samedi, 12 décembre, 2020
Par Aude le samedi, 12 décembre, 2020, 13h04 - Lectures
Kate Pickett et Richard Wilkinson, Pour vivre heureux, vivons égaux ! Comment l'égalité réduit le stress, préserve la santé mentale et améliore le bien-être de tous, Les Liens qui libèrent, 2020, 416 pages, 8,90 €

On se doutait que l'inégalité est préjudiciable aux personnes en bas de la hiérarchie, qu'elle est responsable de maux physiologiques et psychologiques. Les hommes de classe populaire meurent jusqu'à dix ans plus tôt que les cadres et à l'extrême, le dénuement cause jusqu'à des retards de développement chez les enfants mal nutris. Mais ce que nous apprennent Pickett et Wilkinson, c'est que l'inégalité s'attaque au bien-être dans l'ensemble de la société. Les deux Britanniques, déjà auteur·es d'un ouvrage intitulé Pourquoi l'égalité est meilleure pour tous (Les Petits Matins, 2013), s'attaquent ici plus précisément aux questions de santé mentale à partir de leurs recherches en épidémiologie, soit une approche statistique des questions sanitaires. Leur propos se fonde sur des corrélations entre les inégalités économiques et d'autres faits établis (la proportion de personnes schizophrènes, d'enfants victimes de harcèlement scolaire, les performances en mathématiques) dans une variété de pays, majoritairement européens et anglo-saxons (ainsi que le Japon et Singapour), et quand il s'agit d'indicateurs plus communs le panel est encore élargi à des pays moins bien étudiés. Puisque une corrélation ne prouve rien, elle et il vont chercher dans la psychologie expérimentale, l'économie ou l'anthropologie physique et sociale de quoi étayer leurs hypothèses. Leur ouvrage est dense, leur approche quantitative leur permet de couvrir nombre de sujets, au point de parfois noyer leur lectorat sous les tableaux, mais le résultat est passionnant. Et il constitue un désaveu criant du choix de l'inégalité qui a été fait depuis environ 1980 dans les économies développées.
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lundi, 24 août, 2020
Par Aude le lundi, 24 août, 2020, 10h02 - Lectures
Grandeur et décadence, Liv Strömquist, Rackham, 2017, 128 pages, 20 €
Je ne sais pas ce qui m'avait retenu tout ce temps de lire Grandeur et décadence, présent dans mes étagères depuis quelques années, cadeau de Noël ou d'anniversaire. Malgré tout le bien que je pense des Sentiments du prince Charles, une mauvaise appréciation m'avait retenue d'ouvrir ce livre-là : il y était question de capitalisme et le propos de Strömquist n'avait rien d'original, m'avait-on dit. J'avais peur de lire la énième BD dans la lignée d'Attac. C'est pourtant un ouvrage très original. Dans le style un peu bordélique des précédents, qui mêle histoires people et théorie politique, Strömquist livre une série d'essais (au sens traditionnel de tentative de réflexion) très stimulants qui interrogent l'infrastructure psychique du capitalisme.
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lundi, 3 août, 2020
Par Aude le lundi, 3 août, 2020, 09h58 - Textes
C'est un beau dimanche de juillet et je vais réparer mon vélo sous la supervision amicale de F. dans le squat où il vit. F. a été réparateur de vélos dans une autre vie mais aujourd'hui il partage son temps entre des cours de français pour les migrant·es, des carcasses de vélo remontées entièrement et ce qui lui chante, comme d'aider des gens comme moi le dimanche à réparer leur biclou. Je dois être la seule cet aprem qui peut se payer les transports en commun ou les services d'un vélociste, les autres sont fauché·es comme les blés, avec ou sans papiers (la preuve que le vélo, c'est vraiment un truc de bobos). Heureusement pour nous qu'il y a l'atelier du dimanche. Derrière la verrière sous laquelle on transpire abondamment (mais rassurez-vous, il y fait très froid en hiver, ça équilibre), un petit jardin et une petite piscine gonflable. Un truc écrit sur la porte de sortie : « Si ta dernière douche ne date pas d'aujourd'hui, rince-toi avant de rentrer dans la piscine. » Voilà : tout ça pour dire que mêmes chez les anars, y'a des règles.
