lundi, 1 décembre, 2025
Par Aude le lundi, 1 décembre, 2025, 08h54 - Lectures
Clément Sénéchal, Pourquoi l’écologie perd toujours, Points, 2025
Clément Sénéchal a fait paraître l’an dernier au Seuil un pamphlet contre l’écologie bourgeoise et réformiste. Celui-ci sort maintenant en poche, doté d’une postface dans laquelle l’auteur revient sur la réception de son propos. Même si je partage nombre des constats que fait Sénéchal, ancien salarié de Greenpeace, son livre m’a aussi souvent agacée.
L’ouvrage commence sur le récit d’une résignation, une opération de désobéissance civile qui abandonne sa cible, une base militaire en Alaska, avant de l’atteindre car il y a des obstacles et car elle a déjà fait un peu parler d’elle. L’ONG que ce coup d’éclat inaugure, Greenpeace, qui entend comme son nom l’indique lier préoccupations environnementales et pacifisme (et même lutte contre le nucléaire civil ou militaire), sort de cette équipée avec deux orientations : faire une com qui ressemble à de l’action directe sans en avoir les objectifs et s’attaquer plutôt aux grandes causes environnementales susceptibles d’intéresser les donateurs.
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jeudi, 20 novembre, 2025
Par Aude le jeudi, 20 novembre, 2025, 20h20 - Textes
Il y a plus de deux siècles, le libéralisme triomphant promettait des droits à chacun. Les êtres humains (mâles) ne seraient plus sujets mais citoyens. Aujourd’hui les États libéraux n’ont plus à la bouche que les devoirs de leurs citoyens et citoyennes, à mesure qu’ils érodent leurs droits et en font... des sujets.
Le malaise se sent notamment dans le monde associatif. Nous avons depuis longtemps naturalisé le fait que l’État pouvait refuser des subventions aux opposants politiques du parti au pouvoir. Comme si en prenant le pouvoir un parti pouvait dévoyer l’État en le mettant tout à fait à son service. En Malaisie le parti au pouvoir entre 1956 et 2008 avait pris l’habitude de distribuer des aides aux particuliers dans ses propres locaux. Distribuer les aides CAF dans les locaux de LR choquerait quelque peu. Pour éviter toute dérive, les subventions au monde associatif (et aux entreprises d’ailleurs, qui reçoivent la plus grosse part des aides) doivent être attribuées selon des processus certes déterminés politiquement et qui peuvent évoluer au fil des alternances mais qui doivent être mis en œuvre de manière neutre (1). Et les seuls refus de principe doivent être réservés aux associations qui s’opposent par principe à l’État ou à l’État de droit, les anarchistes (qui n’en demandent pas) et celles d’extrême droite (qui ne devraient pas en recevoir car elles pratiquent une discrimination intenable en droit).
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dimanche, 16 novembre, 2025
Par Aude le dimanche, 16 novembre, 2025, 12h15 - Textes
Avant d’entamer ce billet, je voudrais préciser un peu d’où je parle. J’ai été élevée dans le catholicisme, baptisée et catéchisée. Je ne suis pas croyante et je n’ai pas le souvenir de l’avoir jamais été. Dans la pension privée catholique et béarnaise maltraitante (non, une autre) où j’ai fait une part de mes études secondaires, j’ai ainsi un jour pris à partie le catéchiste en lui faisant valoir le manque de crédibilité de ses histoires. Il m’avait répondu que c’était « un récit donné pour une société donnée ». Je n’avais pas été plus convaincue que ça mais comme il n’y avait pas grand chose à lire je m’enfournais par ailleurs des vies de saint·es en me disant que ce serait cool comme parcours de vie (mes motivations étaient bien plus vaines que mystiques). Aujourd’hui, dans ma famille comme dans mes cercles amicaux, je côtoie de farouches laïcard·es comme des diplômé·es en théologie engagé·es à gauche. Bref, je connais un peu le christianisme sans y adhérer ni le combattre de manière indiscriminée et je déteste autant les intégrismes religieux que l’intégrisme anti-religieux. Je déteste encore plus ce christianisme militant qui se drape dans sa religion sans en respecter aucun principe.
