Comment peut-on être un homme féministe ?

La réponse est simple : c'est impossible. Le féminisme part d'un point de vue situésur le rôle social réservé aux femmes et les relations femmes-hommes qui en découlent. De son constat découlent des revendications d'égalité qui, elles, peuvent (et doivent) être relayées par les hommes. Cette place ingrate a un nom : proféminisme. Non pas dansle mouvement féministe mais à côté, en allié ou en relais. Et les féministes ont besoin de ces alliés, quand leur parole est méprisée justement parce qu'elle n'a pas l'assurance qu'on développe dans un monde d'hommes (1).

Car pour être entendu-e il ne suffit pas d'avoir des choses à dire, il faut encore un « horizon d'attente » qui rende le monde attentif à votre propos, il faut encore plus concrètement avoir à sa disposition des outils de légitimation de la parole (un poste universitaire ou au pire d'enseignement, un réseau social, des références reconnues, et n'oublions pas l'assurance que ce qu'on a à dire est passionnant) dont certains sont plus faciles à acquérir quand on est socialisé en tant qu'homme, soit qu'on encourage très tôt les femmes à l'auto-dénigrement, soit que les préjugés sexistes entravent leur accès à des circuits de reconnaissance (2).

Quand le féminisme n'était qu'une relique des années 70, dénigré à coup de clichés sur les poils aux pattes et les autodafés de soutien-gorges, une période que je situe quelque part entre 1981 et 1997 (3), le paysage était assez clair : pour être féministe, il fallait en vouloir. Il fallait y voir une urgence :

« Toutes les féministes que j'ai connues le sont devenues car elles se sont pris de manière plus ou moins violente le sexisme dans la gueule. Elles auraient pu se dire que c'était "comme cela" (plein de femmes se le disent), que c'étaient des accidents, des cas isolés. Elles ont conclu que la seule réponse est politique » (4).

Aujourd'hui, après deux grands moments de lutte contre une droite réac et homophobe annonçant clairement la couleur de rôles sociaux de sexe multi-millénaires à préserver des errances du « gender » (PaCS et mariage pour tou-te-s), après une floraison de belles initiatives féministes (de groupes de parole ou d'action non-mixtes à des groupes revendicatifs plus ou moins médiatiques en passant par des maisons d'édition ou des revues), après l'essor qu'ont pris les études de genre à l'université, le féminisme est devenu un sujet digne d'un intérêt masculin. Plus ou moins désinvolte :

« Pour lui, c'est juste un sujet comme un autre, il s'en fout complètement en fait ; il n'a aucune urgence à être féministe ; cela n'a de toutes façons aucune incidence sur sa vie de l'être ou pas. »

Cet intérêt nouveau a une contrepartie : il faut que les féministes s'habituent à accueillir avec tout le respect qui leur est dû les contributions masculines, quand bien même elles feraient aux femmes la violence de ne pas reconnaître l'inégalité foncière entre les deux situations.

Faut-il le rappeler, les féministes sont des sujets adultes, qui prennent pour ce qu'elles valent ces contributions, leur faisant une réception plus ou moins chaleureuse, à la mesure me semble-t-il du respect que ces contributions elles-mêmes témoignent pour le mouvement féministe. Ainsi Léo Thiers-Vidal bénéficie-t-il dans les milieux que je côtoie d'une grande aura, lecture largement recommandée, depuis peu accessible sous une forme plus facile que sa thèse sous l'égide de Christine Delphy, « De l'ennemi principal aux principaux ennemis » (5). Beaucoup d'hommes se permettent néanmoins de s'insurger contre ces choix et d'exiger que leur parole, quand bien même elle ne serait pas respectueuse, soit considérée avec respect. J'ai touché du doigt ce phénomène quand un ex-doctorant ayant suivi, une année, un cours d'études de genre dans un département de sciences humaines s'est permis d'ironiser sur le bouquin d'une féministe globalement peu appréciée en la traitant de « gynolâtre », puis de dénigrer la pertinence du féminisme parce que « c'était il y a trente ans », plus tard de me faire la leçon sur une lecture de Beauté fatale(6), finissant par me dire que je n'étais pas féministe (les lecteurices de ce blog et mes copines de Chez VioleTTe à Lille s'en sont depuis bien longtemps aperçu !) mais que je me contentais de tenir des propos « androphobes ».

« Il ne vous restera donc qu'à aller pleurer dans votre groupe non-mixte, en reprenant confiance auprès de vos camarades femmes, le "je ne suis pourtant pas naturaliste ?" remplaçant le "je ne suis pourtant pas si moche ?" qui est la conséquence de toute rencontre avec un mufle » (7).

Je voudrais bien dépolitiser ça et me contenter d'en parler avec les copines, mais le fait est que les copines sont confrontées à la même violence.

C'est ainsi que le retour de bâton (le fameux backlash, ou réponse violente aux avancées qu'a pu produire le féminisme à certains moments) se matérialise sous plusieurs formes. Évidemment le masculinisme, des associations de pères (injustement privés du droit de laisser leurs gosses aux bons soins de leur prochaine compagne) aux intellectuels qui justifient la violence domestique (produit de la rencontre entre un homme poussé à bout et une femme qui n'a pas su s'arrêter à temps de lui communiquer ses besoins pour se transformer en paillasson) ou inventent et promeuvent avec succès des outils qui empêchent de lutter contre la pédophilie (le « syndrome d'aliénation parentale » rendrait caduque toute dénonciation d'un acte pédophile, puisque celui-ci serait fantasmé par l'enfant sous influence maternelle abusive). Glaçant... il est à peu près impossible de faire pire. Mais que cela n'empêche pas de constater aussi ailleurs les dégâts de l'emprise nouvelle que les hommes souhaitent prendre sur le féminisme.

Dans le milieu anar, c'est un retour de bâton suite aux « excès » des paroles féministes qui ont surgi dans les années 2000. Avant, c'était bien simple, tu subissais des violences conjugales de la part d'un compagnon engagé dans les mêmes groupes, c'était votre affaire. Le cœur a ses raisons... Nombre de groupes non-mixtes se sont construits en premier lieu pour dénoncer cette violence et la complaisance qui l'accompagnait au sein même d'un milieu attentif à toutes les dominations – sauf visiblement celle-ci. Que les copines gueulent un peu trop fort, se réunissent un peu trop souvent en non-mixité et leurs potes proféministes ou gays, qui n'ont donc jamais violé de meuf à la sortie d'un concert punk, ne comprennent plus et rejoignent le chœur des critiques des excès du féminisme. C'est vrai que « Un hétéro, une balle ; un proféministe, une rafale » ça a de quoi rafraîchir l'atmosphère... Je comprends que des proféministes en soient blessés, mais leur engagement leur offre la ressource de comprendre que cette violence est le miroir de celle qu'on a longtemps acceptée et qui n'a pas encore disparu, et qui, surtout, n'est pas que verbale.

Sur les blogs féministes, c'est la présence majoritaire d'hommes (pas forcément en nombre, mais en nombre d'interventions) qui au final dirigent la conversation dans un registre limité par le manque de culture féministe et par les œillères de la bonne conscience du mec bien qui ne bat pas sa femme et ne lui fait pas faire tout le ménage – seulement la partie où il faut se rendre compte que le coup d'éponge ou de serpillière doit être plus appuyé (8). Il faudrait tout reprendre depuis le début, spécialement pour lui, alors même qu'il n'admet pas sa candeur (serait-elle accompagnée de connaissances livresques) sur les questions qu'il aborde et alors même qu'il refuse le présupposé selon lequel une grande part du problème réside dans l'idée selon laquelle les femmes doivent se rendre disponibles pour les hommes : disponibilité sexuelle, domestique, ici intellectuelle, jamais accompagnée de reconnaissance. Une idée qu'il reproduit ici en toute innocence. Tu parles d'une mission pour les féministes ! Et que l'on touche justement à la question de la pertinence du propos masculin dans un cadre féministe, et la machine s'emballe d'une façon qui laisse apparaître le défaut principal des interventions : ne pas faire preuve de l'écoute attentive et modeste qui est la première chose qu'on leur demande.

