mardi, 17 décembre, 2013

Auto-défense et agressivité

En même temps que je développe des outils d'auto-défense intellectuelle au patriarcat, je me suis mise au wendo, une discipline d'auto-défense qui s'adresse aux femmes. On me demande dans mon entourage en rigolant si j'ai bien appris à mettre des coups de pied dans les testicules. Justement non, j'ai appris à ne surtout pas tenter ce geste très hasardeux, qui ne correspond ni à la philosophie ni aux techniques du wendo. Je n'apprends à frapper, fort, que dans mon périmètre de sécurité individuel (cette « bulle » qu'on étudie sous le nom de proxémie), c'est à dire que des personnes qui l'ont transgressé. Si l'on regarde bien, même dans les transports en commun aux heures de pointe personne ne se met face à un-e autre en situation de pouvoir recevoir un coup de genou dans les burnes. On se décale toujours un peu pour au moins offrir la proximité d'une épaule ou d'un dos, un biais qui rend acceptable l'espace trop réduit entre les personnes.

Question : qui est la/le plus violent-e, entre un homme qui impose une proximité très intime, avec un « échange sensoriel élevé », et une femme qui lui balance un coup de genou ?

dimanche, 15 décembre, 2013

Féminisme : pourquoi tant d'intérêt ?

Il y a quelques semaines j'attirais l'attention sur la difficulté qu'il peut y avoir, quand on est un homme et qu'on partage les idéaux féministes d'égalité femmes-hommes, à participer au mouvement sans mettre à mal son sens même, à savoir l'émancipation des femmes. Pour moi le féminisme a ceci de spécifique, par rapport à l'anti-sexisme qui est une position abstraite elle aussi tout à fait respectable, d'être une pensée située et une pensée en action. Comme son nom l'indique, le féminisme (du latin femina) est structuré autour du sort des femmes, de leur expérience et de leurs revendications, même si beaucoup d'hommes peuvent à juste titre trouver leur compte dans ces revendications, et même si la plupart des féministes accueillent positivement l'idée d'avoir des alliés hommes (1). A moi qui voulais simplement prévenir les hommes proféministes de ces difficultés, sans pour autant remettre en cause leur engagement contre le sexisme, la réception de ce billet a posé quelques questions...

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lundi, 2 décembre, 2013

Écologie politique : comment ne pas entendre

Ce matin sur France Inter, dans un de ces télescopages saisissants qui servent de signe ostentatoire de pensée originale, le chroniqueur politique maison mettait en parallèle la crise écologique et sociale et les échecs d'EELV : c'est parce que "les écolos" engagé-e-s dans la gestion des affaires publiques s'en sortent plutôt mal qu'on se rapproche des limites du système productiviste, notamment le système agro-alimentaire breton. Cassandre ne parle pas assez fort, ou bien elle n'articule pas assez bien, ou encore elle n'utilise pas des concepts assez stratégiques, toujours est-il qu'on peut passer des années à ne pas l'écouter et finir ensuite par le lui reprocher. Ben tiens.

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lundi, 25 novembre, 2013

Do-it-yourself : le projet d'autonomie de Castoriadis à Castorama

Reprise de deux textes publiés ici en janvier et mars 2013, pour une publication dans Offensive n°38 (novembre 2013, dans toutes les bonnes librairies et kiosques au prix modique de 4 euros).

« L'aspiration individuelle à ne dépendre de rien ni de personne conduit à de nouvelles servitudes, à une forme de collectivisme non moins implacable que les communautés étouffantes d'autrefois. »
Groupe Marcuse, La Liberté dans le coma, La Lenteur, Paris, 2013.

En français, le do-it-yourself (DIY) nous vient en droite ligne de la culture squat, il s'agit de faire soi-même dans l'idée de gagner en autonomie, de se déprendre du capitalisme et des rapports marchands, de l'envahissement des pratiques quotidiennes par la société de consommation. Mais en anglais, l'expression signifie plus prosaïquement « bricolage », une pratique qui s'est épanouie dans les très libérales années 1980. Et c'est ainsi que l'on peut aller pousser le caddie le dimanche dans une grande surface de do-it-yourself. Alors, le DIY est-il de droite ou de gauche ? Ou plus sérieusement, le DIY n'est-il pas passé de la pratique d'autonomie d'une mouvance alternative à un projet de masse récupéré commercialement ? Il nous appartient donc, au-delà de son aura très positive, d'y distinguer la présence d'autres valeurs, qui sont, elles, néfastes au projet d'autonomie.

