A propos de quelques aspects du débat sur la prostitution

Le nouveau titre de cet article est très ennuyeux, mais j'en avais marre des visites dues à de pauvres recherches Google et je n'étais pas convaincue du caractère pédagogique de ces erreurs d'orientation. Anciennement, donc, "Mais non, grosse pute, c'est pas une insulte !"

Qu'est-ce que j'ai dit ? J'ai fait l'éloge de la peine de mort ? Expliqué comment j'avais voté FN ou fait une sortie raciste ? Non, j'ai juste suggéré que la prostitution faisait partie d'un système hétéro-patriarcal de domination. Pas la grande classe, politiquement, quand on voit l'aura dont jouissent les « travailleurs et travailleuses du sexe » dans les milieux radicaux. Il y a de quoi s'indigner de certaines dispositions dont ils et elles sont victimes (1), mais de là à faire de leur discours l'alpha et l’oméga de la pensée politique sur le sujet, c'est un peu comme si on demandait à l'Armée de décider de notre prochain engagement militaire, ou aux vendeurs/ses de pompes de choisir ce qu'on devrait se mettre aux pieds : laissez la parole aux spécialistes.

Toutes dans le même bateau

Au nom de quoi faudrait-il aligner notre position sur celle des putes ? Virginie Despentes, théoricienne pro-sexe (2), a le mérite de la cohérence quand elle appelle toutes les femmes à se prostituer en guise d'empowerment. Les relations femmes-hommes sont à notre désavantage ? Le mariage est souvent un mauvais parti pour les femmes (3) ? Reprenons le dessus en monnayant nos rapports sexuels. On n'ose pas imaginer le tableau, les cotes ridicules des grosses, des vieilles et des moches (et les possibles invendus), quand les bombasses explosent tous les prix. Certes les relations de séduction ne sont pas exemptes de logiques, plus ou moins conscientes, de marché et de négociation, mais dévoiler des cotes précises serait la cerise sur le gâteau du régime capitaliste ultra-violent sous lequel nous vivons... Le propos de Despentes a malgré tout ce mérite de tisser un lien entre putes et « femmes gratuites », de ne pas prétendre à l'existence d'une zone stérile entre les mamans et les putains. Car il y a bien un lien entre les deux classes sociales, et une compétition qui se joue entre les deux. Laisser la parole uniquement aux putes, c'est accepter que les femmes gratuites ferment leur gueule en acceptant la concurrence.

Concurrence déloyale ?

Il est tenu pour acquis que les hommes peuvent choisir entre des rapports sexuels pour lesquels il faut aligner les biftons et d'autres pour lesquels il faut montrer un peu de bienveillance et d'implication... Extrapolons pour faciliter la compréhension : au nom de quoi ne me permet-on pas de faire cesser mon chômage de très longue durée en proposant aux employeurs un contrat de travail à 5 euros de l'heure, sans cotisations sociales, 60 heures par semaine, révocable d'un mot ? Parce que les travailleurs et travailleuses se sont organisé-e-s et ont lutté ensemble pour établir une norme de rémunération et de qualité du travail. Les femmes gratuites sont une classe sociale, en lutte contre le patriarcat pour des relations femmes-hommes moins désavantageuses, et qui ont toute légitimité pour refuser le dumping sexuel exercé par d'autres femmes, aussi vulnérables soient-elles, et pitoyable leur condition sociale (4). Si les femmes gratuites sont absentes du débat, caricaturées sous la forme de bourgeoises « anti-sexe » ou catholiques, ça n'est pas une victoire des travailleurs/ses du sexe... mais du patriarcat au profit de qui s'exerce la concurrence. Et qui, lui, est souvent sollicité à travers la figure du client. Sans vouloir stigmatiser les mâles hétéros qui s'intéressent au sujet (j'ai des copains dont c'est le cas), je m'étonne quand même de les croiser en plus grand nombre dans ce débat-là, alors qu'ils brillent par leur absence quand on parle de violence contre les femmes ou autre question anecdotique. La prostitution est, qu'on le veuille ou non, une pression de plus exercée sur la sexualité des femmes par le système hétéro-patriarcal, et celles à qui il aura été proposé par un amant de reproduire une figure pornographique (5) comprendront très bien de quoi je parle...

