Quitte à acheter des livres sur Internet...

La librairie, c'est le commerce de détail qui rapporte le moins en France. Entre la TVA sur le livre qui a fait des caprices, passant en quelques mois du taux réduit au nouveau taux intermédiaire et retour (ouf !), la baisse globale du pouvoir d'achat, l'e-book et les pratiques commerciales agressives d'Amazon (songez par exemple que la gratuité des frais de port n'est offerte que dans les pays où existe un prix unique du livre et cette générosité vous semblera douteuse), ce n'est pas des livres qu'il faut vendre pour espérer bien gagner sa vie. Beaucoup de libraires exercent donc leur métier moins pour les revenus que pour la cause. C'est la culture, les gratifications sont symboliques.

Cela nous concerne aussi, lectrices et lecteurs, si nous ne souhaitons pas voir les librairies de nos villes transformées en agences bancaires ou magasins de fringues, si nous souhaitons continuer à nous faire surprendre dans des rayons agencés par des êtres humains plutôt que manipuler par des résultats d'algorithmes ("les autres moutons qui dévoilent des intérêts proches des vôtres ont acheté tel titre") et si à terme nous ne voulons pas voir l'ensemble de la chaîne du livre, pas moins, étranglée par une situation proche du monopole. En tant que prescriptrice de bouquins, j'ai choisi mon camp dans la guerre pour la survie de la librairie indépendante.

Sur certains blogs, quand vous suivez le lien depuis une critique de livre, vous tombez sur la page consacrée au bouquin sur le site Amazon. Ce n'est pas pour vous faciliter la vie, c'est parce que les blogueurs/ses sont remerciéEs par la multinationale en question en bons d'achats correspondant aux ventes liées à leur conseil. Merci Jean-No pour l'explication, et encore bravo pour avoir fait acheter plus de 80 exemplaires de 6, chez Zones sensibles à Bruxelles.

Bon, moi de toute façon je pourrais m'acheter un Folio 2 € par trimestre avec ma capacité d'influence, et puis j'ai une carte de bibli et je reçois plein de services de presse au nom de L'An 02 (ce sont des bouquins qu'on chroniquera dans la revue... ou pas, B. tamponne et on fait tourner dans l'équipe), alors je peux me permettre de faire ce que je crois dans l'intérêt d'un monde plus vivable : vous aiguiller vers le site de vente en ligne de la librairie Meura à Lille. Vous aurez le plaisir d'avoir soutenu le commerce de deux femmes motivées, drôles, sympa, et à qui l'on doit le plus grosse concentration que je connaisse de livres de sciences humaines au mètre carré. Elles vous accueilleront s'il pleut trop fort rue de Valmy, juste derrière les Beaux-Arts, alors qu'à Douai ou dans les quelques plates-formes françaises d'Amazon vous n'êtes pas invitéE dans la ZI où s'étale un hangar inhumain dans lequel des gens triment dans des conditions que vous n'aimeriez pas vous voir imposer.

Les autres librairies que je fréquente (et où je fais parfois tout sauf dormir) sont moins bien pourvues pour assurer la vente par correspondance sur achat impulsif motivé par une critique de blog, mais vous pouvez aussi noter les coordonnées de votre librairie préférée pour les commandes qui ne peuvent attendre... Quant à moi, je bénéficie de la remise de 5 %, pas plus, qui est offerte aux clientEs fidèles.

Commentaires

1. Le vendredi, 18 avril, 2014, 20h39 par Jean-no

Note que mon calcul qui vaut ce qu'il vaut, c'est que quand on fait acheter un livre via un lien "rémunérateur" d'Amazon, certes on rapporte de l'argent au marchand en ligne, mais on lui enlève 5% du prix ! Quand j'achète moi-même sur Amazon (ce qui arrive souvent, je n'ai pas de librairie à proximité, la première se trouve à 1h30 aller/retour et 4 euros de train), je passe toujours par la page de quelqu'un qui fait un lien vers le site. Pendant longtemps, j'envoyais des gens vers Amazon sans que ça me rapporte quoi que ce soit mais uniquement parce qu'ils avaient la base de données la plus sérieuse.
Vu le nombre de fois où j'ai acheté de manière impulsive sur Amazon, je pense que ce site n'est pas l'ennemi des libraires, des éditeurs ou des auteurs. En revanche, il fait un tort difficile à quantifier mais sans doute important aux libraires.
Ce qui fait le beurre d'Amazon, c'est quand même une chose bien simple : ça fonctionne redoutablement bien. En tant que lecteur je dois beaucoup à ce site, je regrette que les librairies français n'aient jamais réussi à lancer un concurrent sérieux à Amazon. C'est à tel point que de nombreux libraires vendent leurs livres via Amazon (en occasion mais aussi en neuf), y compris certains qui ont des sites Internet.
En tant que prescripteur, j'aurais vraiment du mal à envoyer les gens vers un système de vente qui fonctionne plus ou moins bien, qui gère mal son stock, qui a un système de paiement contraignant, etc.
J'irai voir Meura...

2. Le dimanche, 20 avril, 2014, 20h03 par Aude

Merci pour les précisions. Note que je n'ai pas testé Meura, j'y passe en vrai, mais je croise les doigts pour que ça marche bien... surtout si mes prescriptions marchent un peu !

3. Le mardi, 13 mai, 2014, 15h32 par Aude

http://www.parislibrairies.fr/

Merci Jean-no pour le tuyau (encore un) sur ce site web qui permet de localiser un bouquin de fond dans 78 librairies de la capitale et de sa proche banlieue...

4. Le lundi, 30 juin, 2014, 11h36 par Nicolas B.

Jean-No, Decitre ça marche bien aussi.

Maintenant, quand j'ai envie d'un achat impulsif, je ne fais plus appel à l'Amazone. Decitre, c'est français, et il m'offre lui aussi l'envoi gratuit.

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