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lundi, 5 avril, 2021

Nos plus belles leçons d’universalisme

l y a quelques jours, la polémique a fait rage autour du montage des extraits les plus racistes d’une émission des années 1990 mettant en scène une jeune femme noire dont le rôle était celui d’une potiche ironique. À propos de l’une des séquences, où celle-ci était comparée à un singe (oui), celle-ci prenait la parole en 2021 pour dire que l’ambiance dans l’équipe était très sympa et que c’était sa propre blague qui avait été utilisée dans l’émission. Les anti-racistes, qui avaient condamné les propos, étaient alors renvoyé·es à leurs pénates par les anti-anti-racistes (que j’appellerai ici pour simplifier : les racistes (1)) au motif que ce n’est pas raciste et Pepita en est juge puisqu’elle-même est une des « personnes les premières concernées ».

Contrairement à une majorité de personnes dont je partage l’engagement féministe ou les idées anti-racistes, je suis critique de la notion de « personnes les premières concernées » dont il faudrait sanctuariser les prises de position. Je ne propose pas non plus d’ignorer leurs propos mais de leur accorder une considération particulière car ils enrichissent considérablement le débat et car ils témoignent de situations en première ligne qui peuvent être douloureuses et qu’il appartient aux autres, dans une société démocratique, de ne pas négliger. Mais les sanctuariser ? Non, car non seulement ces personnes ne constituent pas un groupe homogène (dont tous les membres auraient le même statut social, le même revenu, le même lieu de résidence, la même nationalité, etc.) qui parlerait d’une seule voix mais surtout elles ont le droit, comme n’importe qui, d’avoir des idées qui leur sont propres, au-delà de l’expérience, singulière ou partagée, qui reste un substrat de notre pensée.

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dimanche, 7 février, 2021

Imbrication

imbrication.jpg, fév. 2021Jules Falquet, Imbrication. Femmes, race et classe dans les mouvements sociaux, éditions du Croquant, 2020, 302 pages, 15 €

Depuis plus de trente ans, la sociologue Jules Falquet travaille sur les mouvements féministes et lesbiens en Amérique latine et dans les Caraïbes (ou Abya Yala, un terme autochtone qui se diffuse sur le continent). Imbrication est un riche recueil d’articles réécrits à partir de ses travaux antérieurs sur divers terrains de recherche : avec des militantes salvadoriennes peinant à faire valoir leurs droits auprès de leurs camarades révolutionnaires ; avec des Indiennes du Chiapas qui édictent leurs droits en tant que femmes malgré des conflits de loyauté avec leurs communautés ; autour d’un collectif d’intellectuelles lesbiennes noires aux États-Unis qui observent l’imbrication de rapports sociaux qui leur sont tous défavorables ; avec des féministes noires posant les bases de leur engagement au niveau continental ; avec des féministes latino-américaines observant l’ONGisation de leur mouvement. Ce sont toutes des femmes en lutte mais majoritairement des intellectuelles (lesbiennes, ce que rappelle Falquet, qui se présente elle-même comme lesbienne, blanche et appartenant à la petite bourgeoisie académique) et même si leurs débats semblent nourris d’expériences militantes et d’organisation populaire, il n’est pas toujours facile de comprendre le lien entre théorie et pratiques.

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dimanche, 13 décembre, 2020

La force des témoignages

Depuis quelques années, j'assume sur ce blog une parole parfois intime mais toujours politique. Parce que ce que nous fait, à chacun·e d'entre nous, la vie compte aussi pour dire la violence de notre organisation sociale. La manière dont les plus faibles sont méprisé·es, exclu·es, broyé·es est un coup de loupe sur ce que nous vivons tou·tes : une dépossession de nos vies sous un régime politique autoritaire et inégalitaire, à la puissance multipliée par les techniques (y compris les techniques de gestion), au service de l'accumulation du capital et nourri de haine des autres et de soi. Je suis de celles et ceux qui pensent que cette violence se déploie jusque dans notre psychisme et nos rapports intimes et que c'est important d'en parler au plus près de nos expériences. C'est pour ça que j'ai choisi (après quelques hésitations) de mettre en lumière deux témoignages très différents, celui de Gabrielle Deydier sur la haine pour les personnes obèses et celui d'Antonin Richard, sauveteur en mer.

