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dimanche, 23 juin, 2019

Crise des déchets plastiques en Asie du Sud-Est

Une série de trois reportages publiés sur Asialyst.com

En août 2018, les biologistes militant·es de l'association Ecoton à Java me font visiter une décharge sauvage à quelques kilomètres de leur siège. Des déchets plastiques triés par des travailleurs pauvres, une partie brûlée comme combustible, sans filtre, dans l'usine de tofu voisine… Je prends quelques photos pendant que les chiffonniers m'exhibent l'une de leurs trouvailles, un drapeau états-unien. Deux ans plus tôt, j'avais visité une usine de recyclage de papier qui s'était engagée sous l'influence d'Ecoton pour augmenter la qualité de ses rejets dans la rivière. Ces décharges constituent un gros recul écologique, dans une région où les déchets ménagers ne sont pas même collectés.

C'est que l'année 2018 a été celle d'une crise mondiale des déchets plastiques, suite au choix de la Chine de ne plus assurer leur recyclage. Les industriels cherchent alors d'autres débouchés et lorgnent sur les pays voisins. La Malaisie et l'Indonésie en font les frais, hésitant à refuser elles aussi l'importation de ces déchets, au centre d'une activité économique émergente. Mais à la fin de l'année, il faut se rendre à l'évidence : beaucoup d'acteurs véreux ne font pas du recyclage mais une gestion à moindre coût pour profiter de l'aubaine. Stockage de déchets dans des usines qui sont abandonnées une fois pleines, décharges sauvages dans la nature, combustion sans filtre qui libère des fumées toxiques, etc.

Pendant des mois, les riverain·es, qui commencent à souffrir des pollutions, découvrent ces sites autour de leurs villages. Les associations écologistes sont sur le terrain. Greenpeace produit à l'automne 2018 un premier rapport qui concerne l'ensemble de l'Asie du Sud-Est. Les Amis de la Terre Malaisie interpellent le gouvernement sur l'interdiction des importations et travaillent main dans la main avec GAIA (Global Alliance for Incinerator Alternatives). C'est Mageswari Sangaralingam, une Malaisienne que j'ai déjà rencontrée sur d'autres luttes, qui fait le lien entre les deux. En avril 2019, la question est largement traitée par les médias malaisiens et arrive sur le devant de la scène. Le gouvernement est convaincu et le contexte international s'éclaircit : une conférence à Genève propose d'intégrer les déchets plastiques non-recyclables à la convention de Bâle sur les déchets dangereux – ce qu'ils sont – pour en interdire le trafic international. Prigi, de l'association Ecoton, et Mageswari, tou·tes deux à Genève, ont eu gain de cause.

Chapitre 3 : Quand l'Asie du Sud-Est nous renvoie nos déchets plastiques

Aujourd'hui les déchets plastiques sont toujours là, en particulier en Malaisie qui a reçu le plus gros contingent. Et d'autres arrivent encore, que les autorités portuaires découvrent sur les docks de Port Klang et de Butterworth, les deux plus gros ports du pays, sur le détroit de Malacca. Ils sont cachés dans les conteneurs sous des déchets légaux recyclables ou bien sous de fausses déclaration. Le 17 juin, il y a à Butterworth pas moins de 400 conteneurs en attente de renvoi à leur envoyeur… aux frais des autorités malaisiennes qui doivent en outre faire la chasse aux contrebandiers et nettoyer les sites pollués. Il est temps que les pays développés, qui envoient en Europe de l'Est ou en Asie une (petite) partie de leurs déchets, les retraitent tous à la maison.

Plein de liens à suivre sur le site d'Asialyst mais des bonus ici :

Les pauvres ne comprennent rien à l'écologie mais les riches, si ? Chronique rigolote de Guillaume Meurice.

En France aussi on sait jeter du plastique à la flotte.

