dimanche, 1 mars, 2020
Par Aude le dimanche, 1 mars, 2020, 16h40 - Textes
S'il est une chose bien matérielle que les pays occidentaux pensent avoir
apportée aux pays qu'ils ont colonisés, c'est les chemins de fer.
« Rendez-vous compte, grâce à nous ! » nous disent celles et
ceux qui malgré des années passées sur les bancs des écoles, collèges et
lycées, ignorent tout un pan de l'histoire de leur pays, celui qui concerne sa
relation avec une partie du monde qu'il a tenue sous sa dépendance coloniale.
Rien que ça. Cette histoire compte pour comprendre le monde d'aujourd'hui mais
notre ignorance à ce sujet est assez crasseuse. Alors si vous ne la connaissez
pas bien, plongez-vous dedans, d'autant qu'il est d'autres manières de
s'instruire, plus agréables que des cours magistraux. Dans Terre
d'ébène, son livre de reportages en Afrique de l'Ouest constamment réédité
depuis 1928, Albert Londres rappelle que le chemin de fer Congo-Océan n'a pas
été construit par la métropole mais par le travail forcé des locaux dont
17 000 moururent dans les travaux (ce
pour quoi la République française et Spie Batignolles ont été poursuivies).
Comme beaucoup de personnes éduquées en France, je ne connais pas mieux cette
histoire mais j'ai la chance d'avoir suivi quelques cours sans complaisance sur
une autre partie du monde.
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jeudi, 27 février, 2020
Par Aude le jeudi, 27 février, 2020, 11h53 - Lectures
Julia Laïnae, Nicolas Alep,
Contre l'alternumérisme, La Lenteur, 2020, 128 pages,
10 €
Julia Laïnae et Nicolas Alep tapent large en consacrant un petit livre à
l'« alternumérisme ». Large mais toujours juste, car chaque cible est
précisément définie et sa contribution à une « autre informatisation
possible » fait l'objet d'une critique sérieuse et bien documentée. Des
utopistes d'Internet aux inquiet·es des écrans, ces tendances ont ceci en
commun qu'elles ne refusent ni les outils numériques, ni leur omniprésence dans
la vie sociale, mais souhaitent en encadrer l'usage. Voyons plutôt.
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vendredi, 20 décembre, 2019
Par Aude le vendredi, 20 décembre, 2019, 11h38 - Textes
Les vies que nous menons depuis deux semaines, pour celles et ceux qui sont
tributaires de transports en commun en grève, ont fait apparaître l'inhumanité
de nos vies – en particulier en région parisienne. Nous naviguons d'habitude
sans trop de mal (encore que sans goût et sans aisance) dans des espaces
surdimensionnés, qui ne sont pas à taille humaine. Cela ne nous était peut-être
jamais apparu avec autant de clarté qu'il y a deux semaines. À combien de
kilomètres vivons-nous de notre travail – ou travaillons de notre
domicile ? Certes la durée est aussi une expérience sensible mais ces
15 km qui se faisaient en 50' sans y penser ont pris une réalité
particulière et sont devenus impossibles à surmonter. Il en est qui ont tenté
l'aventure les premiers jours et ont marché deux heures et demie à l'aller,
autant au retour, pour satisfaire à leurs obligations. D'autres ont découvert
le vélo dans les pires conditions : la masse critique est là mais les
équipement sont dimensionnés pour 5 % de cyclistes et les voitures se
pressent encore plus nombreuses et conduites par des personnes encore plus
énervées que d'habitude. Cette vie-là est un petit enfer. Même à vélo, même à
3,5 km de mon lieu de socialisation principal, je n'ai encore trouvé
aucune puissance dans cette nouvelle vie, hors les manifestations.