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lundi, 9 novembre, 2020

Justice d'État, justice populaire

Comme beaucoup de féministes, j'ai été effarée de voir entrer le harcèlement de rue dans le droit, sous la forme de contraventions pour « outrage sexiste » en l'absence de plainte des personnes victimes et à l'appréciation de la seule maréchaussée. C'est potentiellement le flic qui bat sa femme et qui fait des blagues sexistes devant sa collègue, soit un vrai spécialiste de la question, qui décide si la manière dont on vous a adressé la parole est bien sexiste. J'ai alors découvert que c'était le cas de toutes les violations de la loi sanctionnées par l'État. Vous pouvez bien porter plainte mais ce sera soit pour demander des dommages et intérêts dans le cadre d'un procès civil, soit pour attirer l'attention de l'État sur un délit ou un crime dont il jugera de la gravité non pas au regard de ce qui vous est arrivé mais au regard du bien public, soit de son bien à lui.

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lundi, 24 août, 2020

Grandeur et décadence

grandeur.jpg, août 2020Grandeur et décadence, Liv Strömquist, Rackham, 2017, 128 pages, 20 €

Je ne sais pas ce qui m'avait retenu tout ce temps de lire Grandeur et décadence, présent dans mes étagères depuis quelques années, cadeau de Noël ou d'anniversaire. Malgré tout le bien que je pense des Sentiments du prince Charles, une mauvaise appréciation m'avait retenue d'ouvrir ce livre-là : il y était question de capitalisme et le propos de Strömquist n'avait rien d'original, m'avait-on dit. J'avais peur de lire la énième BD dans la lignée d'Attac. C'est pourtant un ouvrage très original. Dans le style un peu bordélique des précédents, qui mêle histoires people et théorie politique, Strömquist livre une série d'essais (au sens traditionnel de tentative de réflexion) très stimulants qui interrogent l'infrastructure psychique du capitalisme.

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dimanche, 16 août, 2020

Le mal que nous nous faisons (deuxième partie)

Je suis une féministe de Twitter. J'exprime en ligne mes idées, mes espoirs et mes indignations, sur mon fil et celui d'autres, parfois en espérant convaincre des anti-féministes partageant leurs préjugés. J'ai rencontré en ligne d'autres autrices, d'autres féministes mais la plupart du temps nous ne faisons que nous croiser. Plus ou moins poliment : il m'arrive même de poser de véritables questions pour mieux comprendre les motivations des un·es et des autres mais elles restent sans réponse.

Heureusement, j'ai connu mieux : une socialisation militante dans des groupes ou petites organisations, le plus souvent en non-mixité, y compris avec d'autres féministes dans un mouvement généraliste mixte. Nous étions camarades. Ces années-là m'ont nourrie, politiquement et intellectuellement, humainement aussi. Et je les regrette. Est-ce moi qui ai changé et suis devenue un esprit chagrin ? Ou le féminisme ? Il m'est encore arrivé de me répandre en public sur l'énergie extraordinaire éprouvée en non-mixité, et que l'autrice avec laquelle nous partagions une rencontre tempère un peu mes propos… oui, c'est vrai que ces derniers temps, être féministe a moins été une suite d'enthousiasmes qu'un chapelet de déceptions.

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lundi, 3 août, 2020

Rebellitude ou anarchisme ? Une histoire d'eau

C'est un beau dimanche de juillet et je vais réparer mon vélo sous la supervision amicale de F. dans le squat où il vit. F. a été réparateur de vélos dans une autre vie mais aujourd'hui il partage son temps entre des cours de français pour les migrant·es, des carcasses de vélo remontées entièrement et ce qui lui chante, comme d'aider des gens comme moi le dimanche à réparer leur biclou. Je dois être la seule cet aprem qui peut se payer les transports en commun ou les services d'un vélociste, les autres sont fauché·es comme les blés, avec ou sans papiers (la preuve que le vélo, c'est vraiment un truc de bobos). Heureusement pour nous qu'il y a l'atelier du dimanche. Derrière la verrière sous laquelle on transpire abondamment (mais rassurez-vous, il y fait très froid en hiver, ça équilibre), un petit jardin et une petite piscine gonflable. Un truc écrit sur la porte de sortie : « Si ta dernière douche ne date pas d'aujourd'hui, rince-toi avant de rentrer dans la piscine. » Voilà : tout ça pour dire que mêmes chez les anars, y'a des règles.

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lundi, 11 mai, 2020

Féminisme : le clash des générations ?