De même à l'université, le prestige accru des études de genre attire en plus grand nombre les hommes, en compétition avec les femmes pour les bourses de thèse, les postes universitaires, c'est à dire l'outil de travail. Les conflits sont fréquents, comme lors de la nomination de Daniel Welzer-Lang au poste de professeur à Toulouse 2. Mais ils concernent aussi des étudiant-e-s, elle ayant pour la question cet intérêt vital décrit plus haut, lui la découvrant (parfois auprès d'elle !) mais profitant d'avoir plus de ressources pour se l'approprier dans un mépris complet pour ce que ce geste signifie dans les termes de la domination masculine. Cette façon de penser qu'ont beaucoup d'hommes (de bonne volonté certainement) que la domination masculine, c'est les autres, et que la légitimité qu'ils posent comme une évidence pour en parler ne ferait pas partie du tableau mais serait hors-sol, hors-social, ouvre les vannes à un phénomène, que l'on peut décrire sous plusieurs registres et dans plusieurs milieux, de dépossession. Et à terme, peut-on imaginer, de disparition ou d'invisibilisation des propos et des expériences féminines, puisque leur pertinence est niée dans une violence dont la seule nouveauté est qu'elle est assez compliquée à repérer de prime abord. Mais ça y est, on commence à avoir des éléments à charge.

« Combien ai-je rencontré ou lu d’hommes me donnant le sentiment de poser leurs idées comme ils poseraient leurs deux énormes testicules sur le papier ? Ils savent, ils ont compris et se pensent au-dessus de la mêlée. Parce qu’ils ont quelques lectures à leur actif, dont ils ne retiennent généralement que ce qui les arrangent, débarrassent parfois le lave-vaisselle et savent changer la couche de leur bébé, ils se mettent à croire que leur grande tête est une ampoule géante qui éclaire le monde.

Généralement, quelques mois auparavant, ils écoutaient tes propos, lisaient les livres que tu leur conseillais et essayaient de penser les concepts que tu passais des heures à leur expliquer... Mais très rapidement, ils se sont pris pour la tête pensante du mouvement féministe. Ils se disent plus féministes même que les féministes et savent généralement mieux que toi ce que c’est d’être une femme, ce qu’est le féminisme, quelles sont ses "priorités"et "comment l’articuler aux autres luttes". Ils reprennent alors leur place sur le devant de la scène et retournent le féminisme comme un gant, en deux temps, trois mouvements. Ils deviennent Le Sauveur que tu attendais, selon eux. Et tu as intérêt à leur en être redevable. On dit merci au Monsieur » (9).

Alors quoi faire pour lutter en tant qu'homme contre le sexisme et les inégalités femmes-hommes ? Mon premier conseil est de ne pas vous précipiter sur la théorie queerau motif qu'on est tous un peu lesbiens quelque part, et que la question n'est que de dévoiler la construction du genre pour retrouver une joyeuse liberté dans les identités. Si Judith Butler peut avertir :« Il me semble qu'il y a dans la théorie queer un certain anti-féminisme » (10), c'est parce que l'enthousiasme suscité par la description de l'arbitraire des assignations genrées peut entraîner un certain relativisme sur les conditions dans lesquelles on peut être femme ou homme aujourd'hui. Léo Thiers-Vidal, travaillant sur l'engagement des hommes, dont le sien, autour des questions de genre, pointe du doigt le danger : « Ce qui m’inquiète sérieusement, c’est de voir réapparaître une revendication masculine "pro-féministe"se servant de la critique queer du sujet "femmes"pour minimaliser ou rejeter la notion de groupe social "hommes", donc de l’oppression genrée » (11).

Il faut donc à tout prix assumer l'endroit d'où l'on parle : une identité masculine. A d'autres de juger que vous l'avez bien ou mal déconstruite avant de décider seul qu'elle vous permet maintenant d'avoir un avis sur tout. Ensuite l'objet de votre action : en priorité vers les autres hommes. D'abord parce que votre propos y sera mieux entendu que le nôtre, alors autant se rendre utile ! Ensuite parce qu'il sera plus légitime. Ainsi Zéromacho ne se bat pas contre la prostitution au motif qu'elle dégraderait les femmes (de quoi j'me mêle ?) mais qu'elle dégrade selon eux les relations femmes-hommes, dont ils sont partie prenante. Et ils ne cherchent pas à gagner de l'influence auprès des femmes, mais auprès des autres hommes. Dans une phrase comme « Nous exprimons notre désir de liberté et de plaisir sexuel pour les hommes et aussi pour les femmes, oubliées de la "libération sexuelle" », poser en premier lieu leur objectif et dans un second temps l'élargir aux femmes permet de situer le propos. Paradoxalement, une parole androcentrée (centrée sur l'expérience masculine) prendrait pour acquis que les deux sont la même chose et les engloberait, faisant disparaître l'expérience féminine derrière un universel dont on se rend toujours compte après à quel point il est masculin. Dans leur décalage, je lis une réserve respectueuse, compréhensive de l'asymétrie des situations.

Concrètement, donc... Se remettre en cause, pas en cherchant à faire pitié aux féministes ou aux femmes de son entourage (soit les obliger à vous prendre en considération), mais entre vous, dans une non-mixité qui est un bel outil d'émancipation. Si la recherche de relations femmes-hommes plus épanouies peut être à l'origine de votre motivation, ne pas oublier que le but n'est pas votre développement personnel mais la libération de tou-te-s, et en premier lieu les dominées, des assignations douloureuses du genre. Être intolérant au sexisme, repérer les situations de la vie quotidienne où il se niche et les combattre. Pas comme un chevalier blanc devant une princesse dotée de deux mains gauches, mais quand vous êtes de fait mieux placés pour critiquer les paroles et comportement sexistes de votre entourage masculin. Et puis écouter, écouter, écouter... ça nous donnera enfin envie de vous dire merci.

NB : Ce texte a été écrit par une femme (féministe cissexuelle), il s'adresse aux hommes proféministes et aux femmes qui se posent des questions sur eux. Les commentaires sont ouverts, mais je ne crois pas qu'Internet soit un espace démocratique, et ma facture annuelle est bien là pour prouver que ce blog, c'est chez moi. Je vous invite à laisser vos contributions mais imaginez qu'on est IRL et que vous êtes dans mon salon pour discuter. Je n'accepterai pas d'héberger des propos anti-féministes (oui, je sais, c'est un coup à n'avoir aucun commentaire, mais je souhaite poser les règles du jeu). Je disais ça en ne pensant qu'à moi, mais finalement je crois qu'il sera beaucoup plus parlant de publier tous les commentaires, même ceux que je n'aurais pas acceptés dans mon salon, et d'enlever les miens puisque je me suis déjà exprimée dans cette tribune. La réception de ce texte m'emmène sur des chemins qui ont fait l'objet d'un deuxième texte, à retrouver ici. D'autre part, je présente ici un visage très homogène du féminisme, ce qui n'est pas le cas sur plein de sujets, mais là je rends compte d'une certaine homogénéité, jusqu'à preuve du contraire, des expériences et des interprétations.

(1) C'est ainsi que ces quinze dernières années les contributions qui ont bénéficié en France de la réception la plus enthousiaste ont pour titre La Domination masculine et sont signées par des hommes, Pierre Bourdieu et Patric Jean, le second rappelant tout ce qu'il doit au mouvement féministe avec qui il entretient des rapports cordiaux, le premier faisant l'impasse sur lui (lire à ce sujet « Le masculinisme de la ''domination masculine'' de Bourdieu », Léo Thiers-Vidal, in Rupture anarchiste et trahison proféministe, Bambule, 2013, chroniqué ici).

(2) Je rappelle qu'à la vitesse où on va, il est possible qu'au milieu du XXIIe siècle il y ait à l'université autant de professeurs femmes qu'hommes, la parité s'atteignant plus vite dans les postes subalternes qu'aux plus prestigieux (communication de Sandrine Rousseau, ancienne vice-présidente de l'université de Lille 1 en charge de la mission égalité femmes-hommes).

(3) 1981 pour la clôture politique des années 70, 1997 un peu au hasard en prenant la date de naissance de l'association Mix-Cité qui à mes yeux symbolise un certain renouveau féministe.

(4) Cette citation et la suivante sont tirées du blog Crêpe Georgette, « Éduquer oui mais pourquoi ? »

(5) Léo Thiers-Vidal, De l'ennemi principal aux principaux ennemis. Position vécue, subjectivité et conscience masculines de domination, L'Harmattan, 2010.

(6) Mona Chollet, Beauté fatale, « Zones », La Découverte, 2012. Cette lecture masculine s'est montrée par exemple dans l'incapacité de comprendre les liens entre l'injonction à la beauté et la violence faite aux femmes. Je livre ce détail parce qu'il n'est pas anodin que cette compréhension, intuitive et évidente pour nombre de femmes, et que je croyais assez bien décrite dans le bouquin, doive être lourdement expliquée à des hommes qui n'ont pas le même vécu : « Ben tu vois, les cas de violence domestique commencent souvent avec une aliénation dont le premier outil est le dénigrement du physique, et plus globalement c'est cette insécurité sur la conformité aux normes de beauté – le sous-texte constant du bouquin, au passage – qui pousse les femmes à accepter des positions subalternes, dans la vie professionnelle ou domestique... De rien, ne me dis pas merci ».

