Malaisie : le "people power" et les élections "propres" selon Tian Chua

C’est l’une des grandes figures de l’opposition en Malaisie. Arrêté après la 5e manifestation de Bersih le 19 novembre dernier, Tian Chua est vice-président du PKR, le Parti de la justice du peuple. Son organisation politique fait partie de ce vaste mouvement de la société civile malaisienne qui réclame la démission du Premier ministre Najib Razak et qui rythme la vie publique pays depuis 2007. Tian Chua a été relâché au bout de quelques jours, peu avant que Maria Chin, leader du mouvement Bersih arrêtée la veille du grand rassemblement, ne soit libérée à son tour. Le député d’opposition inscrit le mouvement Bersih contre la corruption et pour des élections équitables dans l’histoire de son pays mais également dans celle du « people power » d’Asie du Sud-Est, dont on célèbre ce mois-ci les trente ans.

À la suite du mouvement Reformasi à la fin des années 1990, Chua Tian Chang, alias Tian Chua, a passé deux ans en détention et est régulièrement inquiété depuis pour ses prises de position. Né en 1963 à Malacca dans une famille sino-malaisienne, ce militant formé en Australie puis en Europe, engagé dans les mouvements syndicaux et de droits humains, est aujourd’hui député pour le parti d’opposition People’s Justice Party (Parti Keadilan Rakyat, PKR) dont il assure également la vice-présidence.

Que vous est-il arrivé le samedi 19 novembre après la manifestation ?

Tian Chua : La police est venue chez moi pour m’arrêter. Je venais de rentrer de la manifestation. Je suis resté deux nuits dans un centre de détention de la police. En Malaisie, les magistrats n’interviennent pas avant que l’affaire soit portée devant une cour de justice. Avant cela, c’est l’affaire de la police. J’ai été détenu pendant deux nuits, accusé d’avoir tenté de causer des émeutes. C’est assez ridicule puisque les émeutes n’ont pas eu lieu et que la manifestation était finie à l’heure où j’ai été arrêté ! On ne m’a toujours pas signifié mon acte d’accusation. C’est ce qui est arrivé à Maria Chin, [la présidente de Bersih 2.0]. Le gouvernement prétend que l’arrestation de Maria Chin n’était pas un acte politique… Bien sûr que c’était politique, la police a reçu des instructions. Maria a été arrêtée au titre du Sosma [Security Offences (Special Measures) Act, une loi anti-terroriste datant de 2012]. C’est particulièrement inapproprié. Pendant les débats au parlement, le ministre nous répétait que cette loi ne serait jamais utilisée pour des affaires politiques. Nous savions que cela finirait ainsi, c’est pour cela que nous nous sommes opposés à cette loi. Maria était dans un centre de détention de la police à Batu, ma circonscription. J’y ai été détenu au titre de l’ISA, l’Internal Security Act, en 2001. Nous étions à l’isolement, dans une cellule avec une plate-forme en ciment et des toilettes encastrées. L’espace est plutôt étroit [4,5m sur 2.4m pour la cellule de Maria Chin et les lumières 24 heures par jour selon The Guardian, 24 novembre 2016]. Elle a dû être interrogée jour et nuit, au moins toute la journée. Cette loi autorise le gouvernement à faire détenir une personne suspectée d’avoir des activités « attentatoires à la démocratie parlementaire », une formulation vague et propice aux abus. C’est cela, le Sosma. Une mesure pareille est anti-constitutionnelle et s’oppose aux droits humains, ce sont des méthodes terroristes. Ce genre de torture vise à intimider les personnes qui portent des critiques légitimes contre le gouvernement. D’un point de vue philosophique, il n’est pas souhaitable d’utiliser ce genre de moyens, serait-ce contre des terroristes, car cela ne nous rend pas différents d’eux. Nous justifions l’action des terroristes quand nous utilisons des mesures anti-démocratiques.