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dimanche, 19 juillet, 2020
Par Aude le dimanche, 19 juillet, 2020, 21h15 - Lectures
Joseph Heath et Andrew Potter, Révolte consommée. Le Mythe de la contre-culture, traduit de l'anglais par Élise de Bellefeuille et Michel Saint-Germain, L'Échappée, 2020, 368 pages, 20 €
C'est une drôle d'idée éditoriale, que de republier un ouvrage traduit en français il y a quinze ans (1) et qui se pose aussi fièrement contre le reste de son catalogue : la technique qui dépend de ce qu'on en fait, l'agriculture bio qui n'est pas écologique, l'anarchisme qui est la loi de la jungle… Tout y est, dans cet ouvrage qui finit avec de belles propositions de réforme : un impôt sur le revenu progressif, un marché des droits à polluer et des voitures hybrides. Les amis de L'Échappée auraient-ils perdu la tête ?
Peut-être pas. Parce que malgré tout ça, Révolte consommée pose des questions que ne peuvent plus désormais éviter les ami·es de l'émancipation. Ne serait-ce que parce que la rebellitude et l'hégémonie culturelle se portent très bien à l'extrême droite, ce que les auteurs, écrivant au temps d'Empire (Hardt et Negri) et de No Logo (N. Klein), n'avaient d'ailleurs pas vu venir.
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lundi, 15 juin, 2020
Par Aude le lundi, 15 juin, 2020, 09h37 - Textes
Elles prennent de l'assurance, ces voix qui condamnent notre servilité
pendant le confinement. C'est un propos qu'on attendrait chez les lecteurs et
lectrices de Henry D. Thoreau et d'Étienne de La Boétie, deux théoriciens de la
désobéissance civile, ou bien chez les anarchistes, chez celles et ceux qui
disent « non »… mais ça infuse bien plus largement. À vrai dire, il
me semble que ce n'est pas de la part de celles et ceux qui se souhaitent
ingouvernables que j'entends ces sorties rebelles mais plutôt des autres. Ce
n'est pas honteux, d'avoir éteint son esprit critique pendant le confinement
parce qu'on avait besoin
d'irénisme. On a tou·tes nos mauvais moments. Mais revenir critiquer une
servilité généralisée ?
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dimanche, 19 janvier, 2020
Par Aude le dimanche, 19 janvier, 2020, 19h09 - Annonces
Le Revenu garanti : une utopie
libérale, Aude Vidal, Le Monde à l'envers, 2020, 5 euros, 96
pages
Un extrait
« Allô, madame la ministre ? C'est pour signaler un accident du
travail. » En 2019, un compte sur
un réseau social interpelle les pouvoirs publics, faisant chaque semaine le
décompte morbide des mort·es au travail. Chaque semaine sont mortes entre 4 et
7 personnes, de tous âges, plutôt des hommes dans des emplois ouvriers. Et
c'est sans compter les travailleurs et travailleuses qui meurent à petit feu de
l'exposition à des polluants dans leur emploi, comme les femmes de ménage ou
les petites mains des salons de beauté. Sans compter les personnes qui se
suicident sur leur lieu de travail, épuisées par un management féroce
générateur d'angoisse ou par la perte de sens de leur métier – en particulier
dans le service public. Le travail tue et casse les corps. Même si les
politiques « n'adore[nt] pas le mot de pénibilité parce que ça donne le
sentiment que le travail serait pénible » (1), cette
pénibilité existe. Elle fait mourir plus tôt les ouvriers que les cadres et
baisser leur espérance de vie en bonne santé. Quant aux contreparties, elles
sont maigres.
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jeudi, 5 décembre, 2019
Par Aude le jeudi, 5 décembre, 2019, 09h52 - Textes
Le poing
qui illustre ce billet est une contribution au mouvement social qui démarre en
ce jeudi 5 décembre 2019. (Merci Agnès.)
Souvent je dis « pardon » ou « merci » quand je croise
sur la route des personnes attentionnées. Et parfois je me comporte comme une
merde. Et pourtant, c'est seulement quand je suis à vélo qu'on m'engueule. Pas
quand je n'ai pas bien regardé avant de traverser en-dehors des clous ou que je
bouscule d'autres piéton·nes par inattention ou parce que je marche trop vite.