(7) « Trop queer ! »

(8) Sandrine Rousseau, Du balai. Essai sur le ménage à domicile et le retour de la domesticité, Raisons d'agir, 2011.

(9) Préface de Mademoiselle à Léo Thiers-Vidal, Rupture anarchiste et trahison proféministe, Bambule, 2013.

(10) Judith Butler, Humain, inhumain, éditions Amsterdam, 2005.

(11) Sabine Masson et Léo Thiers-Vidal, « Pour un regard féministe matérialiste sur le queer », Mouvements n°20, 2002.


 

Commentaires

1. Le vendredi, 1 novembre, 2013, 13h15 par un.passant

Je comprends (au sens d'empathie) ce texte et ses motivations, mais je ne comprends pas (au sens cohérence avec mes idées/valeurs) que des féministes assignent des rôles/places genrées (féministe / proféministes).
S'il ne faut pas nier les classes /clivages, doit-on les assumer (perpétuer) ?
Malheureusement, je ne vois pas comment en discuter sans (avoir l'air de?) faire du mansplaining…

2. Le vendredi, 1 novembre, 2013, 13h23 par AL1

Bonjour,

Peut-être que ce livre t'apportera des réponses...

http://www.i-editions.com/catalogue...

3. Le vendredi, 1 novembre, 2013, 14h09 par Aude

@Alain, merci pour le lien. Je crois me rappeler que Patric Jean, qui préface ce livre avec Clémentine Autain, se dit "pro-féministe", en tout cas je l'ai toujours vu aborder la question de sa place auprès du mouvement féministe avec la rigueur et le respect nécessaires. Le manifeste des hommes qu'il propose me semble emblématique de sa démarche : pas une seule injonction pour les femmes à faire ci ou ça, mais un refus de la situation actuelle. Moi je ne peux pas le signer, mais je vous y engage ;-).

http://www.ladominationmasculine.net/petition-des-hommes.html

@un.passant, merci pour la compréhension de mes motivations. Côté stratégie, il s'agit bien de travailler à faire disparaître les inégalités. Ni de les nier comme vous dites justement, ni de les perpétuer non plus - je ne crois pas que le mouvement féministe soit responsable du fait qu'elles continuent à exister ! Le fait est qu'elles existent, qu'on a des intérêts différents à ce qu'elles existent, et faire comme si oui elles existaient bien mais ailleurs, chez l'autre (le capitalisme, la religion, les machos), tandis qu'ici tout va bien nous sommes des personnes hors-sol, ça me semble aussi dangereux que quand Lagarde et les autres nient la lutte des classes (voir le lien). Les militant-e-s ouvrent des espaces où on reproduit, même sans y voir à mal, ce qui se passe dans le reste de la société, et pas des robinsonnades avec des angelots dégenrés.

http://blog.ecologie-politique.eu/post/Qui-nie-la-lutte-des-classes

Et c'est bien d'avoir vu des copines meurtries suite à leurs interactions avec des hommes autoproclamés féministes dans des discussions sur ces sujets, qui m'a donné envie d'écrire.

Ici une intervention sur un sujet proche : l'auteur, qui se dit féministe, nie aux hommes comme lui le droit de diriger des organisations féministes. On est à peu près sur la même longueur d'ondes : il n'y a de participation de seconde zone à des mouvements en lutte, du style tu peux rester mais tu as des règles spéciales toi tu ne pourras pas faire telles choses. Il ne peut y avoir que des mouvements de lutte différents : le mouvement féministe d'un côté, mené par les femmes pour les femmes, et de l'autre une lutte mixte, féministes et alliés proféministes, contre les inégalités femmes-hommes (et tant qu'on y est des endroits où les hommes eux aussi s'interrogent !).

http://fsoulabaille.wordpress.com/2013/09/04/opportunisme-ou-feminisme/

4. Le samedi, 2 novembre, 2013, 21h48 par Romain11

Que des hommes qui se disent féministes ne se rendent pas compte de tout ca que cela implique me paraît évident.
Mais dire qu'aucun homme ne le peut, n'est ce pas mettre les hommes dans un catégorie à part des femmes ? Ce qui me paraîtrait un peu contraire à ce que vous défendez.

5. Le dimanche, 3 novembre, 2013, 15h19 par Crabe

@Aude

Je ne suis pas vraiment en accord avec vous concernant :

" Mais d'hommes proféministes qui vivent dans leur chair et autrement que par un travail d'empathie les dégâts du patriarcat sur les femmes, je ne vois pas comment c'est possible."

En tant qu'homme je ne le vis peut être pas dans ma "chair" comme vous dites mais je peux vous dire que dans ma vie quotidienne c'est assez ardue, non pas que je subie ce que subissent toues les femmes mais vivant avec une femme, je subi une certaine image de l'homme qu'a ancré la société patriarcale à mon "amoureuse" ainsi je me retrouve avec des phrases telles que "un homme c'est grand, un homme c'est fort" je caricature un peu mais c'est un peu ça... C'est pour cette raison que je me réclame du féminisme et que je voudrais l’avènement d'un vrai féminisme afin de ne plus vivre ce type d'expérience.

6. Le mardi, 5 novembre, 2013, 17h23 par Jérôme

Cet article ne répond pas à la question "peut-on être un homme féministe ?", à part par un "non" absolument pas argumenté dans le premier paragraphe. L'article dénonce le mansplaining - très bien, je le dénonce également.

À la question "peut-on être un homme féministe ?", la réponse est très clairement "oui". Si être féministe c'est (sans entrer dans le détail) considérer que les femmes et les hommes devraient avoir les mêmes droits, libertés, opportunités, etc., et croire à la nécessité de militer en faveur de cette égalité pas encore atteinte, il n'y a aucune raison pour laquelle un homme ne pourrait pas être féministe. Il s'agit d'une question de convictions, qui peuvent être - ou non - portées par des femmes comme par des hommes. Il est parfaitement possible de s'opposer au mansplaining et de le pointer du doigt lorsqu'on le constate, ainsi que de reconnaître que les vécus de femmes féministes et d'hommes féministes ne sont pas les mêmes, sans pour autant décréter qu'un homme ne peut pas être féministe.

7. Le mardi, 5 novembre, 2013, 17h24 par Jérôme

Cet article ne répond pas à la question "peut-on être un homme féministe ?", à part par un "non" absolument pas argumenté dans le premier paragraphe. L'article dénonce le mansplaining - très bien, je le dénonce également.

À la question "peut-on être un homme féministe ?", la réponse est très clairement "oui". Si être féministe c'est (sans entrer dans le détail) considérer que les femmes et les hommes devraient avoir les mêmes droits, libertés, opportunités, etc., et croire à la nécessité de militer en faveur de cette égalité pas encore atteinte, il n'y a aucune raison pour laquelle un homme ne pourrait pas être féministe. Il s'agit d'une question de convictions, qui peuvent être - ou non - portées par des femmes comme par des hommes. Il est parfaitement possible de s'opposer au mansplaining et de le pointer du doigt lorsqu'on le constate, ainsi que de reconnaître que les vécus de femmes féministes et d'hommes féministes ne sont pas les mêmes, sans pour autant décréter qu'un homme ne peut pas être féministe.

8. Le mardi, 5 novembre, 2013, 18h23 par Richard

Merci Aude pour ce texte au ton très juste. C'est effectivement difficile pour un "homme" de garder toujours à l'esprit d'où il parle. Et c'est important de trouver des interlocuteurs et interlocutrices bienveillant.e.s pour penser notre place dans la lutte. J'essaie pour guider mes interventions de me répéter cette formule: "compatir n'est pas pâtir". Effectivement nous faisons l'expérience de déterminisme parfois douloureux pour les hommes aussi, mais nous sommes malgré tout du côté des "privilégiés" (j'utilise des guillemets car il y a des privilèges dont on se passerait bien, parfois). Encore merci pour cette contribution.

9. Le mardi, 5 novembre, 2013, 18h53 par Richard

PS: Je n'ai pas trouvé de rubrique Contact donc j'envoie le message ici. Le lien hypertexte "la machine s'emballe" après la note (8) dans le corps du post, renvoie non à la page du blog crepegeorgette mais à une page d'erreur sur ecologie-politique, sans doute y a t'il une petite erreur dans l'adresse. Bonne soirée

10. Le mardi, 5 novembre, 2013, 19h05 par Jérôme

"C'est génial, une féministe prend la peine d'écrire un long texte (le plus long de ce blog) pour expliquer qu'à son avis non, et vous répondez autre chose que "ma réponse serait plutôt oui". Les bras m'en tombent..."

