mercredi, 13 février, 2013

Féminisme et queer : la théorie de l'évolution mise à mal ?

« Il me semble qu'il y a dans la théorie queer un certain anti-féminisme. »
Judith Butler, Humain, inhumain (éditions Amsterdam, 2005)

Laissons de côté Judith Butler (1) et attaquons-nous de front au mouvement queer tel qu'il s'exprime en France. Pour une critique bien éloignée des philosophes et sociologues qui vont admettre que le genre est certes un peu construit socialement mais que malgré tout notre identité de genre est fondamentalement liée au biologique... comme Naomi Wolf qui nous explique que quand son vagin va mal, c'est toute sa personne qui dépérit. Une critique matérialiste, radicale, du côté des femmes, du côté des dominé-e-s, du côté de ceux et celles auxquel-le-s le queer se donne pour ambition d'accorder un peu d'attention et de bienveillance.

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mercredi, 16 janvier, 2013

Citoyen-ne-s, à vos tirets !

Dans un précédent post, des lecteurs ou lectrices ont pu trouver pénible l'emploi régulier de formules qui permettent de faire apparaître le féminin, écarté des usages habituels de la langue au motif que « le masculin l'emporte sur le féminin ». Un petit « e » coincé entre tirets par-ci par là ou une invention comme « lecteurices » ne me semblent pourtant pas si rebutantes (1)...

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mardi, 8 janvier, 2013

Le do-it-yourself me (fait chier) pose question

Texte repris ici pour publication dans Offensive n°38.

Devant quelques réactions hostiles suscitées par ce texte, je cède à la pression et modifie le titre... L'essentiel étant d'être lue, et bien lue, si ce titre ne permet pas à mes lecteurs et lectrices de considérer un tranquillement toutes les nuances du texte, et de s'engager dans une lecture sans prévention, c'est que c'est un mauvais titre (ou un titre qui a d'autres qualités que celles dont j'ai besoin aujourd'hui.

A l'origine, il y a l'envie d'étendre son champ d'action individuel, de ne plus dépendre de macro-systèmes pour accéder à des biens ou à des services, de produire au plus près des besoins, de se déprendre de la Technique et du capitalisme. Ou ce sont tout simplement des stratégies de survie immédiate : l’essor des magasins de bricolage depuis plusieurs décennies est une réponse à la crise, au chômage de masse et aux salaires qui restent au ras des pâquerettes sous sa menace. Mais c'est peut-être aussi le résultat d'une stratégie de pingre de la classe moyenne pour étendre son « pouvoir d'achat », pour avoir à la fois la rénovation de la baraque et l'écran plat qui trône dans le salon. Aux dépens de professions qui sont perçues comme abusant de leur position sur le marché pour construire de micro-fortunes personnelles (ça fait râler tout le monde de voir son carreleur rouler en 4x4). L'équation est là : bricolage ou professionnalisme, amateurisme ou métier ?

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dimanche, 6 janvier, 2013

Catch féminin et roller derby : ouvrir le champ des possibles

A propos de deux films
GLOW. Gorgeous Ladies of Wrestling, Brett Whitcomb, 2012
Whip It (Bliss), Drew Barrymore, 2009

Le catch dans les années 80 et le roller derby aujourd'hui sont deux expressions féminines bien particulières, mais qui ont à y réfléchir de nombreux points communs. Au-delà du jeu (mettre à terre l'adversaire, se frayer un passage dans le peloton à coups de hanches), ce sont des jeux de rôle qui permettent de se moquer d'identités stéréotypées (Babe la gentille fille du fermier), d'en créer de nouvelles, à l'aide de noms et de costumes, souvent trash, punk ou mauvais genre, toujours ironiques (ici les exemples ne manquent pas, mais je ne sais pas par où commencer), ou de rendre hommage à son histoire et à ses racines (Mount Fiji, Rosa Sparks).

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samedi, 5 janvier, 2013

A la recherche de la "sexualité naturelle"

Voici une lettre envoyée en privé à l'animateur d'un blog écolo, en guise de réponse énervée à un billet qui se targuait de critiquer la technique pour justifier son homophobie. Sans réponse de sa part, je décide de la mettre ici à disposition. Entre temps, Stéphane Lavignotte et moi avons publié une tribune dans le cadre du même débat et avec un angle assez proche.