Pourtant la manifestation du samedi 19 novembre a été calme et même joyeuse…

Bersih, après cinq manifestations, a réussi à convaincre une majorité de Malaisiens qu’il était légitime de manifester pacifiquement. La répression dans ce pays est subtile et préventive. Pendant des décennies, nous n’étions pas autorisés à manifester et nous n’osions pas le faire. La propagande nous expliquait que les manifestations mènent à la violence et à l’anarchie et elle montrait pour nous convaincre les exemples des pays voisins. Bersih a montré que nous pouvions mener des rassemblements massifs sans violence ni conflit. La police était très tranquille cette fois, elle savait que nous étions pacifiques et qu’une grande majorité de participants étaient disciplinés. C’est quelque chose dont nous sommes fiers. La violence attirerait l’attention sur la Malaisie… Je ne pense pas qu’il s’agisse là d’une stratégie consciente de la part du gouvernement. Les officines de maintien de l’ordre ne voient pas la nécessité d’un conflit violent, elles savent que nous ne présentons pas une menace pour l’ordre public. Et elles ne veulent pas faire les chiens de garde de Najib [Razak, le Premier ministre]. La police a été forcée par le gouvernement à faire des choses comme des arrestations préventives, mais la manifestation elle-même n’a pas pu être interdite. La police a trouvé plus sage de ne pas la prolonger en provoquant des affrontements. Après la manifestation, le moral est au plus haut. Je pense que c’est le gouvernement qui est abattu. Une autre bonne nouvelle, c’est que l’Umno [United Malay National Organisation, le parti malais ethnique qui mène la coalition nationale, Barisan nasional, au pouvoir depuis 1957] a dans un premier temps soutenu la mobilisation des chemises rouges [un mouvement d’opposition à Bersih]. Mais quelques jours avant la manifestation, le secrétaire général du parti leur a refusé leur agrément car des leaders n’assumaient pas ce soutien. Il semble que l’Umno soit en train de se diviser et qu’ils soient incapables de relever le défi que représente Bersih. Il y a beaucoup de désaccords au sein du parti. Ce n’est pas que j’espère que l’Umno explose un jour, c’est en train d’arriver !

Il y a eu différentes vagues de démocratisation en Asie. Lors de la décolonisation, nous sommes l’un des rares pays qui n’a pas fait de révolution pour conquérir son indépendance. Dans les années 1970, beaucoup de pays ont connu une certaine agitation politique et progressé dans leur démocratisation avec les mouvements étudiants ou d’opposition à la guerre du Vietnam. Mais là encore, la Malaisie n’a pas été touchée. À la fin des années 1990, après la crise financière asiatique, on a vu une vague de démocratisation de la Corée du Sud à l’Indonésie mais là encore, nous l’avons manquée. Les modèles de démocratisation en Asie partagent certaines caractéristiques : une insatisfaction du peuple et une division dans le parti au pouvoir. Ces deux conditions étaient réunies pendant la crise financière. En Asie, la légitimité d’un gouvernement tient à son armée ou à sa capacité à maintenir une bonne santé économique, à fournir des emplois. Les droits humains et la démocratie peuvent être sacrifiés pour cela, mais si le pays s’appauvrit, le contrat est rompu entre le peuple et ses dirigeants. Et enfin, il faut une figure d’opposition conservatrice, issue des rangs dirigeants. C’est une règle : Aung San Suu Kyi est la fille d’un leader politique, Megawati [Sukarnoputri, présidente de l’Indonésie de 2001 à 2004] est la fille de Sukarno – c’est une histoire de filles et de veuves en Asie du Sud-Est. Même dans le cas d’un mouvement de masse, les gens se rassemblent derrière une figure relativement conservatrice. [En Malaisie le limogeage du vice-Premier ministre Anwar Ibrahim en 1998 et aujourd’hui la fronde de l’ancien Premier ministre Mahathir Mohamad offrent deux figures d’opposants venus des cercles dirigeants, NDLR] Pour faire tomber un régime, toutes ces conditions doivent être réunies. Elles le sont en Malaisie mais nos dirigeants ont réussi à utiliser la division ethnique pour retarder sa chute.

