par Aude le jeudi, 17 mars, 2022, 20h03 - Service du travail obligatoire
C’est un spectacle que beaucoup d’entre nous n’avions jamais vu avant, ou alors dans les films ou dans des pays lointains : des avis de recrutement fleurissent devant les commerces, parfois en grand sur des espaces publicitaires. Jamais autant d’efforts n’avaient été déployés pour nous convaincre de prendre un boulot. Avant c’était plutôt le contraire, à nous surnuméraires de séduire les employeurs, d’accepter des temps partiels ou des horaires très étendus, de modérer nos revendications salariales. C’est la loi du marché, il y a peu de postes et tellement de candidat·es…
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lundi, 6 décembre, 2021
Par Aude le lundi, 6 décembre, 2021, 20h13 - Lectures
Aurélien Berlan, Terre et liberté. La Quête d’autonomie contre le fantasme de délivrance, La Lenteur, 2021, 220 pages, 16 €
Le constat par lequel commence la démonstration d’Aurélien Berlan, c’est celui d’une « liberté dans le coma » : pourquoi la révélation que les États surveillent les communications de leurs citoyen·nes ne nous a-t-elle pas plus ému·es que ça ? Parce que nous le savions déjà ou parce que cette liberté-là, celle d’avoir une vie vraiment privée, ne nous importe pas tant ? Les classiques du libéralisme mettaient pourtant au-dessus de tout les libertés individuelles : d’opinion, d’expression, de mouvement, d’association, de faire des choix de vie qui nous appartiennent et accessoirement ne pas être surveillé·e. Cette liberté-là s’est construite contre des droits politiques à exercer collectivement, comme la souveraineté politique. L’auteur reprend dans les détails la pensée de Benjamin Constant (le théoricien de la liberté de ne se mêler que de ses propres affaires et d’abandonner à d’autres le gouvernement de la cité) pour affirmer qu’au fond, cette liberté des libéraux est la délivrance des exigences du quotidien : être au chaud sans couper du bois (ou au frais sans avoir planté d’arbre), repu·e sans avoir cultivé ni préparé sa nourriture, pouvoir se détacher de son lieu de vie, etc. Délivrance qui inclut également de ne plus avoir se soucier de politique, ne plus s’engager publiquement.
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mardi, 30 novembre, 2021
Par Aude le mardi, 30 novembre, 2021, 08h36 - Textes
Vaccin, j’oublie tout
Allez les enfants, les vacances sont finies, les mesures sanitaires sont de retour. Après avoir offert quelques mois de répit aux personnes vaccinées, papa Macron cogite pour gérer le seul chiffre qui lui importe, celui des admissions hospitalières qui doivent rester à la limite de capacités bien écornées, et par la politique d’austérité, et par la crise sanitaire. Tout en respectant au mieux les besoins de l’économie, c’est à dire des classes qui en tirent le plus grand profit.
Pendant tout l’automne, les salarié·es n’ont pas eu la possibilité de choisir de télétravailler et ont dû s’entasser dans le métro ou contribuer à des embouteillages qu’on n’avait plus vus depuis longtemps. Les lieux recevant du public n’ont plus eu d’obligation de port du masque en intérieur, sauf à l’initiative des organisateurs ou des préfets. C’était la fête. À un détail près : nous en avons tenu à l’écart les personnes non-vaccinées ou qui ne se soumettaient pas au pass sanitaire. Pendant qu’elles étaient de facto confinées, nous avons enfin joui. Pendant ce temps, je fermais ma gueule, un peu parce que j’en ai marre de faire les Cassandre qui sait comment ça va finir (dans un futur proche, pas plus), un peu parce que la seule réponse accordée aux questions que je pose à la sphère écolo radicale à ce sujet, c’est du bullying (j’en reparlerai).
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dimanche, 7 novembre, 2021
Par Aude le dimanche, 7 novembre, 2021, 18h47 - Textes
Voilà une expression que j’entends beaucoup quand il est question d’agriculture et d’alimentation : « On vote avec son portefeuille. » Manière de dire que même si des choix politiques concernant l’agriculture nous échappent, on a toujours un second tour au moment d’aller faire ses courses, pour réparer les dégâts d’une alimentation qui constitue environ un quart de notre empreinte carbone et d’innombrables atteintes au milieu. Sans compter les transports de marchandises alimentaires, leur stockage et leur transformation, l’agriculture est fortement émettrice de gaz à effet de serre, quand bien même les recherches agronomiques et les pratiques paysannes sauraient refermer les cycles du carbone en produisant autrement. Elle n’émet pas seulement le fameux méthane des ruminants mais aussi les gaz produits par les engrais azotés, de la fabrication à base d’hydrocarbures à l’épandage dans les champs (1), entre autres (au niveau mondial, il faut également prendre en compte la déforestation ou changement d’affectation des sols). Elle est en outre consommatrice nette d’énergie alors qu’elle est plutôt supposée en produire, magie de la photosynthèse : aux USA il faut déjà 7 calories d’énergies fossiles pour produire une (1) calorie d’aliment. Et ne mentionnons pas les atteintes à la santé humaine et à la faune sauvage. Mais tout va bien, vous pouvez éviter tout ça avec votre petit caddie !
