vendredi, 4 novembre, 2016
Par Aude le vendredi, 4 novembre, 2016, 09h13 - Textes
Et moi je suis arrivée à un point dans ma vie où je
ne vais pas tous les jours faire des séances de photo dans des prairies
fleuries au lever du soleil avec des femmes à la beauté stéréotypée mais où
j'ai un avis à partager sur ce genre de propos consensuel.
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lundi, 5 septembre, 2016
Par Aude le lundi, 5 septembre, 2016, 07h27 - Textes
Le constat est partagé : la société dans laquelle nous vivons est
pathogène. Sédentarité, stress, pollutions diverses rendent nos corps malades.
Quant à notre psychisme, il semble mal en point. Dans les milieux alter-écolos,
je ne sais s'il s'agit de coaching psy pour maximiser son bien-être ou de
soigner des maladies mentales mais j'ai l'impression de ne croiser que des
patient-e-s accros à leur séance de psychothérapie (de la psychiatrie aux
thérapies « alternatives »).
Comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même (et pour soi-même), c'est
dans ces milieux politiques-là que le problème est adressé le plus
frontalement, au point que tout un business du bien-être s'y est développé, de
la lampe au sel de l'Himalaya aux pratiques de développement personnel – dont
le discours reste très critique des travers du monde contemporain. Dans une
enquête sur des personnes conjuguant avec l'écologie leur intérêt pour le
développement personnel, le sociologue Nicolas Marquis (1) a montré les
« grammaires du changement » qu'elles ont dans tête et dans
lesquelles le « travail sur soi » est un moteur important de
changement social.
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lundi, 20 juin, 2016
Par Aude le lundi, 20 juin, 2016, 12h43 - Textes
Autour de moi j’ai pu étonner mon monde en racontant combien je m’étais plus
épanouie dans un travail normal que dans les multiples activités bénévoles
beaucoup plus intéressantes et riches de sens que je menais et qui m’ont permis
de rencontrer des gens formidables. Ça a des airs de paradoxe, que j’aie
préféré m’enfermer tous les jours au 7e étage dans une grosse institution à
faire un peu de com plutôt que livrer tous les six mois L’An 02,
travailler sur On achève bien les éleveurs ou écrire
Égologie. Ce sont pourtant trois belles réalisations, pour lesquelles
je reçois beaucoup de reconnaissance. Ma production au 7e étage est loin de
mériter les mêmes louanges, même si j’ai eu la chance qu’on me glisse un mot
d’appréciation. Et pourtant, si je devais choisir une activité pour le reste de
la vie, je choisirais le 7e étage – un peu triste tout de même de ne plus avoir
le temps de m’impliquer dans des œuvres plus importantes aux yeux des autres et
des miens. C’est un mystère, que cette appréciation ne suffise pas à me les
faire préférer.
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mardi, 24 mai, 2016
Par Aude le mardi, 24 mai, 2016, 17h19 - Lectures
La Démocratie aux champs, Joëlle Zask
Les Empêcheurs de penser en rond/La Découverte, 2016
252 pages, 18,50 euros
Dans une tradition où « politique » (du grec polis) et
« citoyen » (soit citadin) disent le caractère urbain du fait
démocratique, quelle est la place des ruraux et plus particulièrement de la
paysannerie ? Le mépris dans lequel ont longtemps été tenu-e-s les
paysan-ne-s (1) semble avoir fait obstacle à leur participation politique.
Quand les révolutionnaires choisissent le suffrage censitaire et la
représentation,
deux dispositions anti-démocratiques, l'argument selon lequel le peuple est
en grande partie composé de paysan-ne-s trop courbé-e-s sur la terre pour avoir
des aspirations politiques un peu élevées légitime la dépossession qui s'opère
alors. Joëlle Zask livre donc un ouvrage utile qui redonne ses lettres de
noblesses aux personnes qui cultivent la terre, en tant que classe sociale (2)
et en tant qu'individus.
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mardi, 12 avril, 2016
Par Aude le mardi, 12 avril, 2016, 17h07 - Lectures
Le Syndrome
du bien-être, Carl Cederström et André Spicer, traduction Édouard
Jacquemoud, L'Échappée, 2016, 168 pages, 15 euros
Préféreriez-vous être riche et en bonne santé ou pauvre et malade ?
