jeudi, 17 mars, 2022

La grande démission

C’est un spectacle que beaucoup d’entre nous n’avions jamais vu avant, ou alors dans les films ou dans des pays lointains : des avis de recrutement fleurissent devant les commerces, parfois en grand sur des espaces publicitaires. Jamais autant d’efforts n’avaient été déployés pour nous convaincre de prendre un boulot. Avant c’était plutôt le contraire, à nous surnuméraires de séduire les employeurs, d’accepter des temps partiels ou des horaires très étendus, de modérer nos revendications salariales. C’est la loi du marché, il y a peu de postes et tellement de candidat·es…

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mardi, 15 mars, 2022

La part du feu

Et si, pour protéger les espèces vivantes de cette planète, nous décidions de préserver la moitié des terres de toute agriculture ? C’est la proposition qui est faite par les tenants du sparing, de l’anglais pour épargner. Cette idée part du principe que notre agriculture est destructrice des milieux et que la meilleure façon de limiter son impact est de limiter les surfaces sur lesquelles elle se déploie. Dans ce cadre de pensée-là, la productivité plus faible de l’agroécologie (1), plus gourmande en espaces, en fait un choix… moins écologique. Le biologiste Edward Osborne Wilson a présenté en 2016 cette idée dans un ouvrage, Half-Earth, jamais traduit en français. Benjamin Phalan, l’un des chercheurs qui la soutient, montre que les populations animales s’en sortent mieux dans les espaces sauvages que cultivés, même de manière écologique, et selon lui « la plupart des espèces auraient des populations plus fournies si la nourriture était produite sur les surfaces les plus réduites possible, épargnant les plus grandes surfaces de végétation sauvage possible » (les citations sont tirées d’un article lumineux de Fred Pearce).

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mardi, 25 janvier, 2022

Harcèlement moral en milieu anti-tech

frederique-vidal.jpeg, fév. 2022Écrire et publier, sur quelque support que ce soit, c’est s’exposer. Aux désaccords diversement exprimés mais aussi à des attaques personnelles, ce qui est plus regrettable. Il y a quelques années j’ai fait l’objet d’une telle attaque. Trois pages d’une méchante brochure étaient consacrées à montrer quelle raclure j’étais : opportuniste et arriviste, je n’écrivais jamais que pour faire une carrière d’autrice « radicale », changeant de cheval au gré des modes militantes, au fond « jalouse » de l’auteur du libelle. Après une réponse en privé, où j’avais mis en copie d’autres personnes attaquées dans le texte, et bien que j’aie été souvent tentée de rétablir un peu de vérité parmi des mensonges très factuels et mesquins, je n’ai jamais pris la peine de commenter cette brochure autrement que par des allusions ici-même. Je connais Thomas J, l’auteur de ces malheureuses pages, depuis 2008 et notre passage chez les jeunes écolos alternatifs et solidaires, une asso soutenue par les Verts puis EELV. J’ai de lui une opinion très mélangée : un homme arrogant mais intéressant, un militant très actif et efficace mais qui a pris des partis douteux, un auteur qui se flatte de comprendre « le » féminisme et « le » Islam sur lesquels il écrit des textes haineux et de faible tenue (on a là le 100 000e islamologue du pays) mais qui documente honnêtement le déferlement technologique dans sa région, une personnalité que j’ai découverte tardivement narcissique et au fond fragile, dont l’écriture carbure à la haine, prenant des cibles pas toujours choisies avec la plus grande sagacité.

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mercredi, 19 janvier, 2022

L’élevage entre deux feux

La viande est en passe de devenir le énième emblème identitaire, marqueur de francité ou de progrès social. La droite rance réagit au quart de tour quand il est question de végétarisme. L’annonce de menus végétariens sans possibilité de choix dans les écoles lyonnaises avait déclenché une véritable panique morale, quand bien même la mesure avait été mise en place par la mairie de droite avant la victoire d’EELV, pour fluidifier la circulation dans les cantines par temps de Covid. À les entendre, c’est Mozart qu’on assassine, les enfants pauvres qu’on prive de subsistance, les éleveurs qu’on condamne à un suicide certain.