Une question de domination

Mais cette lutte des classes entre femmes et hommes, et l'instrumentalisation qui peut être faite de la liberté de quelques-un-e-s, disparaît du tableau quand on parle de « travailleurs et de travailleuses du sexe », femmes et hommes demandant dans un même mouvement et la dignité, et la liberté de leurs occupations. Les hommes prostitués ne sont pas seulement bien moins nombreux, ils ont aussi une relation moins contrainte et plus intermittente à la prostitution. Et tou-te-s exercent leurs activités au profit des hommes. On peut toujours demander, dans une perspective de nivellement des conditions de genre, l'accès pour les femmes à des services sexuels monnayés (à un prix moins excessif que ceux des gigolos pour grandes bourgeoises, ce qu'on pourrait oser appeler une démocratisation de la prostitution pour femmes), comme si c'était seulement le hasard qui avait mis la prostitution au service quasi-exclusif des hommes... En serait-on plus avancé ?
C'est le projet de société qui a eu cours ces dernières années en matière de nettoyage de chiottes : mettre les classes pauvres au service de classes aisées plus larges (6). Loin d'associer la prostitution au sexe (et d'accorder un statut particulier à ce type de relation, vécue comme magique et nécessairement associée au sentiment amoureux), je l'associe au ménage. Faire nettoyer ses chiottes (ou autre service dont vous aurez l'idée) par une femme pauvre, alors qu'on a au moins une main et qu'on pourrait en faire usage soi-même (7), est pour moi l'un des visages de la violence sociale. Laquelle n'est pas une donnée anthropologique, mais un fait construit politiquement. Ainsi, ce que certain-e-s se complaisent à appeler le « plus vieux métier du monde », de même que l'emploi des gens de maison, prolifère sur les inégalités sociales. Mais aussi sur la guerre (ou présence en nombre d'hommes arrachés à leurs liens avec des femmes gratuites). Et sur la violence des rapports entre femmes et hommes, qu'elle nourrit en retour. Une société prostitutionnelle ? Je n'ai, en tant que femme, et femme pauvre, aucune raison d'accepter.

NB : Merci à Monika, Florence, Isabelle et Bertrand.

(1) Un régime qui accepte l'exercice de la prostitution, en retire des bénéfices via la fiscalité, mais en rend ses conditions toujours plus pénibles et dangereuses, mérite à juste titre d'être stigmatisé. Entre interdiction du racolage « passif » et qualification en proxénétisme de toute solidarité entre prostitué-e-s, on ne sait pas quelle est la mesure la plus hypocrite et abjecte. Comme quoi on peut accepter la prostitution tout en pourrissant la vie des prostitué-e-s (ou bien se soucier de leurs conditions de travail tout en refusant son acceptation sociale).
(2) En France on connaît la vitalité du mouvement « anti-sexe », qui s'est exprimée par exemple dans les commentaires graveleux sur l'affaire DSK... Le patriarche gaulois, avec ses mains baladeuses et sa manière de considérer chaque femme, même au travail, comme un bout de viande, donne le ton en matière de relations femmes-hommes et il est bien « pro-sexe ». La notion est complètement inopérante dans le contexte français, et son importation depuis l'Amérique du Nord fausse les termes du débat.
(3) Anne-Marie Marchetti, dans son excellent bouquin Perpétuités. Le Temps infini des longues peines (Plon, « Terre humaine », 2001), signale que les femmes en détention pour de longues peines ont l'air d'avoir dix ans de moins que celles qui sont en plein air (et les hommes dix de plus) : un indice ?
(4) A nous de penser une autre protection pour les plus fragiles que la possibilité de baisser la norme collective.
(5) Lire, sur ce sujet de l'intrusion de la pornographie dans les autres relations sexuelles, « Le regard pornographique sur la fellation ». Cet article rappelle aussi que la pornographie est, étymologiquement, non pas la représentation de la sexualité, mais de la prostitution (pornè).
(6) Lire à ce sujet l'étonnant essai de Sandrine Rousseau, Du balai. Essai sur le ménage à domicile et le retour de la domesticité, Raisons d'agir, 2011.
(7) Surgit ici la problématique, elle aussi souvent artificiellement dégenrée, du care. A ma connaissance, les services sexuels accordés en Suisse aux handicapé-e-s consistent moins en un vidage de couilles remboursé par la Sécu qu'en un apprentissage, avec les soins d'un ou d'une infirmièr-e, des gestes de la masturbation : trouver des positions adaptées au handicap et laisser derrière soi les barrières psychologiques et sociales qui peuvent empêcher (les femmes notamment) d'y avoir recours. Rien à voir avec ces films où des mecs en fauteuil vont aux putes...