Votre première ligne est "La réponse est simple : c'est impossible" - pas "ma réponse serait plutôt non". Pourquoi le féministe que je suis également devrait-il prendre des précautions là où vous n'en prenez pas ?

"N'allez pas chercher le mansplaining (ou mecsplication) ailleurs qu'ici, c'est un excellent exemple que vous nous fournissez."

En quoi mon commentaire constitue-t-il un exemple de mansplaining ? Si je m'étais présenté à vous en tant qu'homme, avais mis en avant mon sexe masculin comme "validation" de mes idées, avais tenté de gommer les différences de vécus entre hommes et femmes pour affirmer que je pouvais parler pour les femmes, etc., effectivement, j'aurais été coupable de mansplaining. En l'occurrence, tout ce dont je suis coupable c'est de ne pas partager votre avis sur la question de la possibilité pour un homme d'être féministe. Ne pas être d'accord avec une femme, et énoncer son désaccord, ne suffit pas à renvoyer au mansplaining.

"pourquoi n'envisagez-vous pas d'être proféministe ? est-ce donc que ce qualificatif vous ôte un privilège ? je pense que oui et que ça vous énerve... et que c'est un problème en soi"

Je n'envisage pas d'être proféministe parce que je suis féministe et que le terme "proféministe" n'a aucune raison d'être. Cela n'a strictement rien à voir avec ma personne. Pourquoi passer immédiatement aux ad hominems ?

"-pourquoi présentez-vous votre définition du féminisme comme si je n'en avais pas déjà proposé une, c'est à dire sans prendre la peine de la réfuter préalablement ? j'ai parlé d'un point de vue spécifique qui permet ensuite de poser des revendications d'ordre universel, qui elles sont tout à fait ouvertes à l'appropriation par les hommes..."

La "définition" que vous avez postée n'en est pas une. Écrire "le féminisme offre un point de vue situé sur le rôle social réservé aux femmes et les relations femmes-hommes qui en découlent", ce n'est pas écrire ce que le féminisme est, c'est écrire ce qu'il "offre". Vous êtes par ailleurs extrêmement vague - le sexisme offre tout autant "un point de vue situé sur le rôle social réservé aux femmes et les relations femmes-hommes qui en découlent". Rien dans votre "définition" ne limite non plus le féminisme tel que vous le présentez aux femmes. Les hommes ont également un "point de vue situé". Si vous désirez dès lors que je me positionne dans le détail face à la définition que vous proposez, il faudrait commencer par proposer une définition précise.

Vous ne dites en revanche rien sur la définition que j'ai moi-même proposée, laquelle repose sur les convictions portées par un individu. Pour information, c'est une définition qui correspond à celle que l'on trouve dans le Larousse - être "féministe" pour le Larousse, c'est être "partisan du féminisme", lequel est défini comme l' "attitude de quelqu'un qui vise à étendre [le] rôle et [les] droits des femmes" (ou encore comme "mouvement militant pour l'amélioration et l'extension du rôle et des droits des femmes dans la société"). Être "partisan de...", cela renvoie aux convictions, des convictions qui peuvent être portées par femmes et hommes.

"le fait que ça s'appelle "féminisme" (et pas anti-sexisme) n'évoque donc rien ? (j'attends le commentaire suivant : le féminisme devrait justement ne plus exister pour rejoindre les rangs de l'anti-sexisme ou de l'humanisme, ne pas aborder ce sujet avant d'être allé-e voir par là)"

Bien sûr que si - le terme de "féminisme" est nécessaire notamment parce que, comme vous le soulignez très justement dans votre autre billet, ce sont les femmes qui sont du "mauvais côté" du système patriarcal. Le terme de "féminisme" est donc nécessaire pour souligner que c'est en faveur des droits des femmes qu'il faut lutter - les hommes, pour faire court "ont déjà les leurs", ce que gomme le terme d'"humanisme". Tout ceci n'est absolument pas contradictoire avec ce que j'ai expliqué, à savoir que femmes et hommes peuvent être féministes, convaincus de la nécessité de cette lutte encore d'actualité pour les droits des femmes, leur place dans la société, etc.

"-la fin du texte est consacrée à proposer quelques manières d'être proféministe... n'est-ce pas, au-delà de mon "un homme peut-il être féministe ? non, justement" liminaire et un peu abrupt, une façon de reconnaître la possibilité pour des hommes de lutter aussi contre le sexisme et la domination masculine ? (j'imaginais que j'allais me faire rembarrer sur cette partie, façon "de quoi j'me mêle", puisque j'avais l'impression d'y faire un tout petit peu intrusion dans les choix qu'ont à leur disposition les hommes pour faire avancer la cause)"

Je n'ai pas du tout écrit que vous niiez aux hommes la possibilité de lutter contre le sexisme et la domination masculine. Je m'oppose au fait d'appeler cela être "proféministe" plutôt que "féministe".

"En fait, je vous soupçonne de vous être arrêté à la deuxième ligne. C'est pas pour vous embêter que les commentaires sont situés en bas de la page et pas en haut, c'est pour vous donner l'occasion de lire les textes que vous réfutez aussi brillamment."

Je vous rassure, j'avais bien lu tout l'article. Je n'ai pas répondu sur les points avec lesquels je suis d'accord (la nécessité de s'opposer au mansplaining), mon intérêt portant sur la question de l'utilisation des termes de "féministe" et "proféministe".

11. Le vendredi, 8 novembre, 2013, 17h22 par Gérard

Découvert par hasard, par la bande, (un courrier reçu de Rezo.net dans lequel se trouvait reprise l'adresse de votre blog) le billet de votre blog intitulé "comment peut-on être un homme féministe ?" m'a interpellé car je me croyais féministe et je me suis découvert "pro"féministe. Une fois la surprise passée, une fois ravalée l'exclusion, une fois remis à ma place, "à côté" et non "dans", une fois changée ma ligne d'horizon, mon angle de vision, une fois abandonné mon espoir de fusion, une fois assumé "l'endroit d'où je parle", je me suis retrouvé tout con. J'avais pourtant l'impression d'être "intolérant au sexisme", de "repérer les situations de la vie quotidienne où il se niche" afin de le combattre comme je combats, avec mes faibles moyens, d'autres réalités sociétales qui m'insupportent. Et voilà que je découvre que mes propos sont irrémédiablement saturés de testostérone. Je croyais exprimer toute la force de ma conviction féministe par l'intermédiaire de mes cordes vocales alors qu'en réalité mes propos, forcément déformés, dénaturés, passaient par le filtre de mes testicules. Moi qui chassais le sexisme quotidien, rampant, dans le moindre propos de journaliste, dans le moindre commentaire "anodin" ou dans les publicités, -viviers misogynes - je ne vais plus oser écrire mon indignation par crainte de pollutions hormonales.
Mais je vous écris aujourd'hui, non pour vous imposer la piètre image de mon ébranlement, mais pour vous signaler une émission de Michel Alberganti - écoutée ce jour sur France Culture – intitulée "Science publique" diffusée le vendredi de 14h à 15h et consacrée, ce 08 novembre, au thème suivant : "Comment le genre peut-il enrichir la science" ? J'ai pensé à vos propos en l'écoutant.
Les invités étaient :
Pascal Huguet, directeur de Recherche au CNRS, Directeur de la Fédération de Recherche 3C "Comportement-Cerveau-Cognition" sur le site Saint Charles de l'Université d'Aix-Marseille, auteur d'une centaine de publications scientifiques dans le domaine de l'influence de l'environnement social sur le comportement et les activités mentales, en particulier les effets des stéréotypes de genre sur les performances des deux sexes dans les disciplines et les filières scientifiques et techniques.
Anne Pépin, directrice de recherche au CNRS - spécialiste des nanotechnologies, Directrice de la Mission pour la place des femmes au CNRS.
Sandra LAUGIER, philosophe, membre sénior de l'Institut universitaire de France, Directrice adjointe scientifique de l'Institut des sciences humaines et sociales du CNRS
Marie-Hélène Therre, consultante en développement des organisations, fondatrice du cabinet conseil Inclusive Innovation, vice-présidente de l'association Femmes Ingénieurs.
56 minutes qui m'ont paru "enrichissantes" et que je soumets à votre sagacité.
A réécouter sur le site de France Culture.
http://www.franceculture.fr/emissio...