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samedi, 9 novembre, 2013

L'épilation intégrale du pubis et le sens de la vie

Une amie me disait un jour qu'elle et moi ne pourrions peut-être jamais, dans notre âge mûr, avoir le plaisir (peut-être douteux, mais c'est une autre question) de coucher avec des hommes beaucoup plus jeunes que nous. En effet, si jamais l'idée que les femmes doivent avoir le pubis complètement imberbe finit de s'installer, des générations entières de jeunes hommes n'auront jamais l'occasion de découvrir ce à quoi ressemble un vrai sexe féminin adulte (ou adolescent) et prendront cette configuration naturelle pour une exception monstrueuse, comme en témoigne en partie ce « beurk » du magasine Cosmopolitan. Nous deviendrions donc peu à peu, nous qui tenons à l'épilation raisonnée de notre maillot, des monstres à la chatte velue. Dit comme ça, ça fait un peu peur... Qu'y a-t-il d'autre derrière cette injonction ?

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jeudi, 31 octobre, 2013

Comment peut-on être un homme féministe ?

La réponse est simple : c'est impossible. Le féminisme part d'un point de vue situésur le rôle social réservé aux femmes et les relations femmes-hommes qui en découlent. De son constat découlent des revendications d'égalité qui, elles, peuvent (et doivent) être relayées par les hommes. Cette place ingrate a un nom : proféminisme. Non pas dansle mouvement féministe mais à côté, en allié ou en relais. Et les féministes ont besoin de ces alliés, quand leur parole est méprisée justement parce qu'elle n'a pas l'assurance qu'on développe dans un monde d'hommes (1).

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vendredi, 25 octobre, 2013

La Cause ne dit pas merci

Libéré-e-s du village et de son contrôle diffus, libéré-e-s des obligations qui mettaient chacun-e à sa place pour ne plus l'en bouger, nous nous sommes engouffré-e-s dans la modernité avec l'intention de profiter de cette liberté nouvellement acquise. Des décennies d'individualisme ont formaté notre psychisme au point que l'on peut constater aujourd'hui que non seulement nous mettons au-dessus de tout la liberté individuelle, mais même nous avons perdu jusqu'à la conscience des liens qui nous unissent encore, malgré tout, aux autres. A neuf milliards sur une petite planète, entassé-e-s dans des villes, sous contrôle étatique, la liberté individuelle prend les allures d'une fable à laquelle nous continuons pourtant à croire dur comme fer.

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mardi, 20 août, 2013

Autour du revenu garanti

On a les utopies qu'on mérite : le revenu garanti

Ici quelques lignes de remerciement aux personnes qui ont accompagné la publication de mon dernier billet en me proposant quelques arguments de défense du revenu garanti. Bon, c'est l'été, c'est calme, et beaucoup ayant été formulés à l'oral ma mémoire pourrait moins bien les traiter, mais voici un début de réponse.

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samedi, 20 juillet, 2013

Le revenu garanti en ligne de mire

Les pistes ébauchées ici se retrouvent dans une brochure là-bas.

La revoilà, cette généreuse idée du revenu garanti, réactivée par des mouvements anti-productivistes ou anti-capitalistes, après une décennie peu propice aux utopies, pendant laquelle elle avait continué son chemin très modestement (1). Rappelons grosso modo (car il en existe plein de variantes) le principe du revenu garanti : c'est une somme offerte à tou-te-s chaque mois, sans condition de revenu ou de bonne volonté à « s'insérer », suffisante pour vivre correctement. Trois critères auquel ne satisfait pas le RSA aujourd'hui. Le revenu garanti est une réforme révolutionnaire, comme on disait (2), qui permet au travail de cesser d'être une valeur centrale et de choisir sans contraintes d'autres « allures de vie ».

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mercredi, 26 juin, 2013

Qui nie la lutte des classes ?

Nous sommes tou-te-s un peu Christine Lagarde (quelque part)

Connaissez-vous (vraiment) Christine Lagarde ? Avocate pour Monsanto puis ministre de l'Agriculture (pendant quelques jours, la bourde fut vite réparée), patronne du FMI après l'affaire Strauss-Kahn. Mais ce qui fait bien marrer mon auditoire en conférence, c'est surtout l'auteure des lignes suivantes : « Cessons d'être aussi pudiques sur notre intérêt personnel, qui, bien souvent, rejoint celui du groupe. La lutte des classes est bien sûr une idée essentielle mais, de mon point de vue, essentielle pour les manuels d'histoire. (...) Cessons donc d'opposer les riches et les pauvres, comme si la société était irrémédiablement divisée en deux clans. » Car le travail « met l'ensemble des professions sur un pied d'égalité : le grand patron comme le petit employé savent l'un et l'autre ce que c'est qu'une "grosse journée de boulot" » (1). Tout y est : l'intérêt individuel qui peut se déployer tranquillement, puisque les égoïsmes et les avidités, par la seule magie de leur agrégation, formeront les bases d'une société vivable (2), et le refus d'envisager les divergences d'intérêt et de condition, cette fois transcendées par l'appartenance au groupe. Soit des individus qui ne doivent rien au groupe, alors que le groupe est la fiction qui permet de faire passer la pilule de l'inégalité entre individus. C'est parfait.

