Le Soleil en face

Le Soleil en face. Rapport sur les calamités de l'industrie solaire et des prétendues énergies alternatives
Frédéric Gaillard
L'Échappée, 2012
160 pages, 11 €

La critique des énergies dites « renouvelables » continue. Arnaud Michon avait publié en 2010 aux éditions de l'Encyclopédie des Nuisances un réquisitoire contre l'énergie éolienne, Le Sens du vent, qui faisait la part belle à une critique idéologique : un système injuste et autoritaire tente maladroitement d'assurer sa durabilité... le laisserons-nous faire ? Il faisait découvrir en outre aux optimistes de tout poil les défauts de l'énergie éolienne : non seulement les exactions de compagnies pour lesquelles un paysage et les personnes qui l'habitent ne peuvent rien valoir, mais aussi les ressources non-durables, en particulier métalliques, utilisées pour la construction d'une éolienne. Hélas pour les gentil-le-s écolos un brin techno, la réponse universelle à tous nos problèmes n'est pas blanche et dotée de trois grandes pales. C'est plutôt une révolution qu'il nous faut (et nous voilà bien avancé-e-s).

Frédéric Gaillard, sur les mêmes bases idéologiques révolutionnaires, nous livre un ouvrage dense et très documenté sur l'état de l'industrie du solaire photovoltaïque, à l'instar de ce que font ses camarades grenoblois-es de Pièce et main d’œuvre pour les nanotechnologies. Et ça tombe bien, parce que le photovoltaïque a aujourd'hui trois grands types d'amies :
-l'industrie des énergies fossiles, qui sent bien que l'ère du pétrole bon marché n'est pas éternelle et cherche à tout prix à aller Beyond Petroleum en investissant massivement dans les ENR ;
-l'industrie nucléaire ou le CEA qui s'est adjoint récemment une nouvelle étiquette, CEA-EA (Commissariat à l'Énergie Atomique et aux Énergies Alternatives) ;
-et l'industrie des nanotechnologies, qui promet des bonds en avant spectaculaires sur l'efficacité des panneaux, aujourd'hui, il faut l'avouer, un peu à la ramasse, mais ces perspectives-là font de l'énergie photovoltaïque la plus prometteuse de la famille des « renouvelables ».
Les guillemets sont de rigueur, car bien entendu le développement de ces énergies dépend de la consommation en masse de terres rares et autres ressources qui sont aussi peu illimitées qu'un champ pétrolifère saoudien.

Arnaud Michon maniait une ironie un peu méprisante, alors que Frédéric Gaillard nous apprend bien des choses, et pas des plus gaies. Les preuves s'accumulent pour exiger une descente sévère de notre conso d'énergie, et des soins intensifs pour nous guérir de notre addiction aux kWh. Y sommes-nous prêt-e-s, alors que les politiques semblent les dernièr-e-s à pouvoir identifier tous ces problèmes que tente de surmonter l'industrie, et que le gavage énergétique de la classe moyenne ou de ce qu'il en reste semble indispensable pour faire tenir le système d'une manière qui ait encore des allures de démocratie ?

L'impasse des ENR nous encourage à nous débarrasser de nos rêves de Progrès, même s'ils sont portés par l'écologie politique officielle, laquelle s'extasie sur Twitter de la conversion de l'industrie au DD (« le plus grand champ éolien en mer ! », « de la viande de synthèse pour économiser le soja et les terres de l'Amazonie ! », « la ville la plus écolo du monde sera chinoise ! », etc.). Mais il semble hélas vital pour assurer notre minuscule tranquillité d'âme de ne pas construire de critique de la raison technicienne et de l'industrialisme...

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