dimanche, 12 avril, 2020
Par Aude le dimanche, 12 avril, 2020, 10h55 - Textes
La vie politique, dans les
régimes représentatifs libéraux, est traditionnellement structurée autour des
partis (et autres corps intermédiaires comme les syndicats). Traditionnellement
mais pas de tous temps puisque avant 1848 les corps intermédiaires étaient
interdits, accusés de briser le bel unanimisme du peuple. Quand les
associations, les syndicats et les partis sont autorisés en 1848, cette
disposition est l'occasion pour des classes qui jusqu'ici avaient été tenues à
l'écart de la vie publique, et pas seulement par le suffrage censitaire, d'y
participer pleinement. Avant 1848, être élu supposait d'avoir les moyens de
mener campagne sur des ressources individuelles. Après 1848, non seulement tout
le peuple est invité à voter (tout le peuple ? à l'exception des femmes,
soit de sa moitié) mais en plus il gagne le droit de s'auto-organiser dans des
structures qui lui permettent de mettre en commun des moyens pour peser dans le
débat public – et plus concrètement de s'organiser dans son bras de fer avec
ses employeurs. En théorie, les corps intermédiaires portent une dimension
démocratique du gouvernement représentatif (lequel est, en théorie aussi,
faiblement démocratique).
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lundi, 30 mars, 2020
Par Aude le lundi, 30 mars, 2020, 14h45 - Textes
Le besoin d'être ensemble qui nous caractérise, nous humain·es grégaires,
s'exprime d'autant plus fort que nous sommes tenu·es à des mesures de
confinement en cette période de pandémie. Il trouve tous les moyens de
s'exprimer : on appelle les personnes qu'on aime ou dont on sait qu'elles
sont les plus seules et vulnérables, on communique maladivement sur les réseaux
sociaux et les moyens les plus inventifs sont trouvés pour être ensemble à
distance : applaudissements depuis chez soi pour les soignant·es à 20 h
chaque soir, bougie à la fenêtre pour une fête chrétienne. On a tellement envie
d'unanimité que
Macron a remonté dans les sondages, prenant 50 % de points en plus,
après son discours de mobilisation. Une chèvre aurait fait l'affaire, peut-être
même beaucoup mieux : aucune chèvre n'a lutté contre les soignant·es
pendant les mois précédant la pandémie de coronavirus pour leur imposer une
énième baisse des moyens de l'hôpital public.
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samedi, 21 mars, 2020
Par Aude le samedi, 21 mars, 2020, 13h16 - Textes
Le 6 mars, monsieur le président se rendait au théâtre. On n'allait pas
se laisser abattre : « La vie continue. Il n’y a aucune raison,
mis à part pour les populations fragilisées, de modifier nos habitudes de
sortie. » Cinq jours plus tard, il en remettait une
couche : « Nous ne renoncerons à rien. Surtout pas à rire, à
chanter, à penser, à aimer. Surtout pas aux terrasses, aux salles de concert,
aux fêtes de soir d’été. Surtout pas à la liberté. » Deux jours après
cette sortie rappelant la grandeur de notre civilisation, avant tout celle des
loisirs marchands, Macron posait les bases de notre nouvelle vie :
rassemblements interdits, contacts physiques limités (mais pas la peine de
porter un masque, d'ailleurs on n'en a pas), privé·es de sorties sauf pour les
activités vitales (les courses, la promenade du chien, le kilomètre de marche
pour ne pas perdre la main, aller bosser dans une usine produisant des biens
pas spécialement vitaux en temps d'épidémie). Y'a pas à dire, le type voit la
fin du monde arriver avec plus de clairvoyance que Jojo et les Gilets jaunes
qui, elles et eux, ont vite compris à quel point les luttes écologistes et
démocratiques étaient aussi les leurs…
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lundi, 16 mars, 2020
Par Aude le lundi, 16 mars, 2020, 08h45 - Lectures
Xavier Ricard Lanata, La Tropicalisation
du monde, PUF, 2019, 128 pages, 12 €
Et si le monde occidental, celui des pays riches et peuplés de Blanc·hes,
faisait aujourd'hui l'objet d'un processus de
« tropicalisation » ? Lanata, anthropologue et économiste du
développement, fait l'hypothèse que nous sommes à un point où le monstre
capitaliste, créé et nourri dans les pays du nord, est devenu tellement avide
que le Sud ne lui suffit plus. Jusqu'alors, l'économie capitaliste a connu des
pratiques différentes dans les pays colonisés et les pays colonisateurs. Là-bas
il était violemment prédateur, utilisant les territoires comme puits de
ressources et les populations locales comme bras pour les exploiter. Et quand
les locaux n'étaient pas assez nombreux, d'autres peuples étaient déportés pour
servir de main d’œuvre (1). La vision toxique que nous avons de l'environnement
comme d'un milieu à exploiter ne s'est jamais mieux déployée que pendant
l'histoire coloniale à son apogée, du milieu du XIXe siècle au milieu du XXe.
