La visite au garage, remboursée par la Sécu ?
Par Aude le lundi, 25 avril, 2011, 20h43 - Textes - Lien permanent
L'impression est de moins en moins vague, quand on va chez le médecin,
d'amener son corps en révision au garage. « Qu'est-ce qui vous
amène ? » Mal à la gorge, bougies encrassées, douleurs au genou ou au
dos, problème au démarrage... On en ressort un quart d'heure plus tard,
délesté-e d'une vingtaine d'euros et assez confiant-e : la panne n'est pas
réparée, là tout de suite, mais c'est en bonne voie. Que voulez-vous, c'est de
l'humain, il faut être un peu patient-e.
Il semble désormais impossible de ressortir d'un premier rendez-vous avec celui
ou celle qui sera son médecin référent en ayant donné plus d'informations sur
soi que le sexe et l'âge. Des enfants ? Un boulot prenant, plaisant, ou
pas de boulot du tout ? De bonnes nuits ou des insomnies ? Sans
intérêt. La prise de tension a disparu, les questions générales aussi. On ne
soigne plus rien que ce qui aura été préalablement identifié comme un
dysfonctionnement par le/la propriétaire du corps en question.
Et la prévention, où est-elle, si on ne soigne que les problèmes déjà
déclarés ? Dans des dispositifs complexes, des campagnes coûteuses :
chaque jour pendant cinq jours, prenez deux échantillons de vos selles,
éloignés l'un de l'autre et recueillis avec deux instruments en plastique
différents... Voilà qui doit être bien plus efficace que de demander à chaque
visite et à tou-te-s les patient-e-s si on fait caca mou ou dur, quotidien ou
moins fréquent. Une attention aux signes de bonne ou de mauvaise santé qui est
décidément indigne de notre médecine high tech. Cet intérêt minuscule
mais vital était justement l'objet d'une question qu'on n'entend plus jamais
dans les cabinets médicaux : « Comment ça va ? ».
Un garage (pardon, une clinique automobile) à Olympa, WA.