Bien-être et prospérité économique se conjuguent comme si l'un appelait
l'autre, à moins que ce ne soit le contraire. Pendant que des « athlètes
d'entreprise » se voient offrir jusqu'à leur poste de travail les
conditions matérielles de leur bien-être, tant physique que psychique, les
losers de la guerre économique ne pourront s'en prendre qu'à eux-même pour
leurs muscles flasques et leur teint blafard. Ce ne sont plus des inégalités
criantes, ce n'est que justice…
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mardi, 5 avril, 2016
Par Aude le mardi, 5 avril, 2016, 16h52 - Lectures
Refuser de
parvenir. Idées et pratiques, Centre international de recherches sur
l'anarchisme (CIRA) de Lausanne, Nada et CIRA, Paris et Lausanne, 2016, 300
pages, 20 euros
Voici un bouquin qui devrait faire écho chez les militant-e-s qui se sont posé
la question de l'articulation entre leurs engagements et leur vie
professionnelle. Peut-être pas les cadres supérieurs qui trouvent quelques
heures par mois pour leurs loisirs associatifs et font exactement les mêmes
carrières que leurs collègues qui votent PS. Plutôt à ceux et celles qui se
sont posé la question de comment être utiles et ont fait des choix de vie en
fonction. Le livre commence fièrement avec le rappel de l’œuvre d'Albert
Thierry, brillant étudiant choisissant le métier de maître d'école alors que
des fonctions d'enseignement plus prestigieuses lui sont ouvertes. C'est lui
qui théorise le « refus de parvenir » qui fait l'objet de ce recueil.
Principaux objectifs : ne pas trahir sa classe et travailler à une
émancipation qui ne soit pas individuelle mais collective. Le refus de parvenir
n'est pas le choix solitaire d'une belle âme mais une stratégie politique
visant une amélioration des conditions de travail et de vie de toute une classe
sociale. L'égalité des chances (de parvenir) ne les intéresse pas, ils et elles
visent une égalité des conditions.
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vendredi, 25 mars, 2016
Par Aude le vendredi, 25 mars, 2016, 17h51 - Textes
Les usages contemporains mettent en avant « une autonomie qui consiste à
donner aux individus le sens de l’initiative, tout en leur faisant porter la
responsabilité de se débrouiller "librement". […] À contre-courant donc de tout
ce qu’enseigne la philosophie politique classique [qui] considère l’autonomie
comme une liberté incarnée dans la capacité à se poser des règles, [à] savoir
limiter sa puissance »
Lou Falabrac, « Ma mairie est-elle devenue gauchiste ? Quand les élites vantent
l’autonomie », L'An 02, n°7, printemps 2015.
Lors des quelques entretiens d'embauche qu'il m'est arrivé de faire, je ne me
suis jamais présentée comme une personne « autonome ». Si la question m'est
posée, j'explique que j'apprends facilement et que je m'adapte mais
certainement pas que je me donne à moi-même ma propre loi, comme c'est le sens
du mot « autonomie ». La loi, c'est celle des recruteurs, je l'accepte parce
que ça m'arrange mais qu'ils se débrouillent avec leurs scrupules.
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mardi, 23 février, 2016
Par Aude le mardi, 23 février, 2016, 17h27 - Textes
On parle beaucoup des « personnes les premières concernées » mais
rarement des « deuxièmes concernées ». J'ai déjà écrit à ce
sujet : les prostituées sont certes les personnes les premières concernées
par leur activité mais la prostitution et sa reconnaissance gravent dans le
marbre la disponibilité des femmes aux hommes, du male entitlement à la
culture du viol. Les autres femmes sont elles aussi concernées par ce que fait
la prostitution à la société qui la réprime ou qui l'accepte (sachant que la
France fait les deux, réprimant des prostituées dont elle soumet le revenu à
l'impôt).