Cette droite est désormais suivie par le candidat communiste pour qui la tradition française et la qualité de la nourriture se confondent en une devise ternaire : « Viande, fromage, vin (avec modération). » Exit les patates du gratin dauphinois, les haricots du cassoulet, les pommes de la tarte Tatin, le populo veut de la barbaque et du frometon, la gauche va leur en donner !

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mardi, 30 novembre, 2021

Covid : la liberté des un·es aux dépens de celle des autres

Vaccin, j’oublie tout

Allez les enfants, les vacances sont finies, les mesures sanitaires sont de retour. Après avoir offert quelques mois de répit aux personnes vaccinées, papa Macron cogite pour gérer le seul chiffre qui lui importe, celui des admissions hospitalières qui doivent rester à la limite de capacités bien écornées, et par la politique d’austérité, et par la crise sanitaire. Tout en respectant au mieux les besoins de l’économie, c’est à dire des classes qui en tirent le plus grand profit.

Pendant tout l’automne, les salarié·es n’ont pas eu la possibilité de choisir de télétravailler et ont dû s’entasser dans le métro ou contribuer à des embouteillages qu’on n’avait plus vus depuis longtemps. Les lieux recevant du public n’ont plus eu d’obligation de port du masque en intérieur, sauf à l’initiative des organisateurs ou des préfets. C’était la fête. À un détail près : nous en avons tenu à l’écart les personnes non-vaccinées ou qui ne se soumettaient pas au pass sanitaire. Pendant qu’elles étaient de facto confinées, nous avons enfin joui. Pendant ce temps, je fermais ma gueule, un peu parce que j’en ai marre de faire les Cassandre qui sait comment ça va finir (dans un futur proche, pas plus), un peu parce que la seule réponse accordée aux questions que je pose à la sphère écolo radicale à ce sujet, c’est du bullying (j’en reparlerai).

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dimanche, 7 novembre, 2021

« On vote avec son portefeuille »

Voilà une expression que j’entends beaucoup quand il est question d’agriculture et d’alimentation : « On vote avec son portefeuille. » Manière de dire que même si des choix politiques concernant l’agriculture nous échappent, on a toujours un second tour au moment d’aller faire ses courses, pour réparer les dégâts d’une alimentation qui constitue environ un quart de notre empreinte carbone et d’innombrables atteintes au milieu. Sans compter les transports de marchandises alimentaires, leur stockage et leur transformation, l’agriculture est fortement émettrice de gaz à effet de serre, quand bien même les recherches agronomiques et les pratiques paysannes sauraient refermer les cycles du carbone en produisant autrement. Elle n’émet pas seulement le fameux méthane des ruminants mais aussi les gaz produits par les engrais azotés, de la fabrication à base d’hydrocarbures à l’épandage dans les champs (1), entre autres (au niveau mondial, il faut également prendre en compte la déforestation ou changement d’affectation des sols). Elle est en outre consommatrice nette d’énergie alors qu’elle est plutôt supposée en produire, magie de la photosynthèse : aux USA il faut déjà 7 calories d’énergies fossiles pour produire une (1) calorie d’aliment. Et ne mentionnons pas les atteintes à la santé humaine et à la faune sauvage. Mais tout va bien, vous pouvez éviter tout ça avec votre petit caddie !

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samedi, 23 octobre, 2021

Lumières obscurantistes ?