Nous sommes une nation divisée, c’est pour cela que la peur est toujours plus forte que le besoin de changement. Les Malais diraient : « Je ne veux pas de Najib, mais je ne veux pas non plus que les Chinois prennent le pouvoir. » Les Chinois diraient : « Je veux que ça change mais je ne veux pas perdre des droits en matière de laïcité si le PAS [le parti islamique] arrive au pouvoir. » Il y a toujours une répugnance qui tient à notre désunion. Bien que les trois conditions soient déjà réunies, il nous faut également surmonter la division ethnique si nous voulons arriver quelque part. L’Umno étant divisée, quelles sont les perspectives ? L’Umno est bien divisée mais elle crée des divisions au sein de l’opposition. Nous avons dans [la coalition d’opposition] deux partis qui s’emportent vite. L’un [le Democratic Action Party, DAP] insiste sur la laïcité, l’autre [le PAS] sur une sorte de satisfaction de la demande islamique. Le gouvernement a réussi à leur imposer une position inconciliable et cela a créé une division dans l’opposition dont elle n’a pas pu se remettre pour rester unie. Si le parti au pouvoir se divise mais que l’opposition aussi, on a un statu quo. Nous ne l’emporterons que si nous sommes unis et qu’eux se divisent. L’Umno ne cesse de se diviser parce que le favoritisme qu’ils pratiquent crée de l’insatisfaction : « Untel a eu plus que moi parce qu’il est ami avec Najib alors que c’est moi qui mérite le plus. » C’est de là que viennent leurs querelles internes incessantes. Nous diviser est vital pour eux.

Qu’est-il arrivé au PAS ? A-t-il quitté la coalition ?

Le PAS est un parti idéologique. Les gens suivent la ligne du parti quoi qu’il arrive. Cela n’attire pas les intellectuels mais les partisans de la ligne dure sont toujours là, personne ne les change. Nous devons reconstruire la coalition.

Vous êtes un vrai politicien : vous me dites qu’elle n’est pas détruite mais qu’il va falloir la reconstruire…

Non, non. La question est : il y a des gens qui soutiennent le PAS et d’autres qui soutiennent le PKR, et le défi est de les réunir. Notre système électoral n’est pas proportionnel : pour gagner chaque circonscription il faut partir unis. Pour unir l’opposition, nous devons faire des compromis. Le DAP ne peut pas arriver en demandant au PAS d’abandonner la charia ni le PAS l’imposer à ses partenaires. Dans une coalition, certaines choses sont mises en commun, d’autres pas. Cela demande une certaine sagesse à un potentiel leader – le PKR ou Mahathir qui vient de rejoindre la coalition. PKR est le seul parti multi-racial en Malaisie, cela fait de nous un pont entre le PAS, les socialistes, les laïcs et les autres. Nous pouvons parler à tout le monde. C’est très facile et confortable de dire à des Chinois ou à des Malais : « Votez pour nous et nous nous battrons sans compromis pour vos intérêts. » Comme Donald Trump (rires). Mais les deux partis ne pourront jamais s’entendre si nous ne faisons pas de compromis. DAP et PAS ne peuvent pas gouverner à deux, ils ne peuvent arriver à s’entendre que si le PKR les aide à trouver un compromis. Le nouveau parti de Mahathir est malais. Comment peut-il contribuer à l’opposition ? Je pense que c’est un phénomène peu durable. Après les élections, ils devront décider s’ils veulent retourner au sein de l’Umno pour la réformer ou bien faire un pas de plus et rejoindre l’opposition, voire fusionner avec le PKR. Ils vont rejoindre une large coalition que nous construisons pour les prochaines élections [qui auront lieu en 2017 ou 2018] parce que nous devons faire en sorte qu’en face du parti au pouvoir, il y ait un seul candidat. C’est la seule manière de l’emporter, sinon dans ce système électoral nous perdons notre temps.

Pouvez-vous nous parler du système électoral en Malaisie et du gerrymandering – qui consiste à accorder un avantage politique à un groupe ou un parti en manipulant les circonscriptions électorales ?