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lundi, 17 décembre, 2012

Notre-Dame-des-Landes, une histoire de poisson pas frais

Basques ou Islandais, les pêcheurs de l'Atlantique ont découvert il y a plus de mille ans la fabuleuse pêche à la morue. Un poisson très grégaire, donc facile à pêcher, facile aussi à sécher et à conserver grâce à sa faible teneur en gras, de la pure protéine qui alimenta longtemps aussi bien les classes laborieuses européennes que les esclaves des Antilles. Une morue dépose un million d’œufs à chaque période de reproduction, on a donc longtemps cru que les stocks étaient inépuisables. Et quand ils s'épuiseraient, la pêche ne serait plus si fabuleuse et rentable, on n'aurait pas d'autre choix que de l'abandonner pendant quelques années, le temps que les stocks se refassent. Mais les morues juvéniles sont des proies faciles, sujettes à une haute mortalité, et les bateaux de pêche se sont équipés au point de pouvoir scanner le moindre banc à des miles à la ronde. On ne l'a donc pas vu venir, les stocks se sont effondrés en deux ou trois ans, le temps de mettre sur pied des accords internationaux pour un moratoire sur la pêche à la morue en Atlantique... On ne l'a pas vu venir, à part les pessimistes, les naturalistes et les écologistes.

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jeudi, 29 novembre, 2012

Mais non, grosse pute, c'est un article politique !

Je ne résiste pas à la tentation de partager la réception de mon article du 28 juin 2012 sur la légitimité des femmes qui rendent des services sexuels gratuits à intervenir elles aussi dans le débat sur la prostitution. Les lecteurs (allez, je laisse tomber la féminisation, m'étonnerait qu'il y ait autre chose que des mâles) ont un sens de l'orthographe qui flirte avec une certaine poésie. Faire rimer suisse et suce, jusqu'à ce que le sens des mots nous échappe et qu'on n'en entende plus que la musique...

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lundi, 19 novembre, 2012

Il est temps d'arrêter les conneries

Devant la crise climatique, on se sent impuissant : les quantités de gaz à effet de serre s'accumulent dans l'atmosphère, les réfugié-e-s climatiques s'entassent dans des camps, les phénomènes climatiques s'enchaînent (sécheresses, ouragans comme en ce moment sur la côte Est de l'Amérique du Nord, vagues de froid, etc.) et il faudrait diviser par quatre nos émissions... Plus facile à dire qu'à faire, surtout quand on dit que c'est à chacun-e de faire un effort, de devenir un exemple à suivre en mangeant tout local, en ne prenant qu'exceptionnellement sa bagnole et jamais l'avion, alors que tout nous pousse à faire exactement le contraire : l'offre des supermarchés, la structure des villes, le mode de vie des ami-e-s autour de soi.

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vendredi, 21 septembre, 2012

Renversant !

Les stéréotypes sexistes s'imposent avec une force difficile à combattre. La fameuse histoire de madame qui restait épousseter la caverne pendant que monsieur Groumpf allait à la chasse, ce qui expliquerait pourquoi les femmes ne savent pas lire les cartes routières, résiste malgré tout à l'apport de la paléoanthropologie, qui nous apprend qu'avant le Néolithique (1) les femmes participaient au ravitaillement, en se livrant à la cueillette ou en posant des pièges pour les petits mammifères, ce qui leur faisait faire autant de kilomètres, si ce n'est plus, que les chasseurs. Si les femmes ne savent pas lire les cartes routières... c'est qu'on ne le leur a pas appris.

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lundi, 13 août, 2012

Trop queer !

Depuis que l'un de mes potes hétéro a lu Judith Butler, il est devenu lesbienne. La théorie queer a fait valoir le caractère arbitraire des distinctions de sexe : le sexe anatomique, le sexe chromosomique, le sexe hormonal (et j'en oublie) ne dessinent pas des contours si précis du sexe biologique, mâle d'un côté, femelle de l'autre. Et les groupes humains ont établi à ce sujet une variété de codes sociaux qui ne signifie rien d'autre que la grande fantaisie de cette bipartition entre individu-e-s. On pourrait donc naviguer entre les deux genres, être des « gendernautes » aux identités en mouvement. L'accent mis sur la performance du genre par le mouvement queer peut être un geste de libération vis-à-vis de codes sociaux sclérosants, mais peut aussi nier la captivité vécue par la plupart des sujets genré-e-s que nous sommes. Malgré cela, il arrive que quelques esprits brillants, qui croient tout ce qu'on lit dans les livres, trouvent dans le queer des ressources pour recomposer la question féministe de la manière qui leur plaît. Et pour devenir lesbienne en gardant leurs couilles, leur petit bouc au menton et toutes les prérogatives de leur masculinité – dont les grasses blagues avec les copains qu'on appelle Bite, mais aussi l'incroyable complaisance dont ils sont l'objet de la part de leur entourage féminin. C'est pratique.

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mercredi, 4 juillet, 2012

Sur quelques usages politiques du concept de liberté

Libéral, libertaire, même combat ?

