mardi, 7 mai, 2019
Par Aude le mardi, 7 mai, 2019, 03h19 - Textes
Il est entendu dans le sens commun que les régimes dans lesquels on choisit
son gouvernement sont des démocraties. Et c'est ce que nous répètent à l'envi
politiques et journalistes, pour qui les non-démocrates, ce sont les
autres : groupes politiques minoritaires ou pays éloignés. Or, pour les
historien·nes et les politistes, nos « démocraties libérales » ont
bien des caractères démocratiques mais subtilement mélangés à d'autres
qui tiennent plutôt de l'aristocratie (le pouvoir des meilleurs) et de la
monarchie (le pouvoir d'un seul). On considère souvent à tort que
l'élection est le seul geste démocratique, dédaignant l'environnement dans
lequel le peuple est amené à voter : liberté et vitalité de la presse, des
structures dans lesquelles le peuple s'organise (partis, syndicats,
associations, collectifs et groupes informels), diffusion de l'esprit critique
dans des débats publics de qualité. Un régime dans lequel la presse relaie la
désinformation du gouvernement (comme on l'a vu le 1er mai 2019 avec l'affaire de la fausse
« attaque » d'un hôpital mais les exemples
abondent) et qui dénigre les formes d'organisation populaire et ses
expressions (de la présence dans l'espace médiatique à la manif) a des
caractères non-démocratiques.
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mardi, 30 avril, 2019
Par Aude le mardi, 30 avril, 2019, 10h58 - Textes
En voilà une question bête, bien sûr que non ! Les populistes, ce sont
ces politiques qui ne cessent de faire appel au peuple et de flatter ses bas
instincts. Notre président-philosophe (Frédéric de Prusse et Voltaire enfin
réunis dans le même corps jeune et presque athlétique, waw !) en appelle,
lui, à la raison et à la bonne gouvernance. Macron ne fait pas appel au peuple,
c'est une des habitudes de la droite que de vendre la puissance du pays et
qu'importent les gens qui y vivent.
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vendredi, 18 janvier, 2019
Par Aude le vendredi, 18 janvier, 2019, 11h23 - Textes
À la rentrée prochaine, le gouvernement prévoit de multiplier par dix environ
les frais d’inscription des étudiant·es étrangèr·es non-communautaires. La
raison officielle : rendre les études supérieures en France plus prestigieuses
(plus c’est cher, plus c’est classe, d’ailleurs hier j’ai payé trois euros ma
baguette et vous savez quoi ? elle était bien meilleure). Les esprits chagrins
y voient surtout un ballon d’essai pour augmenter les frais d’inscription pour
tout le monde, établir un marché de l’éducation et des prêts étudiants tout en
réduisant l’accès à l’université des classes moins solvables. Les étudiant·es
non-européen·nes qui ne changent pas de cycle (licence, master, doctorat)
seront épargné·es par la mesure et après quelques semaines de remous
l’exception a été étendue à ceux et celles qui changent de cycle. Plus aucun·e
étudiant·e en France n’est concerné·e, ce qui réduit la mobilisation : ceux et
celles que cela touche sont loin des yeux, loin du cœur.
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jeudi, 3 janvier, 2019
Par Aude le jeudi, 3 janvier, 2019, 09h34 - Textes
Dans les manuels d'éducation civique, les choses sont simples : les
élections sont un marché où la demande populaire rencontre l'offre électorale
et les deux s'apparient le temps d'un mandat, qui est une sorte de carte
blanche donnée à un élu. Les mouvements sociaux sont une remise en cause
incongrue de la légitimité construite par l'élection. Il est donc dans l'ordre
des choses qu'un président élu explique au milieu d'une grève d'ampleur, suite
à plus d'un an de manifestations hebdomadaires et des mois de blocages de
ronds-points, qu'il fera comme il souhaite. Et qu'il distingue, pour bien
marquer son autorité, le patron français de
l'entreprise
qui devrait être la principale bénéficiaire de la dégradation annoncée de
notre système de retraites (ainsi que d'autres
personnalités du monde de la finance), façon « je vous emmerde,
n'oubliez pas de voter pour moi dans deux ans ».
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dimanche, 12 août, 2018
Par Aude le dimanche, 12 août, 2018, 15h40 - Textes
Ces derniers mois, je suis allée à la rencontre des
lecteurs et des lectrices d'Égologie.