C'est alors qu'on a assisté à « la décorrélation entre les lieux de
consommation et les lieux de production, par l'extension considérable des
réseaux d'échange et des chaînes de valeur » (p. 61). Nous vivons
encore dans ces structures et ces représentations, avec plus ou moins
d'inquiétude sur le fait de toucher un jour le fond et d'arriver à épuisement
du modèle.
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vendredi, 13 mars, 2020
Par Aude le vendredi, 13 mars, 2020, 08h05 - Textes
Les soins de santé en France sont en grande partie pris en charge par un
système d'assurance collectif financé par les cotisations des un·es et des
autres et étendu à leurs proches. Il semble donc justifié par certain·es d'en
exclure les migrant·es qui n'ont pas encore cotisé : résidant depuis moins de
trois mois, en séjour irrégulier, etc. C'est une revendication assez commune à
droite et elle a été mise en œuvre par les fameuses lois Pasqua en 1993. Ce
n'est pas sous des gouvernements d'extrême droite que le ministre de Jacques
Chirac puis d'Édouard Balladur a fait refuser l'accès à l'Assurance maladie
pour les personnes en séjour irrégulier.
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dimanche, 19 janvier, 2020
Par Aude le dimanche, 19 janvier, 2020, 19h09 - Annonces
Le Revenu garanti : une utopie libérale, Aude Vidal, Le Monde à l'envers, 2020, 5 euros, 96 pages
Un extrait
« Allô, madame la ministre ? C'est pour signaler un accident du travail. » En 2019, un compte sur un réseau social interpelle les pouvoirs publics, faisant chaque semaine le décompte morbide des mort·es au travail. Chaque semaine sont mortes entre 4 et 7 personnes, de tous âges, plutôt des hommes dans des emplois ouvriers. Et c'est sans compter les travailleurs et travailleuses qui meurent à petit feu de l'exposition à des polluants dans leur emploi, comme les femmes de ménage ou les petites mains des salons de beauté. Sans compter les personnes qui se suicident sur leur lieu de travail, épuisées par un management féroce générateur d'angoisse ou par la perte de sens de leur métier – en particulier dans le service public. Le travail tue et casse les corps. Même si les politiques « n'adore[nt] pas le mot de pénibilité parce que ça donne le sentiment que le travail serait pénible » (1), cette pénibilité existe. Elle fait mourir plus tôt les ouvriers que les cadres et baisser leur espérance de vie en bonne santé. Quant aux contreparties, elles sont maigres.
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Par Aude le dimanche, 19 janvier, 2020, 11h35 - Textes
C'est une affirmation à tempérer mais, sans attendre des
politiques de transition écologique, nous avons dès maintenant la possibilité
et la responsabilité de baisser notre impact sur l'environnement en adoptant
quelques bons principes de vie : choisir les mobilités douces, acheter des
produits bio tant alimentaires que cosmétiques, d'entretien ou textiles, trier
ses déchets, rénover sa maison avec des matériaux écologiques, habiter un
logement pas trop grand, produire moins de déchets en utilisant des objets
réutilisables et des aliments en vrac et moins transformés, moins chauffer son
logement, ne jamais prendre l'avion. J'en oublie peut-être…
Ces quelques principes semblent opposer des classes conscientisées de
centre-ville (qui vivent assez près de de leur emploi pour y aller à vélo, ont
les moyens de manger bio, peuvent assumer les surcoûts de certaines pratiques
de consommation quand il faut choisir un produit plus écologique) à ces classes
populaires qui se sont insurgées l'hiver dernier à propos d'éco-taxes sur le
diesel, lesquelles sont dépendantes
de la voiture, n'ont pas les moyens de faire entrer dans leurs critères de
consommation les questions écologiques et le voudraient-elles vraiment ?
