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mardi, 14 novembre, 2017

Se mettre dans la peau d'un·e cycliste

La semaine dernière, je roulais à vélo dans une rue assez étroite quand une voiture me doubla en me passant très près. Après un sprint mémorable, je retrouve l’automobiliste au feu rouge et lui demande des comptes. Celui-ci, après m’avoir accusée de rouler « au milieu de la route », accepte quand même de m’écouter. « Au milieu de la route », je lui explique, c’est une distance qui permet de ne pas se faire faucher par une portière qui s’ouvre. Les portières s’ouvrent sans précaution et il appartient aux cyclistes de ne pas être à leur portée. Une distance de sécurité d’un mètre est la seule prévention. Le jour où une portière ouverte m’a envoyée à l’hôpital, je n’ai pas eu le temps de freiner, rouler trop près a été ma seule erreur. Et cette erreur, la plupart des cyclistes la font tout le temps. Il faut dire que la plupart des automobilistes les contraignent à se mettre en danger : dès que le respect de cette distance de sécurité ne permet plus de doubler, l’automobiliste fait ronfler son moteur tout près, klaxonne ou double dangereusement, accusant de rouler « au milieu de la route ». Doubler un véhicule plus lent est perçu comme un dû. Eh bien non, c’est rentrer chez soi sans séjour à l’hôpital qui l’est. Elles sont pourtant rares, les villes où on peut espérer que les automobilistes frustré·es de ne pas pouvoir doubler restent plus loin et ne se comportent pas de manière plus ou moins agressive…

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samedi, 14 octobre, 2017

Égologie

Ces derniers mois n'ont pas été mes plus productifs, à voir mes publications plus rares sur ce blog. C'est que j'étais occupée ailleurs, à reprendre quelques idées développées ici pour les articuler dans un petit bouquin qui sort ce lundi 16 octobre : Égologie. Écologie, individualisme et course au bonheur.

Grand merci à l'équipe du Monde à l'envers, mes éditeurs, dont Nicolas à qui ce livre doit beaucoup, pas seulement son titre. Merci également pour les relectures et les encouragements à Louison Bobet et Mutines. Merci pour l'inspiration et les repères à Nicolas Marquis et Irène Pereira, dont j'espère ne pas avoir tordu les idées dans tous les sens. Merci à Xavier et à quelques camarades alter-écolo pour avoir accueilli ma critique avec bonne foi, intelligence et générosité (j'espère qu'ils et elles ne seront pas les seul·es !).

samedi, 20 mai, 2017

Limites de la bienveillance

L’an dernier le succès de la notion de bienveillance interrogeait mon mauvais esprit. Depuis, cette notion a pris encore plus de place dans l'espace public. De l'éducation positive au développement personnel, la bienveillance a envahi jusqu'aux discours militants, dans un large spectre qui va des plus radicaux/ales aux bénévoles de la campagne Macron. Certes, écrivais-je, « la bienveillance, ce pourrait être cette manière d'être ensemble sans s'user, sans se faire trop de mal les un-es aux autres, pour continuer à militer, faire venir du monde et ne pas se retrouver avec trois warriors et deux tondus dans des rangs clairsemés ». Mais, alors que l’injonction à la bienveillance devenait omniprésente, j’avais l’impression d’un comportement dont il n’était plus question d’interroger le sens, d'une véritable norme qui n’était plus (seulement) un moyen de renforcer les rangs des militant-es en cultivant entre eux et elles des liens plus positifs, contre l'usure ou contre la violence qui irrigue ces milieux (1). Au nom de la bienveillance, valeur observée à Nuit debout, je notais par exemple qu’il n’était plus possible de huer à l’ancienne un type venu servir un discours de préférence nationale. À quoi servait donc la bienveillance si ce n’était plus une qualité relationnelle à construire entre camarades mais une obligation sociale, un genre de droit humain dû même aux fachos ?

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vendredi, 4 novembre, 2016

La positive attitude

Et moi je suis arrivée à un point dans ma vie où je ne vais pas tous les jours faire des séances de photo dans des prairies fleuries au lever du soleil avec des femmes à la beauté stéréotypée mais où j'ai un avis à partager sur ce genre de propos consensuel.