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dimanche, 15 août, 2021
Par Aude le dimanche, 15 août, 2021, 20h27 - Lectures
Hélène Tordjman, La Croissance verte contre la nature. Critique de l’écologie marchande, La Découverte, 2021, 352 pages, 22 €
La Croissance verte contre la nature est certainement le plus grand livre d’écologie de l’année. L’économiste Hélène Tordjman s’y attaque aux évolutions de la technologique et du capitalisme et à leur nouvelle prise en compte des questions environnementales. Entamé il y a moins de vingt ans, ce virage « vert » n’entend pas sortir de l’ornière productiviste mais ses innovations sont désormais accompagnées de justifications écologiques. Tordjman documente donc plusieurs dossiers pour tenter d’en comprendre les racines idéologiques et les logiques économiques.
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lundi, 2 août, 2021
Par Aude le lundi, 2 août, 2021, 21h19 - Textes
Pandémie : du grec ancien πᾶν / pan « tous », et δῆμος / demos « peuple », maladie qui se propage dans le monde entier, par opposition aux épidémies qui sont localisées. Alors que le variant aujourd’hui majoritaire en France a été identifié pour la première fois en Inde, et que la manière dont chaque pays se débrouille avec la pandémie peut impacter les autres, nos débats restent très franco-français. Nous peinons à imaginer l’impact que peut avoir le simple fait de tomber malade et de rester alité·e dans un pays sans couverture médicale ni protection sociale qui assure le revenu des malades jusqu’à leur rétablissement. Nous ignorons les épisodes les plus graves de la pandémie, la vulnérabilité particulière des peuples autochtones d'Amazonie, les cadavres laissés à la rue en Bolivie ou en Équateur, les mort·es enterré·es en catimini dans des fosses communes au Pérou, le chaos en Inde. Le monde s’arrête à notre porte, aux 100 000 morts françaises.
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mardi, 20 juillet, 2021
Par Aude le mardi, 20 juillet, 2021, 14h17 - Textes
Depuis que la ligne de train a été fermée, le car met presque deux heures pour aller à Châteauroux, à soixante kilomètres de là en traversant le Berry du sud, les terres de George Sand. La petite Fadette, la mare au diable font signe au passage, pas plus subtilement que le panneau marron qui évoque la dame de Nohant entre les foins pas encore rentrés et les champs de céréales. Mon amie Isabelle, qui vit au croisement du Cher, de la Creuse et de l’Allier depuis quatre ans, me dit se sentir mieux physiquement qu’à Lille, où elle et son compagnon ne trouvaient plus à se loger pour cause de précarité économique. En y repensant, je me dis que c’est heureux. Car cette jolie région agricole, où chaque bourg avait son champ de foire et qui est l’objet d’un petit renouveau de l’agriculture paysanne, est aussi ce qu’on appelle un désert médical. La petite ville où habite mon amie, avec ses deux boulangeries et son petit musée, est désormais à une heure de voiture du premier médecin disponible. Celles et ceux qui exercent aux alentours, jeunes ou vieux, sont débordé·es et ne prennent plus de nouveaux patient·es. La « maison médicale » ? Construite dans le cadre d’un programme étatique appelé « revitalisation du centre-bourg », elle est sous-occupée, il n’y a que deux infirmières surmenées qui ne sont pas en mesure d’établir des diagnostics et de prescrire un médicament (1), même pour un rhume. Le dernier médecin, une Roumaine qui a repris une patientèle à grands frais pour elle et une belle commission pour l’intermédiaire qui était allée la chercher en Italie, est partie sans chercher de repreneur, épuisée par la masse de travail et sans doute trop isolée dans cette campagne qui n’est pas la sienne (2). Les ancien·nes consultent encore les rebouteux ou le prêtre exorciste, les « néo » un peu « alterno » font appel à des naturopathes, à leur frais et sans garantie de succès. En cas d’urgence, aucun médecin du coin n’intervient et il ne reste plus qu’à filer aux urgences de l’hôpital.
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vendredi, 16 juillet, 2021
Par Aude le vendredi, 16 juillet, 2021, 09h39 - Textes
La pandémie de Covid-19 s’est propagée à une vitesse jamais vue, la vitesse des classes les plus mobiles, au mode de vie le plus globalisé, de nos sociétés. Son origine est encore incertaine mais, qu’il s’agisse d’une fuite d’un labo P4 ou d’une zoonose (maladie se transmettant de l’animal à l’humain, c’est le cas de 75 % des maladies émergentes contre 60 % des maladies infectieuses classiques) due à la destruction d’écosystèmes, elle a des causes qui tiennent bien à notre modernité industrielle. Voilà qui converge avec la critique d’une partie des critiques de la technique et autres écologistes radicaux et radicales.
Mais outre ces quelques éléments, cette pandémie a des airs plus familiers – que nous pensions ne plus jamais connaître, nous qui vivons dans des sociétés industrielles et très médicalisées. Les maladies infectieuses ont beaucoup reculé au XXe siècle, notamment en raison de la vaccination, et les maladies du mode de vie les ont remplacées : maladies cardio-vasculaires, diabète, cancers sont nos maladies de riches. Et nous voilà de nouveau vulnérables à ces maladies de pauvres.
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