Il est une idée qui s'impose d'après laquelle cette écologie des ménages, qui
constituerait notre principale marge de manœuvre pour faire changer
radicalement nos sociétés, appartiendrait au registre d'une classe sociale,
éduquée et à l'aise financièrement (1) pendant que les autres
sont au mieux captives, au pire rétives.
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dimanche, 1 décembre, 2019
Par Aude le dimanche, 1 décembre, 2019, 14h21 - Lectures
Les Besoins
artificiels. Comment sortir du consumérisme, Razmig Keucheyan, La
Découverte, « Zones », 2019, 250 pages, 18 euros
Depuis quelques années le Black Friday, ce lendemain de Thanksgiving dévoué à
la consommation, donne lieu en France à des soldes frénétiques. L'édition de
2019 a été également l'occasion de nombreuses actions de sabotage, dans le
monde comme ici. L'impact écologique et social de la fièvre acheteuse est
connu, régulièrement dénoncé. Le Buy Nothing Day du magazine
Adbusters, dernier samedi de novembre, a longtemps été marqué d'une
pierre blanche dans l'agenda des militant·es de la décroissance, un jour dédié
à des actions de sensibilisation dans les temples de la consommation. Mais
l'urgence climatique toujours plus pressante, la part croissante de la vente en
ligne et de ses conséquences
sociales
et
écologiques,
tout ça a donné cette année des actions directes plus radicales, souvent menées
dans les magasins plutôt que dans les nœuds logistiques. Cette orientation,
côté consommation plutôt que production, a suscité quelques malaises :
« Le Black Friday, c'est l'occasion pour des classes moins aisées de payer
des cadeaux pas trop chers à leur petite famille », ai-je entendu ici ou
là. L'urgence écologique, oui, mais acheter pour Noël (1) est un besoin qui
doit être pris en compte. Peut-être est-ce là un de ces besoins artificiels à
remettre en cause ? Et comment ?
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lundi, 25 novembre, 2019
Par Aude le lundi, 25 novembre, 2019, 20h32 - Lectures
Sorry We Missed You, un film de Ken Loach (Royaume-Uni,
2019)
« Sorry we missed you », c'est cette note qui vous attend quand vous
avez raté le passage du colis que vous avez commandé sur Internet. Ricky, le
héros du dernier Ken Loach, est un travailleur indépendant qui travaille pour
une compagnie de transports de colis. Il sillonne les rues des Newcastle pour
livrer à des particuliers des colis, plus ou moins gros, plus ou moins urgents.
Des achats sur Amazon ou une autre plate-forme de vente en ligne aussi bien que
des repas, des colis à livrer dans la journée et d'autres dans une fourchette
d'une heure. Il a acheté sa camionnette pour ne pas la louer à l'entreprise qui
lui donne ses missions et passe sa journée pressé par un objet connecté (à la
fois scanner, téléphone, GPS) qui bippe quand il quitte le camion plus de deux
minutes. Sur le papier, l'entreprise donneuse d'ordres est sa cliente. En vrai,
vu le dispatcher qui est toujours sur son paletot, la boîte ressemble
étrangement à un employeur, aussi exigeante et peu accommodante que les pires
petits patrons décrits par le cinéaste anglais.
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mardi, 30 juillet, 2019
Par Aude le mardi, 30 juillet, 2019, 08h36 - Annonces
Petit montage réalisé par Tranbert de la discussion autour
d'Égologie à la librairie La Gryffe à Lyon en janvier
2018.
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lundi, 15 juillet, 2019
Par Aude le lundi, 15 juillet, 2019, 09h11 - Textes
Parmi les armes de défense du féminisme, avec la
dérision et la sororité, figure la non-mixité. Se priver des mâles lumières de
nos camarades ou de leurs bras musclés a bien des avantages : entre
femmes, notre parole prend enfin la place qu'elle mérite et nous nous révélons
puissantes, bien plus que ce que les rôles sociaux qui nous sont dévolus nous
laissaient imaginer. Pour certaines, la non-mixité est un moment de prise de
conscience, de ressourcement, de questionnement libre, sans pression externe,
des agendas féministes. Pour d'autres, il s'agit de mener des vies séparées,
autant que possible, de la classe des hommes, perçus comme agresseurs et
exploiteurs. L’idée est alors d'assurer le respect de son autonomie ou de son
intégrité.