Commentaires

1. Le vendredi, 29 juin, 2012, 15h41 par fred

bravo !!!

2. Le jeudi, 29 novembre, 2012, 17h47 par Jérôme

Despentes est critiquée aussi : http://loralarate.lezspace.info/201...

Et des hommes pensent ça de la prostitution : http://zeromacho.wordpress.com/

3. Le dimanche, 2 décembre, 2012, 22h11 par Aude

Merci pour le lien vers Zéro Macho.

J'aime bien Despentes, sa façon de faire apparaître la violence qu'on tente de cacher, et sa cohérence sur le sujet. Moi aussi je suis plutôt Bisounours, alors son côté no future ne me semble dessiner aucune porte de sortie politique, mais ça fait vraiment plaisir de voir le patriarcat mis en lumière sous des couleurs aussi justes et écœurantes. Des descriptions sans aucune complaisance. Pour les conclusions, je vais voir ailleurs, mais je ne me laisse pas rebuter par les descriptions, bien au contraire, elles me semblent constituer des coups de pied au cul assez utiles ! La réception ci-dessus me semble pleine de malentendus, mais on ne peut pas dire que le style Despentes ne les mérite pas, avec son écriture de bulldozer.

4. Le lundi, 24 décembre, 2012, 21h03 par Aude

Vu la semaine dernière The Session, un film de Ben Lewin basé sur l'article "On Seeing a Sex Surrogate" de Mark O'Brien. C'est l'histoire vraie d'un homme lourdement handicapé qui à 38 ans décide d'avoir une expérience sexuelle. Comme on est à San Francisco à la fin des années 1980, et que Mark O'Brien est un intello et un poète, il va voir du côté de l'université et des études sur la vie sexuelle des handicapé-e-s, et découvre le travail de thérapeutes sexuel-le-s (sex surrogates, je ne sais pas si je traduis bien). Il décide de faire appel à l'une d'entre elles. La relation qui se joue entre les deux est super intéressante, après quelques malentendus (il pense devoir la payer avant, comme une pute, alors que chez la psy ou la psychomotricienne on paye après) et fait l'objet d'une grande partie du film.

Le travail de la thérapeute est impressionnant et impossible à confondre avec la mise à disposition d'une chatte. Mark a plein de barrières : il est catholique (mais son curé est super cool !), il ne peut bouger aucun muscle à part ceux du visage et, ne pouvant pas se masturber et étant dépendant d'assistant-e-s pour tous les gestes de la vie, il a des érections et des éjaculations sans aucune intimité, ce qui multiplie dans des proportions inimaginables la culpabilité qu'il développe vis-à-vis de sa sexualité.

Malgré ces barrières mentales et physiologiques, la thérapeute arrive, en quatre séances, à lui faire faire le truc dont il rêve : avoir un coït avec une femme. Et pendant le processus (compliqué, parfois pénible) on se retrouve à réfléchir sur sa sexualité à soi et à son apprentissage, et à se rendre compte que ce n'était pas joué d'avance, d'arriver à être à l'aise avec un truc pareil...

Certes la thérapeute (incarnée par une femme mûre, hédoniste mais heureuse en mariage, et d'une beauté atypique) engage tout son corps, elle couche avec Mark, mais elle engage aussi une intelligence et une technique qui ne sont pas que celles d'une "bonne baiseuse" mais d'une psychologue. Et elle s'engage dans des thérapies courtes, de six séances maximum, parce que son travail a pour objectif l'évolution de la personne, globalement, pas l'entretien de sa plomberie.

Que ce métier serve de prétexte à l'acceptation sociale de la prostitution, soit grosso modo la mise à disposition sexuelle de femmes pauvres à des hommes aisés et la réitération du schéma androcentré de disponibilité des femmes, ben ça me fout encore plus en rogne qu'avant d'avoir vu le film. J'imagine que beaucoup de prostituées sont très fines et assez délicates pour aider des mecs dans leur sexualité, mais il s'agit de défendre ou de combattre un système clairement capitaliste et patriarcal. Alors les handis (mâles, parce que les désirs féminins on s'en branle, au cinéma comme ailleurs) qui servent de prétexte pour les personnes qui profitent peu ou prou du système prostitutionnel, c'est juste écœurant.