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lundi, 5 septembre, 2016

La positive attitude

Le constat est partagé : la société dans laquelle nous vivons est pathogène. Sédentarité, stress, pollutions diverses rendent nos corps malades. Quant à notre psychisme, il semble mal en point. Dans les milieux alter-écolos, je ne sais s'il s'agit de coaching psy pour maximiser son bien-être ou de soigner des maladies mentales mais j'ai l'impression de ne croiser que des patient-e-s accros à leur séance de psychothérapie (de la psychiatrie aux thérapies « alternatives »).

Comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même (et pour soi-même), c'est dans ces milieux politiques-là que le problème est adressé le plus frontalement, au point que tout un business du bien-être s'y est développé, de la lampe au sel de l'Himalaya aux pratiques de développement personnel – dont le discours reste très critique des travers du monde contemporain. Dans une enquête sur des personnes conjuguant avec l'écologie leur intérêt pour le développement personnel, le sociologue Nicolas Marquis (1) a montré les « grammaires du changement » qu'elles ont dans tête et dans lesquelles le « travail sur soi » est un moteur important de changement social.

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lundi, 20 juin, 2016

Un travail sans qualité

Autour de moi j’ai pu étonner mon monde en racontant combien je m’étais plus épanouie dans un travail normal que dans les multiples activités bénévoles beaucoup plus intéressantes et riches de sens que je menais et qui m’ont permis de rencontrer des gens formidables. Ça a des airs de paradoxe, que j’aie préféré m’enfermer tous les jours au 7e étage dans une grosse institution à faire un peu de com plutôt que livrer tous les six mois L’An 02, travailler sur On achève bien les éleveurs ou écrire Égologie. Ce sont pourtant trois belles réalisations, pour lesquelles je reçois beaucoup de reconnaissance. Ma production au 7e étage est loin de mériter les mêmes louanges, même si j’ai eu la chance qu’on me glisse un mot d’appréciation. Et pourtant, si je devais choisir une activité pour le reste de la vie, je choisirais le 7e étage – un peu triste tout de même de ne plus avoir le temps de m’impliquer dans des œuvres plus importantes aux yeux des autres et des miens. C’est un mystère, que cette appréciation ne suffise pas à me les faire préférer.

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lundi, 13 juin, 2016

La Fabrique pornographique

La Fabrique pornographique, Lisa Mandel d'après Mathieu Trachman, Casterman, Sociorama, 2016, 168 pages, 12 euros

Mathieu Trachman avait livré en 2013 Le Travail pornographique. Enquête sur la production de fantasmes (La Découverte). C'est d'après cette enquête que Lisa Mandel, dessinatrice et scénariste, inaugure une collection de bandes dessinées d'inspiration sociologique, Sociorama. On attend au tournant celle qui est avec Yasmine Bouagga co-directrice de la collection. Côté adaptation, on appréciera ou pas le parti pris qui consiste à ne pas livrer un récit documentaire – c'est le choix de beaucoup d’œuvres qui trouvent désormais leur place en album ou dans les revues (1) – mais une fiction très bien documentée. On suit ses personnages, une femme et un homme, novices comme il se doit, dans leur découverte de l'industrie porno. Et dans leur désaffection finale puisque les carrières féminines sont brèves (« un an pour un chien c'est sept ans pour un humain [et] dans le porno c'est pareil »). L'héroïne, une jeune femme à l'apparence éloignée des stéréotypes de hardeuse (cheveux courts et poitrine de taille modeste) fait ainsi l'objet d'un engouement à son arrivée dans l'industrie puis se range au bout d'une année, quand ses fantasmes sont taris et que « les salaires […] stagnent ». Avec 14 mois en moyenne pour une carrière féminine, pas de temps pour construire un métier avec des revendications corporatives, comme le suggèrent deux personnages féminins à la fin du livre, rappelant qu'aux USA les acteurs et actrices porno sont organisé-e-s en syndicat. Il y aurait pourtant de quoi, comme on l'apprend au fil d'un récit réaliste, qui laisse la part aux fantasmes de cette industrie tout en en éclairant les zones d'ombre.