Comme si être urbain·e en ville était une affaire de mode de transport :
les cyclistes seraient par essence grossier·es et dangereux/ses, les autres des
modèles de civisme. Qu'on se plaigne d'avoir été mis·e en danger par un conducteur de
car qui nous engueule ensuite car on ne roulait pas sur la piste cyclable
(1), et on prend pour tou·tes les autres cyclistes de la terre. Qu'on commente
un accident dans lequel un·e cycliste a été blessé·e et on entend ces
« Oui mais les cyclistes roulent n'importe comment » qu'on n'ose plus
dire à propos des femmes agressées (« Oui mais elles le cherchent
bien »). Les cyclistes rouleraient de manière délictueuse et n'auraient
que ce qu'elles et ils méritent en cas d'accident.
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mardi, 30 juillet, 2019
Par Aude le mardi, 30 juillet, 2019, 08h36 - Annonces
Petit montage réalisé par Tranbert de la discussion autour
d'Égologie à la librairie La Gryffe à Lyon en janvier
2018.
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lundi, 15 juillet, 2019
Par Aude le lundi, 15 juillet, 2019, 09h11 - Textes
Parmi les armes de défense du féminisme, avec la
dérision et la sororité, figure la non-mixité. Se priver des mâles lumières de
nos camarades ou de leurs bras musclés a bien des avantages : entre
femmes, notre parole prend enfin la place qu'elle mérite et nous nous révélons
puissantes, bien plus que ce que les rôles sociaux qui nous sont dévolus nous
laissaient imaginer. Pour certaines, la non-mixité est un moment de prise de
conscience, de ressourcement, de questionnement libre, sans pression externe,
des agendas féministes. Pour d'autres, il s'agit de mener des vies séparées,
autant que possible, de la classe des hommes, perçus comme agresseurs et
exploiteurs. L’idée est alors d'assurer le respect de son autonomie ou de son
intégrité.
Les enseignant·es aussi s'interrogent sur les bienfaits de la non-mixité
pour protéger les filles de l'ambiance masculine que les garçons imposent si
vite, de même qu'ils monopolisent l'attention de leurs profs. Est-ce le signe
d'une régression, d'un retour au temps des tabliers et des écoles de filles,
avec des enseignements différenciés accompagnant des rôles de genre rigides et
hiérarchisés ? La non-mixité fait enrager quelques universalistes
persuadé·es que des valeurs communes de justice sociale suffisent à assurer
l'égalité entre nous. Ainsi que certains proféministes convaincus d'avoir assez
« déconstruit » leur masculinité ou trahi la classe des hommes pour
mériter que leur place soit partout, y compris dans des groupes de femmes qui
souhaitent un moment de répit.
La non-mixité fait causer et depuis quelques années celle des toilettes est
en débat. « Whatever, just wash your hands! » : c'est le mot
d'ordre de la libération des stéréotypes de genre dans les toilettes. Les
pictogrammes stupides, figure neutre pour les hommes et en robe pour les
femmes, sont remplacés par des licornes ou des dragons de Komodo. Au-delà des
cercles militants queer, l'idée fait son chemin chez les décideurs,
président·es d'université ou des États-Unis, qui rendent les toilettes neutres
ou autorisent l'accès aux toilettes du sexe de son choix sur les bases de
l’auto-déclaration. Voilà qui a de quoi séduire.
La suite sur papier et sur ce blog dès septembre. À noter, que ce
numéro d'été, plus épais et qui sera en kiosque pendant deux mois, est bien au
prix de 5 euros...
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jeudi, 20 juin, 2019
Par Aude le jeudi, 20 juin, 2019, 10h58 - Lectures
Marie-France Hirigoyen, Les Narcisse, La Découverte,
2019, 238 pages, 18 euros
Déjà autrice d'enquêtes sur le harcèlement au travail, sur l'isolement ou
les violences conjugales, Marie-France Hirigoyen livre ici un ouvrage où il est
question de tout cela et qui met en lumière (ce qui devrait leur plaire) les
personnalités narcissiques. Après un prologue sur LA personnalité narcissique
du moment, Donald Trump, elle revient sur la définition du narcissisme et les
enjeux autour de la reconnaissance de cette pathologie : notion
psychanalytique, elle a dû être réinterprétée pour entrer dans le champ,
aujourd'hui dominant, de la psychologie cognitive avant de se voir reconnue. Ce
qui était d'autant plus vital que le désordre est commun. Le narcissisme est un
trait sous-jacent de toutes les personnalités, qui cultivent ce qu'Hirigoyen
appelle un « narcissisme sain ». Dans ses dimensions pathologiques,
le narcissisme peut être « grandiose » ou « vulnérable ».
