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vendredi, 29 septembre, 2017

Quand les hommes m'expliquent

Rebecca Solnit, Men Explain Things to Me, Haymarket Books et Dispatch Books, 2014

La scène se passe lors d'une soirée très classe. Un monsieur qui a réussi sa vie demande à une écrivaine de quarante ans de quoi causent ses livres et à peine a-t-elle commencé à lui dire le sujet de son dernier qu’il commence à bavasser en s’étonnant qu’elle n’ait pas lu LE bouquin sur le même sujet, paru la même année, qu’il connaît si bien et entreprend de lui expliquer… son bouquin à elle, finit-elle par comprendre. Comment expliquer un livre à son auteure. Pourquoi un tel désir de dominer l’autre en lui assénant son savoir, même quand on est un ignorant ? Cette soif de domination qui s’empare parfois d’hommes qu’on croyait mieux élevés, et qui osent parce qu’il ne s’agit au fond que de mots, Rebecca Solnit la replace dans le continuum de la violence faite aux femmes. Refuser d’entendre, qu’il s’agisse de la volonté des femmes de participer à la conversation au même titre que les hommes (1) ou qu’il s’agisse d’un « non », participe selon elle de la même violence, à des degrés divers. Car longtemps les femmes n’ont pas été jugées des « témoins fiables de leur propre vie » et encore moins du reste de l’expérience humaine, et c’est encore cette idée à laquelle nous nous heurtons chaque jour.

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jeudi, 22 juin, 2017

Petites et grandes lâchetés

Petite, j'ai toujours été peureuse et ça ne s'est pas arrangé en grandissant. J'ai peur de glisser quand le sol est mouillé ou gelé et dans les manifs, si je tiens à être là malgré la répression, c'est à des endroits qui me semblent sûrs (ce qui ne suffit pas, il m'est arrivé d'avoir des surprises et de passer près d'un coup). Bref, je n'ai pas l'impression que c'est avec moi qu'on arrivera à faire la révolution.

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samedi, 20 mai, 2017

Limites de la bienveillance

L’an dernier le succès de la notion de bienveillance interrogeait mon mauvais esprit. Depuis, cette notion a pris encore plus de place dans l'espace public. De l'éducation positive au développement personnel, la bienveillance a envahi jusqu'aux discours militants, dans un large spectre qui va des plus radicaux/ales aux bénévoles de la campagne Macron. Certes, écrivais-je, « la bienveillance, ce pourrait être cette manière d'être ensemble sans s'user, sans se faire trop de mal les un-es aux autres, pour continuer à militer, faire venir du monde et ne pas se retrouver avec trois warriors et deux tondus dans des rangs clairsemés ». Mais, alors que l’injonction à la bienveillance devenait omniprésente, j’avais l’impression d’un comportement dont il n’était plus question d’interroger le sens, d'une véritable norme qui n’était plus (seulement) un moyen de renforcer les rangs des militant-es en cultivant entre eux et elles des liens plus positifs, contre l'usure ou contre la violence qui irrigue ces milieux (1). Au nom de la bienveillance, valeur observée à Nuit debout, je notais par exemple qu’il n’était plus possible de huer à l’ancienne un type venu servir un discours de préférence nationale. À quoi servait donc la bienveillance si ce n’était plus une qualité relationnelle à construire entre camarades mais une obligation sociale, un genre de droit humain dû même aux fachos ?

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mardi, 7 mars, 2017

C’est à ça que servent les féministes !

« Mademoiselle », « nom de jeune fille »… au-delà du caractère symbolique qu’a le renvoi systématique des femmes à leur statut marital, faire jongler les femmes avec plusieurs noms leur porte préjudice en compliquant leurs démarches administratives et en étant source d’erreurs. Rencontre avec l’une des petites mains d’un chantier de refonte des sites administratifs qui permettent d’effectuer des démarches en ligne. Elle est ergonome et développeuse mais également féministe et blogueuse.

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vendredi, 4 novembre, 2016

La positive attitude

Et moi je suis arrivée à un point dans ma vie où je ne vais pas tous les jours faire des séances de photo dans des prairies fleuries au lever du soleil avec des femmes à la beauté stéréotypée mais où j'ai un avis à partager sur ce genre de propos consensuel.

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lundi, 5 septembre, 2016

La positive attitude

Le constat est partagé : la société dans laquelle nous vivons est pathogène. Sédentarité, stress, pollutions diverses rendent nos corps malades. Quant à notre psychisme, il semble mal en point. Dans les milieux alter-écolos, je ne sais s'il s'agit de coaching psy pour maximiser son bien-être ou de soigner des maladies mentales mais j'ai l'impression de ne croiser que des patient-e-s accros à leur séance de psychothérapie (de la psychiatrie aux thérapies « alternatives »).

Comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même (et pour soi-même), c'est dans ces milieux politiques-là que le problème est adressé le plus frontalement, au point que tout un business du bien-être s'y est développé, de la lampe au sel de l'Himalaya aux pratiques de développement personnel – dont le discours reste très critique des travers du monde contemporain. Dans une enquête sur des personnes conjuguant avec l'écologie leur intérêt pour le développement personnel, le sociologue Nicolas Marquis (1) a montré les « grammaires du changement » qu'elles ont dans tête et dans lesquelles le « travail sur soi » est un moteur important de changement social.

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lundi, 20 juin, 2016

Un travail sans qualité

Autour de moi j’ai pu étonner mon monde en racontant combien je m’étais plus épanouie dans un travail normal que dans les multiples activités bénévoles beaucoup plus intéressantes et riches de sens que je menais et qui m’ont permis de rencontrer des gens formidables. Ça a des airs de paradoxe, que j’aie préféré m’enfermer tous les jours au 7e étage dans une grosse institution à faire un peu de com plutôt que livrer tous les six mois L’An 02, travailler sur On achève bien les éleveurs ou écrire Égologie. Ce sont pourtant trois belles réalisations, pour lesquelles je reçois beaucoup de reconnaissance. Ma production au 7e étage est loin de mériter les mêmes louanges, même si j’ai eu la chance qu’on me glisse un mot d’appréciation. Et pourtant, si je devais choisir une activité pour le reste de la vie, je choisirais le 7e étage – un peu triste tout de même de ne plus avoir le temps de m’impliquer dans des œuvres plus importantes aux yeux des autres et des miens. C’est un mystère, que cette appréciation ne suffise pas à me les faire préférer.

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lundi, 2 mai, 2016

On a les utopies qu'on mérite : la bienveillance


Militante féministe, j'ai participé à construire ou animer des lieux bienveillants. Et j'ai évité ceux où ne se posaient pas les mêmes exigences. Une réunion sans tours de parole, que ce soit dans la vieille gauche ou chez les anars spontanéistes, me semble une perte d'énergie considérable. Attachées à saisir un ton de phrase qui annoncerait la fin d'une intervention, les grandes gueules ont depuis longtemps arrêté d'écouter ce qui se dit pour se donner une chance de prendre la parole au vol. Une situation de guerre sourde qui, en plus de baisser la qualité de la communication et de mettre une pression accrue sur les participant-e-s, nous prive des idées portées par des personnalités différentes (pas forcément des femmes, j'ai déjà vu un copain partir en disant que de toute façon il n'avait rien d'intéressant à dire alors que j'avais déjà pris la parole plusieurs fois). Je vais jusqu'à éviter les lieux où la parole est distribuée de cette manière, même quand le programme a l'air intéressant.

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mardi, 5 avril, 2016

Refuser de parvenir

Refuser de parvenir. Idées et pratiques, Centre international de recherches sur l'anarchisme (CIRA) de Lausanne, Nada et CIRA, Paris et Lausanne, 2016, 300 pages, 20 euros

Voici un bouquin qui devrait faire écho chez les militant-e-s qui se sont posé la question de l'articulation entre leurs engagements et leur vie professionnelle. Peut-être pas les cadres supérieurs qui trouvent quelques heures par mois pour leurs loisirs associatifs et font exactement les mêmes carrières que leurs collègues qui votent PS. Plutôt à ceux et celles qui se sont posé la question de comment être utiles et ont fait des choix de vie en fonction. Le livre commence fièrement avec le rappel de l’œuvre d'Albert Thierry, brillant étudiant choisissant le métier de maître d'école alors que des fonctions d'enseignement plus prestigieuses lui sont ouvertes. C'est lui qui théorise le « refus de parvenir » qui fait l'objet de ce recueil. Principaux objectifs : ne pas trahir sa classe et travailler à une émancipation qui ne soit pas individuelle mais collective. Le refus de parvenir n'est pas le choix solitaire d'une belle âme mais une stratégie politique visant une amélioration des conditions de travail et de vie de toute une classe sociale. L'égalité des chances (de parvenir) ne les intéresse pas, ils et elles visent une égalité des conditions.

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samedi, 27 février, 2016

Confessions d'un sac à rêves

Nous rêvons peut-être tou·tes mais nous ne rêvons pas de la même façon. À l'instar des personnes qui ne nettoient pas leurs chiottes elles-mêmes et font appel pour cela aux services de femmes peu fortunées, il est loisible de rêver par procuration si l'on a autour de soi un sac à rêves. Comment donc fonctionne le sac à rêves ?