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vendredi, 14 novembre, 2025
Par Aude le vendredi, 14 novembre, 2025, 18h01 - Lectures
Giuliano da Empoli, Les Ingénieurs du chaos (2019), Folio, 2023, 240 pages, 8,50 €
J’avoue une curiosité malsaine pour les histoires de conspirationnistes, d’agitateurs fascistes et de manipulations politiques sur Internet. Est-ce une basse vengeance de l’époque où des ravi·es de la crèche me gonflaient dans une revue techno-écolo en s’extasiant devant Facebook qui allait apporter la démocratie dans le monde ? Dès 2009 on avait vu cet outil de mobilisation, à l’époque relativement neutre, scanné par le régime théocratique iranien pour réprimer, profil par profil, une révolte. Dans le principe non plus ça ne marchait pas car savoir n’est pas mobiliser et mobiliser n’est pas gouverner. Bien que les faits m’aient donné amplement raison (« Je vous l’avais bien dit, que Mark Zuckerberg était un capitaliste et pas un fan de démocratie directe »), j’aurais à tout prendre préféré avoir tort, vu l’état actuel du monde.
En attendant, j’ai lu avec beaucoup d’intérêt le dernier livre de Naomi Klein ou Toxic Data de David Chavalarias et dévoré le podcast The Gatekeepers de Jamie Bartlett. Mais c’est seulement maintenant que je me fade Les Ingénieurs du chaos, en retard d’un livre (mais au prix d’un poche).
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jeudi, 6 novembre, 2025
Par Aude le jeudi, 6 novembre, 2025, 08h11 - Lectures
Jeanne Guien, Le Désir de nouveautés. L’Obsolescence au cœur du capitalisme (XVe-XXIe siècle), La Découverte, 2025, 352 pages, 23 €
La philosophe Jeanne Guien, engagée dans des mouvements écologistes et critiques du consumérisme, prend de nouveau au sérieux, après Le Consumérisme à travers ses objets et Une histoire des produits menstruels (tous deux publiés aux éditions Divergence), l’histoire des objets. Cette fois elle analyse la néophilie, ou culte de la nouveauté, appliquée aux objets et qui justifie leur production à grands coûts écologiques et humains. L’ouvrage est composé de cinq chapitres : le premier sur la circulation et la production de marchandises coloniales, le deuxième sur l’innovation technique, le troisième sur la mode vestimentaire, le quatrième sur l’invention du consumérisme et le dernier enfin sur les produits jetables. Dans chacun d’eux, la philosophe se fait historienne pour tenter de comprendre comment la nouveauté s’est imposée au monde. Je retiens de ces chapitres thématiques plusieurs idées.
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lundi, 20 octobre, 2025
Par Aude le lundi, 20 octobre, 2025, 09h34 - Lectures
Alison Bechdel, Le$$ivée. Un roman comique, traduit de l’anglais (États-Unis) par Lili Sztajn, Denoël Graphic, 272 pages, 28 €
C’est dans les années 1990 que j’ai découvert Alison Bechdel et ses lesbiennes à suivre (dykes to watch out for) à la bibliothèque municipale, dans des petits recueils à l’italienne qui reprenaient ses strips pour des magazines états-uniens alternatifs. Depuis, Bechdel a connu le succès avec Fun Home, une autobiographie sur son enfance qui fait la part belle à son père, prof de lettres et entrepreneur de pompes funèbres (le funeral home du titre). Elle a enchaîné avec C’est toi ma maman ? qui explore cette fois la relation avec sa mère puis Le Secret de la force surhumaine qui rend compte de son addiction au sport, de l’enfance jusqu’à sa vie actuelle dans le Vermont rural (l’État très au nord et très à gauche de Bernie Sanders) avec sa compagne artiste Holly. C’est dans ce cadre-là qu’elle place un nouvel opus autobiographique qui a la volonté d’être aussi une réflexion politique en explorant les questions économiques. La comédie musicale tirée de Fun Home est devenue pour le livre une série télé sur son père empailleur d’animaux mais l’essentiel est qu’elle offre à une artiste un peu underground une aisance matérielle inespérée. Autre volonté de mettre un peu de fiction dans sa vie en BD, Bechdel vit tout près d’une petite ville où se sont installées les « lesbiennes à suivre », toujours en coloc ensemble et à peine vieillies, comme téléportées de leur grande ville des années 1980-2000.