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mardi, 19 novembre, 2019
Par Aude le mardi, 19 novembre, 2019, 11h56 - Lectures
Cause animale, cause du capital, Jocelyne Porcher, Le
Bord de l'eau, Lormont, 120 pages, 12 €
Make the world a better place… Rendre le monde meilleur, c'est
l'objectif bien connu des start-ups qui préparent des initiatives disruptives
permettant au capitalisme d'effectuer les transitions nécessaires à sa survie –
malgré les trous qu'il creuse et les impasses qu'il emprunte. Jocelyne Porcher
n'y va donc pas par quatre chemins et peint pour introduire son ouvrage le
paysage économique et financier de la « viande » in vitro ou
« viande » de culture cellulaire, cette innovation qui devrait
permettre à terme de cesser de manger des animaux. Ce qu'on appelle
« agriculture cellulaire » semblait fou il y a encore quelques années
mais le kilo de « viande » cultivée en labo à partir de cellules
animales devrait dans les mois qui viennent être assez bas pour que le steak in
vitro apparaisse dans les restaus branchés (1). Suite à ce premier chapitre, la
sociologue, spécialiste de la relation humain-animal, déplie son propos :
d'où vient que c'est aujourd'hui que surgit cette préoccupation massive pour le
bien-être des animaux ? C'est parce que les alternatives aux productions
animales industrielles (responsables de la pollution des eaux et de l'air, de
l'emprise sur les terres via l'aliment du bétail, de problèmes sanitaires et
qui accessoirement ont des rendements économiques en baisse), ces alternatives
sont prêtes.
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mercredi, 18 septembre, 2019
Par Aude le mercredi, 18 septembre, 2019, 11h59 - Lectures
Mjólk de Grímur Hákonarson, sortie le 11 septembre
2019 en France
En France,
parmi les géants de l'agroalimentaire se trouvent en bonne place des
coopératives, dirigées par des paysan·nes pour des paysan·nes mais qui
mènent des politiques peu favorables à une majorité de leurs adhérent·es.
Comment donc les coopératives agricoles en sont-elles arrivées là ?
(Pourquoi sommes-nous gouverné·es par des élu·es menant des politiques
défavorables à une majorité de l'électorat, sans mentionner les générations
futures ?)
Inga et son mari sont un couple d'éleveurs laitiers dans un coin perdu
d'Islande. Elle assure les vêlages avec un bon coup de poignet. Lui complète le
maigre revenu de la ferme en conduisant un camion. Les deux se battent pour
tenir leur ferme à flots. Équipé·es d'un robot de traite avec d'efficaces
capteurs optiques de mamelles qui leur évite d'interagir chaque jour avec leurs
bêtes, ils passent plus de temps avec leurs machines. Dans sa cabine de
pilotage, elle consulte son Facebook l'air éteint. Lui ne va pas mieux et quand
son camion sort de la route une nuit, on découvre qu'il pourrait s'agir d'un
suicide…
La perte de son mari déclenche chez Inga une belle colère et cette femme
qu'on croyait éteinte, dont on distinguait à peine les traits, se révèle, y
compris aux spectateurs et spectatrices. Pour elle, c'est la coopérative qui
est responsable de la course de rats qu'on leur a fait mener, du suréquipement
et du chantage pour rester économiquement dépendant·es de la coop. La coop
aurait même demandé à son mari de signaler chaque livraison de produits achetés
ailleurs que chez elle, faisant de lui l'espion de ses collègues… Le président,
un éleveur de chevaux qui passe plus de temps en costard, récuse ses
accusations (qu'elle a publiées sur Facebook) et explique à Inga les bases de
l'engagement coopératif : se serrer les coudes entre paysan·nes, faire
vivre le tissu local, etc. Elle reprend ces belles paroles lors d'une AG des
producteurs laitiers : à la fin du XIXe siècle, les paysan·nes du coin se
sont doté·es d'un bel outil pour être indépendant·es de la tutelle danoise et
pour vivre mieux mais cet outil est aujourd'hui cassé.
Dans son précédent film Béliers, Grímur Hákonarson mettait en scène
deux frères fâchés à mort sur fond d'épidémie ovine et de prophylaxie agressive
(un animal malade et tout le troupeau doit être abattu). Ce nouvel opus met
toujours en scène
les conditions socio-économiques du désarroi des éleveurs et les personnes
qui le vivent, dans toute leur singularité. Ici une femme qui redonne du sens à
sa vie et qu'on accompagne à la fin du film, chantonnant sur une vieille
chanson pop à la radio qu'une nouvelle vie commence et que cette fois ce sera
bien la sienne. Pas celle de la coop.