Ça finit comment ? Mark est un type drôle et attachant, et à force de rendre très malheureuses des femmes qui s'attachent à lui sans vouloir accepter leur relation, il rencontre une femme (gratuite) avec laquelle, on l'imagine, il invente une sexualité qui n'a rien à voir avec le service et se déroule entre pairs.

5. Le mardi, 24 septembre, 2013, 10h17 par benoit

Justement Aude, je n'ai pas compris quel diktat intellectuel veut nous faire croire que si on autorise le service d'assistance sexuelle, cela autorise de facto la prostitution.

Pour moi cela n'a rien à voir : d'un côté cela concerne des gens qui assument leur besoin d'être aidés à résoudre un problème sexuel et qui sont prêts à passer du temps pour ça, sans se cacher, c'est un échange humain avec quelqu'un qui a des compétences d'écoute, de compréhension et de bienveillance.
De l'autre ça concerne des gens pressés, à la sauvette, qui n'assument pas devant leur entourage proche. Des gens qui n'ont pas de temps à consacrer à la question du "désir", qui ont des envies qu'ils assouvissent comme des besoins, en occultant, en niant la personne qui habite dans le corps qu'ils consomment. Ce n'est qu'un échange animal, pour ne pas dire prédateur.
Autorisons les actes de services sexuels en 6 séances prescrits par un spécialiste pour remplir des objectifs assumés, à mon avis les prostituteurs resteront planqués..

Un autre point important. Dans le film "the sessions", l'actrice est sexy.
C'est un détail absolument fondamental car cela peut distinguer deux philosophies opposées sur le sujet de l'assistance sexuelle aux handicapées.
Un tel métier ne devrait pas exiger d'avoir un physique d’hôtesse de l'air. Il ne s'agit pas d'inventer des hôtesses du sexe, mais des gens qui apprennent à des gens à vivre correctement leur plaisir sexuel.
Faire intervenir le physique, c'est court-circuiter la construction du désir sexuel en s'appuyant sur le désir conformiste : fille objectivement sexy = envie de la baiser.
On n'aide pas forcément le "patient" à progresser, on lui donne ponctuellement une occasion de compenser son handicap en faisant comme si une fille sexy voulait coucher avec lui. C'est l'aspect illusoire de la prostitution que de se satisfaire ce désir factice, illusoire plus ou moins monnayé.
Je ne suis donc pas d'accord avec une approche "père noël", l'idée que les valides fassent des cadeaux de la sorte aux invalides pour apaiser leur culpabilité face à l'injustice du handicap. Ce ne serait que pure charité.
Par contre que les valides aident les invalides à mieux vivre leur handicap, en leur facilitant la vie et en leur donnant des outils, des initiations, des séance de travail, là oui. Dans l'absolu, ce metier devrait aussi bien ouvert aux femmes qu'aux hommes. La question de l'orientation sexuelle du patient a certes une incidence, mais si on envisage l'assistance sexuelle comme un apprentissage et non une compensation, le genre de l'instructeur n'a plus de sens..

Bref, faut choisir entre charité et solidarité, comme on le distinguait dans cette discussion :
http://seenthis.net/messages/176851

6. Le mardi, 24 septembre, 2013, 11h00 par Aude

Salut Benoît.

Le lien entre l'assistance sexuelle et la prostitution, il est fait par les réglementaristes pour faire avancer l'un derrière l'autre en alimentant une confusion sur le "droit à la sexualité", et on tombe d'assistance sexuelle para-médicale en Nationale 7. Mon propos portait sur la différence entre les deux, qui est bien montrée dans le film.

Et Helen Hunt est très belle, mais au cinéma pour les femmes la beauté est quasiment une obligation (pour les acteurs, un peu moins !). Son physique ne sert sûrement pas le propos sur le travail de son personnage, mais j'ai trouvé que c'était déjà pas mal de montrer une femme mûre.

7. Le mardi, 24 septembre, 2013, 12h19 par benoit

Ah oui, Nationale7, j'avais beaucoup apprécié ce film à l'époque mais il est vrai que j'avais moins réfléchi à la question à ce moment là, j'avais moins de recul et de sensibilité, notamment sur cette idée de charité malsaine, au détriment des femmes.

Tout à fait d'accord pour ta remarque sur le cinéma.