J'ai parfois eu un peu la frousse, comme dans cette petite ville démocratique
où les affiches de la rencontre avaient été arrachées ou ailleurs quand la
veille de la rencontre est sortie une tribune enflammée contre la couverture du
livre dans un média local. Mais globalement, ça s'est bien passé. Mieux que ça,
même. J'ai rencontré une foule de gens estimables, des camarades pour qui les
alternatives écolo posent depuis longtemps problème mais qui n'avaient pas
forcément su l'exprimer dans des termes audibles par les personnes qui y sont
engagées et ces mêmes personnes, ou en tout cas celles qui y croient vraiment,
à la solidarité et au reste, pour qui Égologie a été l'occasion de
questionner leurs pratiques et qui l'ont accepté de bon gré. À tou·tes :
merci pour l'accueil !
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mercredi, 16 mai, 2018
Par Aude le mercredi, 16 mai, 2018, 21h53 - Annonces
Radio Dragon, à Mens dans le Trièves, m'a invitée un
matin à parler d'Égologie, dans l'excellente émission "Interstices".
La discussion est en ligne ici.
À Radio Pikez, une web radio associative à Brest, c'est
la totale (c'est la description de l'émission, il faut ensuite cliquer pour
accéder aux fichiers sonores) : interview en studio et captation de la
rencontre à l'Avenir dans la soirée du 30 mai.
Autre rencontre, cette fois en public à la librairie La Gryffe. C'est une
librairie associative qui
propose des analyses et critiques anticapitalistes et anti-autoritaires ou qui
rend compte des luttes sociales. Je suis donc très heureuse d'y avoir été
invitée le samedi 20 janvier pour présenter Égologie
et discuter avec les libraires et le public.
Le fichier est disponible sur le site Archive.org, qui
permet le partage de vidéos, sons et textes sous licence libre ou dans le
domaine public. Il dure 90 minutes environ, dont environ un tiers de
présentation et deux tiers de discussion.
Ici, un son plus bref, c'est un entretien avec la belle équipe du Canut
infos du vendredi 19 janvier à Radio Canut (Lyon).
(D'autres annonces et liens vers des entretiens pour des émissions radio sur
le site du Monde
à l'envers.)
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mardi, 8 mai, 2018
Par Aude le mardi, 8 mai, 2018, 09h59 - Textes
Les dernières grèves à la SNCF (c’est ici pour contribuer aux caisses
de soutien) m’ont donné l’occasion de me remettre à ce truc que je
déteste : le covoiturage. Covoiturer, c’est d’abord avoir le déplaisir de
recourir à un moyen de transport moins sûr, moins écologique et moins efficace
que le train, ce bien commun financé avant l’ère de la voiture individuelle,
avant que nous soyons riches à ne plus pouvoir prendre les transports en commun
ou assumer l’entretien d’un réseau ferré. C’est faire un tour dans la culture
automobile : me retrouver dans un McDo d’autoroute où, en désespoir de
cause, je prends une frite ou bien côtoyer un conducteur tellement occupé par
le réglage de ses deux GPS (deux !) qu’il ne voit pas le panneau Paris et
se précipite dans la mauvaise direction.
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mardi, 14 novembre, 2017
Par Aude le mardi, 14 novembre, 2017, 08h24 - Textes
La semaine dernière, je roulais à vélo dans une rue assez étroite quand une
voiture me doubla en me passant très près. Après un sprint mémorable, je
retrouve l’automobiliste au feu rouge et lui demande des comptes. Celui-ci,
après m’avoir accusée de rouler « au milieu de la route », accepte quand même
de m’écouter. « Au milieu de la route », je lui explique, c’est une distance
qui permet de ne pas se faire faucher par une portière qui s’ouvre. Les
portières s’ouvrent sans précaution et il appartient aux cyclistes de ne pas
être à leur portée. Une distance de sécurité d’un mètre est la seule
prévention. Le jour où une portière ouverte m’a envoyée à l’hôpital, je n’ai
pas eu le temps de freiner, rouler trop près a été ma seule erreur. Et cette
erreur, la plupart des cyclistes la font tout le temps. Il faut dire que la
plupart des automobilistes les contraignent à se mettre en danger : dès que le
respect de cette distance de sécurité ne permet plus de doubler,
l’automobiliste fait ronfler son moteur tout près, klaxonne ou double
dangereusement, accusant de rouler « au milieu de la route ». Doubler un
véhicule plus lent est perçu comme un dû. Eh bien non, c’est rentrer chez soi
sans séjour à l’hôpital qui l’est. Elles sont pourtant rares, les villes où on
peut espérer que les automobilistes frustré·es de ne pas pouvoir doubler
restent plus loin et ne se comportent pas de manière plus ou moins
agressive…
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samedi, 14 octobre, 2017
Par Aude le samedi, 14 octobre, 2017, 08h48 - Annonces
Ces derniers mois n'ont pas été mes plus productifs,
à voir mes publications plus rares sur ce blog. C'est que j'étais occupée
ailleurs, à reprendre quelques idées développées ici pour les articuler dans un
petit bouquin qui sort ce lundi 16 octobre :
Égologie.