Dans un entretien sur sa vie et son œuvre sur France Culture, Serge July, qui s'estime l'inventeur du concept « libéral-libertaire », expliquait pourquoi il était à la fois libéral et libertaire. Libéral pour la liberté d'expression, d'entreprise, pour la démocratie libérale et l'héritage des Lumières (une grande tirade que je résume bien faiblement et de mémoire). Et libertaire... pour l'esprit, quoi. Notre théoricien était bien plus disert. Une pincée de poivre, une petite pointe de subversion dans une pensée bourgeoise ? On lie deux idées politiques, le libéralisme et l'anarchisme, qui n'ont rien en commun, histoire de faire porter sur la première le capital-sympathie de l'autre. Alors que la pensée libertaire combat le pouvoir qui est exercé dans une société par les un-e-s (classes sociales dominantes économiquement ou culturellement, méga-structure étatique, Technique, etc.) sur les autres (humain-e-s, Nature, etc.), le libéralisme s'est distingué par son refus de considérer les rapports de domination... et donc de lutter contre eux. (Et le néo-libéralisme en a rajouté avec une attitude ambiguë à l'égard de l'État, non plus Léviathan à combattre mais seule instance à même de faire accepter la prédation du bien commun et la préservation de l'ordre social.)

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jeudi, 28 juin, 2012

A propos de quelques aspects du débat sur la prostitution

Le nouveau titre de cet article est très ennuyeux, mais j'en avais marre des visites dues à de pauvres recherches Google et je n'étais pas convaincue du caractère pédagogique de ces erreurs d'orientation. Anciennement, donc, "Mais non, grosse pute, c'est pas une insulte !"

Qu'est-ce que j'ai dit ? J'ai fait l'éloge de la peine de mort ? Expliqué comment j'avais voté FN ou fait une sortie raciste ? Non, j'ai juste suggéré que la prostitution faisait partie d'un système hétéro-patriarcal de domination. Pas la grande classe, politiquement, quand on voit l'aura dont jouissent les « travailleurs et travailleuses du sexe » dans les milieux radicaux. Il y a de quoi s'indigner de certaines dispositions dont ils et elles sont victimes (1), mais de là à faire de leur discours l'alpha et l’oméga de la pensée politique sur le sujet, c'est un peu comme si on demandait à l'Armée de décider de notre prochain engagement militaire, ou aux vendeurs/ses de pompes de choisir ce qu'on devrait se mettre aux pieds : laissez la parole aux spécialistes.

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lundi, 25 juin, 2012

Internet et démocratie, retour sur un fiasco

Printemps arabe et enthousiasme global

Rappelez-vous, c'était il y a dix-huit mois : le printemps arabe. L'admiration fusait de toutes parts devant les capacités ouvertes par un certain réseau social à faire triompher la démocratie. La gauche, celle qui voit toujours la révolution à sa porte (Cuba ! la Chine !) et a besoin de modèles politiques prêts à importer comme si elle ne savait pas les inventer, n'en revenait pas : les œuvres philanthropiques d'un milliardaire américain libéraient les peuples ! Les classes moyennes ne s'en émerveillaient pas moins : là-même où elles étalaient complaisamment leur vie privée, se jouait un mouvement historique... délicieux frisson, entre deux « j'aime » et un « veux-tu devenir mon ami-e ». Quant aux classes dominantes, qu'elles aient dû changer ou non leur fusil d'épaule en cours de route, elles se réfugiaient toutes dans les clichés épuisés par les discussions de café du Commerce sur communication, espace public et démocratie. Il y a cent ans le téléphone allait démocratiser la vie publique (rendez-vous compte, on allait pouvoir appeler son député par la magie du réseau téléphonique (1) !), aujourd'hui ce rôle-là incombe à Internet et aux petites vitrines personnelles ouvertes par une grosse entreprise, moyennant quelques indélicatesses (un peu) rémunératrices, pour montrer à son entourage des photos de Sa Majesté Soi-Même en état d'ébriété.

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mardi, 12 juin, 2012

Plus post- que moi, tu meurs !

Comment déguiser le retour de bâton que nous connaissons aujourd'hui dans de nombreux domaines et lui permettre d'apparaître comme un sommet d'innovation ? La réponse tient en quatre lettres : p-o-s-t.

Exit le féminisme, aujourd'hui c'est l'ère du « post-féminisme ». Qu'importe si les dit·e·s post-féministes trouvent dans les écrits (bêtement) féministes matière à pensée et se considèrent comme l'une des vagues de cette tradition qui en a connu de nombreuses. L'idée de table rase flatte quelques ego et fait les délices des journalistes et des intellos en mal de nouveauté. Qu'elle suggère aussi que les inégalités femmes-hommes sont maintenant vécues de manière « décomplexée », voilà un dommage collatéral qui nous en touchera une sans faire bouger l'autre.

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lundi, 28 mai, 2012

La dernière cible de l'inspecteur Harry

Connaissez-vous l'inspecteur Harry ? Un flic aux méthodes expéditives, qui a décidé de ne pas s'encombrer d'un code pénal, fait hurler sa hiérarchie – bien contente tout de même de voir les membres de la pègre californienne tomber sous ses coups sans encombrer les cours de justice. C'est Clint Eastwood qui, des années 70 aux années 80, incarne ce symbole de la justice arbitraire.