Connaissez-vous l’agneau de Scythie ? C’est une plante assez semblable à première vue au coton, en forme d’agneau, mais sa fleur s’avère d’une structure et d’un goût proches de la chair de l’écrevisse. Cette plante extraordinaire, rare mais attestée au nord de la mer Noire, est décrite par nombre d’auteurs classiques qui se citent les uns les autres sans l’avoir jamais vue car elle n’existe pas. L’entrée « Agnus Scythus », qui se trouve dès la lettre A dans l’Encyclopédie de Diderot (l’auteur de l’article) et d’Alembert, est parfois considérée comme un modeste manifeste des Lumières, léger et ironique, une invitation à l’esprit critique et à l’irrévérence.

À entendre la droite rance de ce début de XXIe siècle, d’Anne Hidalgo à Zemmour, les Lumières sont au contraire un véritable mythe national, monolithique et très révérencieux. Qui a tort ? Qui a raison ? Autrice d’un mémoire de deuxième cycle universitaire consacré à Denis Diderot, j’ai une connaissance des Lumières non seulement très biaisée par mon travail sur cet auteur mais aussi légèrement embrumée par le temps qui a passé depuis lors. Elle est néanmoins plus sûre que celle, simpliste, de tristes sires ignorants s’abritant derrière ce mythe et d’autres pour justifier leur haine de l’autre et leur autoritarisme, désormais leur seule manière d’envisager la vie sociale.

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lundi, 2 août, 2021

Une santé publique « sous toutes les latitudes » ?

Pandémie : du grec ancien πᾶν / pan « tous », et δῆμος / demos « peuple », maladie qui se propage dans le monde entier, par opposition aux épidémies qui sont localisées. Alors que le variant aujourd’hui majoritaire en France a été identifié pour la première fois en Inde, et que la manière dont chaque pays se débrouille avec la pandémie peut impacter les autres, nos débats restent très franco-français. Nous peinons à imaginer l’impact que peut avoir le simple fait de tomber malade et de rester alité·e dans un pays sans couverture médicale ni protection sociale qui assure le revenu des malades jusqu’à leur rétablissement. Nous ignorons les épisodes les plus graves de la pandémie, la vulnérabilité particulière des peuples autochtones d'Amazonie, les cadavres laissés à la rue en Bolivie ou en Équateur, les mort·es enterré·es en catimini dans des fosses communes au Pérou, le chaos en Inde. Le monde s’arrête à notre porte, aux 100 000 morts françaises.

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mardi, 20 juillet, 2021

De l’obligation vaccinale en désert médical

Depuis que la ligne de train a été fermée, le car met presque deux heures pour aller à Châteauroux, à soixante kilomètres de là en traversant le Berry du sud, les terres de George Sand. La petite Fadette, la mare au diable font signe au passage, pas plus subtilement que le panneau marron qui évoque la dame de Nohant entre les foins pas encore rentrés et les champs de céréales. Mon amie Isabelle, qui vit au croisement du Cher, de la Creuse et de l’Allier depuis quatre ans, me dit se sentir mieux physiquement qu’à Lille, où elle et son compagnon ne trouvaient plus à se loger pour cause de précarité économique. En y repensant, je me dis que c’est heureux. Car cette jolie région agricole, où chaque bourg avait son champ de foire et qui est l’objet d’un petit renouveau de l’agriculture paysanne, est aussi ce qu’on appelle un désert médical. La petite ville où habite mon amie, avec ses deux boulangeries et son petit musée, est désormais à une heure de voiture du premier médecin disponible. Celles et ceux qui exercent aux alentours, jeunes ou vieux, sont débordé·es et ne prennent plus de nouveaux patient·es. La « maison médicale » ? Construite dans le cadre d’un programme étatique appelé « revitalisation du centre-bourg », elle est sous-occupée, il n’y a que deux infirmières surmenées qui ne sont pas en mesure d’établir des diagnostics et de prescrire un médicament (1), même pour un rhume. Le dernier médecin, une Roumaine qui a repris une patientèle à grands frais pour elle et une belle commission pour l’intermédiaire qui était allée la chercher en Italie, est partie sans chercher de repreneur, épuisée par la masse de travail et sans doute trop isolée dans cette campagne qui n’est pas la sienne (2). Les ancien·nes consultent encore les rebouteux ou le prêtre exorciste, les « néo » un peu « alterno » font appel à des naturopathes, à leur frais et sans garantie de succès. En cas d’urgence, aucun médecin du coin n’intervient et il ne reste plus qu’à filer aux urgences de l’hôpital.