Nous avons un système électoral qui rend possible de gagner le vote populaire et de perdre l’assemblée. [Ce n’est pas rare dans les systèmes majoritaires mais il faut ajouter à cela que] dans ma circonscription, il y a 80 000 électeurs alors que celles du parti au pouvoir en font parfois 25 000. Avec le même nombre d’électeurs, ils créent trois sièges pour eux et un seul pour nous. Certaines circonscriptions sont encore plus grosses, 120 000, parfois 160 000. Dans ce système, il faut calculer la valeur de chaque siège et dépenser plus d’énergie dans les petites circonscriptions, qui sont des faiseuses de rois. Le parti au pouvoir continue à créer des sièges à son usage. Nous irons donc dans les zones rurales où les sièges sont plus petits et où il gagne facilement. Mettre tous les Chinois dans des circonscriptions qu’on leur abandonne, comme c’est le cas actuellement, mène à créer un nouveau Liban parce que dans ce cas, pour être élu, il suffit de représenter son groupe au parlement : seulement les chrétiens maronites ou les coptes ou les musulmans chiites, etc. C’est un jeu dangereux.

Le PKR a un avantage parce que nous avons des représentants de tous les groupes ethniques : Chinois, Malais, Indiens, [les peuples autochtones] Orang Ulu, Iban ou Kadazan. Quand nous siégeons, nous ne parlons pas pour nos communautés, nous nous emparons des questions politiques. Nous soutenons des politiques qui sont acceptables pour toutes les communautés parce qu’elles n’en perdent de vue aucune. Les autres partis ne fonctionnent pas comme ça. Pendant longtemps, la Malaisie n’a pas eu de parti comme le PKR. Espérons que le pays continuera à évoluer vers une situation, un peu comme en Europe, où les partis sont multiculturels et se différencient par leurs sympathies de gauche ou de droite. Alors seulement, il est possible de discuter rationnellement. Je ne voudrais pas parler de lutte des classes, mais dans la situation actuelle, nous supposons que les ouvriers chinois ont les mêmes intérêts que leurs patrons chinois, ce qui n’est pas vrai ! Leur voix n’est pas entendue et ils sont séparés de groupes qui ont des intérêts similaires… Nous tendons à faire comme si des politiques en faveur des millionnaires malais allait aider tous les Malais. Au contraire, elles peuvent bénéficier aux millionnaires chinois. La société malaisienne est aveugle à cela : c’est une société en M avec trois piliers en bas très séparés et au-dessus, des élites économiques très unies et qui savent collaborer entre elles.

Comment êtes-vous entré en politique ?

Je suis de Malacca, je suis né en 1963 dans une famille qui parle mandarin, ce qui n’est pas très commun. [NDLR : Les Sino-Malaisiens parlent très majoritairement des langues chinoises comme le cantonais ou le hokkien.] Mes deux parents étaient des intellectuels de gauche. Je suis parti étudier en Australie dans les années 1980 et j’y ai rejoint des groupes de gauche, marxistes, « new left », anarchistes, écolos… Les années 80 étaient une période plus réflexive ; les mouvements de masse des années 70 étaient finis ; l’heure était davantage aux discussions. Le vrai mouvement est revenu à la fin de la décennie avec les insurrections en Asie du Sud-Est [le « people power » aux Philippines, les insurrections étudiantes et populaires en Thaïlande et en Birmanie] et Tian’anmen en 1989. Je suis rentré dans les années 1990 alors que l’Asie du Sud-Est était au bord du changement. Les dictatures militaires et les régimes autoritaires étaient en train de se fissurer et la crise financière asiatique leur a donné un coup fatal. Je suis parti à Hong Kong travailler pour l’Asian Monitor Resource Centre, une organisation syndicale qui documentait l’unionisme en Asie. La Chine vivait alors une période d’industrialisation massive tandis que le FMI et la Banque mondiale imposaient dans nombre de pays asiatiques des programmes d’ajustement structurel qui menaient à la destruction des syndicats. Nous documentions tout cela. Avant mon master, j’étudiais la philosophie du XXe siècle, l’existentialisme, la sémiotique… J’étais très moderne ! Je me suis ensuite dirigé vers des études plus pratiques, les ressources humaines et le travail à l’Institute of Social Studies à La Haye aux Pays-Bas. À mon retour en Malaisie en 1995, j’ai rejoint le mouvement Reformasi. J’ai toujours été engagé dans les mouvements syndicaux et pour les droits humains. J’ai été un des directeurs de Suaram [la principale ONG malaisienne de défense des droits humains].