Il y a quelques mois, une jeune féministe prenait acte d'un désaccord que nous avions en le mettant sur le compte de nos générations différentes. Ce jour-là j'ai regardé dans le miroir mes rides naissantes et mes trois cheveux blancs de quadragénaire relativement bien conservée et j'ai respiré un grand coup. Je suis en cours de péremption.

J'ai pris parti dans un débat qui opposerait « jeunes féministes » queer pour qui l'identité de genre est un fait individuel, je suis qui je veux, y compris une licorne ou un dragon de Komodor (sic) (1), et « vieilles féministes » pour qui le genre est une invention patriarcale et qui finissent par dire que c'est le sexe biologique qui détermine la position sociale. C'est le genre de débat particulièrement intéressant où on a le choix entre deux positions caricaturales et largement caricaturées. Les secondes seraient en cheville avec l'extrême droite nord-américaine (celle-ci étant 100 % hostile à la liberté d'avorter, l'argument me paraît foireux mais j'imagine en effet les milieux réacs se frotter les mains à l'idée de tirer parti de ces polémique et soutenir, s'ils aiment jouer au billard, cette partie-là) et les premières mèneraient la controverse à force d'intimidation et de sabotages de l'expression publique des secondes (Twitter, universités et bibliothèques) et de coups dans la vraie vie (et ça, à ma connaissance, c'est avéré).

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jeudi, 27 février, 2020

Le mal que nous nous faisons (première partie)

Il y a quelques années, j'animais la bibliothèque d'un centre de femmes. Nous avions choisi de mettre dans notre enfer (l'endroit des livres sulfureux qu'on ne peut se procurer qu'en les demandant explicitement) une bande dessinée qui racontait la vie et des engagements d'une féministe « historique ». Notre principale raison, c'est qu'elle parlait de manière très désinvolte du viol subi par une femme de ménage dans une chambre d'hôtel, comme s'il ne s'agissait pas d'un crime. Nous ne voulions pas laisser une lectrice qui aurait subi ce genre de violence découvrir cette parole méprisante. Mais il faut le dire, j'avais aussi un peu en tête les accusations qu'on faisait à cette dame d'être une féministe blanche bourgeoise qui n'était pas trop sortie d'elle-même et avait gardé le genre comme unique grille de lecture des relations de pouvoir dans notre société. Une des copines du groupe avait lu le livre en question mais je ne m'étais pas donné cette peine.

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Contre l'alternumérisme

Julia Laïnae, Nicolas Alep, Contre l'alternumérisme, La Lenteur, 2020, 128 pages, 10 €

Julia Laïnae et Nicolas Alep tapent large en consacrant un petit livre à l'« alternumérisme ». Large mais toujours juste, car chaque cible est précisément définie et sa contribution à une « autre informatisation possible » fait l'objet d'une critique sérieuse et bien documentée. Des utopistes d'Internet aux inquiet·es des écrans, ces tendances ont ceci en commun qu'elles ne refusent ni les outils numériques, ni leur omniprésence dans la vie sociale, mais souhaitent en encadrer l'usage. Voyons plutôt.

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mardi, 3 décembre, 2019

La Révolution féministe

La Révolution féministe, Aurore Koechlin, Amsterdam, 2019, 170 pages, 12 euros

Aurore Koechlin est une jeune chercheuse en sociologie du genre qui livre ici un premier livre prometteur, à la fois petite histoire du féminisme et réflexion sur les perspectives du mouvement. C'est ambitieux… mais c'est réussi. L'ouvrage commence avec une quarantaine de pages consacrées à l'histoire des mouvements féministes, les trois fameuses vagues : mouvements suffragistes au début du XXe siècle, libération des femmes dans les années 1970 (pour la France), mouvements d'inspiration queer ou black feminist enfin, le tout assez centré sur la France mais à l'écoute des autres mondes qui contribuent à la fabrication du féminisme hexagonal. L'autrice poursuit en nous apprenant qu'une quatrième vague est en train de se former. Elle en dresse les contours, en reprend la principale question à ses yeux, celle de l'exploitation des femmes en tant que classe mais appartenant également à d'autres, et propose une stratégie féministe capable de passer entre quelques écueils pour prendre nos maux à la racine.

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samedi, 10 août, 2019

Leur écologie et la nôtre

Il y a quelques jours, j'ai eu l'idée saugrenue de demander à un colibri de ma connaissance s'il avait bien supporté la lecture d'Égologie et celui-ci en est venu à critiquer les mouvements écolos qui se complaisent dans leur singularité et le fait qu'ils ont raison tandis que les autres ne sont que des imbéciles. Vu la gravité de l'enjeu, me disait-il, il faut s'unir, tous les efforts sont bons à prendre. Oui. Mais non.