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mardi, 24 mai, 2016

La Démocratie aux champs

La Démocratie aux champs, Joëlle Zask
Les Empêcheurs de penser en rond/La Découverte, 2016
252 pages, 18,50 euros


Dans une tradition où « politique » (du grec polis) et « citoyen » (soit citadin) disent le caractère urbain du fait démocratique, quelle est la place des ruraux et plus particulièrement de la paysannerie ? Le mépris dans lequel ont longtemps été tenu-e-s les paysan-ne-s (1) semble avoir fait obstacle à leur participation politique. Quand les révolutionnaires choisissent le suffrage censitaire et la représentation, deux dispositions anti-démocratiques, l'argument selon lequel le peuple est en grande partie composé de paysan-ne-s trop courbé-e-s sur la terre pour avoir des aspirations politiques un peu élevées légitime la dépossession qui s'opère alors. Joëlle Zask livre donc un ouvrage utile qui redonne ses lettres de noblesses aux personnes qui cultivent la terre, en tant que classe sociale (2) et en tant qu'individus.

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mardi, 12 avril, 2016

Le Syndrome du bien-être

Le Syndrome du bien-être, Carl Cederström et André Spicer, traduction Édouard Jacquemoud, L'Échappée, 2016, 168 pages, 15 euros

Préféreriez-vous être riche et en bonne santé ou pauvre et malade ? Bien-être et prospérité économique se conjuguent comme si l'un appelait l'autre, à moins que ce ne soit le contraire. Pendant que des « athlètes d'entreprise » se voient offrir jusqu'à leur poste de travail les conditions matérielles de leur bien-être, tant physique que psychique, les losers de la guerre économique ne pourront s'en prendre qu'à eux-même pour leurs muscles flasques et leur teint blafard. Ce ne sont plus des inégalités criantes, ce n'est que justice…

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vendredi, 25 mars, 2016

Autonomie, camarade !

Les usages contemporains mettent en avant « une autonomie qui consiste à donner aux individus le sens de l’initiative, tout en leur faisant porter la responsabilité de se débrouiller "librement". […] À contre-courant donc de tout ce qu’enseigne la philosophie politique classique [qui] considère l’autonomie comme une liberté incarnée dans la capacité à se poser des règles, [à] savoir limiter sa puissance »
Lou Falabrac, « Ma mairie est-elle devenue gauchiste ? Quand les élites vantent l’autonomie », L'An 02, n°7, printemps 2015.

Lors des quelques entretiens d'embauche qu'il m'est arrivé de faire, je ne me suis jamais présentée comme une personne « autonome ». Si la question m'est posée, j'explique que j'apprends facilement et que je m'adapte mais certainement pas que je me donne à moi-même ma propre loi, comme c'est le sens du mot « autonomie ». La loi, c'est celle des recruteurs, je l'accepte parce que ça m'arrange mais qu'ils se débrouillent avec leurs scrupules.

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jeudi, 17 mars, 2016

Contact

Matthew Crawford, Contact. Pourquoi nous avons perdu le monde, et comment le retrouver, La Découverte, 2016, 283 pages, 21 euros

Il est question d’Emmanuel Kant et de Walt Disney, de philosophie politique et de machines à sous. Crawford manie des concepts philosophiques parfois un peu ardus mais toujours éclairés par des exemples concrets, l’idée étant de comprendre pourquoi, dans un univers toujours plus commode, nous nous trouvons toujours plus désemparés. L’exemple qui m’a le plus frappée est celui des vieux Disney, dans lesquels les personnages sont aux prises avec des objets qui répugnent à leur obéir, au point de sembler animés d’une vie propre : des ressorts qui ne cessent de se détendre, des portes de s’ouvrir… Aujourd’hui, dit-il, les dessins animés de la même firme montrent des personnages béats servis par des machines complaisantes. Je me demande quelles intrigues ce dispositif peut servir. L’absence de conflit, outre qu’elle est assez pauvre politiquement, l’est aussi sur le plan narratif.

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mardi, 29 décembre, 2015

Gouvernance

Alain Deneault
Gouvernance. Le Management totalitaire
Lux, Montréal, 2013
200 pages, 12 €
et
La Médiocratie
Lux, Montréal, 2015
224 pages, 15 €


Les discussions sur la démocratisation des structures de gouvernement, sur des modalités comme la reddition des comptes, les modes de scrutin plus « représentatifs », le tirage au sort de certaines assemblées, etc. semblent à côté de la plaque à la lecture d’Alain Deneault. Comme si nous retardions de quarante ans. Depuis, la gouvernance a su imposer sa façon d’envisager l’action publique comme un dialogue fructueux, orchestré par l’État, entre ce qu’on appelle les acteurs : vous, moi, à partir du moment où nous sommes concerné-e-s par les projets à mettre en œuvre. Mais aussi (et surtout), dans le cas d’un projet d’aménagement par exemple, Vinci ou Eiffage, qui sont bien les plus concernées au regard des budgets qu’elles vont mobiliser. On comprend mieux les « ratés » de la bonne gouvernance occidentale, les autoroutes et autres grands projets construits contre les textes de loi, contre l’avis des services du ministère et des associations écologistes ou de riverains qui dénoncent le gaspillage d’argent public.