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jeudi, 24 décembre, 2015
Par Aude le jeudi, 24 décembre, 2015, 08h01 - Textes
Il y a quelques temps, une copine me disait combien le travail, c’est la
mort. Des suicides sur le lieu de travail (qui arrivent par vagues dans les
médias) aux burn-out, de la vulnérabilité que la hiérarchie crée face au
harcèlement à la dépossession dont témoignent tant et tant de gens du métier,
il semble qu’il n’y ait rien à défendre dans l’organisation du travail
aujourd’hui. Est-ce une raison suffisante pour taper dans le dos d’une chômeuse
comme moi en la félicitant de ne pas être employée ? Peut-être pas, aussi ai-je
répliqué à ma pote que le chômage, c’est la mort.
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mardi, 13 octobre, 2015
Par Aude le mardi, 13 octobre, 2015, 14h32 - Annonces
Lors d’un séjour aux États-Unis à Portland, Oregon, j’ai eu le plaisir de
donner un coup de main régulier dans un cinéma associatif. Tous les samedis on
pouvait me trouver derrière la caisse à jongler entre le logiciel d’édition des
billets et les coupures de dix dollars, quand je ne partais pas passer le balai
dans les salles. Pendant mon séjour, et deux ans après avoir financé ainsi de
nouveaux sièges, le cinéma a lancé une opération de crowdfunding sur
Kickstarter pour rénover sa marquee. Voici le cinéma avant, quand j’y
balayais le pop corn, et après, suite au succès de la levée de fonds populaires
(sachant que le cinéma a aussi des mécènes corporate, dont Nike qui
est basée à deux pas). Pas mal…
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jeudi, 1 octobre, 2015
Par Aude le jeudi, 1 octobre, 2015, 17h37 - La petite bourgeoisie s'amuse
Un texte paru au printemps 2015 dans L'An 02 n°7, dans le
dossier « Altercapitalisme ».
« La petite bourgeoisie intellectuelle dans son ensemble se trouve dans une
position sociale paradoxale et est traversée de contradictions, qui se
retrouvent sur le plan politique et idéologique. C'est également en son sein
que s'épanouissent ainsi les pensées et les pratiques alternatives, qu'elles
soient autogestionnaires, écologistes ou féministes et queer. Comme la
petite bourgeoisie traditionnelle, elle est dominée par la bourgeoisie tout en
étant exploitée dans son travail et en subissant la dégradation des conditions
de travail imposée par le capitalisme néolibéral, mais elle perçoit aussi une
rémunération supérieure à la seule reproduction de sa force de travail, une
sorte de rétrocession partielle de la plus-value capitaliste, qui témoigne de
sa participation à l'exploitation des classes populaires. En outre, si les
niveaux de revenu en son sein sont très variables, la petite bourgeoisie
intellectuelle est dominante sur le plan culturel. »
Anne Clerval, Paris sans le peuple. La Gentrification de la capitale,
La Découverte, 2013, p. 41.
L’écologie a politisé de nombreux aspects de la vie quotidienne :
rythmes et cadre de vie par exemple. Mais quand l’écologie urbaine se contente
d’améliorer la qualité de vie dans les quartiers centraux, y ramenant des
classes aisées appréciées des décideurs, elle accompagne des phénomènes de
domination socio-économique. La bonne conscience en plus.
Poursuivre la lecture sur le site de L'An
02.
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mardi, 21 avril, 2015
Par Aude le mardi, 21 avril, 2015, 17h15 - Textes
« ...la mise en avant du bien-être individuel entraînant un rapport
utilitariste et souvent éphémère à la sociabilité collective »
Anne Clerval, Paris sans le peuple. La Gentrification de la capitale,
La Découverte, 2013.
Il y a deux ans je mettais le doigt sur le
« militantisme à taille
humaine », cette façon d’être ensemble que j'ai apprise dans le milieu
qui a accueilli mes premiers émois politiques. Nous n'étions pas des militaires
ayant envie de se sacrifier pour la Cause, non, nous savions que nous ferions
bouger les choses en attirant du monde dans des endroits agréables, à faire des
trucs pas trop chiants, et pour cela notre gentil hédonisme de petits bourges
bon teint était un sacré atout. Tu crois que tu vas te faire bien plaise ?
Chiche !