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mardi, 30 juillet, 2019

Égologie à la radio

Petit montage réalisé par Tranbert de la discussion autour d'Égologie à la librairie La Gryffe à Lyon en janvier 2018.

mercredi, 12 décembre, 2018

Quelque chose du gilet jaune

C’est bientôt Noël et c’est déjà l’overdose. Des pubs qui dégoulinent de rouge, des passant·es avec leurs gros sacs en papier remplis de cadeaux venus du cœur et d’usines où le travail est bon marché, des questions existentielles sur ce qu’on aimerait recevoir alors qu’il faut bien l’admettre, on n’a franchement besoin de rien… ou bien de tout. C’est la grande bouffe et il y a du monde à table. Des week-ends en avion dans une ville où on n’a personne à aller voir (à part un hôte AirBnB) aux changements d’équipement parce qu’un nouveau vient de sortir qui est tellement mieux (et pas parce que l’ancien ne marche plus), tout déborde.

Et à côté de ça, les histoires de ces familles qui payent les activités de leurs enfants, vingt euros l’année grâce aux aides municipales, en trois fois sans frais ou de ce petit garçon qui raconte à ses copains de classe qu’hier il a dîné – parce que c’est pas tous les soirs que ça arrive.

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dimanche, 12 août, 2018

Une machine à fabriquer de l'impuissance

Ces derniers mois, je suis allée à la rencontre des lecteurs et des lectrices d'Égologie. J'ai parfois eu un peu la frousse, comme dans cette petite ville démocratique où les affiches de la rencontre avaient été arrachées ou ailleurs quand la veille de la rencontre est sortie une tribune enflammée contre la couverture du livre dans un média local. Mais globalement, ça s'est bien passé. Mieux que ça, même. J'ai rencontré une foule de gens estimables, des camarades pour qui les alternatives écolo posent depuis longtemps problème mais qui n'avaient pas forcément su l'exprimer dans des termes audibles par les personnes qui y sont engagées et ces mêmes personnes, ou en tout cas celles qui y croient vraiment, à la solidarité et au reste, pour qui Égologie a été l'occasion de questionner leurs pratiques et qui l'ont accepté de bon gré. À tou·tes : merci pour l'accueil !

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mercredi, 16 mai, 2018

Égologie, rencontres à écouter en ligne

Radio Dragon, à Mens dans le Trièves, m'a invitée un matin à parler d'Égologie, dans l'excellente émission "Interstices". La discussion est en ligne ici.

À Radio Pikez, une web radio associative à Brest, c'est la totale (c'est la description de l'émission, il faut ensuite cliquer pour accéder aux fichiers sonores) : interview en studio et captation de la rencontre à l'Avenir dans la soirée du 30 mai.

Autre rencontre, cette fois en public à la librairie La Gryffe. C'est une librairie associative qui propose des analyses et critiques anticapitalistes et anti-autoritaires ou qui rend compte des luttes sociales. Je suis donc très heureuse d'y avoir été invitée le samedi 20 janvier pour présenter Égologie et discuter avec les libraires et le public.

Le fichier est disponible sur le site Archive.org, qui permet le partage de vidéos, sons et textes sous licence libre ou dans le domaine public. Il dure 90 minutes environ, dont environ un tiers de présentation et deux tiers de discussion.

Ici, un son plus bref, c'est un entretien avec la belle équipe du Canut infos du vendredi 19 janvier à Radio Canut (Lyon).

(D'autres annonces et liens vers des entretiens pour des émissions radio sur le site du Monde à l'envers.)

lundi, 29 janvier, 2018

Féminisme : à qui sont ces bas instincts ?

Ces derniers mois ont été l'occasion d'en entendre de belles. Un chef de l'État qui s'inquiète de la « délation » alors que l'impunité est plus flagrante que d'imaginaires « dérives » d'une parole libérée : les viols et crimes sexuels sont très peu reportés (environ un sur dix) et encore moins punis (un ou deux sur dix d'un sur dix). Si l'État a un cœur de métier (1), c'est de refuser l'impunité des attaques contre les personnes et c'est justement parce qu'il ne fait pas son boulot que celles et ceux qui luttent contre les violences en appellent au jugement du public.
Une critique d'art, visiblement pas grande logicienne, qui regrette de ne pas avoir été violée pour montrer qu'elle aurait été la même (tellement supérieure aux autres femmes) si son histoire avait été très, mais alors très différente.
Des patriarches gaulois qui persistent à mettre sur le même plan séduction et crime sexuel, parlant au choix de malentendu ou de continuum dans la relation si complexe entre hommes et femmes, voyez-vous… alors que nous féministes persistons à leur dire que la violence n'est pas une relation (de même qu'une bêche dans le crâne n'est pas du jardinage).

