Chico Mendes : « Non à la déforestation »
Par Aude le mercredi, 2 mars, 2011, 14h52 - Lectures jeunesse - Lien permanent
Roman documentaire d'Isabelle Collombat, Actes Sud Junior, 2010
La forêt brésilienne suscite tous les appétits, en même temps qu'elle fait vivre nombre de petites gens. Populations autochtones et pauvres du Nordeste poussés vers l'Amazonie (la Nouvelle Frontière brésilienne) se confrontent ainsi aux intérêts de riches éleveurs de bovins, cultivateurs de soja et exploitants de bois tropicaux. Né dans une famille de seringueiros, qui arpentent la forêt pendant des heures chaque jour pour y cueillir la sève d'hévéa qu'ils transforment ensuite en caoutchouc, Chico Mendes est le protagoniste de ce roman de l'engagement. On le suit dès son enfance, tenant à s'éduquer pour assurer un sort meilleur à son entourage, découvrant le marxisme et devenant la figure qui rend sensible au monde entier le sort de la forêt amazonienne dans les années 1980.
Malgré son assassinat en 1988 par de riches propriétaires, la lutte contre la déforestation de l'Amazonie continue. Le Brésil n'a pas cessé de ronger sa forêt... à un rythme moindre depuis l'avènement du Parti des Travailleurs, dont Chico Mendes a été membre.
Isabelle Collombat fait une histoire sociale et politique de la lutte menée par les seringueiros contre la déforestation. Mais elle n'oublie pas les raisons écologiques qui en font un combat vital à l'échelle mondiale: «Au début, je pensais que je me battais pour sauver les hévéas, puis j'ai pensé que je me battais pour sauver la forêt amazonienne. Maintenant, je sais que je me bats pour l'humanité», dit Chico lors d'un discours à New York. L'ouvrage est complété par une recension de grands mouvements contre la déforestation ou pour la reforestation (les Chipko de l'Inde, le Green Belt Movement de Wangari Maathaï, et d'autres moins connus) et par un cahier de photographies dans lequel on reconnaît la véritable héritière de Chico Mendes, sénatrice et candidate verte en 2010… la fille de seringueiros Marina Silva. Une histoire sensible et qui reste accessible sans céder à la tentation de trop simplifier les enjeux sociaux et environnementaux des combats qu'elle retrace.