mercredi, 7 novembre, 2018
Par Aude le mercredi, 7 novembre, 2018, 17h57
Paru dans CQFD de
juillet-août 2018
Comme tout le monde, je méprise les touristes. Les touristes qui viennent chez
moi marcher le nez en l’air sur les pistes cyclables et faire grimper le prix
des loyers à coups d’Airbnb ou de résidences secondaires. Les touristes comme
moi quand je voyage. Nous sommes nombreuses et nombreux sur la piste sud-est
asiatique, une des régions les plus « faciles à voyager » au
monde : prix bas, équipements et aménagements corrects, splendeurs
naturelles (la baie de Krabi) ou historiques (Angkor, Bagan), criminalité
contenue, populations souriantes, climat tropical, plages et cocotiers.
Remontant la péninsule Malaise depuis Singapour, en route pour l’ancien royaume
Lan Na ou glissant sur le Mekong, beaucoup de jeunes (ou jeunes dans leur tête)
débrouillard·es hésitent entre joie de vivre et mesquinerie petite bourgeoise
dès que le service n’est pas irréprochable. Nous avons choisi un voyage
indépendant, sac au dos, sans préparer plus d’une étape à la fois. Nous avons
l’impression de vivre une grande aventure humaine et parlons souvent de
« sortir de notre zone de confort ».
Mais le fait est que nous nous inscrivons dans une économie bien réelle, le
premier secteur productif au monde (1). Et dans des rapports économiques
marqués par l’iniquité et un passé colonial. Mais de cela, il n’est jamais
question quand nous nous engageons dans des relations avec les locaux. Une
infirmière française à un jeune Hmong au Laos :
« Toi aussi, tu
veux voyager ? Et pourquoi pas ? » Alors qu’il vient de nous
dire que sa famille vit avec 100 € par mois... Un ami me racontait aussi avoir
commencé son tour du monde en marchandant auprès d’un pousse-pousse indien,
faisant valoir sa « pauvreté » relative d’étudiant-ingénieur :
la tête du gars devant cet argument lui avait fait honte pour le restant du
voyage. Rétrospectivement, il avait trouvé cette expérience-là plus riche que
toutes celles qui sont censées faire de ce geste de consommation une activité
enrichissante humainement (2).
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mardi, 2 octobre, 2018
Par Aude le mardi, 2 octobre, 2018, 03h27
C’était il y a presque vingt ans. La formatrice était venue avec son bébé,
qu’elle allaitait, pour nous présenter les grandes lignes de ce qu’est le
changement climatique. Les particules de gaz à effet de serre plus denses dans
l’atmosphère, qui font que l’énergie solaire est recapturée en plus grande
proportion après qu’elle a touché la Terre. Le réchauffement de la planète, qui
s’ensuit, ces deux ou trois degrés (selon les différents scénarios) qui ne sont
pas uniformément répartis mais constituent une énergie en plus phénoménale,
laquelle nourrit des épisodes climatiques plus intenses et plus fréquents. Et
puis ce qu’on peut y faire : un quart des émissions dû aux transports, un
autre à l’agriculture (pas seulement l'élevage mais aussi le mésusage des
sols), un autre au bâtiment, un dernier à l’industrie et une troisième moitié
pour tout ce que nous achetons sur le marché mondial et qui n'est pas compté
dans la consommation nationale… Les solutions ? Des techniques plus
écologiques et moins industrielles et une réduction : du nombre de
kilomètres effectués par les biens et les personnes, de la consommation, de
l'extraction des ressources, etc. Changer de mode de vie mais aussi changer de
modèle économique. Ça tombait bien, les échos de Seattle se faisaient encore
entendre et la mondialisation néolibérale était nommée, décrite et
combattue.
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Par Aude le mardi, 2 octobre, 2018, 02h37
Je ne sais pas ce qu’il se passerait si les hommes avaient pour les femmes
le dixième de l’empathie qu’elles ont pour eux (et pour les autres personnes et
êtres vivants). Ça ne semble pas si compliqué, de reconnaître en l’autre un
autre soi-même, avec les mêmes besoins. Mais pour beaucoup d’hommes que je
croise ou côtoie, ça a l’air d’une tâche insurmontable. Par exemple, une
blogueuse féministe raconte un épisode ou une dimension pénible de sa vie, qui
cadre bien avec les constats sur la domination masculine (ça m’est arrivé mais
je le lis aussi chez d’autres), et les réponses masculines dans les
commentaires évacuent ce détail pour s’engager dans une discussion abstraite
sur l’existence ou non de la dite domination. Hé, votre hôtesse dans ce lieu de
sociabilité en ligne vient de dire qu’elle subissait des menaces de viol ou
qu’elle avait vécu des années de violences de couple ! Ça vous ferait tomber
une couille de faire comme si vous aviez intégré l'information ? Je me demande
souvent comment font ces types pour ignorer pareilles révélations, où est-ce
que ça coince dans la barrière de l’entendement pour qu’ils ne se rendent pas
compte que leur attitude fait partie du problème.
