mardi, 14 novembre, 2017
Par Aude le mardi, 14 novembre, 2017, 08h24 - Textes
La semaine dernière, je roulais à vélo dans une rue assez étroite quand une
voiture me doubla en me passant très près. Après un sprint mémorable, je
retrouve l’automobiliste au feu rouge et lui demande des comptes. Celui-ci,
après m’avoir accusée de rouler « au milieu de la route », accepte quand même
de m’écouter. « Au milieu de la route », je lui explique, c’est une distance
qui permet de ne pas se faire faucher par une portière qui s’ouvre. Les
portières s’ouvrent sans précaution et il appartient aux cyclistes de ne pas
être à leur portée. Une distance de sécurité d’un mètre est la seule
prévention. Le jour où une portière ouverte m’a envoyée à l’hôpital, je n’ai
pas eu le temps de freiner, rouler trop près a été ma seule erreur. Et cette
erreur, la plupart des cyclistes la font tout le temps. Il faut dire que la
plupart des automobilistes les contraignent à se mettre en danger : dès que le
respect de cette distance de sécurité ne permet plus de doubler,
l’automobiliste fait ronfler son moteur tout près, klaxonne ou double
dangereusement, accusant de rouler « au milieu de la route ». Doubler un
véhicule plus lent est perçu comme un dû. Eh bien non, c’est rentrer chez soi
sans séjour à l’hôpital qui l’est. Elles sont pourtant rares, les villes où on
peut espérer que les automobilistes frustré·es de ne pas pouvoir doubler
restent plus loin et ne se comportent pas de manière plus ou moins
agressive…
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samedi, 14 octobre, 2017
Par Aude le samedi, 14 octobre, 2017, 08h48 - Annonces
Ces derniers mois n'ont pas été mes plus productifs,
à voir mes publications plus rares sur ce blog. C'est que j'étais occupée
ailleurs, à reprendre quelques idées développées ici pour les articuler dans un
petit bouquin qui sort ce lundi 16 octobre :
Égologie.
Écologie, individualisme et course au bonheur.
Grand merci à l'équipe du Monde à l'envers, mes éditeurs, dont Nicolas à qui ce
livre doit beaucoup, pas seulement son titre. Merci également pour les
relectures et les encouragements à Louison Bobet et Mutines. Merci pour
l'inspiration et les repères à Nicolas Marquis et Irène Pereira, dont j'espère
ne pas avoir tordu les idées dans tous les sens. Merci à Xavier et à quelques
camarades alter-écolo pour avoir accueilli ma critique avec bonne foi,
intelligence et générosité (j'espère qu'ils et elles ne seront pas les seul·es
!).
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samedi, 20 mai, 2017
Par Aude le samedi, 20 mai, 2017, 21h17 - Textes
L’an dernier le succès de la notion de
bienveillance interrogeait mon mauvais esprit. Depuis, cette notion a pris
encore plus de place dans l'espace public. De l'éducation positive au
développement personnel, la bienveillance a envahi jusqu'aux discours
militants, dans un large spectre qui va des plus radicaux/ales aux bénévoles de
la campagne Macron. Certes, écrivais-je,
« la bienveillance, ce pourrait être cette manière d'être ensemble sans
s'user, sans se faire trop de mal les un-es aux autres, pour continuer à
militer, faire venir du monde et ne pas se retrouver avec trois warriors et
deux tondus dans des rangs clairsemés ». Mais, alors que l’injonction à la
bienveillance devenait omniprésente, j’avais l’impression d’un comportement
dont il n’était plus question d’interroger le sens, d'une véritable norme qui
n’était plus (seulement) un moyen de renforcer les rangs des militant-es en
cultivant entre eux et elles des liens plus positifs, contre l'usure ou contre
la violence qui irrigue ces milieux (1). Au nom de la bienveillance, valeur
observée à Nuit debout, je notais par exemple qu’il n’était plus possible de
huer à l’ancienne un type venu servir un discours de préférence nationale. À
quoi servait donc la bienveillance si ce n’était plus une qualité relationnelle
à construire entre camarades mais une obligation sociale, un genre de droit
humain dû même aux fachos ?