Concernant le "droit à la sexualité" en aucun cas ça ne peut constituer une droit universel "garanti" de l'individu tel que défini dans la constitution, et de plus ce n'est pas parce qu'on reconnait un besoin d'assistance sexuelle que cela implique la libéralisation de l'activité commerciale des services sexuels à la personne.

Quand bien même on dirait que l'épanouissement sexuel deviendrait un droit acquis de l'individu, il n'y a que les libéraux pour penser qu'il faut en libéraliser le commerce.

En fait simplement j'aimerais bien qu'on puisse sortir du débat binaire pour/contre, tout ou rien...

8. Le mardi, 24 septembre, 2013, 16h59 par Aude

Ce "droit à la sexualité" qui sert la confusion est très libéral, ça doit être un cas d'école !

9. Le jeudi, 26 décembre, 2013, 00h28 par Alice

Voilà une belle analyse.

Étant pute par choix, après une douloureuse expérience du salariat, je suis bien d'accord : dans "travail du sexe", le problème est avant tout "travail".

Comme tout travail de care et de service, il croise la domination de genre avec celle de classe. Comme tout travail fortement dévalorisé, il croise la domination blanche avec les précédentes.

Si le gouvernement souhaite alourdir le poids de la semi-clandestinité qui s'ajoute déjà aux autres dominations, ce n'est pas pour voler au secours de "ces pauvres femmes", ni pour libérer toutes les autres femmes du sexisme que ce métier diffuserait (à lui seul ?) dans toute la société.

Si les répressionnistes sont si actifs (oh, j'ai encore dit répressionnistes ? en novlangue, c'est "abolitionnistes" je crois) c'est parce que sans un durcissement de la répression, ce métier pourrait devenir enviable, comparé à ce qui est imposé aujourd'hui à n'importe quelle petite vendeuse ou magasinière.

Il ne faudrait pas que ça arrive, parce que pute, c'est tout en bas, pire que caissière ou éboueur, et ça doit le rester ; où irait-on si les gens se rendaient compte que le salariat est tombé si bas ? ça reviendrait presque à instaurer un revenu de base décent : les gens ne seraient plus terrorisés à l'idée de perdre leur boulot !

Mais comme dans tout métier, il existe des possibilités de lutte, d'amélioration des conditions de travail. Les gens se sont battus pour que personne, même à la dèche, ne puisse accepter ("librement") un job à 5 euros de l'heure où le patron pose ses conditions. Les putes aussi sont capables de défendre leur bifteck ! On l'a d'ailleurs déjà prouvé (mais comme c'était dans les années 70, tout le monde a oublié).

En attendant, je préfère ce métier à celui de libraire ou à n'importe quel boulot salarié. En free-lance, tu n'as pas de patron. Je ne suis pas webdesigner, la traduction et le graphisme m'emmerdent, par contre j'aime le sexe. Alors pute, oui, parmi les options que j'avais, c'est ça que j'ai choisi.

Et certes, beaucoup d'autres ont moins d'options que moi, je suis privilégiée. Mais moi je les côtoie, ces "victimes des réseaux", ce sont mes collègues, mes copines, et quand je dis nous, c'est vraiment nous. Et voilà ce que nous répondons à vos divers apitoiements :

Nous ne voulons pas de pitié. Nous voulons les mêmes droits que tout le monde, et comme c'est vraiment peu, nous voulons aussi que tout le monde ait plus de droits. Voire, rêvons un peu, la fin des classes sociales, du sexisme et du colonialisme.

10. Le vendredi, 14 novembre, 2014, 13h52 par pierre

Selon votre affirmation, les hommes prostitués ont comme clients des hommes. Faux !
Certes, il existe une prostitution masculine homosexuelle, mais elle n'est pas la seule. Il y a aussi des prostitués pour femmes. D'ailleurs, la prostitution féminine lesbienne existe également.

11. Le lundi, 17 novembre, 2014, 11h35 par Aude
Bingo antiféministe ! Poser comme symétriques des réalités qui n'en sont pas, mot compte triple. Les riverain-e-s ne se plaignent pas du tapinage des hommes à destination des femmes, mais du contraire. Ce n'est pas le "racolage passif" d'hommes qui a été poursuivi par Sarko mais celui de femmes. Ce n'est pas la même réalité (même si moi je connais un gars, et même que, eh ben oui).

La discussion continue ailleurs

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