Excellente histoire politique de l'emballage perdu et du recyclage par Grégoire Chamayou.

mercredi, 1 mai, 2019

Recyclés ? Non, nos déchets plastiques inondent l'Asie du Sud-Est

Les touristes occidentaux qui arpentent les routes du Sud-Est asiatique sont toujours choqués par l’omniprésence de déchets plastiques dans l’environnement de la péninsule et de l’archipel. Le plastique abonde dans la vie quotidienne, qu’il s’agisse d’usage unique ou d’objets. Dans les supermarchés et les épiceries, les contenants en verre ou en carton sont plus rares qu’en Europe et les doses individuelles plus répandues. Dans les marchés, les emballages en feuilles de bananier ont laissé place au plastique et parmi les stands, il en est souvent un qui vend aux commerçants les sacs en plastique et boîtes en polystyrène dont ils font un usage abondant. Le traitement des déchets pose problème : les infrastructures sont mauvaises ou inexistantes et dans les zones rurales les déchets ne sont pas collectés, chaque famille brûlant dans son jardin ses emballages de snacks, sacs ou bouteilles en plastique. À ces difficultés s’ajoutent désormais celles que connaît la région depuis qu’elle suscite les convoitises des acteurs du marché mondial du recyclage des déchets. Car le problème des déchets domestiques est aggravé par l’importation de ceux des pays riches, des États-Unis au Japon, en passant par l’Europe.

La suite sur Asialyst.com.

mercredi, 12 décembre, 2018

Quelque chose du gilet jaune

C’est bientôt Noël et c’est déjà l’overdose. Des pubs qui dégoulinent de rouge, des passant·es avec leurs gros sacs en papier remplis de cadeaux venus du cœur et d’usines où le travail est bon marché, des questions existentielles sur ce qu’on aimerait recevoir alors qu’il faut bien l’admettre, on n’a franchement besoin de rien… ou bien de tout. C’est la grande bouffe et il y a du monde à table. Des week-ends en avion dans une ville où on n’a personne à aller voir (à part un hôte AirBnB) aux changements d’équipement parce qu’un nouveau vient de sortir qui est tellement mieux (et pas parce que l’ancien ne marche plus), tout déborde.

Et à côté de ça, les histoires de ces familles qui payent les activités de leurs enfants, vingt euros l’année grâce aux aides municipales, en trois fois sans frais ou de ce petit garçon qui raconte à ses copains de classe qu’hier il a dîné – parce que c’est pas tous les soirs que ça arrive.

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mardi, 2 octobre, 2018

« Des mesures potentiellement impopulaires »

C’était il y a presque vingt ans. La formatrice était venue avec son bébé, qu’elle allaitait, pour nous présenter les grandes lignes de ce qu’est le changement climatique. Les particules de gaz à effet de serre plus denses dans l’atmosphère, qui font que l’énergie solaire est recapturée en plus grande proportion après qu’elle a touché la Terre. Le réchauffement de la planète, qui s’ensuit, ces deux ou trois degrés (selon les différents scénarios) qui ne sont pas uniformément répartis mais constituent une énergie en plus phénoménale, laquelle nourrit des épisodes climatiques plus intenses et plus fréquents. Et puis ce qu’on peut y faire : un quart des émissions dû aux transports, un autre à l’agriculture (pas seulement l'élevage mais aussi le mésusage des sols), un autre au bâtiment, un dernier à l’industrie et une troisième moitié pour tout ce que nous achetons sur le marché mondial et qui n'est pas compté dans la consommation nationale… Les solutions ? Des techniques plus écologiques et moins industrielles et une réduction : du nombre de kilomètres effectués par les biens et les personnes, de la consommation, de l'extraction des ressources, etc. Changer de mode de vie mais aussi changer de modèle économique. Ça tombait bien, les échos de Seattle se faisaient encore entendre et la mondialisation néolibérale était nommée, décrite et combattue.

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dimanche, 18 mars, 2018

Timika

Nicolas Rouillé, Timika, Anacharsis, Toulouse, 2018, 492 pages, 22 euros.

« Western papou », prévient la couverture. Timika, cette ville de Papouasie occidentale située dans les environs de la plus grande mine d'or du monde, a en effet des airs de ville-frontière pourrie par la corruption, le fric de l'or qui ruisselle tant bien que mal, pourrie enfin par cette guerre méconnue que l'Indonésie mène contre les Papous. Si aujourd'hui ce grand archipel épouse parfaitement les frontières des Indes néerlandaises, une création coloniale, cela n'a rien d'une évidence car la Nouvelle Guinée est une île peuplée de Papous, peuple mélanésien et chrétien. Sa partie occidentale a été rattachée de force à l'Indonésie dans les années 1960, suite à une annexion forcée et à un référendum sous contrôle, avec la complaisance de la communauté internationale. Jakarta mène depuis lors une guerre pour garder le territoire dans son giron. Car, qu'il s'agisse de bois ou de métaux, l'île est aussi riche en matières premières que ses habitant·es sont pauvres.