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vendredi, 4 novembre, 2016
Par Aude le vendredi, 4 novembre, 2016, 09h13 - Textes
Et moi je suis arrivée à un point dans ma vie où je
ne vais pas tous les jours faire des séances de photo dans des prairies
fleuries au lever du soleil avec des femmes à la beauté stéréotypée mais où
j'ai un avis à partager sur ce genre de propos consensuel.
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lundi, 5 septembre, 2016
Par Aude le lundi, 5 septembre, 2016, 07h27 - Textes
Le constat est partagé : la société dans laquelle nous vivons est
pathogène. Sédentarité, stress, pollutions diverses rendent nos corps malades.
Quant à notre psychisme, il semble mal en point. Dans les milieux alter-écolos,
je ne sais s'il s'agit de coaching psy pour maximiser son bien-être ou de
soigner des maladies mentales mais j'ai l'impression de ne croiser que des
patient-e-s accros à leur séance de psychothérapie (de la psychiatrie aux
thérapies « alternatives »).
Comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même (et pour soi-même), c'est
dans ces milieux politiques-là que le problème est adressé le plus
frontalement, au point que tout un business du bien-être s'y est développé, de
la lampe au sel de l'Himalaya aux pratiques de développement personnel – dont
le discours reste très critique des travers du monde contemporain. Dans une
enquête sur des personnes conjuguant avec l'écologie leur intérêt pour le
développement personnel, le sociologue Nicolas Marquis (1) a montré les
« grammaires du changement » qu'elles ont dans tête et dans
lesquelles le « travail sur soi » est un moteur important de
changement social.
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lundi, 20 juin, 2016
Par Aude le lundi, 20 juin, 2016, 12h43 - Textes
Autour de moi j’ai pu étonner mon monde en racontant combien je m’étais plus
épanouie dans un travail normal que dans les multiples activités bénévoles
beaucoup plus intéressantes et riches de sens que je menais et qui m’ont permis
de rencontrer des gens formidables. Ça a des airs de paradoxe, que j’aie
préféré m’enfermer tous les jours au 7e étage dans une grosse institution à
faire un peu de com plutôt que livrer tous les six mois L’An 02,
travailler sur On achève bien les éleveurs ou écrire
Égologie. Ce sont pourtant trois belles réalisations, pour lesquelles
je reçois beaucoup de reconnaissance. Ma production au 7e étage est loin de
mériter les mêmes louanges, même si j’ai eu la chance qu’on me glisse un mot
d’appréciation. Et pourtant, si je devais choisir une activité pour le reste de
la vie, je choisirais le 7e étage – un peu triste tout de même de ne plus avoir
le temps de m’impliquer dans des œuvres plus importantes aux yeux des autres et
des miens. C’est un mystère, que cette appréciation ne suffise pas à me les
faire préférer.
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lundi, 13 juin, 2016
Par Aude le lundi, 13 juin, 2016, 11h06 - Lectures
La Fabrique pornographique, Lisa Mandel d'après Mathieu
Trachman, Casterman, Sociorama, 2016, 168 pages, 12 euros
Mathieu Trachman avait livré en 2013 Le Travail pornographique. Enquête sur
la production de fantasmes (La Découverte). C'est d'après cette enquête
que Lisa Mandel, dessinatrice et scénariste, inaugure une collection de bandes
dessinées d'inspiration sociologique, Sociorama. On attend au tournant celle
qui est avec Yasmine Bouagga co-directrice de la collection. Côté adaptation,
on appréciera ou pas le parti pris qui consiste à ne pas livrer un récit
documentaire – c'est le choix de beaucoup d’œuvres qui trouvent désormais leur
place en album ou dans les revues (1) – mais une fiction très bien documentée.