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jeudi, 24 décembre, 2015

Le chômage, c'est la mort

Il y a quelques temps, une copine me disait combien le travail, c’est la mort. Des suicides sur le lieu de travail (qui arrivent par vagues dans les médias) aux burn-out, de la vulnérabilité que la hiérarchie crée face au harcèlement à la dépossession dont témoignent tant et tant de gens du métier, il semble qu’il n’y ait rien à défendre dans l’organisation du travail aujourd’hui. Est-ce une raison suffisante pour taper dans le dos d’une chômeuse comme moi en la félicitant de ne pas être employée ? Peut-être pas, aussi ai-je répliqué à ma pote que le chômage, c’est la mort.

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vendredi, 21 août, 2015

Le paradoxe du philosophe

« Chacun devient son propre maître et n'a plus de compte à rendre qu'à lui-même. Le morcellement du lien social isole chaque individu et le renvoie à sa liberté, à la jouissance de son autonomie ou, à l'inverse, à son sentiment d’insuffisance, à son échec personnel. L'individu qui ne dispose pas de solides ressources intérieures pour s'ajuster et investir les événements de significations et de valeurs, qui manque d'une confiance suffisante en lui, se sent d’autant plus vulnérable et doit se soutenir par lui-même à défaut de l'être par sa communauté. Souvent il baigne dans un climat de tension, d'inquiétude, de doute, qui rend la vie difficile. Le goût de vivre n'est pas toujours au rendez-vous. »

David Le Breton, entretien dans Hors-sol n°3, été 2015.

L'une des grandes libertés que nous offre le monde contemporain est de pouvoir choisir les relations plutôt que les subir. Relations amoureuses, amicales (et de voisinage si on a bien cultivé l'entre-soi) ne nous sont plus imposées mais livrées à notre désir et à ses mouvements.

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lundi, 6 avril, 2015

Cher ami proféministe

Tu trouves que les femmes sont des hommes comme les autres et qu’Éric Zemmour ou Alexis Escudero (ça dépend de ton niveau de conscience politique) écrit de la merde, ce que tu ne manques pas de signaler à très haute voix. Tu essaies d’être le gars sympa avec nous autres les meufs et quand parfois tu as un peu de recul sur les questions de genre tu tentes de ne pas tomber dans l’écueil du chevalier blanc, cette figure du mec qui accorde une aide condescendante, parce qu’il est un mec et a les ressources, et jouit de la situation de pouvoir que ça entraîne. Parce que c’est super gratifiant, d’être proféministe. Tu es l’avant-garde politique de notre temps et en plus ça te donne la possibilité de t’épanouir en testant les larmes, la tendresse ou la jupe l’été. Non seulement ça sert à te distinguer de la plèbe viriliste, devant les autres gars et devant les meufs, mais en plus c’est un gros atout dans une démarche de développement personnel. Le proféminisme, comme le militantisme écolo, maximise le plaisir d’un parcours de vie au masculin. Sauf à préférer la Kro à la ch’tite bière bio brassée par les potes.

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mardi, 17 mars, 2015

La Tyrannie des droits

La Tyrannie des droits
Brewster Kneen
Écosociété, Montréal, 2014
traduit par Daniel Poliquin
168 pages, 15 €


Quand la question du mal-logement surgit pour la énième fois dans les médias en 2007, la réponse politique qu'elle reçoit est juridique : il s'agit d'un droit au logement opposable (DALO), le droit de demander un logement social auquel s'ajoute, quand celui-ci n'est pas accordé dans les douze ou vingt-quatre mois, le droit de poser un dossier en préfecture et le droit de recevoir une réponse dans les trois mois. Celle-ci peut être négative, hein, parce que les logements en question, on ne va pas les inventer. Lutter contre la spéculation immobilière, la hausse des loyers et la disparition de logements du marché, construire des logements sociaux, voilà qui constitue une politique susceptible de rendre justement disponibles et accessibles ces logements. Qu'est donc alors le droit au logement opposable, s'il ne garantit rien aux personnes qui ont besoin de se loger et n'y arrivent pas par leurs seuls moyens ? A celles et ceux qui se posent la question, au-delà du contexte hexagonal, la lecture de La Tyrannie des droits sera d'un grand secours pour aider à poser un regard renouvelé sur cet objet emblématique de notre modernité.