Les enseignant·es aussi s'interrogent sur les bienfaits de la non-mixité
pour protéger les filles de l'ambiance masculine que les garçons imposent si
vite, de même qu'ils monopolisent l'attention de leurs profs. Est-ce le signe
d'une régression, d'un retour au temps des tabliers et des écoles de filles,
avec des enseignements différenciés accompagnant des rôles de genre rigides et
hiérarchisés ? La non-mixité fait enrager quelques universalistes
persuadé·es que des valeurs communes de justice sociale suffisent à assurer
l'égalité entre nous. Ainsi que certains proféministes convaincus d'avoir assez
« déconstruit » leur masculinité ou trahi la classe des hommes pour
mériter que leur place soit partout, y compris dans des groupes de femmes qui
souhaitent un moment de répit.
La non-mixité fait causer et depuis quelques années celle des toilettes est
en débat. « Whatever, just wash your hands! » : c'est le mot
d'ordre de la libération des stéréotypes de genre dans les toilettes. Les
pictogrammes stupides, figure neutre pour les hommes et en robe pour les
femmes, sont remplacés par des licornes ou des dragons de Komodo. Au-delà des
cercles militants queer, l'idée fait son chemin chez les décideurs,
président·es d'université ou des États-Unis, qui rendent les toilettes neutres
ou autorisent l'accès aux toilettes du sexe de son choix sur les bases de
l’auto-déclaration. Voilà qui a de quoi séduire.
La suite sur papier et sur ce blog dès septembre. À noter, que ce
numéro d'été, plus épais et qui sera en kiosque pendant deux mois, est bien au
prix de 5 euros...
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jeudi, 20 juin, 2019
Par Aude le jeudi, 20 juin, 2019, 10h58 - Lectures
Marie-France Hirigoyen, Les Narcisse, La Découverte,
2019, 238 pages, 18 euros
Déjà autrice d'enquêtes sur le harcèlement au travail, sur l'isolement ou
les violences conjugales, Marie-France Hirigoyen livre ici un ouvrage où il est
question de tout cela et qui met en lumière (ce qui devrait leur plaire) les
personnalités narcissiques. Après un prologue sur LA personnalité narcissique
du moment, Donald Trump, elle revient sur la définition du narcissisme et les
enjeux autour de la reconnaissance de cette pathologie : notion
psychanalytique, elle a dû être réinterprétée pour entrer dans le champ,
aujourd'hui dominant, de la psychologie cognitive avant de se voir reconnue. Ce
qui était d'autant plus vital que le désordre est commun. Le narcissisme est un
trait sous-jacent de toutes les personnalités, qui cultivent ce qu'Hirigoyen
appelle un « narcissisme sain ». Dans ses dimensions pathologiques,
le narcissisme peut être « grandiose » ou « vulnérable ».
On connaît assez bien le Narcisse grandiose : très majoritairement
masculin, il a besoin de reconnaissance, beaucoup trop d'assurance et un
remarquable manque d'empathie. Trump constitue un cas d'école. Le Narcisse
vulnérable est moins connu et l'autrice ne trouve pas d'autre illustration que
François Hollande, président de la République française de 2012 à 2017, si vous
l'aviez oublié. Même besoin d'exister en se flattant mais plus de difficulté à
le faire, notre Narcisse vulnérable peut être confondu avec une personne
dépressive. Ne pas confondre les deux avec le pervers narcissique, figure très
présente dans l'imaginaire français et dont Vladimir Poutine semble constituer
un bon exemple.