On suit ses personnages, une femme et un homme, novices comme il se doit, dans
leur découverte de l'industrie porno. Et dans leur désaffection finale puisque
les carrières féminines sont brèves (« un an pour un chien c'est sept ans
pour un humain [et] dans le porno c'est pareil »). L'héroïne, une jeune
femme à l'apparence éloignée des stéréotypes de hardeuse (cheveux courts et
poitrine de taille modeste) fait ainsi l'objet d'un engouement à son arrivée
dans l'industrie puis se range au bout d'une année, quand ses fantasmes sont
taris et que « les salaires […] stagnent ». Avec 14 mois en moyenne
pour une carrière féminine, pas de temps pour construire un métier avec des
revendications corporatives, comme le suggèrent deux personnages féminins à la
fin du livre, rappelant qu'aux USA les acteurs et actrices porno sont
organisé-e-s en syndicat. Il y aurait pourtant de quoi, comme on l'apprend au
fil d'un récit réaliste, qui laisse la part aux fantasmes de cette industrie
tout en en éclairant les zones d'ombre.
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mardi, 24 mai, 2016
Par Aude le mardi, 24 mai, 2016, 17h19 - Lectures
La Démocratie aux champs, Joëlle Zask
Les Empêcheurs de penser en rond/La Découverte, 2016
252 pages, 18,50 euros
Dans une tradition où « politique » (du grec polis) et
« citoyen » (soit citadin) disent le caractère urbain du fait
démocratique, quelle est la place des ruraux et plus particulièrement de la
paysannerie ? Le mépris dans lequel ont longtemps été tenu-e-s les
paysan-ne-s (1) semble avoir fait obstacle à leur participation politique.
Quand les révolutionnaires choisissent le suffrage censitaire et la
représentation,
deux dispositions anti-démocratiques, l'argument selon lequel le peuple est
en grande partie composé de paysan-ne-s trop courbé-e-s sur la terre pour avoir
des aspirations politiques un peu élevées légitime la dépossession qui s'opère
alors. Joëlle Zask livre donc un ouvrage utile qui redonne ses lettres de
noblesses aux personnes qui cultivent la terre, en tant que classe sociale (2)
et en tant qu'individus.
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mardi, 12 avril, 2016
Par Aude le mardi, 12 avril, 2016, 17h07 - Lectures
Le Syndrome
du bien-être, Carl Cederström et André Spicer, traduction Édouard
Jacquemoud, L'Échappée, 2016, 168 pages, 15 euros
Préféreriez-vous être riche et en bonne santé ou pauvre et malade ?
Bien-être et prospérité économique se conjuguent comme si l'un appelait
l'autre, à moins que ce ne soit le contraire. Pendant que des « athlètes
d'entreprise » se voient offrir jusqu'à leur poste de travail les
conditions matérielles de leur bien-être, tant physique que psychique, les
losers de la guerre économique ne pourront s'en prendre qu'à eux-même pour
leurs muscles flasques et leur teint blafard. Ce ne sont plus des inégalités
criantes, ce n'est que justice…
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vendredi, 25 mars, 2016
Par Aude le vendredi, 25 mars, 2016, 17h51 - Textes
Les usages contemporains mettent en avant « une autonomie qui consiste à
donner aux individus le sens de l’initiative, tout en leur faisant porter la
responsabilité de se débrouiller "librement". […] À contre-courant donc de tout
ce qu’enseigne la philosophie politique classique [qui] considère l’autonomie
comme une liberté incarnée dans la capacité à se poser des règles, [à] savoir
limiter sa puissance »
Lou Falabrac, « Ma mairie est-elle devenue gauchiste ? Quand les élites vantent
l’autonomie », L'An 02, n°7, printemps 2015.
Lors des quelques entretiens d'embauche qu'il m'est arrivé de faire, je ne me
suis jamais présentée comme une personne « autonome ». Si la question m'est
posée, j'explique que j'apprends facilement et que je m'adapte mais
certainement pas que je me donne à moi-même ma propre loi, comme c'est le sens
du mot « autonomie ». La loi, c'est celle des recruteurs, je l'accepte parce
que ça m'arrange mais qu'ils se débrouillent avec leurs scrupules.