On connaît assez bien le Narcisse grandiose : très majoritairement
masculin, il a besoin de reconnaissance, beaucoup trop d'assurance et un
remarquable manque d'empathie. Trump constitue un cas d'école. Le Narcisse
vulnérable est moins connu et l'autrice ne trouve pas d'autre illustration que
François Hollande, président de la République française de 2012 à 2017, si vous
l'aviez oublié. Même besoin d'exister en se flattant mais plus de difficulté à
le faire, notre Narcisse vulnérable peut être confondu avec une personne
dépressive. Ne pas confondre les deux avec le pervers narcissique, figure très
présente dans l'imaginaire français et dont Vladimir Poutine semble constituer
un bon exemple.
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lundi, 27 mai, 2019
Par Aude le lundi, 27 mai, 2019, 15h43 - Textes
Ça fait longtemps que j'ai envie de parler de mon expérience de cycliste et
de violence routière. Parce que je fais du vélo et que côtoyer tous les jours
10 % d'automobilistes qui me mettent en danger par négligence ou
malveillance fait mal… J'ai aussi été
fauchée délibérément par un automobiliste énervé, devant sept témoins, sans
que le propriétaire dûment identifié de la voiture soit mis en cause (affaire à
suivre). Cette violence et d'autres, on les subit tous les jours. Vous les
subissez tous les jours si vous habitez en ville. Peut-être que c'est à pied,
en voiture ou en scooter. Peut-être que vous avez décidé que c'est un type
d'usagèr·es qui en est coupable (« les vélos », « les
bagnoles »).
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dimanche, 26 mai, 2019
Par Aude le dimanche, 26 mai, 2019, 10h59 - Annonces
Aude Vidal, La Conjuration des ego. Féminismes et
individualisme, Syllepse, 2019, 96 pages, 7 euros
Parution octobre 2019
Et si l'individualisme et le libéralisme, qui déterminent si fortement nos
manières de considérer le monde, faisaient aussi dériver les mouvements
politiques engagés pour la justice sociale et l'émancipation ? Après avoir
soumis à cette question les « alternatives » écologistes, Aude Vidal
interroge les nouveaux féminismes radicaux. Le renouveau que connaît
aujourd'hui le mouvement semble également le déborder sur ses marges :
prostitution, inclusion des femmes trans et des personnes non-binaires,
difficile articulation avec les pensées queer et décoloniales sont l'occasion
d'autant de frottements. Ringard et étriqué, le féminisme hérité de la deuxième
vague ? Ou bien le foisonnement des féminismes d'aujourd'hui ne serait-il
pas l'occasion de dérives libérales ? L'auto-définition et la
reconnaissance d'un troisième genre, non-binaire, ne nieraient-elles pas le
genre comme rapport sociaux de sexe, en faisant une caractéristique
individuelle ? Le féminisme du choix, en postulant que tous les choix
effectués librement par des femmes sont des choix féministes, n'est-il pas
devenu le point de rencontre entre féministes libérales et nouvelles féministes
radicales ? Comment accueillir ces questions qui renouvellent le
féminisme, souvent de manière stimulante ou salutaire, sans rien céder sur la
défense des femmes et de leur intégrité ?
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dimanche, 12 août, 2018
Par Aude le dimanche, 12 août, 2018, 15h40 - Textes
Ces derniers mois, je suis allée à la rencontre des
lecteurs et des lectrices d'Égologie.
J'ai parfois eu un peu la frousse, comme dans cette petite ville démocratique
où les affiches de la rencontre avaient été arrachées ou ailleurs quand la
veille de la rencontre est sortie une tribune enflammée contre la couverture du
livre dans un média local. Mais globalement, ça s'est bien passé. Mieux que ça,
même. J'ai rencontré une foule de gens estimables, des camarades pour qui les
alternatives écolo posent depuis longtemps problème mais qui n'avaient pas
forcément su l'exprimer dans des termes audibles par les personnes qui y sont
engagées et ces mêmes personnes, ou en tout cas celles qui y croient vraiment,
à la solidarité et au reste, pour qui Égologie a été l'occasion de
questionner leurs pratiques et qui l'ont accepté de bon gré. À tou·tes :
merci pour l'accueil !