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mercredi, 2 mai, 2012

Le nucléaire, symptôme d'une démocratie défaillante

texte paru dans la revue du réseau "Sortir du nucléaire", avril 2012

Alors qu'une écrasante majorité de Français-es se prononce désormais contre le nucléaire, il est vraisemblable qu'à l'élection présidentielle ils et elles seront une écrasante majorité... à voter pour des candidat-e-s pronucléaires. Comment expliquer ce décalage autrement qu'en pestant contre le « manque de cohérence des gens » ? La raison est à chercher non pas dans le manque de vertu politique des électeurs et électrices, mais à la manière dont elle est sollicitée, à travers le processus de la représentation. Cela nous emmène vers un détour historique...

L'invention du gouvernement représentatif

Quand les constituants français reprirent à leur compte au XVIIIe siècle l'idée de démocratie, ils avaient à leur disposition des descriptions précises du gouvernement grec : prise de décision en assemblée par l'ensemble du corps des citoyens (1), magistrats tirés au sort, défraiement indispensable à la présence des citoyens qui travaillaient, etc. Mais ils inventèrent le processus de la représentation, contre la démocratie et pour des raisons qui n'avaient rien à voir avec la plus grande taille des communautés modernes (2).
Permettre à la voix du peuple de s'exprimer à condition que ce soit à travers celle d'un homme qui aura été jugé plus digne que la moyenne de ses concitoyens, c'est introduire dans le suffrage une dimension à proprement parler aristocratique (3) où l'élection est sélection. Les fondateurs du gouvernement représentatif ont théorisé le caractère mixte, entre aristocratie et démocratie, du régime qu'ils ont inventé.
Ce furent d'abord des notables, puis des cadres de partis politiques, qui profitèrent ainsi de la sélection, dont on peut douter qu'elle amène sur le devant de la scène les personnalités les plus brillantes et les plus visionnaires de la société... Mais il reste que ces personnes, une fois élues, sont investies d'une responsabilité très particulière vis-à-vis des enjeux de l'époque.

Le nucléaire, un objet politique aristocratique

Le fossé qui se creuse entre l'opinion générale et la vision des responsables politiques tient à plusieurs raisons. La première est sociologique : par leur sexe, leur âge, leur éducation et leur milieu socio-professionnel, les élu-e-s représentent (au sens de « donner image ») bien mal le corps électoral. Celui qu'on retrouve majoritairement dans les assemblées, par la magie de la représentation et de la sélection au sein des partis, c'est l'homme blanc vieillissant, qui a fait son éducation dans le monde radieux des années 1950 ou 1960, où le Progrès nous apporterait tout le confort imaginable et où une noisette d'uranium (français !) donnerait de l'énergie (gratuite !) pendant un an à une ville de 100.000 habitant-e-s. Cet homme-là est structurellement moins sensible aux questions environnementales que le sont les femmes et les plus jeunes (4).
L'élu-e responsable ne comprend d'autre part la lutte antinucléaire que comme une peur irrationnelle et émotionnelle de l'accident. Devant assumer son devoir au-dessus de ces faibles passions, il ou elle est tenu-e de la négliger dans son analyse politique.
Ajoutez à cela certaines – plus anecdotiques – particularités françaises (le scrutin majoritaire, qui laisse difficilement surgir des forces politiques neuves, et des liens souvent étroits avec l'oligarchie énergétique), et vous avez là les raisons qui font que la plupart des élu-e-s se refusent à céder à l'impulsion générale de sortie rapide du nucléaire.
Nous continuons néanmoins à les élire, sur le malentendu du mandat imprécis qui est l'essence même de la représentation. Même si le nucléaire s'est imposé dans la campagne, le cœur des programmes (qui détermine les choix électoraux) reste pour la plupart des Français-es les questions socio-économiques. Voilà pourquoi, tant que nous ne serons pas consulté-e-s spécifiquement sur le nucléaire (5), nous continuerons à donner malgré nous aux élu-e-s pronucléaires ce qu'ils et elles pensent être des mandats pour continuer leur œuvre. Comme si de rien n'était.

(1) Les exclusions du titre de citoyen sont bien connues, nous n'insisterons pas dessus.
(2) La preuve étant que les outils de la démocratie directe (mandat impératif, tirage au sort) ont été écartés alors qu'ils étaient utilisables dans des États modernes.
(3) Au sens du mot grec aristos, meilleur. Nous n'employons pas ici le mot oligarchie, qui fait florès ces jours-ci, parce qu'il ne contient aucune dimension morale et ne permet pas de comprendre l'essence du gouvernement représentatif.
(4) Depuis des décennies déjà, beaucoup d'enquêtes d'opinion montrent que les Français-es se disent majoritairement volontaires pour arbitrer en faveur de l'environnement, serait-ce aux dépens de l'économie.
(5) Ce peut être à travers un referendum ou une consultation de personnes tirées au sort, qu'on appelle une conférence de citoyen-ne-s. La seconde réunie en France, au début des années 2000, sur le thème de l'énergie, est arrivée à la conclusion consensuelle que nous devions abandonner l'énergie nucléaire... Ses conclusions sont restées lettre morte.