Qu’est-ce que la Reformasi, plus précisément ?

La Reformasi est un processus constant qui a été inclus notamment dans des partis comme le PKR. Au début, nous subissions une forte répression. Nous sommes allés en prison pour qu’enfin il soit possible de manifester dans la rue. Avant cela, nous devions couvrir nos visages et trouver des hébergements sûrs où nous cacher après les manifestations. La Reformasi a réussi cela mais il lui reste encore à se traduire dans un changement de politique. Cela n’arrivera que quand les régimes tomberont, sans quoi aucune réforme institutionnelle n’aura lieu. Les dirigeants ne vont pas abandonner leur pouvoir. Nous ne pouvons pas compter sur des élections dont les règles sont établies par le pouvoir. Seul un mouvement de masse du type « people power » et des manifestations de rue peuvent casser ces règles. Je fais souvent cette blague : changeons le gouvernement avant les élections, pas le contraire ! Il n’y aurait pas eu d’élections propres et équitables à Jakarta, en Corée du Sud, aux Philippines si le « people power » n’avait d’abord renversé le régime militaire.

La Malaisie [ne connaît pas ces insurrections] parce que les politiques ethniques ici sont accomplies. Les colons britanniques étaient obsédés par l’identité ethnique et la classification des êtres humains. « Indien » ne suffisait pas, il leur fallait préciser encore la caste. Quand vous commencez à préciser l’ethnicité sur un document d’identité, c’est sans fin. L’identité malaise est une histoire de culture, pas de gênes. Mais au début du XIXe siècle des anthropologues ont cru avoir découvert quelque chose avec l’ethnicité et les Britanniques se sont mis à classer en conséquence les sujets coloniaux. Ils sont très conscients de la race. Les Espagnols, eux, n’ont jamais partagé ces idées : dans leurs colonies, il y a toujours eu de la mixité et un moindre sens de l’appartenance à un groupe ou à l’autre. Le catholicisme homogénéise le peuple. Les Britanniques, en fixant l’identité ethnique et en créant l’« equal power », par exemple pour protéger les musulmans des hindous ou le contraire, ont fini par créer des communautés très séparées et à trouver cela juste. [Après l’indépendance de la Malaisie], notre classe dirigeante a voulu se montrer équitable et protéger certains groupes, ce qui a fini par créer un équilibre instable. Il y a désormais une perpétuelle tension entre les groupes. [En 1957], la population consistait en une moitié de Malais et une moitié d’autres. Mais l’immigration menaçait l’équilibre. Ainsi, en écartant Singapour [en 1965] et ses 70 % de Chinois, les Malais avaient une majorité en Malaisie. Si les Chinois n’apprécient pas, ils n’ont qu’à partir à Singapour !

Quel serait le rôle de la communauté internationale face à la situation actuelle en Malaisie ?

La Malaisie est mal comprise de la communauté internationale. Tout le monde nous croit très modernes : nous avons une économie quasiment du premier monde, toute une façade démocratique qui fait illusion. Dans les années 1990, quand nous allions sur la scène internationale, à Genève ou ailleurs, pour partager de nos inquiétudes sur le respect des droits humains, on nous demandait combien le gouvernement avait fait tuer de personnes. Personne [n’avait été assassiné], mais vingt militants étaient derrière les barreaux. Leurs autres dossiers faisaient état du Nigeria où 300 personnes avaient été tuées, où il y avait 1000 prisonniers politiques. La Malaisie n’était pas un cas très important. Le gouvernement est assez fort pour maintenir cette situation de répression subtile pendant qu’ils continuent à exercer un contrôle très fort des institutions. Les investisseurs étrangers pensent que c’est un pays libre et qui promeut le marché libre. Alors de quoi se plaint-on ? !