12. Le vendredi, 8 novembre, 2013, 18h41 par Jérôme

"Voici donc ma définition du féminisme, qui vaut ce qu'elle vaut mais ressemble beaucoup à la description que j'en faisais (j'accepte que les deux ne soient pas la même chose, mais je pense que votre exigence de précision intellectuelle est ici une stratégie de pouvoir)"

Elle n'est pas une stratégie de pouvoir - c'est vous qui m'avez fustigé pour ne pas avoir réfuté votre définition avant de présenter la mienne, et c'est pour cette raison que je vous ai fait remarquer que ce que vous aviez écrit posait problème du point de vue du débat en cours (votre "définition", telle qu'elle était énoncée, n'excluait en effet nullement les hommes du féminisme, alors que c'est la position que vous défendez).

"mouvement politique qui, à partir de l'expérience que les femmes font de la domination masculine, propose une critique de cette domination et exige une égalité de traitement entre femmes et hommes"

Première remarque tout d'abord : je ne le circonscrirais pas au domaine politique, à moins que "politique" ne soit compris comme incluant d'autres domaines (social, etc.). Ensuite, je ne vois pas en quoi cette définition restreindrait l'accès des hommes au féminisme. L'expression "à partir de l'expérience que les femmes font" peut tout à fait signifier que des hommes, conscients de l'existence de ce vécu des femmes (même s'ils ne peuvent jamais le vivre eux-mêmes), "propose[nt] une critique de cette domination et exige[nt] une égalité de traitement entre femmes et hommes". Votre "à partir" peut donc être compris de différentes façons.

Si vous souhaitez absolument décréter qu'un homme ne peut pas être féministe, je vous conseille de reformuler votre définition de telle façon qu'elle inclue directement cette précision.

"Je trouve extrêmement problématique que vous réclamiez une place à égalité y compris au moment où des femmes qui subissent la domination masculine mettent en place des stratégies, des priorités qui leur semblent plus prometteuses. [+ reste du paragraphe]"

Je ne "réclame" rien du tout. Je n'ai pas parlé d'égalité ou d'inégalité - c'est vous qui êtes visiblement dans une optique de calcul hiérarchisant. Je n'ai même pas parlé de la place que devraient avoir les hommes au sein du mouvement féministe. Tout ce que je suis venu dire ici, c'est que des hommes peuvent parfaitement être féministes, tel que le féminisme est conçu par l'écrasante majorité des féministes et non-féministes, femmes et hommes (c'est-à-dire comme un mouvement reposant sur certaines convictions que nous avons tous les deux mentionnées, sans condition de sexe ou d'identité sexuelle). Je ne suis certainement pas en train d'essayer de nier les différences de vécu des femmes et des hommes, ou encore de mettre sur un même plan la façon dont femmes et hommes sont affectés par les éléments structurels et individuels qui constituent et participent de l'existence de la domination masculine. Je trouve par ailleurs assez surprenant que vous tentiez de me placer dans la position du "demandeur", puisque encore une fois c'est vous qui êtes en train de mettre en avant une définition visant à enlever aux hommes la possibilité d'être féministes, ce qui ne correspond certainement pas à la vision qu'ont de la question l'immense majorité des féministes et non-féministes. C'est donc vous qui êtes demandeuse en la matière !

"Il me semble que vous n'auriez pas la même aisance dans les luttes de personnes racisées, à réclamer cette place au nom du fait que vous êtes sincèrement anti-raciste. [+ suite du paragraphe]"

Encore une fois, je ne "réclame" pas de place - je n'ai pas parlé de la place des hommes au sein du féminisme, uniquement du fait que des hommes peuvent parfaitement être féministes.

"Je pense que de même vous pouvez investir des associations de lutte contre le sexisme mais pas des associations féministes, parce que les secondes se nourrissent des expériences que font les femmes et les premières d'idées égalitaires universelles (la plupart articulant ces deux dimensions)."

Pensez ce que vous voulez - la plupart des féministes ne partagent pas votre avis. Que les associations féministes se nourrissent des expériences que font les femmes n'empêche pas les hommes d'être également féministes, c'est-à-dire porteurs de convictions quant à la nécessité de continuer la lutte en faveur des droits et rôles des femmes dans la société, et contre la domination masculine dans ses divers aspects.

"Un exemple : les féministes ont apporté plein de choses au militantisme, mes préférées étant l'usage de l'humour et la légitimité de modes de pensée jusqu'ici écartés, par exemple la possibilité de sortir de l'abstraction pour utiliser l'expérience personnelle pour fonder la critique sociale. Or, quand j'essaie de comprendre les ressorts profonds de votre refus du qualificatif "proféministe" (non pas à partir de votre personne dont j'ignore tout mais des stratégies que vous déployez), vous m'accusez de critique ad hominem. Je veux bien que vous restiez dans les hautes sphères à vous penser avant tout comme sujet pensant le politique plutôt que le vivant, mais vous comprenez bien que ce que vous faites en m'obligeant moi aussi à le faire, c'est d'exiger que je mette à la poubelle, au moins le temps de cette conversation avec vous, un ethos féministe pour lequel j'ai beaucoup de goût et d'intérêt. [+ reste du paragraphe]."

Il y a une différence entre, d'une part, utiliser l'expérience personnelle pour penser la critique sociale, et embrasser l'ethos féministe dans son ensemble, et, d'autre part, accuser sans raison aucune son interlocuteur d'être "énervé de perdre un privilège", alors même que ledit interlocuteur a déjà expliqué la raison qui l'amène à défendre la position qu'il défend. Ce n'est pas vous demander d'oublier les rapports de pouvoir entre femmes et hommes, y compris au sein de mouvements féministes, que de vous faire remarquer que les procès d'intention fallacieux n'ont pas leur place dans un débat intelligent (et certainement pas forcément coupé du vivant).

"Et le mansplaining ne se fait pas grossièrement en sortant des attributs masculins (ça ne marcherait pas !), mais en utilisant des outils perçus comme légitimes (l'humanisme, l'égalité, des travaux en théorie du genre) pour reprendre la main sur des paroles féministes."

Je sais. Et il n'y a pas de trace de mansplaining dans mes commentaires, puisque je ne cherche nullement à "reprendre la main" sur quoi que ce soit - je me contente d'opposer à votre texte la façon dont le féminisme est très largement conçu par féministes et non-féministes sur la question de la possibilité des hommes d'en faire partie. Je ne vous oppose pas mes idées mais celles de la majorité des féministes, y compris uniquement du côté des femmes féministes.

"Je suis capable d'entendre des hommes parler de questions de genre, sans être obligatoirement d'accord avec moi, sans me sentir dévalorisée. Mais je sais reconnaître aussi quand ces paroles sont paternalistes et coloniales. Je n'ai pas utilisé le concept de mansplaining pour faire autorité (je suis une femme, taisez-vous) mais pour expliquer que je sens derrière votre réclamation du mot "féministe" un déni de tout ce qui fonde mon féminisme."

Je me répète, mais "votre" féminisme ne correspond justement pas à la façon dont le féminisme est communément conçu et exprimé, y compris chez les féministes eux-mêmes (y compris les femmes féministes), et c'est cette différence que j'ai pointée du doigt - sans le moindre mansplaining, donc. Vous reconnaissez vous-même au paragraphe suivant que la majorité des féministes n'opère pas la séparation que vous faites ! En quoi vous rappeler cette position de la majorité des féministes constitue-t-il du mansplaining ?

"Et le plus drôle dans toutes ces discussions, c'est que la plupart des associations féministes sont de fait mixtes et qu'une majorité de féministes n'est pas attentive à la distinction que je fais"

J'utiliserais "rejette" plutôt que "n'est pas attentive à".

"et déploierait une capacité d'écoute des paroles masculines (au moins jusqu'à ce que la non-réciprocité soit trop flagrante) qui aurait de quoi vous étonner. Mais ces lieux-là restent sous-investis par les hommes ! Que faites-vous donc pour le féminisme, et ici je m'adresse à tous les hommes qui sont pris d'un soudain intérêt pour le féminisme, si vous n'y êtes pas présents, concrètement ?"

Pourquoi est-ce que cela m'étonnerait ? Vous ne savez rien de mon engagement féministe. Je vous laisse donc vous adresser aux autres hommes autant que vous voulez.

"Pourquoi autant d'empressement à venir discuter et soumettre à votre regard acéré un article écrit par un femme, alors que vous pourriez publier des blogs d'"hommes féministes" (Jérôme, vous avez au moins la quantité) ? Mon interprétation, c'est qu'il n'y a pas assez d'intérêt pour le féminisme pour y être actif, mais juste pour y être réactif. Et cette réactivité n'est pour moi pas anodine."

Si ce paragraphe consiste à pousser un cri du cœur visant les hommes et leur rapport au féminisme, faites à votre guise, mais si vous me parlez, je vous rappelle encore une fois que vous ne savez strictement rien de mon engagement féministe, lequel est bien actif. Je suis venu discuter d'idées dans les commentaires d'un article qui défend une position par rapport au féminisme que je ne partage pas en tant que féministe, point barre. Je vous avoue que je ne vois pas vraiment le problème, à moins que les commentaires ne soient là que pour vous dire que l'on approuve en tout ce que vous avez écrit.