Nucléaire : arguments éthiques, arguments pragmatiques

Si l'on arrive à débarrasser les conflits qui ont secoué le Réseau « Sortir du nucléaire » du bruit qui les a accompagnés et empêché d'y voir un sens politique (et de construire une sortie de crise qui ne le serait pas moins), on peut, me semble-t-il, trouver – ce n'est peut-être pas la seule, mais c'est celle sur laquelle j'ai choisi d'écrire – une opposition entre une critique nucléaire d'ordre éthique, et une autre d'ordre pragmatique. Si on caricature, elle mettrait face à face un langage militant fait d'indignations bruyantes, à force de mots comme « inacceptable ! » et de nombreux points d'exclamation, et un langage, porté par les salarié-e-s et certains groupes, vécu comme technique, gestionnaire, le pendant antinucléaire de la gouvernance qui nous fait hériter du nucléaire.

La posture militante peut paraître dérisoire, dans sa croyance que la puissance du propos fait la puissance de l'action, et qu'elle va emmener avec elle des millions de « citoyen-ne-s » enfin réveillé-e-s de leur rêve bleu ciel et enfin désireux/ses de passer leurs après-midi à défiler en jaune. Elle semble ignorer que les « je vous l'avais bien dit » et les attitudes moralisatrices ont un succès plus que modéré quand on tente d'éteindre autour de soi les bruits du monde pour profiter un peu du confort moderne, ce qui constitue ici et maintenant un rapport au monde généralisé. Ce ventre mou de la France nucléarisée, plutôt méfiant envers le nucléaire mais disposé à l'accepter s'il a bien les vertus qu'on lui vante, on a de bonnes raisons de penser qu'il ne peut basculer qu'à la condition d'être rassuré sur la faisabilité technique de la sortie du nucléaire.

D'où des discours techno qui se développent dans la sphère anti-nucléaire : NégaWatt, Virage énergie sont des associations d'ingénieurs qui manient avant tout les chiffres, et peinent à élargir leur propos, comme en témoigne une réflexion jusqu'ici assez décevante sur la sobriété énergétique (1). Le danger de cette approche, qui séduit les salarié-e-s et une partie des militant-e-s, est de mettre de son côté l'autorité de la raison économique et de la mise en chiffres du monde sans la remettre en question. De manier les armes de la société nucléaire, en acceptant par là même que ce langage soit le seul audible, et que disparaisse de l'horizon une posture morale qui rappelle l'ignominie que constitue le recours au nucléaire.

Car le défi engagé par l'oligarchie nucléaire, qui tient à la confiance absurde que l'accident n'aura jamais lieu, et que les générations futures trouveront une solution pour gérer les déchets, est bien un acte moralement répréhensible, qui engage l'ensemble de la société, sur une temporalité inouïe, pour les lubies de quelques-uns qui auront tôt fait de disparaître sans assumer leurs responsabilités.

Comment éviter de tomber dans l'un ou l'autre écueil ? Pour ne pas se contenter de mettre en scène son intégrité morale à coups d'indignations faciles, ni accompagner une attitude gestionnaire moralement répréhensible ? Une des réponses me semble être de s'attaquer à la raison économique, à l'aura des chiffres et de la technique, non pas pour construire une expertise parallèle, mais pour mettre en évidence la folie de cette raison. Une destruction créatrice et libératrice, qui permettrait enfin d'entendre d'autres voix.

(1) Membre de Rêvolutives, groupe de réflexion écologiste, j'ai participé marginalement à cette réflexion. Et porté à l'AG de janvier 2012 une motion (« Le nucléaire, c'est la crise économique ! ») qui engage le Réseau à travailler sur le vrai prix du nucléaire...

dimanche, 11 mars, 2012

Comment penser l'après-choc ?

Texte publié dans La Décroissance de février 2012

Les écolos font de bons futurologues, quand on compare leurs analyses à celles qui dominent par ailleurs, dont la vision de l'avenir a du mal à se déprendre d'une simple extrapolation de la situation actuelle. Et encore, quand cette situation change a-t-on parfois du mal à s'en rendre compte ! Des années après les premiers signes d'une décroissance des transports, on continue à construire des autoroutes... J'apprécie cette image qu'utilise Yves Cochet, qui décrit des analystes le nez sur les graduations d'un verre mesureur, capables d'évaluer les moindres variations et d'imaginer la vitesse à laquelle on atteindra tel repère... sans se rendre compte que le verre a un bord, bientôt atteint, et que nous sommes près de le voir déborder.