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jeudi, 24 décembre, 2015

Le chômage, c'est la mort

Il y a quelques temps, une copine me disait combien le travail, c’est la mort. Des suicides sur le lieu de travail (qui arrivent par vagues dans les médias) aux burn-out, de la vulnérabilité que la hiérarchie crée face au harcèlement à la dépossession dont témoignent tant et tant de gens du métier, il semble qu’il n’y ait rien à défendre dans l’organisation du travail aujourd’hui. Est-ce une raison suffisante pour taper dans le dos d’une chômeuse comme moi en la félicitant de ne pas être employée ? Peut-être pas, aussi ai-je répliqué à ma pote que le chômage, c’est la mort.

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lundi, 16 novembre, 2015

Les autres ont aussi leurs raisons

Parmi la litanie de faits désespérants, il en est qui intriguent et inquiètent, quand bien même ils sembleraient anecdotiques. Ainsi les agressions d’automobilistes sur cyclistes. Cela fait vingt ans ce mois-ci que je fais du vélo en ville (Décembre 1995 a commencé en novembre) et je suis plus que familière avec l'insouciance qui consiste à arbitrer entre quelques secondes de gagnées et la mise en danger d’une personne à vélo. Mais au-delà de la négligence et de l’incivilité souvent constatées, il s'agit d'insulter, de menacer, de descendre pour frapper un cycliste ou d’utiliser comme arme par destination (1) une tonne de métal motorisée. L’occasion est arrivée de mettre noir sur blanc les vagues cogitations suscitées par la prise de conscience que ce phénomène a pu prendre une certaine ampleur.

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mardi, 13 octobre, 2015

Crowdfunding à la française

Lors d’un séjour aux États-Unis à Portland, Oregon, j’ai eu le plaisir de donner un coup de main régulier dans un cinéma associatif. Tous les samedis on pouvait me trouver derrière la caisse à jongler entre le logiciel d’édition des billets et les coupures de dix dollars, quand je ne partais pas passer le balai dans les salles. Pendant mon séjour, et deux ans après avoir financé ainsi de nouveaux sièges, le cinéma a lancé une opération de crowdfunding sur Kickstarter pour rénover sa marquee. Voici le cinéma avant, quand j’y balayais le pop corn, et après, suite au succès de la levée de fonds populaires (sachant que le cinéma a aussi des mécènes corporate, dont Nike qui est basée à deux pas). Pas mal…

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jeudi, 1 octobre, 2015

Écologie : la petite bourgeoisie s’amuse

Un texte paru au printemps 2015 dans L'An 02 n°7, dans le dossier « Altercapitalisme ».

« La petite bourgeoisie intellectuelle dans son ensemble se trouve dans une position sociale paradoxale et est traversée de contradictions, qui se retrouvent sur le plan politique et idéologique. C'est également en son sein que s'épanouissent ainsi les pensées et les pratiques alternatives, qu'elles soient autogestionnaires, écologistes ou féministes et queer. Comme la petite bourgeoisie traditionnelle, elle est dominée par la bourgeoisie tout en étant exploitée dans son travail et en subissant la dégradation des conditions de travail imposée par le capitalisme néolibéral, mais elle perçoit aussi une rémunération supérieure à la seule reproduction de sa force de travail, une sorte de rétrocession partielle de la plus-value capitaliste, qui témoigne de sa participation à l'exploitation des classes populaires. En outre, si les niveaux de revenu en son sein sont très variables, la petite bourgeoisie intellectuelle est dominante sur le plan culturel. »
Anne Clerval, Paris sans le peuple. La Gentrification de la capitale, La Découverte, 2013, p. 41.


L’écologie a politisé de nombreux aspects de la vie quotidienne : rythmes et cadre de vie par exemple. Mais quand l’écologie urbaine se contente d’améliorer la qualité de vie dans les quartiers centraux, y ramenant des classes aisées appréciées des décideurs, elle accompagne des phénomènes de domination socio-économique. La bonne conscience en plus.

Poursuivre la lecture sur le site de L'An 02.

mardi, 21 avril, 2015

Confort individuel et luttes collectives

« ...la mise en avant du bien-être individuel entraînant un rapport utilitariste et souvent éphémère à la sociabilité collective »
Anne Clerval, Paris sans le peuple. La Gentrification de la capitale, La Découverte, 2013.

Il y a deux ans je mettais le doigt sur le « militantisme à taille humaine », cette façon d’être ensemble que j'ai apprise dans le milieu qui a accueilli mes premiers émois politiques. Nous n'étions pas des militaires ayant envie de se sacrifier pour la Cause, non, nous savions que nous ferions bouger les choses en attirant du monde dans des endroits agréables, à faire des trucs pas trop chiants, et pour cela notre gentil hédonisme de petits bourges bon teint était un sacré atout. Tu crois que tu vas te faire bien plaise ? Chiche !