"Voici un cadeau pour finir, la définition de "féminisme" dans le Trésor de la langue française. Deux citations masculines très datées, une anti-féministe et un "lafâme", je vous gâte !"

Ce n'était pas nécessaire, celle du Larousse et celles utilisées par la majorité des féministes suffisent amplement pour défendre ma position !

13. Le dimanche, 10 novembre, 2013, 05h21 par Jérôme

Trop long ? Mon commentaire, que vous avez refusé d'afficher, ne faisait que quelques dizaines de mots de plus que le vôtre (et quelques dizaines de mots de plus que celui que vous venez encore d'écrire)... Il incluait simplement en citation les passages de votre commentaire auxquels je répondais à chaque fois - non pas pour les "passer au stylo rouge", mais pour indiquer auxquels de vos arguments et affirmations correspondaient mes remarques. Si vous n'avez pas eu le courage de le lire, il me semble que la moindre des choses était de le valider malgré tout pour qu'il puisse être lu par ceux que notre échange intéresse éventuellement. Le voici donc tel quel (cliquez pour zoomer) : i.imgur.com/ddooese.jpg

Les "règles" auxquelles vous vous référez mentionnent que vous refuserez les propos antiféministes - cela tombe bien, les miens ne l'étaient pas. Je vous ai par ailleurs parlé avec respect (et, contrairement à vous, je ne vous attaque pas fallacieusement en vous accusant d' "appétits de domination", d'être "énervé de perdre un privilège", de mansplaining, etc.). Visiblement, le vrai problème, c'est que je ne suis pas d'accord avec vous, et que vous avez décidé de ne pas autoriser des commentaires qui défendent de manière rigoureuse et argumentée une position qui ne va pas dans votre sens (peut-être pour ne pas perdre la face, je ne sais pas). C'est votre droit, mais ayez au moins l'honnêteté de le reconnaître.

En ce qui concerne ce dernier message de votre part, vous auriez décidément bien fait de prendre la peine de lire le mien. Je n'ai pas parlé d'égalité ou d'inégalité - c'est vous qui êtes visiblement dans une optique de calcul hiérarchisant, et j'ai déjà souligné que je dénonçais volontiers comme vous le mansplaining et les autres travers de ce type. Je n'ai même pas parlé de la place que devraient avoir les hommes au sein du mouvement féministe. Tout ce que je suis venu dire ici, c'est que des hommes peuvent parfaitement être féministes, et que c'est d'ailleurs comme cela que le féminisme est conçu par l'écrasante majorité des féministes, femmes ou hommes (c'est-à-dire comme un mouvement reposant sur certaines convictions que nous avons tous les deux mentionnées, sans qu'il n'y ait de condition de sexe ou d'identité sexuelle). Il est parfaitement possible de lutter contre les travers que vous citez sans pour autant décréter (de façon très essentialiste au passage) qu'un homme ne peut être féministe. Si vous souhaitez le décréter malgré tout, libre à vous, mais ne vous offusquez pas lorsque l'on vient vous rappeler que c'est votre définition, qui ne correspond encore une fois pas à la vision que se font du féminisme l'énorme majorité des femmes et des hommes féministes. Il s'agit de partager une dénonciation de, et une lutte contre, la domination masculine, de considérer que les femmes et les hommes devraient avoir les mêmes droits, libertés, opportunités, choix, traitements, etc., et de croire à la nécessité de militer en faveur de cette égalité pas encore atteinte. Être féministe, c'est porter sincèrement ces convictions (et ce combat), quel que soit notre sexe.

Je sais bien que vous lirez ce commentaire. J'espère que vous aurez suffisamment d'honnêteté intellectuelle pour le valider, même si vous ne souhaitez pas y répondre, au lieu de m'enlever la parole sans raison aucune à part celle d'exercer une censure de ce qui ne correspond pas exactement à vos propres idées. Bonne journée à vous quoi qu'il en soit ,-)

14. Le dimanche, 10 novembre, 2013, 20h33 par Djoul

Merci pour ce point de vu, je ne sais pas encore ce que j'en pense mais ça m'ouvre une nouvelle perspective.

15. Le dimanche, 10 novembre, 2013, 22h04 par paul

bon, y'a aussi des névroses assez particulières qui font qu'on n'ait avec la honte d'être, par exemple, un homme...
alors après...
ben du coup...

nan mais, y'a une question que je me suis posée en lisant votre article et ceux des gens qui vous mettent en référence, celle de la dimension de recherche de membritude d'un groupe référencé.
là par exemple, la question est posée, pas directement, de savoir dans quelle mesure se dire féministe, c'est vouloir être membre du groupe féministe et sur quel critère c'est pertinent ou non.
bon
il y a quarante ans, quand j'ai commencé à entendre parler puis à m'intéresser au mouvement, ça n'était pas posé comme ça. effectivement, depuis, ça a évolué, parce que le mouvement a évolué je suppose. mais aussi le regard que les gens pose sur la question de l'engagement idéologique.

ce qui me semble paradoxale, par rapport aux débats dont je me souviens du passé, c'est qu'au début on analysait des principes comme l'essentialisme en se méfiant beaucoup justement de la question du rapport au sexe biologique et du vécu individuel et du vécu social, de classe de genre, et que maintenant, on en vient à des positions qui finissent par rejoindre l'essentialisme, puisqu'il est reconnu comme impossible de vivre ce que l'autre vit au prétexte de son déterminant biologique qui fait sens pour les déterminants sociaux. l'essentialisme des pensées sociales prend donc le pas sur toute autre considération.
ça m'a rappelé, des débats de ces mêmes périodes du passé, et souvent antérieures encore à mon vécu, de savoir si un petit-bourgeois pouvait comprendre ce qu'un prolétaire pouvait vivre et donc se dire communiste par exemple...
je ne sais pas vers quoi tout ça va évoluer.
pour ma part
c'est trop tard

16. Le lundi, 11 novembre, 2013, 11h21 par paul

oui, alors je ne sais pas si l'on cherchait dans le mouvement féministe à se faire des alliés. ça je ne m'étais pas posé la question à cette époque.
ce que j'observais, c'est que dans les milieux prolétaires et petit-bourgeois dont j'entendais les débats dans mon quotidien d'adolescent totalement décalé et exclu de part sa sensibilité des autres ado de son âge, les gens s'alliaient de façon naturelle, presque automatique, à cause d'un désir commun de radicalement changer la société. tout le monde débattait courramment, souvent avec véhémence et passion, un peu partout, au travail comme hors du travail. je ne vois plus du tout cette ambiance depuis environ 1985.
les gens étaient communistes, anarchiste, de droite, sans avoir spécialement besoin de clamer une identité de groupe, une membritude. on savait par la pratique que intel avait telle tendance d'opinion. et c'était suffisant. en même temps il y avait des oppositions très forte et qui souvent se fixaient sur l'appartenance de classe. et dans certains milieux militants, on entendait régulièrement des gens vouloir en exclure d'autres à cause de leur naissance. et en fait, ce n'était pas très bien vu. tout le monde ou beaucoup de monde avait quand l'idée sous jacente qu'on n'était pas coupable de sa naissance et qu'on la traînait souvent comme un fardeau. on savait que le bourgeois était souvent aliéné à son milieu. et y'avait le discours qui consistait à lui dire de se libérer. c'était pas pour le récupérer. personne ne craignait que le bourgeois ou le petit bourgeois prenne la place du chef d'un groupe prolétaire. on espérait simplement vivre ensemble sans se fouttre sur lagueule comme par ailleurs on n'était obligé de se fouttre sur la gueule.

maintenant
j'ai l'impression que l'on est passé d'une obligation, une contrainte de se fouttre sur la gueule, à une normalité de se mettre dans un groupe contre d'autre ou en contraste avec d'autre.
je pense que la droite, l'esprit de l'égoïsme, de la hiérarchisation, de la domination, de l'individualisme, de la cupidité, a gagné les inconscients de tous les milieux. la domination est devenue indépassable.

moi j'ai le souvenir d'une époque où on était nombreux à penser que l'on pouvait vivre et DEVAIT vivre sans ça.
qu'on avait des devoirs réciproques.