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jeudi, 30 novembre, 2017

On achève bien les éleveurs

À propos d'On achève bien les éleveurs, un livre d'entretiens édité par Aude Vidal, illustré par Guillaume Trouillard
Avec Jean-Pierre Berlan, Jocelyne Porcher, Xavier Noulhianne, Christophe Richard, le groupe Marcuse, Fabrice Jaragoyhen, les fermiers du Pic-Bois et Stéphane Dinard
144 pages, 24 euros
Parution le 1er décembre 2017
Dossier de presse à télécharger ici

À l'origine de ce livre, le dessinateur Guillaume Trouillard. Loin de se contenter d'illustrer les entretiens qui sont ici retranscrits et mis en forme, il a ouvert les premières pistes de ce qui est devenu On achève bien les éleveurs. C'est lui que la lecture de La Liberté dans le coma, ouvrage du groupe Marcuse, a convaincu de la nécessité d'aborder la question du puçage des bêtes, du contrôle et plus globalement de l'administration du métier d'éleveur… et des résistances à cette lame de fond. C'est encore lui qui, après avoir découvert la chercheuse Jocelyne Porcher et l'éleveur Xavier Noulhianne dans l'émission de Ruth Stegassy sur France Culture, « Terre à terre », a souhaité que nous les rencontrions.

Guillaume se flatte parfois d'être né dans le même canton que Bernard Charbonneau, un penseur écologiste et critique de la technique actif dès les années 1930, parfois mentionné dans ces entretiens. Il est surtout un fidèle lecteur des ouvrages publiés par l'Encyclopédie des nuisances, éditeur entre autres de Du progrès dans la domestication. C'est peut-être parce que cela se devine trop aisément que La Revue dessinée, qui lui avait commandé un reportage d'une trentaine de pages sur la question de l'élevage aujourd'hui, a retardé la publication de cette bande dessinée dont Gabriel Blaise et moi avons écrit le scénario. Ce reportage est finalement paru, plus de deux ans après nos premiers entretiens et malgré les efforts de Gabriel pour nous remettre dans les clous d'une revue peu désireuse de prendre des positions aussi tranchées que les nôtres. Le reste tient en partie au fait que, plutôt que de prendre des notes à partir desquelles j'aurais écrit les maigres bulles d'un reportage en bande dessinée, j'ai pris la peine de retranscrire les heures de savantes explications, de considérations passionnantes et d'indignations à partager. Il en est resté des pages que je ne pouvais me résoudre à simplement archiver.

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mercredi, 28 juin, 2017

Indonésie : quand Bali dit non au tourisme de masse

Chaque année, la moitié des touristes qui viennent découvrir l’immense archipel indonésien se retrouvent à Bali, une île grande comme un ou deux départements français. Ses temples hindous, ses frangipaniers aux fleurs odorantes, ses rizières en terrasse dont le système d’irrigation est classé au patrimoine mondial de l’Unesco… mais aussi ses embouteillages, ses plages bondées et ses millions de visiteurs aux épaules rougies par le soleil. La destination culturelle jadis prisée par les hippies est devenue usine à touristes. Alors, quand un magnat prévoit de poldériser 700 hectares de zone humide en pleine ville, c’est toute l’île qui se lève pour refuser le projet. Environnementalistes, employés du secteur touristique ou artistes, ils sont tous très tolak, du nom du mouvement « Bali Tolak Reklamasi Teluk Benoa » (« Non à la poldérisation de la baie de Benoa »).

La suite sur Asialyst.com

mercredi, 23 novembre, 2016

Le village de Lakarwodo résiste en cartes

C’est en secret que les villageois de Lakardowo, à Java Est, se rendaient à dix kilomètres de là dans les locaux de l’ONG Ecoton, une association de défense de l’environnement. « Les femmes, lors de leurs premières formations sur les déchets toxiques ou sur les régulations environnementales, mentaient à leur famille et à leur voisins quand elles venaient ici. Les hommes attendaient 22 h pour que personne ne les voie. » Riska se souvient de leurs premiers contacts avec l’équipe de biologistes militants dont elle est la benjamine. Depuis quelques mois, elle a le plaisir de voir les villageois venir de jour et toujours plus nombreux, entassés sur le plateau d’un pick-up, pour élaborer avec l’ONG des réponses à ce que vit le village depuis six ans.

