Nos morts

C’était il y a presque vingt ans. Nous avions payé un lourd tribut à la canicule, 15 000 morts de plus par rapport à un été comme les autres. L’occasion d’extorquer un jour de travail gratuit dont bénéficient les entreprises et pour lequel elles versent à l’État en contrepartie 0,3 % de leur masse salariale pour financer un impôt aux personnes âgées et handicapées. 15 000 morts avaient suffi à nous tordre le bras, un an après un mouvement contre une énième attaque sociale. C’était pour la bonne cause.

Aujourd’hui, après presque vingt années supplémentaires de mépris néolibéral et de virages vers l’extrême droite, ces 15 000 morts sont une broutille. Après tout, c’était 80 % de vieux et de vieilles, on s’en tape. Même lassitude devant les morts du Covid, un nez à l’air vaut bien une vie. Le variant Omicron ? Il est sympa quand même, depuis une vingtaine de semaines qu’il est majoritaire il n’a tué que 26 000 personnes. Une peccadille, ces 26 000 familles endeuillées, une à deux centaines par jour. Tant que l’économie n’est plus impactée, tout va bien, inutile de rappeler ce fait dans le débat public.

Bon courage à celles et ceux qui bossent en ce lundi de Pentecôte et on croise les doigts. Ce n’est pas parce que cette fois on n’a pas pleuré nos mort·es qu’on ne va pas les payer.

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