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vendredi, 16 juillet, 2021

Covid-19, une pandémie si moderne ?

523px-Paul_Fürst,_Der_Doctor_Schnabel_von_Rom_(Holländer_version).png, juil. 2021La pandémie de Covid-19 s’est propagée à une vitesse jamais vue, la vitesse des classes les plus mobiles, au mode de vie le plus globalisé, de nos sociétés. Son origine est encore incertaine mais, qu’il s’agisse d’une fuite d’un labo P4 ou d’une zoonose (maladie se transmettant de l’animal à l’humain, c’est le cas de 75 % des maladies émergentes contre 60 % des maladies infectieuses classiques) due à la destruction d’écosystèmes, elle a des causes qui tiennent bien à notre modernité industrielle. Voilà qui converge avec la critique d’une partie des critiques de la technique et autres écologistes radicaux et radicales.

Mais outre ces quelques éléments, cette pandémie a des airs plus familiers – que nous pensions ne plus jamais connaître, nous qui vivons dans des sociétés industrielles et très médicalisées. Les maladies infectieuses ont beaucoup reculé au XXe siècle, notamment en raison de la vaccination, et les maladies du mode de vie les ont remplacées : maladies cardio-vasculaires, diabète, cancers sont nos maladies de riches. Et nous voilà de nouveau vulnérables à ces maladies de pauvres.

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mercredi, 30 juin, 2021

Féminisme : se ressaisir des questions économiques

Quand certains hommes croient devoir commenter l’actualité du féminisme, c’est pour dire quelles sont les bonnes idées et les mauvaises, les bonnes féministes et les mauvaises, ce à quoi le féminisme doit s’intéresser (pas à remettre en question leur confort et leur pouvoir). Il n’y a pas de bonnes et de mauvaises féministes, il n’y a que des questions à discuter, des choix qui peuvent être interrogés et parfois des propos regrettables. Aujourd’hui j’ai envie de mettre l’accent sur un chantier qui a été un peu délaissé mais qui semble resurgir. Cela ne signifie pas qu’il soit plus important que d’autres qui ont plus été au centre de nos préoccupations ces dernières années. Au contraire, tout s’imbrique, la réalité matérielle est une conséquence des représentations genrées et des injonctions sexistes, les violences sexuelles se nourrissent des violences économiques. Mais ces questions économiques se rappellent à notre attention (1).

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mercredi, 9 juin, 2021

La prévention et la responsabilité, c’était nous

Le minibus filait sur l’autoroute, ramenant à Paris les dernier·es participant·es d’un séminaire écologiste. Sur l’un des ponts autoroutiers, ce slogan d’Extinction Rebellion : 48 000 morts prématurées sont dues chaque année à la pollution de l’air (1). Parce que ces morts nous importent, nous n’avons jamais proposé que les personnes fragiles restent chez elles pendant que nous autres (2) continuerions à polluer. Alors que les autorités nous opposaient une inertie coupable, nous proposions plutôt d’entamer ensemble une décroissance organisée et équitable des transports. La prévention et la responsabilité, la reconnaissance de notre interdépendance, c’était nous. Ce n’est plus le cas aujourd’hui et nous, les écologistes, avons en partie rejoint la masse des jouisseurs qui refusent de négocier leur mode de vie, quand ce n’est pas les rangs d’une extrême droite libertarienne qui hurle à la « dictature sanitaire » quand sont prises des mesures collectives contre la circulation du Covid. À la dictature sanitaire, nous n’avons pas opposé de démocratie sanitaire mais un libéralisme sanitaire, pour le dire poliment.