Mais est-ce la vision à laquelle je souscris ? Dans le premier numéro de la revue L'An 02, dont une partie est consacrée à notre rapport au temps et aux délais dans lesquels nous inscrivons notre action, nous avons publié un article d'Antoine Chollet, grand lecteur de Castoriadis et auteur d'une thèse sur le temps de la démocratie. Il écrit « Si catastrophe il y a, elle est déjà sous nos yeux ». On peut s'opposer à certaines conséquences de cette position, qui sous-évalue peut-être les difficultés qui nous attendent. Mais elle a le mérite de ne pas se satisfaire du monde dans lequel on vit, ou de ne pas le refuser pour l'unique raison qu'il porte en germe son effondrement. Le monde est déjà invivable pour beaucoup, et nous avons déjà de nombreux signes de ce qui nous attend : l'accaparement des terres agricoles nous rappelle que l'agriculture est un socle indispensable à nos sociétés, et que les terres cultivables sont un bien précieux ; les réfugié-e-s climatiques annoncent des désordres qui seront plus graves qu'un été pourri, etc.

Le « choc » dont vous parlez ne sera pas une surprise, peut-être ne sera-t-il même pas un mouvement de forte rupture mais une dégradation continue de notre organisation sociale et politique. Et de notre environnement. On ne saura peut-être pas le dater, mais on se rappellera quelques moments critiques (l'arrivée au pouvoir dans certains pays de « gestionnaires » nommés en raison de leur orthodoxie économique en sera certainement un) et quelques occasions manquées (le Grenelle de l'Environnement, le sommet de Copenhague, etc.).

Même si ce choc est une source d'angoisses légitimes, je ne défends pas une vision de l'écologie qui serait le versant malheureux du Grand Soir révolutionnaire, tout entier tourné vers l'anticipation d'un avenir désastreux. Le présent porte en lui assez de raisons de s'indigner, de s'organiser pour ne pas laisser se dégrader notre environnement social et naturel.

Penser l'après-choc, c'est penser la vie bonne, autant ailleurs (où nous délocalisons nos nuisances, ou que nous pillons allègrement) et demain (avec le souci pour les fameuses générations futures) qu'ici et maintenant. Pour prendre un cas d'école, l'étalement urbain est un enjeu pour demain, parce que le prix élevé du pétrole rendra plus difficile le transport des produits agricoles sur de longues distances, et parce que les zones rurales éloignées des bassins de population sont bien moins productives que les vallées fertiles où l'humanité s'est installée en nombre. Mais dès aujourd'hui les ménages pauvres qui se sont éloignés de la ville sont les prisonniers de leurs campagnes banlieusardes, où la voiture est quasi-indispensable alors que son utilisation est toujours plus coûteuse. Dès aujourd'hui les vocations de nos ami-e-s pour produire non loin des villes légumes et fruits de qualité sont entravées par un accès difficile aux terres agricoles, consacrées par les PLU à de nouvelles zones pavillonnaires ou réservées à la concentration des « exploitations » de type industriel. Et dès aujourd'hui nous avons de très, très bonnes raisons pour faire des choix en faveur de cette vie bonne. Se soucier du lendemain, et de la manière dont nous éviterons le choc ou vivrons avec, n'est pas incompatible avec nos aspirations présentes.

vendredi, 11 novembre, 2011

Le monopole radical des rythmes de vie

Une deuxième version de mon intervention au colloque « Sortir de l'industrialisme », où je participe à la table ronde « Quels rythmes de vie défendre contre l'industrialisme ? »

L'industrialisme nous a fait deux promesses : celle de l'abondance et celle de ménager notre peine, à la fois en rendant le travail moins pénible (les tâches répétitives ou éprouvantes étant vouées à disparaître) et moins prégnant dans nos vies. La mécanisation du travail et le passage de l'artisanat à l'industrie, le remplacement dans l'agriculture de la main d'œuvre par la chimie, avec les avantages que certains intérêts ont pu y trouver et les défauts qui sont parallèlement apparus, sont des tableaux bien connus.

Ce qui est moins souvent interrogé, c'est à quel point ces deux objectifs, d'abondance et de fin du travail, se font concurrence. Notre époque d'abondance cède peu de terrain à la recherche du « travailler moins », et dans un arbitrage pas assez conscient. La réduction du temps de travail, comprise dans les années 1990 comme l'avenir de l'espèce avec entre autres les travaux d'un théoricien technophile comme Jeremy Rifkin, est un mouvement bien lent, battu en brèche dans la France des années 2000 où il se heurte au choix de l'abondance, c'est à dire au choix d'un travail bon marché. Travailler plus fait baisser la valeur du travail (et donc la valeur des biens de consommation et des services) en mettant plus d'heures sur le marché. Et certains dispositifs comme la défiscalisation des heures supplémentaires ont été élaborés pour faire baisser encore le coût de l'heure de travail, avec pour conséquence le sur-travail des insiders et un nombre croissant d'outsiders. Ce sur-travail est la norme, le temps partiel étant une caractéristique des seuls emplois mal rémunérés et sans responsabilité. Quand la moitié des économies dégagées par le non-renouvellement des fonctionnaires est consacrée à faire supporter, par des primes et gratifications diverses, l'intensification de leur travail par ceux et celles qui restent, on est face à un projet de société où nos vies ne seront jamais libérées du travail, sauf à être privées dans le même temps d'un revenu et de l'autonomie, de la capacité d'action, qui l'accompagnent.

