Pas de Covid long pour la chair à patrons
Par Aude le lundi, 18 septembre, 2023, 18h06 - Textes - Lien permanent
J’ai découvert il y a peu grâce à un haut fonctionnaire du ministère de la santé, lors d’une conversation privée, la réalité du Covid long : plutôt qu’une affection qui toucherait une part significative des personnes infectées, même quand leurs symptômes ont été très légers, le Covid long ne serait au fond qu’un symptôme psychiatrique, conséquence de nombreux confinements. Devant ces assertions affirmées avec l’assurance du chef de service, j’ai fait comme avec les platistes et les porteurs de chapeau anti-radiation en papier aluminium. J’ai clos poliment la conversation sur l’accord qu’il nous fallait plus d'études.
Oui, il nous faut plus d'études mais pas pour savoir si oui ou non le Covid long existe, c’est un fait avéré partout, des revues médicales à l’OMS, à l’exception visiblement du ministère de la santé. Le fait est bien documenté et depuis des mois sortent des méta-études (comme celle-ci, en anglais et en français), qui agrègent et confrontent les résultats de nombreuses études déjà publiées. Le Covid long provoque des états de fatigue parfois incompatibles avec une vie quotidienne normale ainsi que des symptômes très variés qui touchent de nombreux organes, pas seulement les poumons et les voies respiratoires. La première étude publiée par Santé publique France en 2022 faisait état de 20 % d'affections post-Covid après une infection. Le chiffre varie selon la période interrogée (symptômes persistants après deux ou six mois) mais aujourd’hui il semble que pour une personne vaccinée le risque d'un Covid long soit autour de 10 %. Alors que les indicateurs de santé mentale sont retombés à l’anormale. Pas mal, quand on sait que depuis Omicron-qui-est-vachement-sympa, les mesures les plus simples de protection ont été abandonnées et les infections se chiffrent par millions.
S’il nous faut plus d’études, c’est sur ce qui déclenche le Covid long et ce qui permet de le guérir. Mais là encore, on ne tâtonne pas tout à fait à la lampe de poche dans un tunnel. On commence à avoir assez d’éléments pour établir le rôle du repos dans un complet rétablissement. La raison pour laquelle le Covid long touche plus fortement les femmes pourrait être leurs plus fortes contraintes au travail (double journée) et leur plus grande difficulté à trouver le temps de se reposer.
Or le retour des trois jours de carence avant indemnisation d’un arrêt maladie pour Covid, la disponibilité de tests désormais peu efficaces ou les injonctions au travail (mais de préférence à la maison) qui pèsent sur les malades, tout cela concourt à accroître un manque de repos dont on commence à toucher du doigt les conséquences. Il y a quelques jours, un employé de banque appelait une proche pour faire le point sur son compte. Au bout de quelques minutes il est apparu qu’il était covidé et à la maison. Trop fatigué, il a fini par reporter la suite de l’entretien. J’ai fait de même le mois dernier, épuisée par un rhume accompagné de symptômes étranges, reprenant mon boulot au radar après une seule journée de récupération sur la foi d’un autotest antigénique négatif. Voilà où nous en sommes sur la prévention du Covid long.
Ce genre de manque de soin pour la chair à patrons peut très vite menacer la ressource et le Covid long figure depuis bien plus d’un an dans les hypothèses de la perturbation actuelle du marché du travail. Le déni du ministère de la santé aidera à tirer sur la corde mais pas à résoudre le problème.
Jusqu’à l’abandon des mesures sanitaires au printemps 2022, l’opposition au macronisme avait majoritairement pris le parti de dénoncer la « dictature sanitaire », en un douteux contre-pied. Cela fait bientôt dix-huit mois que nos vies sont piétinées par le déni de la pandémie et le rétablissement à marche forcée mais les voix qui s’y opposent sont encore bien faibles. Les anti-pass et anti-masque communient depuis tout ce temps avec un gouvernement qui fit l’objet jadis de leur haine féroce et semblent de plus rien avoir à dire en la matière. Qui désormais pour critiquer cette biopolitique de l’indifférence ?
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