En 2010 une usine de traitement de déchets toxiques, PT PRIA (Putra Restu Ibu Abadi), s’installe sur la commune, se présentant aux autorités du village comme une usine de briques et de papier recyclé. Il faut du temps, des lanceurs d’alerte et des malades pour comprendre que les briques en question ne sont que l’une des formes sous lesquelles l’usine se débarrasse de déchets toxiques..

La suite sur le site visionscarto.net.

dimanche, 31 juillet, 2016

Moi président, l’écologie, je m’en fous

Article paru dans CQFD n°141, mars 2016

Certes, la plupart d’entre nous n’attendait rien de toi, Parti socialiste. Mais le quart d’inscrits égarés qui t’a porté au pouvoir a dû sérieusement être déçu. Transition écologique, préservation des espaces naturels, lutte contre le changement climatique et la pollution de l’air, du sol et des eaux… Où en sommes-nous ? Ta présidence n’est pas synonyme de simple dégradation de notre patrimoine naturel commun. Non, tu as bien su le valoriser, au point qu’il a gonflé quelques portefeuilles.

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lundi, 11 avril, 2016

Espérance de vie : la fin de quelle illusion ?

Article paru dans « Faire la paix avec la mort », dossier n°8 de En attendant l'an 02, ouvrage collectif aux éditions Le Passager clandestin, avril 2016, 220 pages, 15 euros

« Au moins dans nos sociétés meurt-on toujours plus vieux. » C'est la tarte à la crème que reçoivent en réponse les critiques de l'industrialisme, des villes tentaculaires et de la bouffe dopée aux produits chimiques. Sommes-nous vraiment sûr·e·s de mourir plus tard que les générations qui nous ont précédées ? Et en quoi cela nous assurerait une vie bonne ?

Janvier 2016. L'INSEE livre les chiffres de la démographie française pendant l'année écoulée. L'info fait les titres des journaux : l'espérance de vie est en baisse et la mortalité la plus élevée depuis 1945. Pour la première fois depuis 1969, les espérances de vie masculine et féminine baissent de manière simultanée : -0,3 ans pour les hommes, qui meurent en moyenne à 78,9 ans, et -0,4 ans pour les femmes, pour 85 ans. Les événements météorologiques de 2016 (une canicule en juillet et une vague de froid en octobre) suffisent-ils à expliquer ce chiffre ? Et ne s'agit-il que d'un phénomène conjoncturel, comme les démographes nous l'expliquent tout le long de la semaine qui suit ? Claude Aubert, agronome, promoteur de l'agriculture biologique et auteur d'ouvrages de santé environnementale comme Espérance de vie, la fin des illusions (Terre vivante, Mens, 2006), a à ce sujet un avis sensiblement différent…

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mardi, 23 février, 2016

Les personnes les premières concernées

On parle beaucoup des « personnes les premières concernées » mais rarement des « deuxièmes concernées ». J'ai déjà écrit à ce sujet : les prostituées sont certes les personnes les premières concernées par leur activité mais la prostitution et sa reconnaissance gravent dans le marbre la disponibilité des femmes aux hommes, du male entitlement à la culture du viol. Les autres femmes sont elles aussi concernées par ce que fait la prostitution à la société qui la réprime ou qui l'accepte (sachant que la France fait les deux, réprimant des prostituées dont elle soumet le revenu à l'impôt).

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jeudi, 22 octobre, 2015

Petite écologie de la Malaisie

L’actualité internationale, c’est des tremblements de terre, des meurtres d’opposants politiques, des guerres... Il n’y a pas d’autre raison pour braquer son objectif sur un pays lointain. C’est pourtant ce que j’ai fait, accueillie entre avril et août 2014 par la branche locale de Friends of the Earth qui m’a fait découvrir la Malaisie au prisme des questions environnementales. J’en ai tiré une série de reportages que je réunis ici. Cette forme d’écriture, factuelle et concise, est peu propice à la réflexion. Aussi je propose en introduction un texte nourri de lectures, qui tente de mieux rendre compte du contexte national, de son histoire et de ses évolutions les plus récentes (septembre 2015). Suivent trois reportages : le premier sur la situation du Sarawak, État de la partie malaisienne de Bornéo ; le deuxième sur une mobilisation dans la péninsule malaise contre une usine de terres rares ; le troisième sur deux modèles d’agriculture qui s’offrent au pays.