Dans les transports aussi, le course à la libération du temps est un échec. La motorisation a fait exploser les distances sur lesquelles nous nous permettons (ou bien sommes tenu-e-s) de nous déplacer, à un coût qui a lui aussi son influence sur notre emploi du temps, comme le montre le calcul de la vitesse généralisée d'Ivan Illich et de Jean-Pierre Dupuy, qui compte aussi bien le temps consacré conduire sa voiture qu'à gagner l'argent nécessaire à son entretien. Et le mouvement continue, grignotage de la campagne péri-urbaine d'un côté, avec ses grandes surfaces et ses pavillons, et infrastructures de transport de l'autre : il faut engloutir des budgets publics considérables et détruire des hectares de forêts pour mettre Toulouse à trois heures de Paris avec le TGV, il faut encore tracer des autoroutes dans un des pays les mieux pourvus d'Europe. Tout pour gagner du temps qu'on consacrera à aller plus loin, dans un phénomène de contre-productivité très bien décrit par Illich (encore lui, décidément Énergie et équité est un livre essentiel). Et l'équipement du pays entier se calque sur les besoins de la classe sociale dominante, friande de day trips à l'autre bout du pays, pour une réunion de travail ou une sortie culturelle.

A la maison aussi, on nous a après guerre promis un équipement pour « libérer la femme » et le temps qui était consacré à laver le linge ou la vaisselle, réchauffer une soupe ou un biberon, râper des carottes. Mais la participation toujours trop faible des hommes aux tâches domestiques n'a pas libéré les femmes de leur rôle social de ménagère. De quelle libération parle-t-on, quand dans des vies trop pleines la moindre heure se remplit aussi vite ? Le temps dédié aux loisirs augmente, mais ces loisirs échappent-ils vraiment au productivisme ambiant ? La dernière enquête « emploi du temps » de l'INSEE décompte deux heures par jour en moyenne consacrés à la télévision, et plus encore pour Internet qui vient de dépasser la petite lucarne. Dans d'autres classes sociales on court derrière le visionnage de films, la visite au pas de charge d'expositions, l'accumulation de disques... Et le temps dédié à des activités physiologiques de base, comme le sommeil, diminue constamment.

Le travail est bien le nœud de nos vies trop pleines. Derrière cette course contrainte à l'activité, il y a cependant une course dans laquelle nous sommes engagé-e-s à notre initiative, mais sur des modèles sociaux que nous prenons rarement le temps de questionner. Et quand nous le faisons, quand nous réalisons que nous n'avons « pas assez de temps pour nous », les activités civiques sont les premières à disparaître. Le temps pour et avec les autres sert de variable d'ajustement. Quelques-un-e-s d'entre nous ont fait le choix de dédier le temps libéré par le chômage (volontaire ou forcé) à des activités politiques, associatives. Et les voient petit à petit désertées par les insiders, par ceux et celles qui mènent une activité productive rémunérée. Le sur-travail contraint bien trop une partie du temps pour que l'usage de l'autre partie soit véritablement libre. Et comme c'est ensemble que nous faisons société, il y a là un véritable monopole radical de ce mode de vie sur les autres : le champ des possibles, des actions à mener collectivement, en-dehors de la famille et du boulot, se restreint comme une peau de chagrin.

Industrialisme et liberté

Une intervention au colloque « Sortir de l'industrialisme », où je participe à la table ronde « Quels rythmes de vie défendre contre l'industrialisme ? »

Plus que le confort, la société industrielle nous a promis la liberté. Elle travaille à la rupture avec les contraintes naturelles et nous fait miroiter un être humain délivré du boulet que constituerait la nature : l'espace et le temps, notamment, ne doivent plus être des obstacles à notre épanouissement. De quel épanouissement s'agit-il ? Et vaut-il vraiment la peine de voir nos vies envahies par les objets et systèmes industriels, que ce soient des inventions hypermobiles comme la voiture et le TGV, ou des machines énergivores ?