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dimanche, 10 décembre, 2017

On achève bien les éleveurs dans "Offensive sonore"

Vendredi 8 décembre, l'émission "Offensive sonore" consacrait son émission sur Radio libertaire à On achève bien les éleveurs. Il a été question d'administration de l'élevage, de puçage et de résistances.

L'émission est directement accessible ici mais allez faire aussi un tour sur le site de l'émission.

Dessin Guillaume Trouillard.

jeudi, 30 novembre, 2017

On achève bien les éleveurs

À propos d'On achève bien les éleveurs, un livre d'entretiens édité par Aude Vidal, illustré par Guillaume Trouillard
Avec Jean-Pierre Berlan, Jocelyne Porcher, Xavier Noulhianne, Christophe Richard, le groupe Marcuse, Fabrice Jaragoyhen, les fermiers du Pic-Bois et Stéphane Dinard
144 pages, 24 euros
Parution le 1er décembre 2017
Dossier de presse à télécharger ici

À l'origine de ce livre, le dessinateur Guillaume Trouillard. Loin de se contenter d'illustrer les entretiens qui sont ici retranscrits et mis en forme, il a ouvert les premières pistes de ce qui est devenu On achève bien les éleveurs. C'est lui que la lecture de La Liberté dans le coma, ouvrage du groupe Marcuse, a convaincu de la nécessité d'aborder la question du puçage des bêtes, du contrôle et plus globalement de l'administration du métier d'éleveur… et des résistances à cette lame de fond. C'est encore lui qui, après avoir découvert la chercheuse Jocelyne Porcher et l'éleveur Xavier Noulhianne dans l'émission de Ruth Stegassy sur France Culture, « Terre à terre », a souhaité que nous les rencontrions.

Guillaume se flatte parfois d'être né dans le même canton que Bernard Charbonneau, un penseur écologiste et critique de la technique actif dès les années 1930, parfois mentionné dans ces entretiens. Il est surtout un fidèle lecteur des ouvrages publiés par l'Encyclopédie des nuisances, éditeur entre autres de Du progrès dans la domestication. C'est peut-être parce que cela se devine trop aisément que La Revue dessinée, qui lui avait commandé un reportage d'une trentaine de pages sur la question de l'élevage aujourd'hui, a retardé la publication de cette bande dessinée dont Gabriel Blaise et moi avons écrit le scénario. Ce reportage est finalement paru, plus de deux ans après nos premiers entretiens et malgré les efforts de Gabriel pour nous remettre dans les clous d'une revue peu désireuse de prendre des positions aussi tranchées que les nôtres. Le reste tient en partie au fait que, plutôt que de prendre des notes à partir desquelles j'aurais écrit les maigres bulles d'un reportage en bande dessinée, j'ai pris la peine de retranscrire les heures de savantes explications, de considérations passionnantes et d'indignations à partager. Il en est resté des pages que je ne pouvais me résoudre à simplement archiver.

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samedi, 14 octobre, 2017

Égologie

Ces derniers mois n'ont pas été mes plus productifs, à voir mes publications plus rares sur ce blog. C'est que j'étais occupée ailleurs, à reprendre quelques idées développées ici pour les articuler dans un petit bouquin qui sort ce lundi 16 octobre : Égologie. Écologie, individualisme et course au bonheur.

Grand merci à l'équipe du Monde à l'envers, mes éditeurs, dont Nicolas à qui ce livre doit beaucoup, pas seulement son titre. Merci également pour les relectures et les encouragements à Louison Bobet et Mutines. Merci pour l'inspiration et les repères à Nicolas Marquis et Irène Pereira, dont j'espère ne pas avoir tordu les idées dans tous les sens. Merci à Xavier et à quelques camarades alter-écolo pour avoir accueilli ma critique avec bonne foi, intelligence et générosité (j'espère qu'ils et elles ne seront pas les seul·es !).

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