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samedi, 16 juin, 2018
Par Aude le samedi, 16 juin, 2018, 17h37 - Textes
Il y a quelques mois je me suis inscrite sur Twitter, mue par diverses
motivations. La première était bassement intéressée, il s'agissait de
promouvoir les deux ouvrages que je venais ou m’apprêtais à publier. La seconde
était que j’avais déjà tweeté pour de basses raisons mercenaires et que je
n’étais pas contre l’idée de refaire ça un jour, il ne fallait pas trop perdre
la main. La plus excitante était de m’habituer à écrire en deux cent et
quelques signes, une écriture concise mais qui aurait quand même un peu de
sens, soit un petit défi. Et enfin je venais de quitter un réseau social
beaucoup trop intéressant : les discussions avec le cercle d’habitué·es
avec qui j’avais pris l’habitude d’interagir me prenaient trop de temps. Sans
surprise, j’ai aussi perdu beaucoup de temps chaque matin sur Twitter en
attendant que se réveillent mes fonctions physiologiques (il m’est même arrivé
de ne pas résister à l’envie d’y faire un tour en journée ou – pire – en
soirée). Beaucoup trop de temps pour que j’explore avec l’attention nécessaire
les pages vers lesquelles menaient les post sur lesquels je tombais. C’est
dommage, c’est un peu tout l’intérêt de la chose. C’est grâce à un lien posté
sur Twitter que j’ai appris la proportion de liens likés qui étaient
effectivement lus : un rappel de la nécessité de soigner ses titres pour
faire grossir le nombre du dixième d'égaré·es qui aurait eu l’idée saugrenue
d’aller lire (ou commencer à survoler) le texte pour lequel ils et elles
affirment si fort leur intérêt, se mettant au fond en scène likant un titre
pour son humour ou son adhésion aux même valeurs qu’eux et elles.
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jeudi, 22 février, 2018
Par Aude le jeudi, 22 février, 2018, 13h36 - Annonces
Quelques liens vers des entretiens autour d
'On achève bien les
éleveurs.
Les
Cahiers du bruit
Propos recueillis par Élise
« Plutôt que la question animale, qui est en vogue en ce moment dans des
milieux très différents (et jusqu’à l’université où il est question d’animal
studies), nous pensons que c’est le mode de production qui doit être clivant :
une agriculture hors-sol, parfaitement végétale et organisée par des mouvements
de capitaux à grande échelle ou une agriculture paysanne ? Après tout, les
hommes et les femmes qui triment dans les usines et sous les serres, comme ceux
et celles qui mangent les produits douteux de l’agro-industrie, sont aussi des
animaux. »
CQFD de mars
2018
Un entretien avec Sébastien Navarro dans le dossier « Reprendre la clef
des champs » sur la paysannerie.
«
Il y a
dans le livre un certain pessimisme qui tranche avec un discours
"alternativiste" qui dirait que oui c’est possible, on peut encore exister en
dehors du système. Effectivement, tout le monde peut faire pousser des légumes
bio. En revanche, produire, se dégager un revenu, mener une vie décente et le
tout de manière stable et pérenne, c’est vraiment un autre
défi. »
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dimanche, 10 décembre, 2017
Par Aude le dimanche, 10 décembre, 2017, 13h35 - Annonces
Vendredi 8 décembre, l'émission "Offensive
sonore" consacrait son émission sur Radio libertaire à On achève bien les
éleveurs. Il a été question d'administration de l'élevage, de puçage
et de résistances.
L'émission est directement
accessible ici mais allez faire aussi un tour sur le site de l'émission.
Dessin Guillaume Trouillard.
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jeudi, 30 novembre, 2017
Par Aude le jeudi, 30 novembre, 2017, 21h07 - Annonces
À propos d'On achève bien les éleveurs, un livre d'entretiens édité par Aude Vidal, illustré par Guillaume Trouillard
Avec Jean-Pierre Berlan, Jocelyne Porcher, Xavier Noulhianne, Christophe Richard, le groupe Marcuse, Fabrice Jaragoyhen, les fermiers du Pic-Bois et Stéphane Dinard
144 pages, 24 euros
Parution le 1er décembre 2017
Dossier de presse à télécharger ici
À l'origine de ce livre, le dessinateur Guillaume Trouillard. Loin de se
contenter d'illustrer les entretiens qui sont ici retranscrits et mis
en forme, il a ouvert les premières pistes de ce qui est devenu On achève bien les éleveurs. C'est lui que la lecture de La Liberté dans le coma,
ouvrage du groupe Marcuse, a convaincu de la nécessité d'aborder la
question du puçage des bêtes, du contrôle et plus globalement de
l'administration du métier d'éleveur… et des résistances à cette lame de
fond. C'est encore lui qui, après avoir découvert la chercheuse
Jocelyne Porcher et l'éleveur Xavier Noulhianne dans l'émission de Ruth
Stegassy sur France Culture, « Terre à terre », a souhaité que nous les
rencontrions.