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mercredi, 19 août, 2015

Une histoire populaire de l'humanité

Chris Harman, Une histoire populaire de l'humanité. De l'âge de pierre au nouveau millénaire
Traduit par Jean-Marie Guerlin, La Découverte Poche, 2015 (2011)
720 pages, 15 €


« On me demande souvent, disait Howard Zinn, s'il existe un livre équivalent à mon Histoire populaire des États-Unis pour l'histoire du monde. Je réponds toujours qu'il n'en existe qu'un qui accomplisse cette tâche particulièrement délicate : celui de Chris Harman. » Une histoire populaire de l'humanité, par un auteur spécialement attentif aux mouvements révolutionnaires, donne l'occasion de revenir sur des moments marquants de l'histoire sociale et politique, plus compréhensive envers les classes laborieuses et les révolté-e-s de toute sorte, moins attachée au grands hommes qui semblent ailleurs seuls capables de faire se mouvoir des foules inertes (1).

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lundi, 20 juillet, 2015

Brut

Brut. La Ruée vers l’or noir, David Dufresne, Nancy Huston, Naomi Klein, Melina Laboucan-Massimo et Rudy Wiebe, Lux éditeur, Montréal, 2015, 108 pages, 12 €

Du brut. Par millions de barils. Ou comment donner à voir l’exploitation des sables bitumineux du Canada. Barils, dollars, gaz à effet de serre, degrés de réchauffement… On connaît l’histoire mais voici une invitation à en découvrir jusqu’aux acteurs les plus modestes, en un livre composite où se mêlent reportage, témoignage, plaidoyer et littérature, et autant de voix. Fort McMurray, dans le Nord-Est de l’Alberta, est la capitale de ces hydrocarbures que l’on dit non-conventionnels : leur exploitation, plus polluante et plus coûteuse que partout ailleurs, souille 90 000 km2 de terres et le bassin du fleuve Mackenzie, l’une des principales sources d’eau douce au monde. Dans des mines à ciel ouvert, des camions de trois étages chargent ce mélange de sable, d’argile et de bitume. Moins visible, l’exploitation par forage consomme plus d’eau et relâche plus de produits toxiques. Le transport par pipe-line, ensuite, déverse lors de fuites régulières des millions de litres jusque dans l’océan Pacifique.

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mardi, 23 décembre, 2014

Ni barrage ni extractivisme : les luttes socio-environnementales en Malaisie

Une présentation de mon travail sur la Malaisie et Bornéo dans "Zoom écologie", l'émission d'écologie de RFPP, 106.3 à Paris, à l'invitation des Radioactifs/ves. Pour les reportages écrits, suivre le tag "Asie".

mardi, 18 novembre, 2014

Extractivisme et développement : écologie de la Malaisie (1)

Là où les moussons se rencontrent

C'est le 11e pays le plus visité au monde, juste derrière la Thaïlande. Comme la France, carrefour de l'Europe occidentale à la rencontre des mondes latins et germaniques, la Malaisie bénéficie d'une position géographique privilégiée, entre mer de Chine et océan Indien. Les moussons ont permis pendant des siècles aux marins et aux marchands chinois de descendre jusqu'au sud de la péninsule malaise et d'y rencontrer ceux des mondes indiens et arabes, poussés par d'autres vents. Le caractère multiculturel de la société malaisienne aujourd'hui est aussi l'héritage de la colonisation du pays et de l'exploitation de ses ressources naturelles par les Britanniques. Fortement stigmatisée dans les années 1980 et 1990, pendant lesquelles elle fut le deuxième exportateur mondial de bois tropicaux (pour une surface équivalent à une moitié de France !), la Malaisie ne s'est jamais remise de l'usage qui a été fait d'elle sous l'ère coloniale : un réservoir de richesses naturelles à piller. Le caoutchouc et l'étain ont été remplacés par le palmier à huile et le pétrole, mais les structures extractivistes (1) ne changent pas, dans les effets de la rente qu'elle produit et dans sa redistribution, dans le rapport à la Nature et au temps long.