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dimanche, 12 août, 2018
Par Aude le dimanche, 12 août, 2018, 15h40
Ces derniers mois, je suis allée à la rencontre des
lecteurs et des lectrices d'Égologie.
J'ai parfois eu un peu la frousse, comme dans cette petite ville démocratique
où les affiches de la rencontre avaient été arrachées ou ailleurs quand la
veille de la rencontre est sortie une tribune enflammée contre la couverture du
livre dans un média local. Mais globalement, ça s'est bien passé. Mieux que ça,
même. J'ai rencontré une foule de gens estimables, des camarades pour qui les
alternatives écolo posent depuis longtemps problème mais qui n'avaient pas
forcément su l'exprimer dans des termes audibles par les personnes qui y sont
engagées et ces mêmes personnes, ou en tout cas celles qui y croient vraiment,
à la solidarité et au reste, pour qui Égologie a été l'occasion de
questionner leurs pratiques et qui l'ont accepté de bon gré. À tou·tes :
merci pour l'accueil !
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mercredi, 1 août, 2018
Par Aude le mercredi, 1 août, 2018, 12h02
Je n'aime pas la police de mon pays. La raison la plus évidente, c'est que
j'ai la chance d'en connaître d'autres. À Bruxelles, un jour, j'ai vu un
clochard traiter une policière de « connasse ». Celle-ci, qui
s'éloignait d'un pas tranquille, lui a fait un petit signe de la main, façon
« Oui, oui, j'ai entendu » mais elle n'a pas dévié de son chemin.
Sans doute pensait-elle mieux utiliser les ressources de la police en
continuant sa patrouille plutôt qu'en l'interrompant pour mettre en cellule une
personne dont elle avait évalué qu'elle ne représentait aucun danger pour les
autres ni pour soi-même. Elle a également arbitré entre la dignité de sa
fonction (et des autres fonctionnaires), qui était mise à mal par une insulte
publique de poivrot, et le besoin de poursuivre sa mission.
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samedi, 16 juin, 2018
Par Aude le samedi, 16 juin, 2018, 17h37
Il y a quelques mois je me suis inscrite sur Twitter, mue par diverses
motivations. La première était bassement intéressée, il s'agissait de
promouvoir les deux ouvrages que je venais ou m’apprêtais à publier. La seconde
était que j’avais déjà tweeté pour de basses raisons mercenaires et que je
n’étais pas contre l’idée de refaire ça un jour, il ne fallait pas trop perdre
la main. La plus excitante était de m’habituer à écrire en deux cent et
quelques signes, une écriture concise mais qui aurait quand même un peu de
sens, soit un petit défi. Et enfin je venais de quitter un réseau social
beaucoup trop intéressant : les discussions avec le cercle d’habitué·es
avec qui j’avais pris l’habitude d’interagir me prenaient trop de temps. Sans
surprise, j’ai aussi perdu beaucoup de temps chaque matin sur Twitter en
attendant que se réveillent mes fonctions physiologiques (il m’est même arrivé
de ne pas résister à l’envie d’y faire un tour en journée ou – pire – en
soirée). Beaucoup trop de temps pour que j’explore avec l’attention nécessaire
les pages vers lesquelles menaient les post sur lesquels je tombais. C’est
dommage, c’est un peu tout l’intérêt de la chose. C’est grâce à un lien posté
sur Twitter que j’ai appris la proportion de liens likés qui étaient
effectivement lus : un rappel de la nécessité de soigner ses titres pour
faire grossir le nombre du dixième d'égaré·es qui aurait eu l’idée saugrenue
d’aller lire (ou commencer à survoler) le texte pour lequel ils et elles
affirment si fort leur intérêt, se mettant au fond en scène likant un titre
pour son humour ou son adhésion aux même valeurs qu’eux et elles.