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mardi, 24 mars, 2015
Par Aude le mardi, 24 mars, 2015, 10h23 - Textes
Il y a presque dix ans, j'ai arrêté de militer. La plupart des activités
bénévoles que j'ai menées depuis ne me semblent pas mériter ce nom. Non que
j'aie fait des choses fabuleuses avant ça (j'étais écolo et pas spécialement
fan d'action directe, ça limitait) mais quasiment toutes mes activités me
semblent marginales par rapport à ce que j'imagine être un engagement militant.
Le mieux, pour expliquer cette impression, est de rentrer dans le détail du
bénévolat auquel j'ai consacré des journées entières.
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mardi, 17 mars, 2015
Par Aude le mardi, 17 mars, 2015, 15h40 - On a les utopies qu'on mérite
« Le mot de consentement appliqué aux dominés annule quasiment toute
responsabilité de la part de l’oppresseur. Puisque l’opprimé consent, il n’y a
rien de véritablement immoral dans le comportement du "dominant". L’affaire est
en quelque sort ramenée à un contrat politique classique. »
Nicole-Claude Mathieu, L’Anatomie politique. Catégorisations et
idéologies de sexe, Côté femmes, 1991, cité dans Irène Jonas, Moi Tarzan, toi Jane. Critique de la
réhabilitation « scientifique » de la différence hommes/femmes,
Syllepses, 2011.
Autour de moi le consentement est une notion au centre des
attentions. Discussions formelles et formations militantes s’y consacrent, dans
l’idée de réduire la violence faite aux plus vulnérables. S’attacher aux signes
de répugnance, respecter un non, c’est bousculer le rapport de forces qui
permet d’habitude aux plus forts d’abuser naturellement de l’incapacité des plus
fragiles à protéger leur intégrité physique et morale. C’est une belle
intention, mais l’expérience me suggère que la plus délicate écoute ne suffit
pas toujours et que certaines vulnérabilités rendent des non plus difficiles à
entendre que d’autres. Le consentement n’est-il pas une notion trop marquée de
libéralisme politique ?
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samedi, 13 décembre, 2014
Par Aude le samedi, 13 décembre, 2014, 16h01 - Textes
Affreux essentialistes vs. néo-féministes libérales… les polémiques qui
déchirent nos milieux depuis le printemps dernier nous auraient-elles donné à
penser ? Même pas sûr. D'un côté, la haine pour le « lobby gay »
(Pièces et main d’œuvre) et le sarcasme pour les féministes qui n'en sont que
de « prétendues » (Alexis Escudero dans La Reproduction
artificielle de l'humain, printemps 2014). De l'autre, la soumission à des
thèmes libéraux assez problématiques. Je n'y ai pas trouvé mon compte, et je
crois que nous sommes nombreux/ses dans ce cas (Escudero se flattait aussi de
ça dans ses premiers textes… mais j'vous jure, j'ai des retours
encourageants).
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lundi, 10 novembre, 2014
Par Aude le lundi, 10 novembre, 2014, 11h51 - Textes
Pour gagner une campagne électorale aujourd'hui, il faut cliver au bon endroit,
celui qui sera favorable à ses idées en se présentant au maximum de personnes
comme le défenseur de leurs intérêts ou de leurs valeurs. On ne sait pas quelle
campagne (militaire ?) mène
Alexis Escudero, mais il a clivé
fortement les milieux susceptibles de relayer son enquête sur « la
reproduction artificielle de l'humain ». Et pas au bon endroit, si on en
croit les refus et déchirements divers autour de sa tournée promotionnelle.
Lundi 27 octobre, à Lille, une moitié du public est partie après la lecture
d'un
texte.
Pas au bon endroit, parce qu'en tant qu'actrice
de cette histoire (j'ai participé à la rédaction du texte lillois) je me suis
sentie tributaire de ce clivage et sommée de faire des alliances que je
n'aurais pas jugé propices en temps normal. Mais devant le refus de débattre
dont Escudero a témoigné jusqu'à présent (1), la possibilité de partager nos
réserves ou francs refus, entre féministes, lesbiennes radicales,
technocritiques et proféministes, était en elle-même précieuse. Les discussions
riches, respectueuses et argumentées que nous avons eues à l'occasion de cette
rédaction m'ont donné envie de réagir sur quelques-uns des points de tensions
apparus entre nous.
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