La voiture a considérablement accru notre champ d'action, et notre voisinage immédiat s'étend désormais dans un rayon de 100 km. Mais ce miracle quotidien, vite rattrapé par d'autres contraintes abondamment décrites dans l'œuvre d'Ivan Illich (1), a perdu de sa saveur, aussi bien pour les personnes qui en font l'usage que pour celles qui le critiquent. Lesquelles ont d'ailleurs compris qu'après le désir d'abolir des distances c'est finalement la volonté d'avoir en tous lieux un espace privatif qui a fini par avoir cours. Les automobiles nous transportent toujours, certes, mais quand la plupart des trajets se font en ville et sont inférieurs à 3 km, on comprend bien que leur usage sert la protection, l'isolement, voire la rupture. C'est dans les villes du Tiers-Monde que ce phénomène est le plus sensible, où la voiture individuelle accompagne une fracture sociale entre les habitant-e-s des bidonvilles, qui se font écraser autant qu'ils et elles meurent d'une eau souillée (2), et les classes moyennes qui se protègent de l'agression en prenant leur voiture... et du car-jacking (agression des automobilistes) en faisant construire des aménagements qui limitent les obligations de s'arrêter (3).

Le TGV présente des caractères similaires à l'usage de la voiture dans les grandes villes des pays pauvres, à savoir la prédation de ressources publiques pour des équipements utilisés en grande partie par les classes aisées, comme l'a rappelé l'économiste et opposant aux infrastructures de transport Julien Milanesi (4). Mais cette question reste marginale, et le discours autour du TGV mobilise surtout les images les plus fortes de l'hypermobilité et la volonté la plus claire d'effacer les contraintes naturelles : « Toulouse ne peut, ne doit pas rester aussi loin de Paris ». Mais alors que faire ? Certainement pas déménager l'agglomération des bords de la Garonne vers ceux de la Loire. Plutôt tracer dans la géographie du Sud-Ouest des lignes à grande vitesse qui mettront Bordeaux à deux heures de Paris, et Toulouse à une heure et demie de Bordeaux. Nier cet espace, ces 800 ou 900 km, en donnant les moyens de les franchir plus vite, c'est aussi « libérer » le temps de ses utilisateurs et utilisatrices, à qui une heure de lecture ou de méditation fait si peur.

De la même façon, équiper les maisons en appareils électro-ménagers, c'est « libérer » le temps jadis consacré à laver le linge ou la vaisselle, réchauffer une soupe ou un biberon, râper des carottes. Automatiser des activités productives, à l'usine ou au bureau, c'est de même « libérer » le temps des travailleurs-ses... Mais les bonds de la productivité n'ont été consacrés qu'en une très faible partie à moins nous contraindre à travailler. Ils ont avant tout servi à faire exploser la production de biens et de services. Ainsi que la quantité d'énergie nécessaire au mode de vie industriel. Alors quelle libération ? La durée légale du travail ne compense pas les augmentations de productivité, et l'écart est toujours plus sensible entre la quantité de travail valorisable sur le marché et le nombre des travailleurs-ses disponibles pour l'effectuer. Écart connu sous l'expression « chômage de masse » et que l'on considère comme le plus grand fléau de notre société. Cette durée que l'on peine tant à diminuer ne permet en outre pas de consacrer assez de temps à une vie sociale, amicale, familiale, politique, culturelle, artistique ou sportive épanouie. La société industrielle n'est pas le jardin d'Eden qu'on nous avait promis, mais une « course de rats » toujours plus rapide, pleine d'objets et de services pour compenser tant bien que mal l'inhumanité de notre condition.

Quelle libération encore, quand dans la plupart des ménages les rôles de genre imposent toujours aux femmes cinq heures de travail domestique quotidien, sans que la participation des hommes ait sensiblement varié (5) ? Peut-on véritablement parler de libération, parce que laver le linge ne demande plus une matinée les mains dans l'eau froide, alors que le sexe biologique enferme toujours aussi mécaniquement dans un rôle social ? Ni les trajets en TGV, ni les programmes « express » de nos machines ne parviennent à libérer notre temps. Car cette libération ne peut être l'effet de l'industrialisation de notre mode de vie. Elle doit être un objectif collectif, politique, en rupture avec le productivisme et l'industrialisme. Serge Moscovici, penseur essentiel des rapports entre l'être humain et la nature, mettait cet objectif au centre de l'action pour un monde désirable : « Le problème du temps, les cycles, c’est important dans le rapport à la nature. (…) Je pense que les écologistes doivent penser (...) en introduisant quelque chose auxquels les gens ne pensent pas : le problème du rythme et du temps (6). »

Notes
(1) Ivan Illich, Énergie et équité, Le Seuil, 1973.
(2) « Les personnes les plus en danger sont celles qui ne pourront jamais s’offrir une voiture de toute leur vie », réseau OMS accidents de la route, cité dans Mike Davis, Le Pire des mondes possibles (sic). De l'explosion urbaine au bidonville global, La Découverte, 2007.
(3) Mike Davis, op. cit.
(4) Julien Milanesi, « Qui utilise le TGV ? », publié le 8 février 2011 sur http://blogs.mediapart.fr/blog/julien-milanesi.
(5) Dominique Méda, Le Temps des femmes, Flammarion, 2001.
(6) « Le mouvement écologiste devrait se considérer comme une minorité », entretien avec S. Moscovici par Stéphane Lavignotte, mai 2000.

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