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mardi, 8 mai, 2018
Par Aude le mardi, 8 mai, 2018, 09h59
Les dernières grèves à la SNCF (c’est ici pour contribuer aux caisses
de soutien) m’ont donné l’occasion de me remettre à ce truc que je
déteste : le covoiturage. Covoiturer, c’est d’abord avoir le déplaisir de
recourir à un moyen de transport moins sûr, moins écologique et moins efficace
que le train, ce bien commun financé avant l’ère de la voiture individuelle,
avant que nous soyons riches à ne plus pouvoir prendre les transports en commun
ou assumer l’entretien d’un réseau ferré. C’est faire un tour dans la culture
automobile : me retrouver dans un McDo d’autoroute où, en désespoir de
cause, je prends une frite ou bien côtoyer un conducteur tellement occupé par
le réglage de ses deux GPS (deux !) qu’il ne voit pas le panneau Paris et
se précipite dans la mauvaise direction.
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lundi, 26 mars, 2018
Par Aude le lundi, 26 mars, 2018, 21h53
Lors du mouvement contre la loi travail, nous avions
été surpris·es de voir débarquer des flics barbus. Pas vraiment le genre de
look des gardiens de la loi et de l’ordre, traditionnellement plutôt glabres ou
moustachus. De fait, la barbe a longtemps été interdite chez les flics en
uniforme. Au-delà du règlement, il y a aussi ce fait que la barbe est plutôt
l’attribut des religieux et des gauchistes, deux traditions bien éloignées de
la culture policière. Je ne me prononcerai pas sur les premiers (cathos de
gauche ou islamistes) mais il y a chez les seconds sûrement une rupture avec le
conventionnel menton rasé et un refus de l’entretien quotidien – qui est aussi
un privilège masculin, nous raconte Geneviève Sellier, autrice de La Drôle
de guerre des sexes du cinéma français (1930-1956) (1). La barbe des
gauchistes (héritage des guérillas latino-américaines ?) se posait contre
le menton rasé, discipliné et conformiste.
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dimanche, 4 mars, 2018
Par Aude le dimanche, 4 mars, 2018, 11h55
Comme beaucoup de féministes, j'ai appris (dans la douleur) à me méfier des
hommes qui se présentent comme des alliés. De mes engagements associatifs à des
discussions avec des inconnus, la fréquentation d'hommes prétendant lutter
contre le sexisme, les inégalités et les violences qu'il entraîne, a porté tort
à mon engagement à moi, exigeant de ma part une attention qui aurait pu plus
utilement être employée sur d'autres sujets, sabotant mon travail ou
s'attaquant à mon intégrité. D'où vient donc que des hommes qui prétendent
apporter leur contribution à ces luttes puissent y participer de manière si
toxique ?
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lundi, 29 janvier, 2018
Par Aude le lundi, 29 janvier, 2018, 07h38
Ces derniers mois ont été l'occasion d'en entendre
de belles. Un chef de l'État qui s'inquiète de la « délation » alors
que l'impunité est plus flagrante que d'imaginaires « dérives » d'une
parole libérée : les viols et crimes sexuels sont très peu reportés
(environ un sur dix) et encore moins punis (un ou deux sur dix d'un sur dix).
Si l'État a un cœur de métier (1), c'est de refuser l'impunité des attaques
contre les personnes et c'est justement parce qu'il ne fait pas son boulot que
celles et ceux qui luttent contre les violences en appellent au jugement du
public.
Une critique d'art, visiblement pas grande logicienne, qui regrette de ne pas
avoir été violée pour montrer qu'elle aurait été la même (tellement supérieure
aux autres femmes) si son histoire avait été très, mais alors très
différente.
Des patriarches gaulois qui persistent à mettre sur le même plan séduction et
crime sexuel, parlant au choix de malentendu ou de continuum dans la relation
si complexe entre hommes et femmes, voyez-vous… alors que nous féministes
persistons à leur dire que la violence n'est pas une relation (de même qu'une
bêche dans le crâne n'est pas du jardinage).