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mardi, 24 mars, 2015

Comment j'ai arrêté de militer (sans que personne s'en aperçoive)

Il y a presque dix ans, j'ai arrêté de militer. La plupart des activités bénévoles que j'ai menées depuis ne me semblent pas mériter ce nom. Non que j'aie fait des choses fabuleuses avant ça (j'étais écolo et pas spécialement fan d'action directe, ça limitait) mais quasiment toutes mes activités me semblent marginales par rapport à ce que j'imagine être un engagement militant. Le mieux, pour expliquer cette impression, est de rentrer dans le détail du bénévolat auquel j'ai consacré des journées entières.

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mardi, 17 mars, 2015

La Tyrannie des droits

La Tyrannie des droits
Brewster Kneen
Écosociété, Montréal, 2014
traduit par Daniel Poliquin
168 pages, 15 €


Quand la question du mal-logement surgit pour la énième fois dans les médias en 2007, la réponse politique qu'elle reçoit est juridique : il s'agit d'un droit au logement opposable (DALO), le droit de demander un logement social auquel s'ajoute, quand celui-ci n'est pas accordé dans les douze ou vingt-quatre mois, le droit de poser un dossier en préfecture et le droit de recevoir une réponse dans les trois mois. Celle-ci peut être négative, hein, parce que les logements en question, on ne va pas les inventer. Lutter contre la spéculation immobilière, la hausse des loyers et la disparition de logements du marché, construire des logements sociaux, voilà qui constitue une politique susceptible de rendre justement disponibles et accessibles ces logements. Qu'est donc alors le droit au logement opposable, s'il ne garantit rien aux personnes qui ont besoin de se loger et n'y arrivent pas par leurs seuls moyens ? A celles et ceux qui se posent la question, au-delà du contexte hexagonal, la lecture de La Tyrannie des droits sera d'un grand secours pour aider à poser un regard renouvelé sur cet objet emblématique de notre modernité.

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jeudi, 26 février, 2015

Altercapitalisme

Un dossier dans L'An 02 n°7, à paraître fin mars 2015

Goethe a dit quelque part : « Méfiez-vous de vos rêves de jeunesse, ils finissent toujours par devenir réalité ». C’est un peu ce qui est arrivé aux contestataires des années 1970 : le capitalisme a montré qu’il était capable de liquider le paternalisme, l’esprit de sérieux et la morale bourgeoise qui l’avaient caractérisé jusque-là pour donner droit à leurs exigences. Réorganisation de ses structures verticales en réseaux horizontaux, mise en place d’un hédonisme de masse aux accents libertaires… on avait cru mettre un grain de sable dans la machine, on n’avait fait qu’ajouter de l’huile dans ses rouages.

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samedi, 18 octobre, 2014

Pour lutter contre le changement climatique, rien de tel que le bonheur

« Il vaut mieux être un homme insatisfait qu’un porc satisfait, il vaut mieux être Socrate insatisfait qu’un imbécile satisfait. Et, si l’imbécile et le porc sont d’opinions différentes, c’est seulement parce qu’ils ne connaissent qu’un côté de la question. L’autre partie, pour la comparaison, connaît les deux côtés. »
John Stuart Mill, L’Utilitarisme (1871).



Sophrologie et TAFTA, éthiopathie et revenu garanti, réflexologie et démocratie directe, méditation et transition énergétique, reiki et décroissance, le programme d'Alternatiba à Lille a mis à l'honneur le développement personnel et les thérapies alternatives, qui composaient à vue de pif la moitié du programme. Revoilà le temps où manger bio voulait aussi dire s'habiller en poil de chèvre et se faire masser les pieds pour vivre mieux ? Mais non ! Aujourd'hui la cible du développement personnel s'est considérablement étendue et tout le monde est invité à découvrir un monde sans rapports de pouvoir mais avec une responsabilité : se faire du bien.

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mercredi, 24 septembre, 2014

On se tutoie ?

Il existe dans certaines langues une multitude de formes pronominales pour la deuxième personne du singulier, pour s’adresser à un-e égal-e, à un-e enfant, à un-e subordonné-e, à un-e supérieur-e (en pays anciennement colonisé : Européen-ne ou non), etc. Nous n’en avons que deux (« tu » et « vous »), dans la même logique qui témoigne de rapports hiérarchiques entre individus. Qu’il s’agisse de relations adultes-enfants, profs-étudiant-e-s adultes, donneurs d’ordres et exécutants, on constate parfois cette asymétrie qui rappelle les structures sociales traditionnelles. Le vouvoiement témoigne néanmoins plus souvent d’un manque de familiarité, quand deux personnes s’accordent les mêmes marques de respect, sans donc marquer aucune hiérarchie.

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