Guillaume se flatte parfois d'être né dans le même canton que Bernard
Charbonneau, un penseur écologiste et critique de la technique actif dès
les années 1930, parfois mentionné dans ces entretiens. Il est surtout
un fidèle lecteur des ouvrages publiés par l'Encyclopédie des nuisances,
éditeur entre autres de Du progrès dans la domestication. C'est peut-être parce que cela se devine trop aisément que La Revue dessinée,
qui lui avait commandé un reportage d'une trentaine de pages sur la
question de l'élevage aujourd'hui, a retardé la publication de cette
bande dessinée dont Gabriel Blaise et moi avons écrit le scénario. Ce
reportage est finalement paru, plus de deux ans après nos premiers
entretiens et malgré les efforts de Gabriel pour nous remettre dans les
clous d'une revue peu désireuse de prendre des positions aussi tranchées
que les nôtres. Le reste tient en partie au fait que, plutôt que de
prendre des notes à partir desquelles j'aurais écrit les maigres bulles
d'un reportage en bande dessinée, j'ai pris la peine de retranscrire les
heures de savantes explications, de considérations passionnantes et
d'indignations à partager. Il en est resté des pages que je ne pouvais
me résoudre à simplement archiver.
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mardi, 19 septembre, 2017
Par Aude le mardi, 19 septembre, 2017, 17h42 - Lectures
Nicholas Carr, Remplacer l'humain.
Critique de l'automatisation de la société, traduit de l'anglais
(États-Unis) par Édouard Jacquemoud, 272 pages, 19 euros, L'Échappée,
2017
Résister à l’automatisation, voilà une entreprise qui semble insensée. Ce
serait résister à la logique selon laquelle les investissements dans les
machines sont très vite plus rentables que le recours à du travail humain (et
que l’argent décide de la marche du monde). Ce serait résister également à
notre goût pour l’économie de moyens, une tendance presque naturelle à s’éviter
de la peine. Il est toujours possible de s’en désoler à longueur de pages, de
la documenter de manière intéressante mais à quoi bon ? Nicholas Carr
réussit pourtant à livrer avec Remplacer l’humain un livre
passionnant.
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mercredi, 28 décembre, 2016
Par Aude le mercredi, 28 décembre, 2016, 11h57 - Textes
Un article paru en juin 2016 dans le n°23 de Moins!, journal romand d'écologie
politique et qui reprend une partie de ma brochure sur le revenu garanti.
J'ai édité dans mes jeunes années une brochure qui faisait la promotion du
revenu garanti : comment « perdre sa vie à la gagner » (1),
expliquaient de jeunes écologistes proposant plutôt de rester au lit pour
« transformer son temps en bonheur en tranches ». Presque quinze ans
après, parmi les rédacteurs et rédactrices de ces textes, beaucoup sont
engagé-e-s dans des activités bassement productives et rémunérées :
maraîchage, enseignement du français langue étrangère, soin aux enfants
handicapés… Il y avait finalement de quoi faire sans pourrir la planète.
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mercredi, 14 octobre, 2015
Par Aude le mercredi, 14 octobre, 2015, 11h42 - Textes
« Mon argent, mon argent, à quoi l’emploierai-je ? Acheter des meubles
pour la maison ? Mais je n’y suis jamais dans la maison. À quoi bon l’aménager
? Je ne la connais plus. Acheter de bonnes nourritures, mais je n’ai plus le
temps de les préparer comme il faut. Le dimanche ? Ah non, je suis trop
fatiguée pour me mettre à la cuisine que d’ailleurs je ne sais plus faire.
» Émouvant témoignage d’une femme des années 60 sur la malédiction du travail
salarié... Oh no, wait, c’est Jacques Ellul, père de famille, auteur
de dizaines d’ouvrages et longtemps salarié à l’IEP de Bordeaux, qui parle.