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mardi, 14 novembre, 2017
Par Aude le mardi, 14 novembre, 2017, 08h24
La semaine dernière, je roulais à vélo dans une rue assez étroite quand une
voiture me doubla en me passant très près. Après un sprint mémorable, je
retrouve l’automobiliste au feu rouge et lui demande des comptes. Celui-ci,
après m’avoir accusée de rouler « au milieu de la route », accepte quand même
de m’écouter. « Au milieu de la route », je lui explique, c’est une distance
qui permet de ne pas se faire faucher par une portière qui s’ouvre. Les
portières s’ouvrent sans précaution et il appartient aux cyclistes de ne pas
être à leur portée. Une distance de sécurité d’un mètre est la seule
prévention. Le jour où une portière ouverte m’a envoyée à l’hôpital, je n’ai
pas eu le temps de freiner, rouler trop près a été ma seule erreur. Et cette
erreur, la plupart des cyclistes la font tout le temps. Il faut dire que la
plupart des automobilistes les contraignent à se mettre en danger : dès que le
respect de cette distance de sécurité ne permet plus de doubler,
l’automobiliste fait ronfler son moteur tout près, klaxonne ou double
dangereusement, accusant de rouler « au milieu de la route ». Doubler un
véhicule plus lent est perçu comme un dû. Eh bien non, c’est rentrer chez soi
sans séjour à l’hôpital qui l’est. Elles sont pourtant rares, les villes où on
peut espérer que les automobilistes frustré·es de ne pas pouvoir doubler
restent plus loin et ne se comportent pas de manière plus ou moins
agressive…
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vendredi, 29 septembre, 2017
Par Aude le vendredi, 29 septembre, 2017, 18h25
Rebecca
Solnit, Men Explain Things to Me, Haymarket Books et Dispatch Books,
2014
La scène se passe lors d'une soirée très classe. Un monsieur qui a réussi sa
vie demande à une écrivaine de quarante ans de quoi causent ses livres et à
peine a-t-elle commencé à lui dire le sujet de son dernier qu’il commence à
bavasser en s’étonnant qu’elle n’ait pas lu LE bouquin sur le même sujet, paru
la même année, qu’il connaît si bien et entreprend de lui expliquer… son
bouquin à elle, finit-elle par comprendre. Comment expliquer un livre à son
auteure. Pourquoi un tel désir de dominer l’autre en lui assénant son savoir,
même quand on est un ignorant ? Cette soif de domination qui s’empare
parfois d’hommes qu’on croyait mieux élevés, et qui osent parce qu’il ne s’agit
au fond que de mots, Rebecca Solnit la replace dans le continuum de la violence
faite aux femmes. Refuser d’entendre, qu’il s’agisse de la volonté des femmes
de participer à la conversation au même titre que les hommes (1) ou qu’il
s’agisse d’un « non », participe selon elle de la même violence, à
des degrés divers. Car longtemps les femmes n’ont pas été jugées des
« témoins fiables de leur propre vie » et encore moins du reste de
l’expérience humaine, et c’est encore cette idée à laquelle nous nous heurtons
chaque jour.
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dimanche, 9 juillet, 2017
Par Aude le dimanche, 9 juillet, 2017, 08h24
On savait qu’on pouvait faire tout dire aux sondages… C’est le cas également
pour les élections. Le dernier cycle électoral a donné lieu à des votes
apparemment contradictoires et inconséquents, au point de douter de la santé
mentale des électeurs et électrices. Voyons un peu : après un premier tour où
quatre candidat·es étaient au coude à coude, le second tour dégage une grosse
majorité pour l’un des deux finalistes. Les électeurs et électrices,
conscient·es que l’élection s’est jouée dès le premier tour et non au second
comme cela devrait être le cas, conscient·es que leur vote a été contraint par
la peur de l’accession d’un parti d’extrême droite à la fonction présidentielle
dans un pays doté d’une constitution qui manque singulièrement de garde-fous à
cette fonction, expriment un souhait somme tout assez bien vu : il ne faut pas
que la farce se rejoue au second tour. Et devinez quoi… il s’est passé pile la
même chose dans la plupart des 577 circonscriptions.
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jeudi, 22 juin, 2017
Par Aude le jeudi, 22 juin, 2017, 08h16
Petite, j'ai toujours été peureuse et ça ne s'est pas arrangé en
grandissant. J'ai peur de glisser quand le sol est mouillé ou gelé et
dans les manifs, si je tiens à être là malgré la répression, c'est à des
endroits qui me semblent sûrs (ce qui ne suffit pas, il m'est arrivé
d'avoir des surprises et de passer près d'un coup). Bref, je n'ai pas
l'impression que c'est avec moi qu'on arrivera à faire la révolution.
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samedi, 20 mai, 2017
Par Aude le samedi, 20 mai, 2017, 21h17
L’an dernier le succès de la notion de
bienveillance interrogeait mon mauvais esprit. Depuis, cette notion a pris
encore plus de place dans l'espace public. De l'éducation positive au
développement personnel, la bienveillance a envahi jusqu'aux discours
militants, dans un large spectre qui va des plus radicaux/ales aux bénévoles de
la campagne Macron. Certes, écrivais-je,
« la bienveillance, ce pourrait être cette manière d'être ensemble sans
s'user, sans se faire trop de mal les un-es aux autres, pour continuer à
militer, faire venir du monde et ne pas se retrouver avec trois warriors et
deux tondus dans des rangs clairsemés ». Mais, alors que l’injonction à la
bienveillance devenait omniprésente, j’avais l’impression d’un comportement
dont il n’était plus question d’interroger le sens, d'une véritable norme qui
n’était plus (seulement) un moyen de renforcer les rangs des militant-es en
cultivant entre eux et elles des liens plus positifs, contre l'usure ou contre
la violence qui irrigue ces milieux (1). Au nom de la bienveillance, valeur
observée à Nuit debout, je notais par exemple qu’il n’était plus possible de
huer à l’ancienne un type venu servir un discours de préférence nationale. À
quoi servait donc la bienveillance si ce n’était plus une qualité relationnelle
à construire entre camarades mais une obligation sociale, un genre de droit
humain dû même aux fachos ?