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jeudi, 17 mars, 2016
Par Aude le jeudi, 17 mars, 2016, 16h44 - Lectures
Matthew Crawford, Contact. Pourquoi nous avons perdu le
monde, et comment le retrouver, La Découverte, 2016, 283 pages, 21
euros
Il est question d’Emmanuel Kant et de Walt Disney, de philosophie politique et
de machines à sous. Crawford manie des concepts philosophiques parfois un peu
ardus mais toujours éclairés par des exemples concrets, l’idée étant de
comprendre pourquoi, dans un univers toujours plus commode, nous nous trouvons
toujours plus désemparés. L’exemple qui m’a le plus frappée est celui des vieux
Disney, dans lesquels les personnages sont aux prises avec des objets qui
répugnent à leur obéir, au point de sembler animés d’une vie propre : des
ressorts qui ne cessent de se détendre, des portes de s’ouvrir… Aujourd’hui,
dit-il, les dessins animés de la même firme montrent des personnages béats
servis par des machines complaisantes. Je me demande quelles intrigues ce
dispositif peut servir. L’absence de conflit, outre qu’elle est assez pauvre
politiquement, l’est aussi sur le plan narratif.
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mardi, 29 décembre, 2015
Par Aude le mardi, 29 décembre, 2015, 15h09 - Lectures
Alain Deneault
Gouvernance. Le Management totalitaire
Lux, Montréal, 2013
200 pages, 12 €
et
La Médiocratie
Lux, Montréal, 2015
224 pages, 15 €
Les discussions sur la démocratisation des structures de gouvernement, sur des
modalités comme la reddition des comptes, les modes de scrutin plus «
représentatifs », le tirage au sort de certaines assemblées, etc. semblent à
côté de la plaque à la lecture d’Alain Deneault. Comme si nous retardions de
quarante ans. Depuis, la gouvernance a su imposer sa façon d’envisager l’action
publique comme un dialogue fructueux, orchestré par l’État, entre ce qu’on
appelle les acteurs : vous, moi, à partir du moment où nous sommes concerné-e-s
par les projets à mettre en œuvre. Mais aussi (et surtout), dans le cas d’un
projet d’aménagement par exemple, Vinci ou Eiffage, qui sont bien les plus
concernées au regard des budgets qu’elles vont mobiliser. On comprend mieux les
« ratés » de la bonne gouvernance occidentale, les autoroutes et autres grands
projets construits contre les textes de loi, contre l’avis des services du
ministère et des associations écologistes ou de riverains qui dénoncent le
gaspillage d’argent public.
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jeudi, 24 décembre, 2015
Par Aude le jeudi, 24 décembre, 2015, 08h01 - Textes
Il y a quelques temps, une copine me disait combien le travail, c’est la
mort. Des suicides sur le lieu de travail (qui arrivent par vagues dans les
médias) aux burn-out, de la vulnérabilité que la hiérarchie crée face au
harcèlement à la dépossession dont témoignent tant et tant de gens du métier,
il semble qu’il n’y ait rien à défendre dans l’organisation du travail
aujourd’hui. Est-ce une raison suffisante pour taper dans le dos d’une chômeuse
comme moi en la félicitant de ne pas être employée ? Peut-être pas, aussi ai-je
répliqué à ma pote que le chômage, c’est la mort.
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vendredi, 21 août, 2015
Par Aude le vendredi, 21 août, 2015, 09h44 - Textes
« Chacun devient son propre maître et n'a plus de compte à rendre qu'à
lui-même. Le morcellement du lien social isole chaque individu et le renvoie à
sa liberté, à la jouissance de son autonomie ou, à l'inverse, à son sentiment
d’insuffisance, à son échec personnel. L'individu qui ne dispose pas de solides
ressources intérieures pour s'ajuster et investir les événements de
significations et de valeurs, qui manque d'une confiance suffisante en lui, se
sent d’autant plus vulnérable et doit se soutenir par lui-même à défaut de
l'être par sa communauté. Souvent il baigne dans un climat de tension,
d'inquiétude, de doute, qui rend la vie difficile. Le goût de vivre n'est pas
toujours au rendez-vous. »
David Le Breton, entretien dans
Hors-sol n°3, été 2015.