Écologie, individualisme et course au bonheur.
Grand merci à l'équipe du Monde à l'envers, mes éditeurs, dont Nicolas à qui ce
livre doit beaucoup, pas seulement son titre. Merci également pour les
relectures et les encouragements à Louison Bobet et Mutines. Merci pour
l'inspiration et les repères à Nicolas Marquis et Irène Pereira, dont j'espère
ne pas avoir tordu les idées dans tous les sens. Merci à Xavier et à quelques
camarades alter-écolo pour avoir accueilli ma critique avec bonne foi,
intelligence et générosité (j'espère qu'ils et elles ne seront pas les seul·es
!).
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samedi, 20 mai, 2017
Par Aude le samedi, 20 mai, 2017, 21h17 - Textes
L’an dernier le succès de la notion de
bienveillance interrogeait mon mauvais esprit. Depuis, cette notion a pris
encore plus de place dans l'espace public. De l'éducation positive au
développement personnel, la bienveillance a envahi jusqu'aux discours
militants, dans un large spectre qui va des plus radicaux/ales aux bénévoles de
la campagne Macron. Certes, écrivais-je,
« la bienveillance, ce pourrait être cette manière d'être ensemble sans
s'user, sans se faire trop de mal les un-es aux autres, pour continuer à
militer, faire venir du monde et ne pas se retrouver avec trois warriors et
deux tondus dans des rangs clairsemés ». Mais, alors que l’injonction à la
bienveillance devenait omniprésente, j’avais l’impression d’un comportement
dont il n’était plus question d’interroger le sens, d'une véritable norme qui
n’était plus (seulement) un moyen de renforcer les rangs des militant-es en
cultivant entre eux et elles des liens plus positifs, contre l'usure ou contre
la violence qui irrigue ces milieux (1). Au nom de la bienveillance, valeur
observée à Nuit debout, je notais par exemple qu’il n’était plus possible de
huer à l’ancienne un type venu servir un discours de préférence nationale. À
quoi servait donc la bienveillance si ce n’était plus une qualité relationnelle
à construire entre camarades mais une obligation sociale, un genre de droit
humain dû même aux fachos ?
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vendredi, 4 novembre, 2016
Par Aude le vendredi, 4 novembre, 2016, 09h13 - Textes
Et moi je suis arrivée à un point dans ma vie où je
ne vais pas tous les jours faire des séances de photo dans des prairies
fleuries au lever du soleil avec des femmes à la beauté stéréotypée mais où
j'ai un avis à partager sur ce genre de propos consensuel.
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lundi, 5 septembre, 2016
Par Aude le lundi, 5 septembre, 2016, 07h27 - Textes
Le constat est partagé : la société dans laquelle nous vivons est
pathogène. Sédentarité, stress, pollutions diverses rendent nos corps malades.
Quant à notre psychisme, il semble mal en point. Dans les milieux alter-écolos,
je ne sais s'il s'agit de coaching psy pour maximiser son bien-être ou de
soigner des maladies mentales mais j'ai l'impression de ne croiser que des
patient-e-s accros à leur séance de psychothérapie (de la psychiatrie aux
thérapies « alternatives »).
Comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même (et pour soi-même), c'est
dans ces milieux politiques-là que le problème est adressé le plus
frontalement, au point que tout un business du bien-être s'y est développé, de
la lampe au sel de l'Himalaya aux pratiques de développement personnel – dont
le discours reste très critique des travers du monde contemporain. Dans une
enquête sur des personnes conjuguant avec l'écologie leur intérêt pour le
développement personnel, le sociologue Nicolas Marquis (1) a montré les
« grammaires du changement » qu'elles ont dans tête et dans
lesquelles le « travail sur soi » est un moteur important de
changement social.