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Sur le consentement


« Le mot de consentement appliqué aux dominés annule quasiment toute responsabilité de la part de l’oppresseur. Puisque l’opprimé consent, il n’y a rien de véritablement immoral dans le comportement du "dominant". L’affaire est en quelque sort ramenée à un contrat politique classique. »

Nicole-Claude Mathieu, L’Anatomie politique. Catégorisations et idéologies de sexe, Côté femmes, 1991, cité dans Irène Jonas, Moi Tarzan, toi Jane. Critique de la réhabilitation « scientifique » de la différence hommes/femmes, Syllepses, 2011.

 

Autour de moi le consentement est une notion au centre des attentions. Discussions formelles et formations militantes s’y consacrent, dans l’idée de réduire la violence faite aux plus vulnérables. S’attacher aux signes de répugnance, respecter un non, c’est bousculer le rapport de forces qui permet d’habitude aux plus forts d’abuser naturellement de l’incapacité des plus fragiles à protéger leur intégrité physique et morale. C’est une belle intention, mais l’expérience me suggère que la plus délicate écoute ne suffit pas toujours et que certaines vulnérabilités rendent des non plus difficiles à entendre que d’autres. Le consentement n’est-il pas une notion trop marquée de libéralisme politique ?

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jeudi, 26 février, 2015

Altercapitalisme

Un dossier dans L'An 02 n°7, à paraître fin mars 2015

Goethe a dit quelque part : « Méfiez-vous de vos rêves de jeunesse, ils finissent toujours par devenir réalité ». C’est un peu ce qui est arrivé aux contestataires des années 1970 : le capitalisme a montré qu’il était capable de liquider le paternalisme, l’esprit de sérieux et la morale bourgeoise qui l’avaient caractérisé jusque-là pour donner droit à leurs exigences. Réorganisation de ses structures verticales en réseaux horizontaux, mise en place d’un hédonisme de masse aux accents libertaires… on avait cru mettre un grain de sable dans la machine, on n’avait fait qu’ajouter de l’huile dans ses rouages.

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samedi, 13 décembre, 2014

Sexe, genre et départs en vrille

Affreux essentialistes vs. néo-féministes libérales… les polémiques qui déchirent nos milieux depuis le printemps dernier nous auraient-elles donné à penser ? Même pas sûr. D'un côté, la haine pour le « lobby gay » (Pièces et main d’œuvre) et le sarcasme pour les féministes qui n'en sont que de « prétendues » (Alexis Escudero dans La Reproduction artificielle de l'humain, printemps 2014). De l'autre, la soumission à des thèmes libéraux assez problématiques. Je n'y ai pas trouvé mon compte, et je crois que nous sommes nombreux/ses dans ce cas (Escudero se flattait aussi de ça dans ses premiers textes… mais j'vous jure, j'ai des retours encourageants).

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lundi, 10 novembre, 2014

Universalisme : y'a du boulot

Pour gagner une campagne électorale aujourd'hui, il faut cliver au bon endroit, celui qui sera favorable à ses idées en se présentant au maximum de personnes comme le défenseur de leurs intérêts ou de leurs valeurs. On ne sait pas quelle campagne (militaire ?) mène Alexis Escudero, mais il a clivé fortement les milieux susceptibles de relayer son enquête sur « la reproduction artificielle de l'humain ». Et pas au bon endroit, si on en croit les refus et déchirements divers autour de sa tournée promotionnelle. Lundi 27 octobre, à Lille, une moitié du public est partie après la lecture d'un texte.

Pas au bon endroit, parce qu'en tant qu'actrice de cette histoire (j'ai participé à la rédaction du texte lillois) je me suis sentie tributaire de ce clivage et sommée de faire des alliances que je n'aurais pas jugé propices en temps normal. Mais devant le refus de débattre dont Escudero a témoigné jusqu'à présent (1), la possibilité de partager nos réserves ou francs refus, entre féministes, lesbiennes radicales, technocritiques et proféministes, était en elle-même précieuse. Les discussions riches, respectueuses et argumentées que nous avons eues à l'occasion de cette rédaction m'ont donné envie de réagir sur quelques-uns des points de tensions apparus entre nous.

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