L'une des grandes libertés que nous offre le monde contemporain est de
pouvoir choisir les relations plutôt que les subir. Relations amoureuses,
amicales (et de voisinage si on a bien cultivé l'entre-soi) ne nous sont plus
imposées mais livrées à notre désir et à ses mouvements.
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lundi, 6 avril, 2015
Par Aude le lundi, 6 avril, 2015, 15h32 - Textes
Tu trouves que les femmes sont des hommes comme les autres et
qu’Éric Zemmour ou Alexis Escudero (ça dépend de ton niveau de conscience
politique) écrit de la merde, ce que tu ne manques pas de signaler à très haute
voix. Tu essaies d’être le gars sympa avec nous autres les meufs et quand
parfois tu as un peu de recul sur les questions de genre tu tentes de ne pas
tomber dans l’écueil du chevalier blanc, cette figure du mec qui accorde une
aide condescendante, parce qu’il est un mec et a les ressources, et jouit de la
situation de pouvoir que ça entraîne. Parce que c’est super gratifiant, d’être
proféministe. Tu es l’avant-garde politique de notre temps et en plus ça te
donne la possibilité de t’épanouir en testant les larmes, la tendresse ou la
jupe l’été. Non seulement ça sert à te distinguer de la plèbe viriliste, devant
les autres gars et devant les meufs, mais en plus c’est un gros atout dans une
démarche de développement personnel. Le proféminisme, comme le militantisme
écolo, maximise le plaisir d’un parcours de vie au masculin. Sauf à préférer la
Kro à la ch’tite bière bio brassée par les potes.
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mardi, 17 mars, 2015
Par Aude le mardi, 17 mars, 2015, 17h01 - Lectures
La
Tyrannie des droits
Brewster Kneen
Écosociété, Montréal, 2014
traduit par Daniel Poliquin
168 pages, 15 €
Quand la question du mal-logement surgit pour la énième fois dans les médias en
2007, la réponse politique qu'elle reçoit est juridique : il s'agit d'un
droit au logement opposable (DALO), le droit de demander un logement social
auquel s'ajoute, quand celui-ci n'est pas accordé dans les douze ou
vingt-quatre mois, le droit de poser un dossier en préfecture et le droit de
recevoir une réponse dans les trois mois. Celle-ci peut être négative, hein,
parce que les logements en question, on ne va pas les inventer. Lutter contre
la spéculation immobilière, la hausse des loyers et la disparition de logements
du marché, construire des logements sociaux, voilà qui constitue une politique
susceptible de rendre justement disponibles et accessibles ces logements.
Qu'est donc alors le droit au logement opposable, s'il ne garantit rien aux
personnes qui ont besoin de se loger et n'y arrivent pas par leurs seuls
moyens ? A celles et ceux qui se posent la question, au-delà du contexte
hexagonal, la lecture de
La Tyrannie des droits sera d'un grand
secours pour aider à poser un regard renouvelé sur cet objet emblématique de
notre modernité.
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Par Aude le mardi, 17 mars, 2015, 15h40 - On a les utopies qu'on mérite
« Le mot de consentement appliqué aux dominés annule quasiment toute
responsabilité de la part de l’oppresseur. Puisque l’opprimé consent, il n’y a
rien de véritablement immoral dans le comportement du "dominant". L’affaire est
en quelque sort ramenée à un contrat politique classique. »
Nicole-Claude Mathieu, L’Anatomie politique. Catégorisations et
idéologies de sexe, Côté femmes, 1991, cité dans Irène Jonas, Moi Tarzan, toi Jane. Critique de la
réhabilitation « scientifique » de la différence hommes/femmes,
Syllepses, 2011.