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dimanche, 19 octobre, 2025
Par Aude le dimanche, 19 octobre, 2025, 21h09 - Textes
La réforme des retraites est un moment de déni de démocratie à plusieurs titres. Non seulement, comme l’a montré la constitutionnaliste Laureline Fontaine, le 49.3 de la première ministre pour se passer du vote du Parlement a été déclenché sans fondement, comme pour une simple loi de financement, alors qu’il s’agissait d’une réforme importante et non d’une reprise du fonctionnement annuel, ce qui interdisait d’avoir recours à une telle procédure d’adoption. Si la loi n’a pas été retoquée par le Conseil constitutionnel, toujours selon Fontaine, c’est en raison de la faiblesse grave de cette institution, trop proche du pouvoir et qui n’a pas les moyens de fonctionner comme le ferait un conseil de sages juristes (mais ça y est, on a la confirmation que son président a bien un DEUG de droit, un diplôme qui sanctionne deux années d’études).
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mardi, 14 octobre, 2025
Par Aude le mardi, 14 octobre, 2025, 07h35 - Textes
Dans les temps reculés autour de l’an 2000, je militais dans le mouvement de jeunesse commun à plusieurs partis politiques et j’avais été envoyée pour répondre aux questions d’une journaliste sur jeunesse et politique. J’eus droit à ma photo dans le magazine et les platitudes que j’avais racontées tenaient sur un paragraphe, en regard avec celles des représentant·es d’autres mouvements. Il ne manquait rien, même si j’avais repéré quelques imprécisions. La journaliste, Hélène Marronnier, avait repris un sujet à la mode dans les rédactions : le renouveau de l’engagement politique des jeunes. Déjà. Déjà les jeunes étaient hyper conscient·es des problèmes du monde autour d’elles et eux et allaient se battre pour les régler, vous allez voir ce que vous allez voir. À l’époque, je trouvais déjà le sujet un peu bateau (avec sa jeunesse représentée exclusivement par des mouv de partis) et mal traité, notamment parce qu’à mon avis des questions intéressantes n’étaient pas posées sur la particularité de l’engagement des jeunes, le besoin d’entre-soi et de lier la politique et la vie de tous les jours. Pour moi, être dans un mouvement de jeunes, c’était l’autorisation de se tester et de dire et de faire beaucoup de trucs pas très malins mais qu’on ne regretterait jamais, de se faire des potes plutôt qu’un réseau (1), à un âge où on a le temps et où on est gourmand·e de relations sociales. Les mouvements écolo adultes étaient bien plus ennuyeux et exclusifs, on y existait par l’expertise ou on se contentait de tenir les murs.
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dimanche, 28 septembre, 2025
Par Aude le dimanche, 28 septembre, 2025, 21h10 - Textes
Le 14 juin au milieu de la nuit, un homme se faisant passer pour un policier s’est rendu au domicile d’un membre du Sénat du Minnesota, John A. Hoffman, et a tiré sur lui, son épouse et leur fille. Plus tard il a sonné à la porte d’un autre élu qui était en vacances. Il a ensuite visé le domicile de la sénatrice Ann Rest mais une patrouille de police, ayant eu vent de l’attaque sur Hoffman, avait eu l’idée de s’assurer qu’elle était en sécurité et a croisé le faux policier avant qu’il ne s’éloigne. Enfin, un peu plus d’une heure après la première attaque, celui-ci est entré sous les yeux de la police dans le domicile de Melissa Hortman, sénatrice de l’État elle aussi (photo ci-contre), et l’a assassinée ainsi que son mari et leur chien. John A. Hoffman et sa famille ont survécu à leurs blessures mais Melissa Hortman et son mari sont mort·es sur le coup. Les quatre élu·es visé·es avec leur famille sont démocrates. L’assassin, Vance Boelter, est un républicain qui avait sur sa liste 70 autres cibles politiques, élu·es démocrates, associations comme le Planning familial états-unien et toute une manifestation contre la pratique monarchique de Donald Trump, « No Kings », qui s’est malgré tout tenue plus tard ce jour-là (voir ci-dessous photo Lorie Shaull).