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dimanche, 26 mai, 2019
Par Aude le dimanche, 26 mai, 2019, 10h59 - Annonces
Aude Vidal, La Conjuration des ego. Féminismes et individualisme, Syllepse, 2019, 96 pages, 7 €
Parution octobre 2019
Et si l'individualisme et le libéralisme, qui déterminent si fortement nos manières de considérer le monde, faisaient aussi dériver les mouvements politiques engagés pour la justice sociale et l'émancipation ? Après avoir soumis à cette question les « alternatives » écologistes, Aude Vidal interroge les nouveaux féminismes radicaux. Le renouveau que connaît aujourd'hui le mouvement semble également le déborder sur ses marges : prostitution, inclusion des femmes trans et des personnes non-binaires, difficile articulation avec les pensées queer et décoloniales sont l'occasion d'autant de frottements. Ringard et étriqué, le féminisme hérité de la deuxième vague ? Ou bien le foisonnement des féminismes d'aujourd'hui ne serait-il pas l'occasion de dérives libérales ? L'auto-détermination et la reconnaissance d'un troisième genre, non-binaire, ne nieraient-elles pas le genre comme rapport sociaux de sexe, en faisant une caractéristique individuelle ? Le féminisme du choix, en postulant que tous les choix effectués librement par des femmes sont des choix féministes, n'est-il pas devenu le point de rencontre entre féministes libérales et nouvelles féministes radicales ? Comment accueillir ces questions qui renouvellent le féminisme, souvent de manière stimulante ou salutaire, sans rien céder sur la défense des femmes et de leur intégrité ?
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mardi, 7 mai, 2019
Par Aude le mardi, 7 mai, 2019, 03h19 - Textes
Il est entendu dans le sens commun que les régimes dans lesquels on choisit
son gouvernement sont des démocraties. Et c'est ce que nous répètent à l'envi
politiques et journalistes, pour qui les non-démocrates, ce sont les
autres : groupes politiques minoritaires ou pays éloignés. Or, pour les
historien·nes et les politistes, nos « démocraties libérales » ont
bien des caractères démocratiques mais subtilement mélangés à d'autres
qui tiennent plutôt de l'aristocratie (le pouvoir des meilleurs) et de la
monarchie (le pouvoir d'un seul). On considère souvent à tort que
l'élection est le seul geste démocratique, dédaignant l'environnement dans
lequel le peuple est amené à voter : liberté et vitalité de la presse, des
structures dans lesquelles le peuple s'organise (partis, syndicats,
associations, collectifs et groupes informels), diffusion de l'esprit critique
dans des débats publics de qualité. Un régime dans lequel la presse relaie la
désinformation du gouvernement (comme on l'a vu le 1er mai 2019 avec l'affaire de la fausse
« attaque » d'un hôpital mais les exemples
abondent) et qui dénigre les formes d'organisation populaire et ses
expressions (de la présence dans l'espace médiatique à la manif) a des
caractères non-démocratiques.
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mardi, 30 avril, 2019
Par Aude le mardi, 30 avril, 2019, 10h58 - Textes
En voilà une question bête, bien sûr que non ! Les populistes, ce sont
ces politiques qui ne cessent de faire appel au peuple et de flatter ses bas
instincts. Notre président-philosophe (Frédéric de Prusse et Voltaire enfin
réunis dans le même corps jeune et presque athlétique, waw !) en appelle,
lui, à la raison et à la bonne gouvernance. Macron ne fait pas appel au peuple,
c'est une des habitudes de la droite que de vendre la puissance du pays et
qu'importent les gens qui y vivent.
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vendredi, 18 janvier, 2019
Par Aude le vendredi, 18 janvier, 2019, 11h23 - Textes
À la rentrée prochaine, le gouvernement prévoit de multiplier par dix environ
les frais d’inscription des étudiant·es étrangèr·es non-communautaires. La
raison officielle : rendre les études supérieures en France plus prestigieuses
(plus c’est cher, plus c’est classe, d’ailleurs hier j’ai payé trois euros ma
baguette et vous savez quoi ? elle était bien meilleure). Les esprits chagrins
y voient surtout un ballon d’essai pour augmenter les frais d’inscription pour
tout le monde, établir un marché de l’éducation et des prêts étudiants tout en
réduisant l’accès à l’université des classes moins solvables. Les étudiant·es
non-européen·nes qui ne changent pas de cycle (licence, master, doctorat)
seront épargné·es par la mesure et après quelques semaines de remous
l’exception a été étendue à ceux et celles qui changent de cycle. Plus aucun·e
étudiant·e en France n’est concerné·e, ce qui réduit la mobilisation : ceux et
celles que cela touche sont loin des yeux, loin du cœur.