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samedi, 22 juin, 2013

Que sont les grands projets inutiles ?

On les appelle Projets Inutiles, Nuisibles et Imposés ou Grands Projets Inutiles et Imposés (GPII). L'étiquette est récente, elle permet de mettre en réseau les opposant-e-s, les idées, de dessiner une critique politique de grande qualité, assise sur des arguments étayés et variés. Elle témoigne selon moi de deux évolutions dans la société française.

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samedi, 25 mai, 2013

Banalité de l'homophobie

Je n'ai aucun goût particulier pour le lexique politique en -phobe, -phobie, qui a tendance à arrêter violemment la discussion sur une accusation de maladie mentale. M'étant fait traiter un jour d'« androphobe » (alors que « misandre » existe et ceci dans un groupe souffrant déjà d'être peu paritaire, c'est classe), j'ai eu l'occasion de faire les frais de ce genre d'usage. Mais quand, lors d'une distribution de tracts contre l'homophobie, un vieux monsieur (homophobe) vient prendre ma pote militante à partie sur ce vocabulaire et sa signification, là je me demande ce qui m'empêche de lâcher cette notion. Ce n'est pas uniquement parce que le déchaînement de haine actuel frôle l'hystérie. Mais aussi parce que m'est apparu lors de mes voyages (1) à quel point l'identité masculine occidentale était structurée par la peur de l'homosexualité.

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mardi, 12 mars, 2013

Une expérience cycliste et politique

I want to ride my basikal, I want to ride my
Basikal! Basikal!

Queen

L’économiste du développement Ha-Joon Chang (1) admet que les populations des pays pauvres ont moins d’éducation et de compétences formelles que celles des pays riches, mais n'en fait pas la raison de leur différence de revenu. La cause est à chercher dans un système d’exploitation qui s’est généralisé ces derniers siècles (songeons qu’en 1830, l’écart de richesses entre un pays comme la France et un pays comme l’Algérie était de un à deux). Et s’il faut comparer les compétences d’un chauffeur de taxi de Göteborg et celles de son confrère de Bangkok, on a le choix entre considérer leur niveau d’éducation, leur aisance écrite et leur culture gé, ou leur aisance au volant. Et là, sans conteste, le chauffeur de taxi de Bangkok l’emporte. Parce qu’à conduire dans des conditions chaotiques, avec des règles de circulation peu contraignantes, une rue partagée entre de multiples usager-e-s (automobilistes, deux-roues motorisés, cyclistes, pton-nes, etc.) et de multiples usages (atelier, marché, ferme sauvage, etc.), on en acquiert une vision périphérique, une attention qui dépasse largement les contrôles réguliers dans le rétro. 

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dimanche, 10 mars, 2013

Une autre cuisine DIY est possible

Do-it-yourself, suite et suite... Il est parfois bon, quand l’imagination est en panne et qu’on n’arrive plus à considérer sa culture que comme un universel, d’aller voir ailleurs. C’est ce à quoi nous invitent l’histoire et l’ethnologie. Et les voyages, si on prend un peu le temps. Je voudrais reprendre cette question du DIY en lien avec la cuisine et les pratiques culinaires et d’autoproduction alimentaire (qui me passionnent plus que d'autres aspects). Aujourd’hui, si on s’en tient à la société européenne contemporaine, manger en-dehors de chez soi est un privilège de la classe moyenne, aux dépens d’une armée de précaires aussi mal payée après la baisse de la TVA qu’elle l’était avant ça. Une brochure sur Infokiosques reprend des arguments intéressants à l’encontre du système de la restauration.

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mercredi, 13 février, 2013

Féminisme et queer : la théorie de l'évolution mise à mal ?

« Il me semble qu'il y a dans la théorie queer un certain anti-féminisme. »
Judith Butler, Humain, inhumain (éditions Amsterdam, 2005)

Laissons de côté Judith Butler (1) et attaquons-nous de front au mouvement queer tel qu'il s'exprime en France. Pour une critique bien éloignée des philosophes et sociologues qui vont admettre que le genre est certes un peu construit socialement mais que malgré tout notre identité de genre est fondamentalement liée au biologique... comme Naomi Wolf qui nous explique que quand son vagin va mal, c'est toute sa personne qui dépérit. Une critique matérialiste, radicale, du côté des femmes, du côté des dominé-e-s, du côté de ceux et celles auxquel-le-s le queer se donne pour ambition d'accorder un peu d'attention et de bienveillance.