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lundi, 20 juin, 2016
Par Aude le lundi, 20 juin, 2016, 12h43 - Textes
Autour de moi j’ai pu étonner mon monde en racontant combien je m’étais plus
épanouie dans un travail normal que dans les multiples activités bénévoles
beaucoup plus intéressantes et riches de sens que je menais et qui m’ont permis
de rencontrer des gens formidables. Ça a des airs de paradoxe, que j’aie
préféré m’enfermer tous les jours au 7e étage dans une grosse institution à
faire un peu de com plutôt que livrer tous les six mois L’An 02,
travailler sur On achève bien les éleveurs ou écrire
Égologie. Ce sont pourtant trois belles réalisations, pour lesquelles
je reçois beaucoup de reconnaissance. Ma production au 7e étage est loin de
mériter les mêmes louanges, même si j’ai eu la chance qu’on me glisse un mot
d’appréciation. Et pourtant, si je devais choisir une activité pour le reste de
la vie, je choisirais le 7e étage – un peu triste tout de même de ne plus avoir
le temps de m’impliquer dans des œuvres plus importantes aux yeux des autres et
des miens. C’est un mystère, que cette appréciation ne suffise pas à me les
faire préférer.
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lundi, 13 juin, 2016
Par Aude le lundi, 13 juin, 2016, 11h06 - Lectures
La Fabrique pornographique, Lisa Mandel d'après Mathieu
Trachman, Casterman, Sociorama, 2016, 168 pages, 12 euros
Mathieu Trachman avait livré en 2013 Le Travail pornographique. Enquête sur
la production de fantasmes (La Découverte). C'est d'après cette enquête
que Lisa Mandel, dessinatrice et scénariste, inaugure une collection de bandes
dessinées d'inspiration sociologique, Sociorama. On attend au tournant celle
qui est avec Yasmine Bouagga co-directrice de la collection. Côté adaptation,
on appréciera ou pas le parti pris qui consiste à ne pas livrer un récit
documentaire – c'est le choix de beaucoup d’œuvres qui trouvent désormais leur
place en album ou dans les revues (1) – mais une fiction très bien documentée.
On suit ses personnages, une femme et un homme, novices comme il se doit, dans
leur découverte de l'industrie porno. Et dans leur désaffection finale puisque
les carrières féminines sont brèves (« un an pour un chien c'est sept ans
pour un humain [et] dans le porno c'est pareil »). L'héroïne, une jeune
femme à l'apparence éloignée des stéréotypes de hardeuse (cheveux courts et
poitrine de taille modeste) fait ainsi l'objet d'un engouement à son arrivée
dans l'industrie puis se range au bout d'une année, quand ses fantasmes sont
taris et que « les salaires […] stagnent ». Avec 14 mois en moyenne
pour une carrière féminine, pas de temps pour construire un métier avec des
revendications corporatives, comme le suggèrent deux personnages féminins à la
fin du livre, rappelant qu'aux USA les acteurs et actrices porno sont
organisé-e-s en syndicat. Il y aurait pourtant de quoi, comme on l'apprend au
fil d'un récit réaliste, qui laisse la part aux fantasmes de cette industrie
tout en en éclairant les zones d'ombre.
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mardi, 24 mai, 2016
Par Aude le mardi, 24 mai, 2016, 17h19 - Lectures
La Démocratie aux champs, Joëlle Zask
Les Empêcheurs de penser en rond/La Découverte, 2016
252 pages, 18,50 euros
Dans une tradition où « politique » (du grec polis) et
« citoyen » (soit citadin) disent le caractère urbain du fait
démocratique, quelle est la place des ruraux et plus particulièrement de la
paysannerie ? Le mépris dans lequel ont longtemps été tenu-e-s les
paysan-ne-s (1) semble avoir fait obstacle à leur participation politique.
Quand les révolutionnaires choisissent le suffrage censitaire et la
représentation,
deux dispositions anti-démocratiques, l'argument selon lequel le peuple est
en grande partie composé de paysan-ne-s trop courbé-e-s sur la terre pour avoir
des aspirations politiques un peu élevées légitime la dépossession qui s'opère
alors. Joëlle Zask livre donc un ouvrage utile qui redonne ses lettres de
noblesses aux personnes qui cultivent la terre, en tant que classe sociale (2)
et en tant qu'individus.
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mardi, 12 avril, 2016
Par Aude le mardi, 12 avril, 2016, 17h07 - Lectures
Le Syndrome
du bien-être, Carl Cederström et André Spicer, traduction Édouard
Jacquemoud, L'Échappée, 2016, 168 pages, 15 euros
Préféreriez-vous être riche et en bonne santé ou pauvre et malade ?