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samedi, 22 avril, 2017
Par Aude le samedi, 22 avril, 2017, 20h14
Je les avais vues
de loin pendant des semaines, ces affiches électorales, parfois à moitié
arrachées. Mais c’est hier que le détail m’a sauté aux yeux. C’est vrai que le
personnel politique ne se caractérise pas par sa ressemblance avec le reste du
pays. Pour la plupart ce sont de vieux mecs blancs bourgeois. Mais vieux à ce
point ?
Même Macron, qui
a environ l’âge médian constaté en France (c’est dire s’il est jeune !), a
sur les affiches un visage marqué par les rides. On ne voit qu’elles,
rétrospectivement. Pattes d’oie ou front parcheminé, tou.tes les candidat.es ou
presque les arborent fièrement. À se demander si elles n’ont pas été accentuées
par un logiciel de retouche bien connu…
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mercredi, 28 décembre, 2016
Par Aude le mercredi, 28 décembre, 2016, 11h57
Un article paru en juin 2016 dans le n°23 de Moins!, journal romand d'écologie
politique et qui reprend une partie de ma brochure sur le revenu garanti.
J'ai édité dans mes jeunes années une brochure qui faisait la promotion du
revenu garanti : comment « perdre sa vie à la gagner » (1),
expliquaient de jeunes écologistes proposant plutôt de rester au lit pour
« transformer son temps en bonheur en tranches ». Presque quinze ans
après, parmi les rédacteurs et rédactrices de ces textes, beaucoup sont
engagé-e-s dans des activités bassement productives et rémunérées :
maraîchage, enseignement du français langue étrangère, soin aux enfants
handicapés… Il y avait finalement de quoi faire sans pourrir la planète.
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vendredi, 4 novembre, 2016
Par Aude le vendredi, 4 novembre, 2016, 09h13
Et moi je suis arrivée à un point dans ma vie où je
ne vais pas tous les jours faire des séances de photo dans des prairies
fleuries au lever du soleil avec des femmes à la beauté stéréotypée mais où
j'ai un avis à partager sur ce genre de propos consensuel.
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lundi, 5 septembre, 2016
Par Aude le lundi, 5 septembre, 2016, 07h27
Le constat est partagé : la société dans laquelle nous vivons est
pathogène. Sédentarité, stress, pollutions diverses rendent nos corps malades.
Quant à notre psychisme, il semble mal en point. Dans les milieux alter-écolos,
je ne sais s'il s'agit de coaching psy pour maximiser son bien-être ou de
soigner des maladies mentales mais j'ai l'impression de ne croiser que des
patient-e-s accros à leur séance de psychothérapie (de la psychiatrie aux
thérapies « alternatives »).
Comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même (et pour soi-même), c'est
dans ces milieux politiques-là que le problème est adressé le plus
frontalement, au point que tout un business du bien-être s'y est développé, de
la lampe au sel de l'Himalaya aux pratiques de développement personnel – dont
le discours reste très critique des travers du monde contemporain. Dans une
enquête sur des personnes conjuguant avec l'écologie leur intérêt pour le
développement personnel, le sociologue Nicolas Marquis (1) a montré les
« grammaires du changement » qu'elles ont dans tête et dans
lesquelles le « travail sur soi » est un moteur important de
changement social.
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dimanche, 31 juillet, 2016
Par Aude le dimanche, 31 juillet, 2016, 04h09
Article paru dans CQFD n°141,
mars 2016
Certes, la plupart d’entre nous n’attendait
rien de toi, Parti socialiste. Mais le quart d’inscrits égarés qui t’a porté au
pouvoir a dû sérieusement être déçu. Transition écologique, préservation des
espaces naturels, lutte contre le changement climatique et la pollution de
l’air, du sol et des eaux… Où en sommes-nous ? Ta présidence n’est pas
synonyme de simple dégradation de notre patrimoine naturel commun. Non, tu as
bien su le valoriser, au point qu’il a gonflé quelques portefeuilles.
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