dans les années soixantes et soixante dix, il y a eu des expériences faites sur le vécu des dominés, par des ethnologies, des sociologues, des journalistes, prônant la méthode de l'immersion dans le terrain d'étude, qui se sont mis dans la peau des dominés.
on était au courant de ce genre de démarches et de leurs résultats
ça faisait partie de la culture du moment
et ça nous induisait un regard différent sur "l'autre".
on était capable de beaucoup plus de violence dans les prises de positions opposantes
il y avait aussi des jugements de cohérence des individus dans chaque groupe parfois beaucoup plus exigeants voir durs : on avait le devoir 'être fidèle à une appartenance et c'était exigeant. mais y'avait des solidarités aussi beaucoup plus fortes.
mais j'ai aussi le souvenir qu'on était capable de beaucoup plus d'empathie
et je ne retrouve plus du tout ça dans les générations nouvelles.

c'est un phénomène étudié par plusieurs observateurs. notamment, bernard stiegler en parle comme celui de la destruction de la phylia qui fondait le social.

alors pour marx, c'est effectivement un auteur qui est cité par facilité : en fait c'est un bouc émissaire au sens de la théorie de rené girard.
peu de gens l'ont lu
et encore moins les autres auteurs comme rosa luxembourg qui en fait a marqué beaucoup de communistes en europe. on a été écrasé par staline par la propagande capitaliste qui s'en sert comme masque des autres.
c'est tout juste si les jeunes générations sont au courant des existances de lénine, trotsky leibnitz etc... alors luxemburg... kate millet, margareth mead... etc...

y'a un autre élément à prendre en compte
autrefois, la vie sociale était beaucoup plus dominée en nombre par les hommes. peu de femmes avaient fait des prises de conscience politiques et idéologiques
et c'était souvent des hommes de milieux militants anticapitaliste radicaux qui les entraînaient à faire ces prises de conscience. lénine et trotsky avaient très bien senti le potentiel révolutionnaire de l'analyse de la position de dominée des femmes dans toute société. et ils l'ont souligné à plusieurs reprises : à partir de cette analyse du rapport de classe de genre, il y avait là moyen d'analyser les racines de la construction de la hiérarchie de classe, qu'ils cherchaient à détruire pour construire une société fondée sur la coopération des groupes...

moi j'ai d'autres pistes dans mon quotidien. j'pense quen fait on est dans une société d'égoïsme où chacun cherche à utiliser autrui à son profit. et se sert de n'importe quel trait saillant, c'est à dire traits facilement repérable, et donc facilement, immédiatement jugeable, pour exclure ou dominer autrui en utilisant cette caractéristique facilement repérable. le sexe est la plus généralisable, il y a l'âge, il y a l'habillement, il y a la coiffure, la référence à la mode, les objets pouvoir comme les portables, les montres, les bijoux, tout ce qui accompagne l'apparence physique. puis viennent ensuite les traits apparents de langage : il faut parler comme l'autre dans la forme et le contenu. autrement, on est une merde à abattre.
c'est comme ça maintenant
c'est la dictature de la médiocrité, c'est à dire de la standardisation des profils sociaux.
d'où des crises identitaires violentes puisque dans ce système chacun est désindividué.
d'où les montés des mouvements à caractère communautariste, comme les nationalisme, mais aussi par exemple les mouvements fondés sur une pratique commune, comme la religion, la façon de se nourrir... etc... et les critères d'intégration des individus sont devenus très durs.

or
moi
ben je n'ai pas besoin d'être membre du parti communiste pour être et penser en communiste par exemple. quand j'emploie un étiquette comme ça, c'est simplement pour indiqué mes références idéologiques, celles de mes analyses. c'est pas pour avoir un pouvoir que le groupe m'octroie parce que j'en suis membre.

j'aime pas les hommes en tant que modèle culturel.
mais j'aime pas du tout qu'on me rappel à mes déterminants biologique en m'inscrivant dans un modèle culturel
quand on me fait ça
je réponds pas
je me casse

j'vais faire un tour sur une décharge pour voir ce qu'il y aurait à recycler.

17. Le lundi, 11 novembre, 2013, 20h43 par paul

ah
j'ai du dire un truc qui fallait pas...
bon...
ben tant pis...

18. Le mercredi, 20 novembre, 2013, 01h20 par Jérôme

Tiens, vous avez supprimé vos deux derniers commentaires qui m'étaient destinés - je n'avais pas encore eu le temps de répondre au dernier, ce que j'allais faire. Sans doute avez-vous remarqué qu'il était un peu trop facile de deviner à sa lecture que vous aviez décidé de me censurer parce que vous n'aviez pas grand chose à répondre à mes arguments ,-) Au cas où vous avez l'honnêteté intellectuelle de valider celui-ci, voici pour rappel mes deux commentaires censurés :

1. i.imgur.com/ddooese.jpg (il répond à votre commentaire m'étant destiné que vous avez maintenu)
2. i.imgur.com/8gqPHjE.jpg

Pour résumer encore une fois ma position, et comme écrit précédemment, je n'ai pas parlé d'égalité ou d'inégalité - c'est vous qui êtes visiblement dans une optique de calcul hiérarchisant, et j'ai déjà souligné que je dénonçais volontiers comme vous le mansplaining et les autres travers de ce type. Je n'ai même pas parlé de la place que devraient avoir les hommes au sein du mouvement féministe. Tout ce que je suis venu dire ici, c'est que des hommes peuvent parfaitement être féministes, et que c'est d'ailleurs comme cela que le féminisme est conçu par l'écrasante majorité des féministes, femmes ou hommes (c'est-à-dire comme un mouvement reposant sur certaines convictions que nous avons tous les deux mentionnées, sans qu'il n'y ait de condition de sexe ou d'identité sexuelle). Il est parfaitement possible de lutter contre les travers que vous citez sans pour autant décréter (de façon très essentialiste au passage) qu'un homme ne peut être féministe. Si vous souhaitez le décréter malgré tout, libre à vous, mais ne vous offusquez pas lorsque l'on vient vous rappeler que c'est votre définition, qui ne correspond encore une fois pas à la vision que se font du féminisme l'énorme majorité des femmes et des hommes féministes. Il s'agit de partager une dénonciation de, et une lutte contre, la domination masculine, de considérer que les femmes et les hommes devraient avoir les mêmes droits, libertés, opportunités, choix, traitements, etc., et de croire à la nécessité de militer en faveur de cette égalité pas encore atteinte. Être féministe, c'est porter sincèrement ces convictions (et ce combat), quel que soit notre sexe.

Inutile par ailleurs encore une fois d'affirmer que vous ne lisez plus mes commentaires, puisque je sais très bien que vous les lisez bel et bien ,-) C'est dommage que vous vous braquiez à ce point - je suis féministe tout comme vous, et je ne vous ai absolument pas attaquée personnellement (ce qui n'est d'ailleurs pas vrai de votre part).

19. Le mercredi, 8 janvier, 2014, 23h53 par madmeg

Merci Aude pour ton texte. Je suis tombé pour la première fois sur cette expression de "pro-féministe" il y a un an environ. J'ai mis un peu de mal à la comprendre et à l'acceptée.
Dans le texte qui m'a introduite dans cette notion, il y avait la notion d'empowerment (empouvoirement en français) féminin associé à un disempowerment (désempouvoirement) masculin. Pour rétablir la balance il faut que les hommes renoncent à certains privilèges, ici il est question du privilège d'avoir de l'audiance, de la crédibilité et de diriger la conversation.
Pour plus de détails sur "La répartition des tâches entre les femmes et les hommes dans le travail de la conversation"
http://1libertaire.free.fr/CMonnetC...
Ce qui est demandé ici aux hommes soucieux d’égalité entre les femmes et les hommes, c'est de prendre moins de place qu'ils ne le feraient à leurs habitude, d'avoir une posture d'écoute plutôt que de parole, de posé des questions plutôt que de donner des réponses, de suivre la discussion plutôt que de la dirigé, de ne pas choisir les sujets ou tout ramener à eux en se déclarant plus catholique que le pape. Le féminisme désigne dans la perspective situationniste actuel "lutte pour émancipation des femmes par les femmes", qui place les femmes au centre de cette lutte et l'expression "pro-féministe" montre que les hommes acceptent d'avoir une place humble et bienveillante dans cette lutte, mais pas d'attirer l'attention sur eux puisque l'effort d'egalité pour les hommes passe par le desempouvoirement et utiliser l'expression "pro-féministe" montre qu'on a compris et qu'on assume cette discrétion.

20. Le jeudi, 17 avril, 2014, 08h16 par Aude

Merci madmeg. D'accord avec ton propos, beaucoup plus synthétique que le mien ! Et bravo, tu es la première femme à investir le champ de bataille qu'est devenue la section commentaires. Une nuance : l'anglais ne connaît qu'un mot pour le pouvoir sur autrui et la puissance d'agir, alors ça me semble important de profiter de la précision du français en parlant plutôt de puissance. Et pour ne pas apparaître trop ésotérique, je préférerais aux néologismes des périphrases : des femmes découvrent leur capacité d'action, le féminisme nous aide à retrouver notre puissance, etc.