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lundi, 17 novembre, 2014

Extractivisme et développement : écologie de la Malaisie (2)

Le rojak malaisien

La Malaisie, l’état des Malais ? Ou à partir de quand est-on bumiputera, fils de la Terre ? L’appellation englobe les communautés autochtones, Orang Asli de la péninsule et Orang Asal de Bornéo, les deux expressions ne rendant pas compte de la variété des peuples qui vivent de et dans la forêt. Mais avant tout les Malais, synonyme ici de musulmans : le peuple de marins islamisé après le XIIe siècle, dont la langue a des racines communes avec le malgache ou le tagalog philippin, mais encore les populations indiennes, thaï ou philippines à condition qu’elles soient musulmanes (1). Et enfin les Peranakan, métis chinois (les Baba Nyonya ou Chinois des détroits qui sont bouddhistes ou chrétiens), indiens ou arabes. Et les Eurasiens, qui font état plus souvent d’ascendances portugaises que néerlandaises ou britanniques, les trois puissances coloniales qui se sont succédées depuis le XVIe siècle. Même si l’État n’admet pas de différence entre ses sujets, toutes ces communautés reconnues comme autochtones bénéficient d’un ensemble de lois qui doivent assurer leur non-discrimination économique (2).

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jeudi, 17 juillet, 2014

La Malaisie continue à manifester contre l’usine de terres rares de Lynas

Ils sont venus de toute la péninsule ce 22 juin, pour continuer à faire de l’usine Lynas de terres rares le plus gros dossier environnemental en Malaisie. 1,2 million de signatures ont été recueillies contre le projet, dans un pays de 30 millions d’habitants. Lynas concentre toutes les frustrations contre un gouvernement au pouvoir depuis l’indépendance et qui ne cède rien, en dépit d’accusations de corruption et de mauvaise gestion.

En mars 2010, les Malaisiens apprennent dans le New York Times l’installation d’une usine australienne de traitement de terres rares à Kuantan, dans l’état de Pahang, sur la côte est de la péninsule. Tout a été vite expédié entre le gouvernement et Lynas, un acteur relativement petit à l’échelle internationale, mais qui a le projet d’ouvrir l’une des plus grosses usines au monde. Les études d’impact environnemental ont été approuvées en quelques semaines, le gouvernement fait cadeau de dix ans de contributions fiscales, les travaux peuvent commencer. C’est alors que commence une mobilisation résolue et organisée, menée par deux grandes organisations : Himpunan Hijau (rencontre verte, en malais) pour la mobilisation de terrain et Stop Lynas, Save Malaysia qui mène une guérilla administrative et juridique.

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lundi, 23 juin, 2014

À Bornéo, les droits communautaires autochtones au secours d’un bien commun mondial

Marudi, ancien chef-lieu colonial de l’intérieur des terres, aujourd’hui une petite ville reliée aux villes de la côte par la sinueuse rivière Baram ou par une route toute récente mais déjà défoncée et deux passages de bac au coût exorbitant. Dans les modestes bureaux de Sahabat Alam Malaysia (SAM, Friends of the Earth Malaisie) où s’affairent des salariés issus des peuples Iban ou Kayan, un tableau récapitule une partie des 300 procès en cours contre le gouvernement de l’état du Sarawak. Il s’agit parfois de procès de militants, mais la répression aujourd’hui est moins dure que dans les années 1980 et 1990, pendant lesquelles la déforestation avait atteint des proportions inédites, et la Malaisie, grande comme une moitié de France, était le deuxième exportateur mondial de bois tropicaux. Désormais les procès sont plus souvent ceux que les peuples natifs mènent pour le respect de leurs droits communautaires, les native customary rights (NCR), contre les autorités.

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dimanche, 22 juin, 2014

En Malaisie, un barrage inutile menace la survie de peuples indigènes

Elles sont là depuis le 23 octobre 2013, bloquant la route qui mène au site sur lequel doit être construit le barrage de Baram, dans l’État du Sarawak, en Malaisie. Issues des peuples Kayan, Kenyah, Penan ou Kiput, ce sont en tout 20.000 personnes qui sont menacées par le barrage le long de la rivière et des affluents où elles vivent. Elles se relaient à Long Lama, le site du blocage, aidées par les voisins du peuple Iban.

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