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samedi, 16 juin, 2018
Par Aude le samedi, 16 juin, 2018, 17h37 - Textes
Il y a quelques mois je me suis inscrite sur Twitter, mue par diverses
motivations. La première était bassement intéressée, il s'agissait de
promouvoir les deux ouvrages que je venais ou m’apprêtais à publier. La seconde
était que j’avais déjà tweeté pour de basses raisons mercenaires et que je
n’étais pas contre l’idée de refaire ça un jour, il ne fallait pas trop perdre
la main. La plus excitante était de m’habituer à écrire en deux cent et
quelques signes, une écriture concise mais qui aurait quand même un peu de
sens, soit un petit défi. Et enfin je venais de quitter un réseau social
beaucoup trop intéressant : les discussions avec le cercle d’habitué·es
avec qui j’avais pris l’habitude d’interagir me prenaient trop de temps. Sans
surprise, j’ai aussi perdu beaucoup de temps chaque matin sur Twitter en
attendant que se réveillent mes fonctions physiologiques (il m’est même arrivé
de ne pas résister à l’envie d’y faire un tour en journée ou – pire – en
soirée). Beaucoup trop de temps pour que j’explore avec l’attention nécessaire
les pages vers lesquelles menaient les post sur lesquels je tombais. C’est
dommage, c’est un peu tout l’intérêt de la chose. C’est grâce à un lien posté
sur Twitter que j’ai appris la proportion de liens likés qui étaient
effectivement lus : un rappel de la nécessité de soigner ses titres pour
faire grossir le nombre du dixième d'égaré·es qui aurait eu l’idée saugrenue
d’aller lire (ou commencer à survoler) le texte pour lequel ils et elles
affirment si fort leur intérêt, se mettant au fond en scène likant un titre
pour son humour ou son adhésion aux même valeurs qu’eux et elles.
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mercredi, 16 mai, 2018
Par Aude le mercredi, 16 mai, 2018, 21h53 - Annonces
Radio Dragon, à Mens dans le Trièves, m'a invitée un
matin à parler d'Égologie, dans l'excellente émission "Interstices".
La discussion est en ligne ici.
À Radio Pikez, une web radio associative à Brest, c'est
la totale (c'est la description de l'émission, il faut ensuite cliquer pour
accéder aux fichiers sonores) : interview en studio et captation de la
rencontre à l'Avenir dans la soirée du 30 mai.
Autre rencontre, cette fois en public à la librairie La Gryffe. C'est une
librairie associative qui
propose des analyses et critiques anticapitalistes et anti-autoritaires ou qui
rend compte des luttes sociales. Je suis donc très heureuse d'y avoir été
invitée le samedi 20 janvier pour présenter Égologie
et discuter avec les libraires et le public.
Le fichier est disponible sur le site Archive.org, qui
permet le partage de vidéos, sons et textes sous licence libre ou dans le
domaine public. Il dure 90 minutes environ, dont environ un tiers de
présentation et deux tiers de discussion.
Ici, un son plus bref, c'est un entretien avec la belle équipe du Canut
infos du vendredi 19 janvier à Radio Canut (Lyon).
(D'autres annonces et liens vers des entretiens pour des émissions radio sur
le site du Monde
à l'envers.)
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mardi, 8 mai, 2018
Par Aude le mardi, 8 mai, 2018, 09h59 - Textes
Les dernières grèves à la SNCF (c’est ici pour contribuer aux caisses
de soutien) m’ont donné l’occasion de me remettre à ce truc que je
déteste : le covoiturage. Covoiturer, c’est d’abord avoir le déplaisir de
recourir à un moyen de transport moins sûr, moins écologique et moins efficace
que le train, ce bien commun financé avant l’ère de la voiture individuelle,
avant que nous soyons riches à ne plus pouvoir prendre les transports en commun
ou assumer l’entretien d’un réseau ferré. C’est faire un tour dans la culture
automobile : me retrouver dans un McDo d’autoroute où, en désespoir de
cause, je prends une frite ou bien côtoyer un conducteur tellement occupé par
le réglage de ses deux GPS (deux !) qu’il ne voit pas le panneau Paris et
se précipite dans la mauvaise direction.