Autour de moi le consentement est une notion au centre des
attentions. Discussions formelles et formations militantes s’y consacrent, dans
l’idée de réduire la violence faite aux plus vulnérables. S’attacher aux signes
de répugnance, respecter un non, c’est bousculer le rapport de forces qui
permet d’habitude aux plus forts d’abuser naturellement de l’incapacité des plus
fragiles à protéger leur intégrité physique et morale. C’est une belle
intention, mais l’expérience me suggère que la plus délicate écoute ne suffit
pas toujours et que certaines vulnérabilités rendent des non plus difficiles à
entendre que d’autres. Le consentement n’est-il pas une notion trop marquée de
libéralisme politique ?
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jeudi, 26 février, 2015
Par Aude le jeudi, 26 février, 2015, 16h27 - Annonces
Un dossier dans
L'An 02 n°7, à paraître fin mars 2015
Goethe a dit quelque part : « Méfiez-vous de vos rêves de jeunesse, ils
finissent toujours par devenir réalité ». C’est un peu ce qui est arrivé aux
contestataires des années 1970 : le capitalisme a montré qu’il était capable de
liquider le paternalisme, l’esprit de sérieux et la morale bourgeoise qui
l’avaient caractérisé jusque-là pour donner droit à leurs exigences.
Réorganisation de ses structures verticales en réseaux horizontaux, mise en
place d’un hédonisme de masse aux accents libertaires… on avait cru mettre un
grain de sable dans la machine, on n’avait fait qu’ajouter de l’huile dans ses
rouages.
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samedi, 13 décembre, 2014
Par Aude le samedi, 13 décembre, 2014, 16h01 - Textes
Affreux essentialistes vs. néo-féministes libérales… les polémiques qui
déchirent nos milieux depuis le printemps dernier nous auraient-elles donné à
penser ? Même pas sûr. D'un côté, la haine pour le « lobby gay »
(Pièces et main d’œuvre) et le sarcasme pour les féministes qui n'en sont que
de « prétendues » (Alexis Escudero dans La Reproduction
artificielle de l'humain, printemps 2014). De l'autre, la soumission à des
thèmes libéraux assez problématiques. Je n'y ai pas trouvé mon compte, et je
crois que nous sommes nombreux/ses dans ce cas (Escudero se flattait aussi de
ça dans ses premiers textes… mais j'vous jure, j'ai des retours
encourageants).
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lundi, 10 novembre, 2014
Par Aude le lundi, 10 novembre, 2014, 11h51 - Textes
Pour gagner une campagne électorale aujourd'hui, il faut cliver au bon endroit,
celui qui sera favorable à ses idées en se présentant au maximum de personnes
comme le défenseur de leurs intérêts ou de leurs valeurs. On ne sait pas quelle
campagne (militaire ?) mène
Alexis Escudero, mais il a clivé
fortement les milieux susceptibles de relayer son enquête sur « la
reproduction artificielle de l'humain ». Et pas au bon endroit, si on en
croit les refus et déchirements divers autour de sa tournée promotionnelle.
Lundi 27 octobre, à Lille, une moitié du public est partie après la lecture
d'un
texte.
Pas au bon endroit, parce qu'en tant qu'actrice
de cette histoire (j'ai participé à la rédaction du texte lillois) je me suis
sentie tributaire de ce clivage et sommée de faire des alliances que je
n'aurais pas jugé propices en temps normal. Mais devant le refus de débattre
dont Escudero a témoigné jusqu'à présent (1), la possibilité de partager nos
réserves ou francs refus, entre féministes, lesbiennes radicales,
technocritiques et proféministes, était en elle-même précieuse. Les discussions
riches, respectueuses et argumentées que nous avons eues à l'occasion de cette
rédaction m'ont donné envie de réagir sur quelques-uns des points de tensions
apparus entre nous.
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