Bien-être et prospérité économique se conjuguent comme si l'un appelait
l'autre, à moins que ce ne soit le contraire. Pendant que des « athlètes
d'entreprise » se voient offrir jusqu'à leur poste de travail les
conditions matérielles de leur bien-être, tant physique que psychique, les
losers de la guerre économique ne pourront s'en prendre qu'à eux-même pour
leurs muscles flasques et leur teint blafard. Ce ne sont plus des inégalités
criantes, ce n'est que justice…
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vendredi, 25 mars, 2016
Par Aude le vendredi, 25 mars, 2016, 17h51 - Textes
Les usages contemporains mettent en avant « une autonomie qui consiste à
donner aux individus le sens de l’initiative, tout en leur faisant porter la
responsabilité de se débrouiller "librement". […] À contre-courant donc de tout
ce qu’enseigne la philosophie politique classique [qui] considère l’autonomie
comme une liberté incarnée dans la capacité à se poser des règles, [à] savoir
limiter sa puissance »
Lou Falabrac, « Ma mairie est-elle devenue gauchiste ? Quand les élites vantent
l’autonomie », L'An 02, n°7, printemps 2015.
Lors des quelques entretiens d'embauche qu'il m'est arrivé de faire, je ne me
suis jamais présentée comme une personne « autonome ». Si la question m'est
posée, j'explique que j'apprends facilement et que je m'adapte mais
certainement pas que je me donne à moi-même ma propre loi, comme c'est le sens
du mot « autonomie ». La loi, c'est celle des recruteurs, je l'accepte parce
que ça m'arrange mais qu'ils se débrouillent avec leurs scrupules.
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jeudi, 17 mars, 2016
Par Aude le jeudi, 17 mars, 2016, 16h44 - Lectures
Matthew Crawford, Contact. Pourquoi nous avons perdu le
monde, et comment le retrouver, La Découverte, 2016, 283 pages, 21
euros
Il est question d’Emmanuel Kant et de Walt Disney, de philosophie politique et
de machines à sous. Crawford manie des concepts philosophiques parfois un peu
ardus mais toujours éclairés par des exemples concrets, l’idée étant de
comprendre pourquoi, dans un univers toujours plus commode, nous nous trouvons
toujours plus désemparés. L’exemple qui m’a le plus frappée est celui des vieux
Disney, dans lesquels les personnages sont aux prises avec des objets qui
répugnent à leur obéir, au point de sembler animés d’une vie propre : des
ressorts qui ne cessent de se détendre, des portes de s’ouvrir… Aujourd’hui,
dit-il, les dessins animés de la même firme montrent des personnages béats
servis par des machines complaisantes. Je me demande quelles intrigues ce
dispositif peut servir. L’absence de conflit, outre qu’elle est assez pauvre
politiquement, l’est aussi sur le plan narratif.
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mardi, 29 décembre, 2015
Par Aude le mardi, 29 décembre, 2015, 15h09 - Lectures
Alain Deneault
Gouvernance. Le Management totalitaire
Lux, Montréal, 2013
200 pages, 12 €
et
La Médiocratie
Lux, Montréal, 2015
224 pages, 15 €
Les discussions sur la démocratisation des structures de gouvernement, sur des
modalités comme la reddition des comptes, les modes de scrutin plus «
représentatifs », le tirage au sort de certaines assemblées, etc. semblent à
côté de la plaque à la lecture d’Alain Deneault. Comme si nous retardions de
quarante ans. Depuis, la gouvernance a su imposer sa façon d’envisager l’action
publique comme un dialogue fructueux, orchestré par l’État, entre ce qu’on
appelle les acteurs : vous, moi, à partir du moment où nous sommes concerné-e-s
par les projets à mettre en œuvre. Mais aussi (et surtout), dans le cas d’un
projet d’aménagement par exemple, Vinci ou Eiffage, qui sont bien les plus
concernées au regard des budgets qu’elles vont mobiliser. On comprend mieux les
« ratés » de la bonne gouvernance occidentale, les autoroutes et autres grands
projets construits contre les textes de loi, contre l’avis des services du
ministère et des associations écologistes ou de riverains qui dénoncent le
gaspillage d’argent public.
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jeudi, 24 décembre, 2015
Par Aude le jeudi, 24 décembre, 2015, 08h01 - Textes
Il y a quelques temps, une copine me disait combien le travail, c’est la
mort. Des suicides sur le lieu de travail (qui arrivent par vagues dans les
médias) aux burn-out, de la vulnérabilité que la hiérarchie crée face au
harcèlement à la dépossession dont témoignent tant et tant de gens du métier,
il semble qu’il n’y ait rien à défendre dans l’organisation du travail
aujourd’hui. Est-ce une raison suffisante pour taper dans le dos d’une chômeuse
comme moi en la félicitant de ne pas être employée ? Peut-être pas, aussi ai-je
répliqué à ma pote que le chômage, c’est la mort.
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