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mercredi, 16 janvier, 2013

Citoyen-ne-s, à vos tirets !

Dans un précédent post, des lecteurs ou lectrices ont pu trouver pénible l'emploi régulier de formules qui permettent de faire apparaître le féminin, écarté des usages habituels de la langue au motif que « le masculin l'emporte sur le féminin ». Un petit « e » coincé entre tirets par-ci par là ou une invention comme « lecteurices » ne me semblent pourtant pas si rebutantes (1)...

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mardi, 8 janvier, 2013

Le do-it-yourself me (fait chier) pose question

Texte repris ici pour publication dans Offensive n°38.

Devant quelques réactions hostiles suscitées par ce texte, je cède à la pression et modifie le titre... L'essentiel étant d'être lue, et bien lue, si ce titre ne permet pas à mes lecteurs et lectrices de considérer un tranquillement toutes les nuances du texte, et de s'engager dans une lecture sans prévention, c'est que c'est un mauvais titre (ou un titre qui a d'autres qualités que celles dont j'ai besoin aujourd'hui.

A l'origine, il y a l'envie d'étendre son champ d'action individuel, de ne plus dépendre de macro-systèmes pour accéder à des biens ou à des services, de produire au plus près des besoins, de se déprendre de la Technique et du capitalisme. Ou ce sont tout simplement des stratégies de survie immédiate : l’essor des magasins de bricolage depuis plusieurs décennies est une réponse à la crise, au chômage de masse et aux salaires qui restent au ras des pâquerettes sous sa menace. Mais c'est peut-être aussi le résultat d'une stratégie de pingre de la classe moyenne pour étendre son « pouvoir d'achat », pour avoir à la fois la rénovation de la baraque et l'écran plat qui trône dans le salon. Aux dépens de professions qui sont perçues comme abusant de leur position sur le marché pour construire de micro-fortunes personnelles (ça fait râler tout le monde de voir son carreleur rouler en 4x4). L'équation est là : bricolage ou professionnalisme, amateurisme ou métier ?

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dimanche, 6 janvier, 2013

Catch féminin et roller derby : ouvrir le champ des possibles

A propos de deux films
GLOW. Gorgeous Ladies of Wrestling, Brett Whitcomb, 2012
Whip It (Bliss), Drew Barrymore, 2009

Le catch dans les années 80 et le roller derby aujourd'hui sont deux expressions féminines bien particulières, mais qui ont à y réfléchir de nombreux points communs. Au-delà du jeu (mettre à terre l'adversaire, se frayer un passage dans le peloton à coups de hanches), ce sont des jeux de rôle qui permettent de se moquer d'identités stéréotypées (Babe la gentille fille du fermier), d'en créer de nouvelles, à l'aide de noms et de costumes, souvent trash, punk ou mauvais genre, toujours ironiques (ici les exemples ne manquent pas, mais je ne sais pas par où commencer), ou de rendre hommage à son histoire et à ses racines (Mount Fiji, Rosa Sparks).

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samedi, 5 janvier, 2013

A la recherche de la "sexualité naturelle"

Voici une lettre envoyée en privé à l'animateur d'un blog écolo, en guise de réponse énervée à un billet qui se targuait de critiquer la technique pour justifier son homophobie. Sans réponse de sa part, je décide de la mettre ici à disposition. Entre temps, Stéphane Lavignotte et moi avons publié une tribune dans le cadre du même débat et avec un angle assez proche.

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lundi, 17 décembre, 2012

Notre-Dame-des-Landes, une histoire de poisson pas frais

Basques ou Islandais, les pêcheurs de l'Atlantique ont découvert il y a plus de mille ans la fabuleuse pêche à la morue. Un poisson très grégaire, donc facile à pêcher, facile aussi à sécher et à conserver grâce à sa faible teneur en gras, de la pure protéine qui alimenta longtemps aussi bien les classes laborieuses européennes que les esclaves des Antilles. Une morue dépose un million d’œufs à chaque période de reproduction, on a donc longtemps cru que les stocks étaient inépuisables. Et quand ils s'épuiseraient, la pêche ne serait plus si fabuleuse et rentable, on n'aurait pas d'autre choix que de l'abandonner pendant quelques années, le temps que les stocks se refassent. Mais les morues juvéniles sont des proies faciles, sujettes à une haute mortalité, et les bateaux de pêche se sont équipés au point de pouvoir scanner le moindre banc à des miles à la ronde. On ne l'a donc pas vu venir, les stocks se sont effondrés en deux ou trois ans, le temps de mettre sur pied des accords internationaux pour un moratoire sur la pêche à la morue en Atlantique... On ne l'a pas vu venir, à part les pessimistes, les naturalistes et les écologistes.

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