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jeudi, 28 août, 2025
Par Aude le jeudi, 28 août, 2025, 16h20 - Lectures
Des nombreuses parutions des douze derniers mois, certaines ont retenu mon attention mais je n’ai pas trouvé le temps ou le bon angle pour en parler ici. Comme je continue à trouver ces ouvrages pertinents et bien pensés, j’en fais un billet collectif et plus léger, surtout pour vous recommander la découverte. Un mot sur les coulisses de ce billet : j’ai acheté une partie des livres que je recommande ici et j’ai reçu des services de presse pour d’autres, parfois ceux de mes propres éditeurs. Paradoxalement, je ne leur fais pas de traitement de faveur puisque toute l’année c’est les livres d’autres éditeurs que j’ai priorisés pour mes chroniques, moins nombreuses que d’habitude. Dans la lettre mensuelle de ce blog, il m’arrive de faire de très courtes chroniques de ce type ou de signaler d’autres choses que je trouve intéressantes. Pour la recevoir chaque mois, envoyez un mail vide à mensuelle-blog-ecologie-politique-subscribe@lists.riseup.net et suivez la démarche.
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lundi, 28 juillet, 2025
Par Aude le lundi, 28 juillet, 2025, 08h55 - Textes
Les pauvres aiment-ils trop la guimauve ?
Une expérience bien connue de psychologie sociale met des enfants dans la situation suivante : ils ont en face d’eux une friandise et si jamais ils arrivent à ne pas la boulotter tout de suite l’expérimentateur leur en promet une deuxième en récompense. Les résultats ont montré sur le long terme que les gosses qui font preuve de contrôle et se privent d’une satisfaction immédiate pour accomplir des buts plus ambitieux réussiront mieux dans la vie, à savoir auront un statut social privilégié. Comme si l’accès à ces privilèges de classe tenait à la possession de ces qualités. Preuve que la société est ségréguée mais pour de justes raisons. Après tout, l’effort de ces gamins qui arrivent à résister à la tentation ressemble au mérite scolaire qui fait qu’alors que certains arrivent à se priver après l’école de la satisfaction immédiate de deux heures passées à faire des jeux vidéo, d’autres profitent de ce temps pour lire ou faire leurs devoirs, investissant ainsi dans leur avenir pour une « gratification différée ». L’école sanctionne cette propension à l’effort et accorde aux personnes les plus déterminées, consciencieuses et industrieuses des diplômes qui leur permettent d’accéder à des situations sociales enviables. C’est ce qu’on appelle le mérite. Ou plutôt le mythe du mérite.
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dimanche, 11 mai, 2025
Par Aude le dimanche, 11 mai, 2025, 09h48 - Lectures
Johann Chapoutot, Les Irresponsables. Qui a porté Hitler au pouvoir ?, Gallimard, 2025, 304 pages, 21 €
« Comme on le sait, Hitler a été élu démocratiquement », lisais-je il y a quelques jours à peine dans un article par ailleurs très fin sur la montée du fascisme. Voilà un topos auquel on espère échapper maintenant que l’historien Johann Chapoutot, une référence sur la période nazie, s’est attaqué aux mois qui ont précédé l’accession au pouvoir de Hitler. Il fait commencer cette histoire au 1er avril 1930, jour du discours de politique générale du chancelier Heinrich Brüning devant le Reichstag. Une coalition très large vient de tomber et le centriste Brüning a été nommé par le président Paul von Hindenburg pour mettre la barre à droite. Il promet « une sorte de cabinet technique » et applique une politique économique dure envers les travailleurs, avec le soutien discret du SPD (le parti social-démocrate) qui craint pire encore. Hindenburg, bien plus populaire que brillant (Chapoutot est féroce avec les protagonistes de cette histoire), est malgré tout mécontent que son chancelier doive encore aux sociaux-démocrates de ne pas tomber. Cette figure autoritaire, qui tord la Constitution pour gouverner à coups d’article 48, prérogative présidentielle en principe réservée à un état d’urgence, dissout le Reichstag à l’été 1930, espérant de meilleurs résultats pour son camp alors que le parti nazi vient de faire une percée lors d’élections locales et que le chômage est au plus haut suite à la crise qui vient d’éclater aux États-Unis en novembre 1929. Sans surprise, le Reichstag sort des élections divisé en trois grands camps dont aucun n’est en capacité d’emporter seul une majorité. Brüning garde néanmoins son siège avec des adversaires qui lui abandonnent la responsabilité de sa politique.