21. Le mardi, 17 juin, 2014, 18h56 par youpiyoupi

Votre texte est assez étayé. Le problème, comme tous les blogs féministes radicaux, c'est qu'il est basé sur des œillères.

Et vas-y que les hommes sont pourris, agressifs, malsains et idiots.

Et vas-y qu'ils sont tous susceptibles d'êtres violeurs. Perso, je sais que je ne pourrai jamais l'être. Il suffit de savoir se connaître.

Et vas-y que je te cite Dworkin comme la référence la femme qui sait tout, voit tout et connait tout, alors que c'est juste une aigrie qui voudrait bien génocider les hommes si elle le pouvait.

Les féministes radicaux inventent des termes (mansplannig, culture du viol...), s'en gaussent et demandent aux hommes de ne pas se respecter eux-même.

Par exemple, les féministes demandent aux mecs de dépasser une fille dans la rue pour montrer leur innocence et ne pas faire peur. Moi, je dis qu'hommes et femmes risquent, le soir. Donc pour ne rien risquer, faut prendre des cours de lutte. Mais ça, les féministes ne veulent pas le voir : l'homme est forcément le loup et la fille, l'agneau

Dites ça à Ilan Halimi, attiré et tué par une pétasse et ses copains.

Je lutte contre le féminisme radical, car ce dernier ne veut pas l'égalité homme-femme et ne fait que de petits combats comme le "mademoiselle".

Où étiez-vous pour demander la libération des lycéennes ? Moi, j'ai agis.

Hein ?

22. Le vendredi, 20 juin, 2014, 01h04 par Aude

Je ne sais plus quoi faire de ma collection de merdes sexistes. Je croyais qu’elle avait une vertu pédagogique, montrant ce dont les féministes ont besoin de se protéger : très grande assertivité et agressivité de la part de touristes militants incapables d’entendre ce que vivent les femmes dans une société sexiste, ramenant tout à leur personne, niant ces constats basiques que font les féministes et leurs alliéEs, témoignant d’un intérêt passionné mais vite passé pour des questions qui aux femmes sont vitales.

Je croyais que ça susciterait un peu de vergogne, mais voilà qu’on me montre que cela ne sert à rien, dans ce message où tout y est… et même, c’est à moi qu’on demande des comptes, supposant que je n’étais pas à la manif ! Alors que c’est plutôt l’absence en nombre des hommes qui a été remarquée à cette manif pour la libération de lycéennes africaines. Je vais m’arrêter sur cet exemple : j’ai parlé de la socialisation qu’offre le militantisme, et pas forcément la manif. Le militant à sa première manif féministe (bravo !) ne connaît personne, il traîne savate, lit avec application les tracts, regarde autour de soi d’un air détaché. Je parle d’expérience : quel ennui de manifester dans un milieu inconnu. Ce sont les réunions, la préparation, qui donnent l’occasion de rencontrer du monde, de discuter stratégie, d’apprendre et de polir sa pensée. La manif témoigne bien d’un effort de deux heures, mais en revenir avec une médaille qui permet de pourrir la blogueuse féministe… Voici ma réponse : je n’étais pas à la manif pour la libération des lycéennes, je me méfie des indignations féministes exotisantes, dont on pourrait tirer comme conclusion que chez nous tout va bien, mais j’y serais peut-être allée si j’avais été dans une ville ou manifestaient mes camarades féministes. En fait il m’est impossible de dresser la liste des manifs où je suis allée et de celles que j’ai loupées, contre les violences chaque 25 novembre, pour les droits des femmes chaque 8 mars, et à chaque occasion ponctuelle (liberté d’avorter, droits des LGBT, etc.) parce que je milite depuis un peu plus de deux semaines… Et je ne vois pas la légitimité qu’a un puceau du proféminisme à me demander, à moi précisément, des comptes sur mon emploi du temps.

Le déversoir ci-dessus avait aussi selon moi l’intérêt de montrer comment, quand on a été socialisée en tant que femme à étendre sans cesser les limites de la complaisance, on peut se laisser déborder même quand on a l'air fort, même quand on a posé des limites. Je ne me suis pas aperçu, en publiant le premier « vous n’avez rien compris » de Jérôme, que je reculais sans même m’en rendre compte les limites que j’avais posées. Spontanément, je publiais et je répondais, alors que l’intervention était hors-jeu et que les règles étaient claires. Cette vulnérabilité aux abus, j’ai accepté de la montrer même quand j’ai pu mettre un mot dessus. Bon, je suis toujours bonne pâte, expliquons encore : les hommes ne sont pas des violeurs, ils sont comme les femmes, ici et maintenant, socialisés dans un système qui norme les rapports de sexe et explique qui est disponible à qui. Ce sont les femmes aux hommes, dans les familles, au boulot, dans la rue, et il y a peu d'éducation à l’écoute du consentement, au milieu des conseils du tonton (« tu sais, elle disent non au début, mais souvent ça veut dire oui, alors insiste ») et des appréciations de tata (« elle s’est fait violer mais elle l’avait quand même un peu cherché »… ben oui, les femmes ne font pas naturellement preuve de plus d’intelligence des rapports sociaux de sexe). Et les hommes qui ne violent pas, ce n’est pas que les féministes nient leur existence, mais non ça ne leur donne pas droit à une médaille (décidément). C’est juste normal.

Le plus triste, dans cette adresse désagréable, ce n’est pas de lire autant de haine, c’est de lire que les paroles des femmes sont comprises comme des paroles de haine, que c’est le seul sentiment qui passe la barrière de l’entendement. Je lis dans les propos que j’ai publiés, de Dworkin, de Mademoiselle ou des anonymes, du découragement, de la souffrance, de la colère aussi, mais pas de la haine ou de l’aigreur. Quelle pitié, de ne plus entendre qu’un registre, et d’être aussi sourd aux plaintes d’une classe de personnes dont il y a tant et tant de preuves, M. Youpiyoupi, qu’elle est moins bien traitée que la vôtre. Comment se dire « féministe » dans ces conditions ? Cela m’échappe, cela m’inquiète.

23. Le vendredi, 20 juin, 2014, 03h59 par Aude

Et, au fait, ce n'est pas moi qui ai écrit sur les hommes qui ne devraient pas marcher derrière une femme la nuit. Mais comme on est toutes les mêmes, j'imagine que ça ne change pas grand chose.

Quant à mademoiselle, en l'absence de case mondamoiseau, c'est bien d'un combat pour l'égalité qu'il s'agit. Symbolique, d'apparence anodin, mais pour l'égalité.

24. Le samedi, 21 juin, 2014, 07h35 par Aude

Par exemple, les féministes demandent aux mecs de dépasser une fille dans la rue pour montrer leur innocence et ne pas faire peur. Moi, je dis qu'hommes et femmes risquent, le soir. Donc pour ne rien risquer, faut prendre des cours de lutte. Mais ça, les féministes ne veulent pas le voir : l'homme est forcément le loup et la fille, l'agneau

Dites ça à Ilan Halimi, attiré et tué par une pétasse et ses copains.

 http://www.telerama.fr/idees/comment-rendre-la-ville-aux-femmes,113059.php

Seuls les mecs, les vrais, ont droit de cité. Et les filles s'adaptent. L'air de rien, la peur s'insinue dans leurs déplacements. Les voilà tantôt con­traintes à de longs détours pour éviter les remarques des garçons qui squattent devant l'arrêt de bus, tantôt obligées de prendre le volant pour ne pas longer à pied les interminables volets clos des quartiers résidentiels. « J'ignore où tu fuis », écrivait Baudelaire évoquant le mystère évanescent d'une passante à la « fugitive beauté ». La réalité est plus prosaïque. « Quand les jeunes filles sortent le soir en talons, soupire Marie-Christine Bernard-Hohm, elles mettent des chaussures confortables dans leur sac à dos pour pouvoir courir en cas de besoin. Comme du gibier ! Comment cela est-il encore possible au XXIe siècle ? » Après qu'une Belge a filmé en caméra cachée ses déambulations émaillées d'insultes à Bruxelles, un collectif baptisé Stop harcèlement de rue est né en France en février d'une page Facebook. Objectif : délimiter des « zones anti-relous ». « Me siffler n'est pas un compliment ! », « J'aime la flânerie pas la flatterie », « Ma minijupe ne veut pas dire oui ! », disent les affiches placardées dans Paris...

La discussion continue ailleurs

1. Le samedi, 2 novembre, 2013, 22h32 par Pearltrees

Hommes

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