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jeudi, 3 janvier, 2019
Par Aude le jeudi, 3 janvier, 2019, 09h34 - Textes
Dans les manuels d'éducation civique, les choses sont simples : les
élections sont un marché où la demande populaire rencontre l'offre électorale
et les deux s'apparient le temps d'un mandat, qui est une sorte de carte
blanche donnée à un élu. Les mouvements sociaux sont une remise en cause
incongrue de la légitimité construite par l'élection. Il est donc dans l'ordre
des choses qu'un président élu explique au milieu d'une grève d'ampleur, suite
à plus d'un an de manifestations hebdomadaires et des mois de blocages de
ronds-points, qu'il fera comme il souhaite. Et qu'il distingue, pour bien
marquer son autorité, le patron français de
l'entreprise
qui devrait être la principale bénéficiaire de la dégradation annoncée de
notre système de retraites (ainsi que d'autres
personnalités du monde de la finance), façon « je vous emmerde,
n'oubliez pas de voter pour moi dans deux ans ».
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dimanche, 12 août, 2018
Par Aude le dimanche, 12 août, 2018, 15h40 - Textes
Ces derniers mois, je suis allée à la rencontre des
lecteurs et des lectrices d'Égologie.
J'ai parfois eu un peu la frousse, comme dans cette petite ville démocratique
où les affiches de la rencontre avaient été arrachées ou ailleurs quand la
veille de la rencontre est sortie une tribune enflammée contre la couverture du
livre dans un média local. Mais globalement, ça s'est bien passé. Mieux que ça,
même. J'ai rencontré une foule de gens estimables, des camarades pour qui les
alternatives écolo posent depuis longtemps problème mais qui n'avaient pas
forcément su l'exprimer dans des termes audibles par les personnes qui y sont
engagées et ces mêmes personnes, ou en tout cas celles qui y croient vraiment,
à la solidarité et au reste, pour qui Égologie a été l'occasion de
questionner leurs pratiques et qui l'ont accepté de bon gré. À tou·tes :
merci pour l'accueil !
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mercredi, 16 mai, 2018
Par Aude le mercredi, 16 mai, 2018, 21h53 - Annonces
Radio Dragon, à Mens dans le Trièves, m'a invitée un
matin à parler d'Égologie, dans l'excellente émission "Interstices".
La discussion est en ligne ici.
À Radio Pikez, une web radio associative à Brest, c'est
la totale (c'est la description de l'émission, il faut ensuite cliquer pour
accéder aux fichiers sonores) : interview en studio et captation de la
rencontre à l'Avenir dans la soirée du 30 mai.
Autre rencontre, cette fois en public à la librairie La Gryffe. C'est une
librairie associative qui
propose des analyses et critiques anticapitalistes et anti-autoritaires ou qui
rend compte des luttes sociales. Je suis donc très heureuse d'y avoir été
invitée le samedi 20 janvier pour présenter Égologie
et discuter avec les libraires et le public.
Le fichier est disponible sur le site Archive.org, qui
permet le partage de vidéos, sons et textes sous licence libre ou dans le
domaine public. Il dure 90 minutes environ, dont environ un tiers de
présentation et deux tiers de discussion.
Ici, un son plus bref, c'est un entretien avec la belle équipe du Canut
infos du vendredi 19 janvier à Radio Canut (Lyon).
(D'autres annonces et liens vers des entretiens pour des émissions radio sur
le site du Monde
à l'envers.)
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mardi, 8 mai, 2018
Par Aude le mardi, 8 mai, 2018, 09h59 - Textes
Les dernières grèves à la SNCF (c’est ici pour contribuer aux caisses
de soutien) m’ont donné l’occasion de me remettre à ce truc que je
déteste : le covoiturage. Covoiturer, c’est d’abord avoir le déplaisir de
recourir à un moyen de transport moins sûr, moins écologique et moins efficace
que le train, ce bien commun financé avant l’ère de la voiture individuelle,
avant que nous soyons riches à ne plus pouvoir prendre les transports en commun
ou assumer l’entretien d’un réseau ferré. C’est faire un tour dans la culture
automobile : me retrouver dans un McDo d’autoroute où, en désespoir de
cause, je prends une frite ou bien côtoyer un conducteur tellement occupé par
le réglage de ses deux GPS (deux !) qu’il ne voit pas le panneau Paris et
se précipite dans la mauvaise direction.
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