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dimanche, 30 mai, 2021

Les mérites de l'exemplarité

Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais… Alors que la situation sanitaire qui s’impose à nous depuis plus d’un an requiert des changements de comportement importants et que changer est difficile (même quand les efforts demandés sont moindres, c’est en soi un effort que d’acquérir de nouvelles habitudes), les personnes qui prétendent la gérer nous imposent le spectacle de leur incapacité à adopter elles-mêmes les comportements auxquels elles nous contraignent avec plus d’autoritarisme que jamais.

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dimanche, 9 mai, 2021

« Ensemble, combattons le coronavirus »

Évidemment qu'une maladie infectieuse se combat « ensemble » et oblige à penser les politiques de santé non comme l'organisation d'une offre de soins qu'il faudrait mériter (par ses cotisations ou son appartenance nationale) mais comme un bien commun auquel il appartient à chacun·e de prendre soin. Mais « ensemble », vraiment ?

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mercredi, 5 mai, 2021

La liberté de boire des coups

Il y a cinq ans, suite aux attaques du 13 novembre, certain·es à gauche avaient érigé le fait de sortir et de boire des verres comme l'emblème de notre civilisation. Nous étions attaqué·es dans nos bars et nos restaurants, en tant que civilisation jouisseuse ? Nous allions porter haut et fort les couleurs de la liberté, rouge aux joues et pintes dorées. Et qu'importait que nos assaillant·es eussent été des petites frappes aussi volontiers alcoolisées que nous autres mais récemment converties à un cliché d'islam censé justifier leur haine et leur violence. Qu'importait aussi que cette communion républicaine subversive se fît sous les auspices d'une activité commerciale pas franchement inclusive. Qu'importait enfin que la France eût « éteint les Lumières » en cette sombre année 2015 et qu'il fallût lutter sur tant de fronts, contre le récit du choc des civilisations, contre les lois sécuritaires qui prenaient indifféremment comme cibles des terroristes et des militant·es. Qu'importait, car cette posture du petit-bourgeois satisfait des moments festifs de sa vie était bien la plus confortable.

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dimanche, 11 avril, 2021

Contre le Covid, la démocratie et l’autogestion

Le grand relâchement

Il y a quelques semaines, j’ai eu la chance de faire un déplacement dans le cadre de mon travail, dans un joli château à la campagne. Pendant deux jours, c’était comme si le Covid n’existait plus. Nous n’avions pas parlé de respect des règles sanitaires et ce qui allait comme une évidence n’en était une pour personne. J’étais arrivée plus tôt, profitant d’avoir eu le Covid et d’être immunisée pendant au moins quelques semaines pour laisser tomber le masque avec un administrateur assez âgé de l’association pour laquelle je travaille. Nous en avions parlé deux secondes, il m’avait tenue au courant des obligations concernant le port du masque dans son département, je l’avais informé de ma maladie récente et proposé le non-port entre nous deux. Mais quand les autres sont arrivé·es, j’ai remis mon masque dans le hall pile au même moment qu’elles et eux qui entraient enlevaient le leur… Et jamais il n’a été question de décider ensemble du niveau de risque que nous étions prêt·es à prendre, à un moment où le virus circule autant qu’en mars 2020 et sur tout le territoire. Assis·es pendant nos travaux autour d’une grande table, mais pas assez grande pour être à bonne distance les un·es des autres, dans une pièce assez grande et haute (la vie de château) pour absorber nos aérosols mais pas aérée exprès, personne ne portant de masque, nous faisions comme si le virus n’existait pas. Sauf au moment de dresser la table du repas dans une autre pièce… attention, on va disposer les assiettes en quinconces ! Soit : maintenant qu’on a baisé sans capote, on va réduire les risques en évitant de se serrer la main.