Dans Exégèse des nouveaux lieux communs, le pape de la technocritique
consacre quelques pages à l’idée reçue selon laquelle « La femme trouve sa
liberté dans le travail » et vole la voix d’une mère de famille pour lui
expliquer avec des accents sensibles qu’on ne lui verra plus dans le reste de
son œuvre (magie de l’écriture au féminin) qu’elle est mieux soumise à un mari
qu’à être harcelée sexuellement par un contremaître, que la maison sans elle
est froide et vide (on y reviendra), que les femmes soviétiques sont manœuvres
et cantonniers, beurk. Etc.
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mardi, 26 mai, 2015
Par Aude le mardi, 26 mai, 2015, 16h31 - Textes
Il y a quelques jours j'entendais un philosophe médiatique répondre à la
question : « Croyez-vous au Progrès ? » Surprise :
notre philosophe répondit oui sans interroger ni l'action ni son objet, tant le
Progrès est un concept à la définition universelle et évidente, auquel il est
de bon ton de croire. Alors que… si le Progrès existe, que n'est-il
besoin de le constater, comme l'alternance entre le jour et la nuit ou
le passage du temps ?
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lundi, 23 mars, 2015
Par Aude le lundi, 23 mars, 2015, 14h33 - Lectures
Barbara Ehrenreich
et Deirdre English, Sorcières,
sages-femmes & infirmières. Une histoirE des femmes soignantes,
traduction L. Lame, Cambourakis, collection « Sorcières », 2015, 124
pages, 16 €.
En 1973, Barbara Ehrenreich et Deirdre English publient une
brochure féministe, à mi-chemin entre le pamphlet et l’ouvrage de vulgarisation
historique, dont le succès les surprendra. Les éditions Cambourakis reprennent
aujourd’hui ce texte, accompagné de deux introductions par les autrices (1973
et 2010) et d’une postface, le tout constituant un ouvrage modeste mais
stimulant. Que celles qui comme moi n’ont pas encore osé ouvrir Caliban et la sorcière (1) n’hésitent
pas.
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mardi, 17 mars, 2015
Par Aude le mardi, 17 mars, 2015, 16h41 - Annonces
Un vendredi sur deux à la radio (Radio Libertaire, 89,4) et en ligne sur le
site de la Bibliothèque associative de Malakoff. Voici deux émissions avec un
luxe de temps au sujet du dossier de
L'An 02, "Qui est réac ? Qui est moderne ?"
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mercredi, 11 mars, 2015
Par Aude le mercredi, 11 mars, 2015, 16h20 - Lectures
Sherry Turkle, Seuls ensemble. De plus en plus de technologies,
de moins en moins de relations humaines (2011), traduit par Claire
Richard, L’Échappée, 2015, 528 pages, 22 euros
Sherry Turkle prend
soin de le préciser tout le long de son ouvrage. Non, elle n'est pas luddite
(du nom de ces ouvrier·e·s briseurs de machine s'étant donné pour chef un
imaginaire Ned Ludd). Non, elle n'est pas technophobe. Et de fait, le propos de
cette psychologue directrice de département au Massachussets Institute of
Technology est assez mesuré. Elle essaie de comparer chacune de ses
observations avec nos usages d'avant le surgissement de machines high
tech : qu'est-ce qui change entre une poupée et un robot social dans
la réaction d'un enfant ? entre un échange sur Skype et une lettre pour
les personnes mises en relation ? Et ses conclusions ne sont pas
fracassantes, inédites ou catastrophistes. Mais oui, quelque chose change quand
nous nous entourons d'objets nouveaux, avec des fonctionnalités nouvelles. Nous
nous y adaptons, ils suscitent en nous des comportements différents, qui nous
sont peut-être dommageables. Dans une institution qui réunit les meilleurs
ingénieurs au monde, voilà assez d'esprit critique pour donner des
palpitations…
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mercredi, 21 janvier, 2015
Par Aude le mercredi, 21 janvier, 2015, 14h40 - On a les utopies qu'on mérite
Je mange tous les lundis dans une cantine végane, sans hostilité pour la
pratique qui consiste à consommer beaucoup moins de produits d'origine animale,
et plus du tout s'ils sont issus de productions industrielles. Mais je me
régale aussi des produits de l'élevage, le boudin de Myriam, les méchouis de
Christophe, les fromages de Xavier. Je peux également entendre les choix
d'alimentation de chacun-e et la difficulté qu'il peut y avoir à les
assumer : il est regrettable de voir l'alimentation s'individualiser au
même rythme que les sociétés, mais cette tendance s'est assez largement imposée
pour que j'aie moi aussi des dégoûts très personnels.