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lundi, 29 janvier, 2018
Par Aude le lundi, 29 janvier, 2018, 07h38 - Textes
Ces derniers mois ont été l'occasion d'en entendre
de belles. Un chef de l'État qui s'inquiète de la « délation » alors
que l'impunité est plus flagrante que d'imaginaires « dérives » d'une
parole libérée : les viols et crimes sexuels sont très peu reportés
(environ un sur dix) et encore moins punis (un ou deux sur dix d'un sur dix).
Si l'État a un cœur de métier (1), c'est de refuser l'impunité des attaques
contre les personnes et c'est justement parce qu'il ne fait pas son boulot que
celles et ceux qui luttent contre les violences en appellent au jugement du
public.
Une critique d'art, visiblement pas grande logicienne, qui regrette de ne pas
avoir été violée pour montrer qu'elle aurait été la même (tellement supérieure
aux autres femmes) si son histoire avait été très, mais alors très
différente.
Des patriarches gaulois qui persistent à mettre sur le même plan séduction et
crime sexuel, parlant au choix de malentendu ou de continuum dans la relation
si complexe entre hommes et femmes, voyez-vous… alors que nous féministes
persistons à leur dire que la violence n'est pas une relation (de même qu'une
bêche dans le crâne n'est pas du jardinage).
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samedi, 14 octobre, 2017
Par Aude le samedi, 14 octobre, 2017, 08h48 - Annonces

Ces derniers mois n'ont pas été mes plus productifs,
à voir mes publications plus rares sur ce blog. C'est que j'étais occupée
ailleurs, à reprendre quelques idées développées ici pour les articuler dans un
petit bouquin qui sort ce lundi 16 octobre :
Égologie.
Écologie, individualisme et course au bonheur.
Grand merci à l'équipe du Monde à l'envers, mes éditeurs, dont Nicolas à qui ce
livre doit beaucoup, pas seulement son titre. Merci également pour les
relectures et les encouragements à Louison Bobet et Mutines. Merci pour
l'inspiration et les repères à Nicolas Marquis et Irène Pereira, dont j'espère
ne pas avoir tordu les idées dans tous les sens. Merci à Xavier et à quelques
camarades alter-écolo pour avoir accueilli ma critique avec bonne foi,
intelligence et générosité (j'espère qu'ils et elles ne seront pas les seul·es
!).
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jeudi, 22 juin, 2017
Par Aude le jeudi, 22 juin, 2017, 08h16 - Textes
Petite, j'ai toujours été peureuse et ça ne s'est pas arrangé en
grandissant. J'ai peur de glisser quand le sol est mouillé ou gelé et
dans les manifs, si je tiens à être là malgré la répression, c'est à des
endroits qui me semblent sûrs (ce qui ne suffit pas, il m'est arrivé
d'avoir des surprises et de passer près d'un coup). Bref, je n'ai pas
l'impression que c'est avec moi qu'on arrivera à faire la révolution.
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samedi, 20 mai, 2017
Par Aude le samedi, 20 mai, 2017, 21h17 - Textes
L’an dernier le succès de la notion de
bienveillance interrogeait mon mauvais esprit. Depuis, cette notion a pris
encore plus de place dans l'espace public. De l'éducation positive au
développement personnel, la bienveillance a envahi jusqu'aux discours
militants, dans un large spectre qui va des plus radicaux/ales aux bénévoles de
la campagne Macron. Certes, écrivais-je,
« la bienveillance, ce pourrait être cette manière d'être ensemble sans
s'user, sans se faire trop de mal les un-es aux autres, pour continuer à
militer, faire venir du monde et ne pas se retrouver avec trois warriors et
deux tondus dans des rangs clairsemés ». Mais, alors que l’injonction à la
bienveillance devenait omniprésente, j’avais l’impression d’un comportement
dont il n’était plus question d’interroger le sens, d'une véritable norme qui
n’était plus (seulement) un moyen de renforcer les rangs des militant-es en
cultivant entre eux et elles des liens plus positifs, contre l'usure ou contre
la violence qui irrigue ces milieux (1). Au nom de la bienveillance, valeur
observée à Nuit debout, je notais par exemple qu’il n’était plus possible de
huer à l’ancienne un type venu servir un discours de préférence nationale. À
quoi servait donc la bienveillance si ce n’était plus une qualité relationnelle
à construire entre camarades mais une obligation sociale, un genre de droit
humain dû même aux fachos ?
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