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jeudi, 17 avril, 2025
Par Aude le jeudi, 17 avril, 2025, 08h44 - Textes
J’adore ce sketch des Monty Python dans lequel des hommes bourgeois un peu alcoolisés se racontent leur vie, lançant tour à tour des surenchères sur qui avait vécu son enfance dans les conditions matérielles les plus sordides. Après les récits de familles qui vivent à quatorze dans une pièce misérable, ça finit avec : « Vous habitiez dans une boîte à chaussures ? Considérez-vous heureux, nous, nous vivions sous un caillou ! » Et le suivant de regretter que sa famille n’ait même pas eu un caillou à mettre au-dessus de sa tête (1).
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lundi, 14 avril, 2025
Par Aude le lundi, 14 avril, 2025, 19h26 - Lectures
Lauréline Fontaine, La Constitution au XXIe siècle. Histoire d’un fétiche social, éditions Amsterdam, 2025, 272 pages, 20 €
Quand j’étais en 4e ou en 3e au collège, en 1989, un prof d’histoire-géo nous a résumé la Révolution française en quelques phrases : c’était un grand moment d’insurrection populaire vite récupéré par la bourgeoisie, qui n’avait pas oublié de mentionner à l’article 17 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen le « droit inviolable et sacré » de propriété. C’est à vrai dire dès la deuxième phrase de l’article 1 que ça tourne mal : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. » Distinctions sociales il y aura donc, justifiées par le texte (qui fait partie du bloc de constitutionnalité de la République) et par une raison très vague. Pourtant, même si une collégienne avait compris le message, les textes constitutionnels font encore et toujours illusion.
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samedi, 12 avril, 2025
Par Aude le samedi, 12 avril, 2025, 14h04 - Textes
Depuis qu’elle a été condamnée à inéligibilité, Marine Le Pen se répand partout en prétendant subir une justice à deux vitesses, aussi douce avec les puissants qu’elle est dure avec les petits. Dans un sens elle n’a pas tort puisque, dans la même situation qu’elle, François Bayrou a prétendu tout ignorer de l’entreprise de détournement des budgets du Parlement européen organisée par son parti à lui pour financer ses postes et il est aujourd’hui premier ministre. L’ampleur du détournement et l’adresse des deux partis à compartimenter assez bien entre le Parlement européen et le siège du parti pour éviter la mise en cause du chef varient certainement mais sur le fond il faut constater qu’il s’agit du même délit et que la réponse judiciaire n’a pas été la même. Les autres arguments utilisés par le RN pour dénoncer cette « justice à deux vitesses » peuvent étonner, parce que justement ils promeuvent… une justice à deux vitesses, douce avec les élus et dure avec les petits.