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lundi, 5 avril, 2021

Nos plus belles leçons d’universalisme

l y a quelques jours, la polémique a fait rage autour du montage des extraits les plus racistes d’une émission des années 1990 mettant en scène une jeune femme noire dont le rôle était celui d’une potiche ironique. À propos de l’une des séquences, où celle-ci était comparée à un singe (oui), celle-ci prenait la parole en 2021 pour dire que l’ambiance dans l’équipe était très sympa et que c’était sa propre blague qui avait été utilisée dans l’émission. Les anti-racistes, qui avaient condamné les propos, étaient alors renvoyé·es à leurs pénates par les anti-anti-racistes (que j’appellerai ici pour simplifier : les racistes (1)) au motif que ce n’est pas raciste et Pepita en est juge puisqu’elle-même est une des « personnes les premières concernées ».

Contrairement à une majorité de personnes dont je partage l’engagement féministe ou les idées anti-racistes, je suis critique de la notion de « personnes les premières concernées » dont il faudrait sanctuariser les prises de position. Je ne propose pas non plus d’ignorer leurs propos mais de leur accorder une considération particulière car ils enrichissent considérablement le débat et car ils témoignent de situations en première ligne qui peuvent être douloureuses et qu’il appartient aux autres, dans une société démocratique, de ne pas négliger. Mais les sanctuariser ? Non, car non seulement ces personnes ne constituent pas un groupe homogène (dont tous les membres auraient le même statut social, le même revenu, le même lieu de résidence, la même nationalité, etc.) qui parlerait d’une seule voix mais surtout elles ont le droit, comme n’importe qui, d’avoir des idées qui leur sont propres, au-delà de l’expérience, singulière ou partagée, qui reste un substrat de notre pensée.

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mercredi, 24 mars, 2021

Faut-il faire de l'écologie sans les écologistes ?

Cet hiver le Haut conseil pour le climat, une instance créée en 2018 pour « apporter un éclairage indépendant sur la politique du gouvernement en matière de climat », a livré un rapport sur l'impact écologique du déploiement de la 5G. Ce rapport, commandé par le Sénat, anticipe une augmentation de la consommation d'énergie et des émissions de gaz à effet de serre due à l'utilisation de cette nouvelle technique, pourtant plus efficace que la 4G. L'empreinte carbone du numérique, aujourd'hui autour de 15 millions de tonnes par an en France, est amenée à croître ces prochaines années mais le déploiement de la 5G devrait entraîner vers 2030 un doublement de cette croissance, a minima, si ce n'est un quadruplement. Les raisons en sont le renouvellement du matériel, l'effet-rebond des consommations (soit les nouveaux usages induits par exemple par l'Internet des objets, si j'ai bien compris). Le tout nous entraînant vers une empreinte de 25 millions de tonnes bien incompatible avec les engagements déjà peu ambitieux de la France en matière d'émissions.

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vendredi, 19 mars, 2021

Huit semaines de plus en trop

Cela faisait huit semaines maintenant que nous étions suspendu·es à la menace d'un reconfinement. Le bon côté des choses, c'est que nous vivions dans l'angoisse depuis tout ce temps. L'autre bon côté des choses, c'est que nous sommes sur un plateau haut et que 2 000 personnes meurent chaque semaine du Covid (1). Et le pompon, c'est quand après tout ça, cette angoisse pour rien, ces morts évitables (combien sur les 16 000 de cette période ?), on apprend qu'on sera reconfiné·es et qu'on a gagné sur les deux tableaux.

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lundi, 15 mars, 2021

Vivre avec un Covid par temps de dépression

Je suis tombée malade du Covid il y a quelques jours, avec des symptômes assez classiques et plutôt légers. Les premiers symptômes ressemblant à n’importe quelle crève, j’ai dans un premier temps pris des précautions et je ne suis allée me faire tester qu’à l’emblématique disparition de mon odorat. Et, une fois n’est pas coutume puisque d’habitude je suis plutôt un mauvais esprit, j'étais positive, donc confinée et en arrêt maladie.

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