Mais si le véganisme est un projet politique, je m'y oppose. Alors que dans mon
entourage chacun-e tend à se flageller de ne pas être encore strictement
végétarien-ne ou végan-e et que l'idée que l'élevage, c'est de la merde,
commence à s'imposer, il me semble important de considérer avec moins
d'indulgence le véganisme. En apparence écologique et opposé à des tendances
sociales mortifères, il déploie en trouvant sa cohérence un monde que je ne
trouve pas beaucoup plus vivable que celui que nous tentons de changer. J'ai
choisi le terme véganisme parce qu'il correspond à la posture politique que
j'observe le plus fréquemment, mais il faudrait parler d'un train emmené par
une locomotive dont le projet et les priorités ne sont pas forcément partagées
par les derniers wagons mais qui les emmène néanmoins dans la direction d'une
société sans élevage.
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samedi, 13 décembre, 2014
Par Aude le samedi, 13 décembre, 2014, 16h01 - Textes
Affreux essentialistes vs. néo-féministes libérales… les polémiques qui
déchirent nos milieux depuis le printemps dernier nous auraient-elles donné à
penser ? Même pas sûr. D'un côté, la haine pour le « lobby gay »
(Pièces et main d’œuvre) et le sarcasme pour les féministes qui n'en sont que
de « prétendues » (Alexis Escudero dans La Reproduction
artificielle de l'humain, printemps 2014). De l'autre, la soumission à des
thèmes libéraux assez problématiques. Je n'y ai pas trouvé mon compte, et je
crois que nous sommes nombreux/ses dans ce cas (Escudero se flattait aussi de
ça dans ses premiers textes… mais j'vous jure, j'ai des retours
encourageants).
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lundi, 10 novembre, 2014
Par Aude le lundi, 10 novembre, 2014, 11h51 - Textes
Pour gagner une campagne électorale aujourd'hui, il faut cliver au bon endroit,
celui qui sera favorable à ses idées en se présentant au maximum de personnes
comme le défenseur de leurs intérêts ou de leurs valeurs. On ne sait pas quelle
campagne (militaire ?) mène
Alexis Escudero, mais il a clivé
fortement les milieux susceptibles de relayer son enquête sur « la
reproduction artificielle de l'humain ». Et pas au bon endroit, si on en
croit les refus et déchirements divers autour de sa tournée promotionnelle.
Lundi 27 octobre, à Lille, une moitié du public est partie après la lecture
d'un
texte.
Pas au bon endroit, parce qu'en tant qu'actrice
de cette histoire (j'ai participé à la rédaction du texte lillois) je me suis
sentie tributaire de ce clivage et sommée de faire des alliances que je
n'aurais pas jugé propices en temps normal. Mais devant le refus de débattre
dont Escudero a témoigné jusqu'à présent (1), la possibilité de partager nos
réserves ou francs refus, entre féministes, lesbiennes radicales,
technocritiques et proféministes, était en elle-même précieuse. Les discussions
riches, respectueuses et argumentées que nous avons eues à l'occasion de cette
rédaction m'ont donné envie de réagir sur quelques-uns des points de tensions
apparus entre nous.
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samedi, 11 octobre, 2014
Par Aude le samedi, 11 octobre, 2014, 16h25 - Textes
Il y a quelques
semaines, une campagne publicitaire battait son plein dans les couloirs de
métro parisien (et peut-être ailleurs). La grande vitesse mettait l’Europe à
portée de train de Paris. L’Allemagne, la Suisse, l’Espagne à portée de
train ? Mouais. À condition de confondre l’Allemagne avec un pays situé
entre Cologne et la France alors qu’il s’étend, dit-on, jusqu’à la frontière
polonaise. À condition de confondre l’Espagne avec la Catalogne. À condition de
rester en-deçà des mille bornes.
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