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lundi, 3 mars, 2025
Par Aude le lundi, 3 mars, 2025, 20h35 - Textes
Il y a bientôt cinq ans, le 17 mars, nous étions confiné·es, coincé·es dans nos maisons pour les plus chanceux et chanceuses qui ont des maisons et n’ont pas été tenu·es de sortir faire marcher l’économie en s’entassant dans des métros aussi rares que bondés. Certain·es ont apprécié de rester en famille ou de faire leur jardin, d’autres se sont fait chier ou ont vécu huit semaines infernales, notamment celles et ceux étaient logé·es dans des appartement trop petits ou sans extérieur, étaient en prison ou en CRA. Une petite musique commence à s’imposer à propos de la période : franchement, on a été cons de se laisser confiner. Et de refaire le match en oubliant des petits détails. Le système hospitalier « risquait » la saturation ? Non, il était bien saturé, des tris ont été effectués entre patient·es et des personnes sont mortes chez elles sans soins. Le Monde diplomatique sort une carte des pires pays où passer mars-mai 2020 ? Aucun lien de cause à effet n’est esquissé entre la surmortalité importante et la dureté du confinement, il semble que ce soient simplement deux trucs pénibles alors que le deuxième a dans certains pays été une conséquence du premier. Le confinement ressemble à les entendre à un exercice parfaitement arbitraire de manipulation des foules.
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vendredi, 21 février, 2025
Par Aude le vendredi, 21 février, 2025, 18h24 - Textes
Le suicide comme moyen de réduire les dépenses de la Sécu pour maintenir les gens en vie ? On dirait une blague de Jonathan Swift, mais non : c’était la proposition très sérieuse d’un grand penseur, qu’on n’attendait pas dans ce rôle, en 1983… Un texte de Patrick Marcolini publié pour la première fois en 2016.
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Par Aude le vendredi, 21 février, 2025, 18h18 - Textes
En 2020, la convention citoyenne sur le climat n’avait proposé que des mesures faisant consensus entre les participant·es. Celles qui proposaient de baisser significativement le temps de travail pour réduire notre empreinte carbone collective avaient été écartées en raison de quelques voix discordantes. C’est le principe de ce qu’on appelle la « conférence de consensus » et qui n’est pas si éloigné du jury d’assises : la vox populi doit être polie par la concertation, au point de devenir aussi lisse que sûre, pour pouvoir s’imposer. On se souvient des promesses présidentielles de traduire ces conclusions en politiques publiques et du mépris avec lequel elles furent traitées.
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jeudi, 30 janvier, 2025
Par Aude le jeudi, 30 janvier, 2025, 08h29 - Annonces
Le Revenu garanti, une utopie libérale est réédité ce mois-ci par Le Monde à l’envers et sera disponible ce vendredi dans les bonnes librairies. J’ai proposé pour l’occasion une courte préface (ci-dessous) mais la discussion n’est pas finie… Vous pouvez trouver sur le site des éditeurs un sommaire et un extrait, ainsi que des recensions et un podcast où je présente mon propos.
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jeudi, 9 janvier, 2025
Par Aude le jeudi, 9 janvier, 2025, 08h41 - Textes
En France il est interdit de servir de l’alcool à des gens « manifestement ivres » (1). Des personnes qui ont leur compte et n’ont plus besoin d’un peu d’alcool pour lubrifier la vie sociale et faire tomber quelques inhibitions, des personnes qui ne sont plus en mesure d’apprécier un bon verre, des personnes qui n’auront plus que des désavantages à poursuivre leur consommation ce soir-là et auraient plutôt besoin de grands verres d’eau. Des personnes qui vont rentrer chez elles à leurs risques et périls dont les moindres sont de tomber par terre et de se faire mal, de perdre ou de se faire voler des biens précieux, qui le lendemain vont avoir des symptômes pénibles.
En France on aime l’alcool, avec modération bien sûr, et une fois ceci écrit sur les publicités (car la pub pour l’alcool est revenue discrètement) on laisse à chacun·e la responsabilité de sa consommation, serait-elle débridée et désinhibée par les premiers verres, serait-elle difficile à contrôler en raison d’une addiction. Pourtant on a les moyens de ne pas laisser chacun·e seul·e avec ses difficultés mais, même si l’intérêt du plus grand nombre y gagne, l’intérêt immédiat est bien de faire consommer, tant pour les bars que pour les producteurs d’alcool représentés par des groupes de pression puissants.
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