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mercredi, 16 août, 2023

Greenwashing

greenwashing.png, août 2023Aurélien Berlan, Guillaume Carbou et Laure Teulières (dir.), Greenwashing. Manuel pour dépolluer le débat public (2022), Points Seuil, 2023, 243 pages, 8,90 €

L’an dernier paraissait un ouvrage collectif, manuel d’auto-défense intellectuelle contre le capitalisme vert et ses stratégies de greenwashing. Coordonné par trois chercheur·es de l’Atelier d’écologie politique de Toulouse, ce livre réunit 35 auteurs et autrices aux profils divers (recherche, journalisme, activisme) pour 24 entrées : agriculture durable, finance verte, écocitoyenneté, etc. J’ai été sollicitée pour une entrée sur l’écopsychologie, parmi quelques unes qui portaient moins sur des stratégies de greenwashing que sur des fausses solutions aux désordres écologiques. Greenwashing est aujourd’hui accessible en poche, c’est l’occasion de se le procurer.

mardi, 15 août, 2023

Toxic Data

toxicdata.jpg, août 2023David Chavalarias, Toxic Data. Comment les réseaux manipulent nos opinions (2022), Champs Flammarion, 2023, 290 pages, 10 €

Il y a une quinzaine d’années, je traînais dans une méchante revue écologiste qui publiait encore des articles énamourés sur les médias sociaux, synonymes de démocratie. Maintenant que tout le monde pouvait savoir (savoir quoi ?), le peuple était au pouvoir et tout irait pour le mieux. Les pires plumes de la revue étaient restées scotchées sur un imaginaire datant de quinze ans de plus (le web comme espace nécessairement décentralisé donc démocratique) sans arriver à tirer les conclusions des premiers mouvements sociaux Facebook, comme la révolution iranienne manquée de 2009 qui donna au contraire le loisir aux autorités d’exercer une répression féroce sur les comptes ayant relayé le message des manifestations.

À l’époque il me semblait seulement que ces niaiseries péchaient par excès d’optimisme, confondant savoir et pouvoir, révolte et concertation, se faisant des illusions sur l’horizontalité produite par Internet et sur sa capacité subversive. La droite de l’époque et cette gauche radicale technophile avaient en commun le rêve qu’Internet produise une société sans corps intermédiaires, la première en connaissance de cause pour mieux gouverner et la seconde par manque de vision politique et utopisme mal digéré. Voilà ce que j’écrivais à ce sujet en plein surgissement des printemps arabes et peu avant le mouvement des places. Eh bien je me trompais. C’était bien pire ! C’est ce que nous explique cet ouvrage publié en poche cette année.

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mercredi, 28 juin, 2023

Les classes dominantes sont-elles vraiment écolos ?

Voici le texte d’une rencontre tenue à Grenoble dans les locaux d’Antigone avec les Amis du Monde diplomatique le 22 mai 2023. Par « classes dominantes » j’entends dans la première partie de mon propos ces classes qui ont un capital, économique, social ou culturel, qui leur permet de dominer symboliquement les classes qui en sont moins dotées sans pour autant déterminer l’action des États ni avoir un pouvoir économique qui leur permet de peser sur l’ordre des choses.

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mardi, 13 juin, 2023

Quel déclin ?

L'extrême droite française fait ses délices de la notion de déclin, celui-ci étant toujours mis sur le compte des minorités, en particulier ethniques. Faisons-nous, nous qui sommes attaché·es à des valeurs égalitaires, émancipatrices et à la réconciliation avec notre milieu naturel, le même constat ? Oui et non. Et pour nous les causes sont absolument différentes.

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samedi, 29 avril, 2023

Dans l’impasse, comment faire sauter les murs ?

Il est poignant de constater, alors que les colères contre la réforme des retraites restent vives, à quel point les garde-fou nous manquent. Où que l’on regarde, le pouvoir semble absolu. Une police et une gendarmerie en roue libre, à laquelle l’IGPN et l’IGGN distribuent des jokers à tour de bras, même quand les illégalismes sont avérés et dénoncés. Un Conseil constitutionnel si fragile (trop proche du pouvoir et trop peu savant en matière de droit constitutionnel) qu’il est incapable de sanctionner un usage irrégulier de procédures pensées à d’autres fins qu’une absence de majorité aux élections législatives. Un président dont l’hubris bêtasse de gamin de 15 ans premier de la classe, qui fait enfin pitié au monde entier, ne semble plus connaître aucune limite. Une Constitution depuis toujours problématique, taillée sur mesure pour des régimes autoritaires, et dont les critiques se recrutent désormais de la France insoumise au Financial Times (1). Des préfets qui tentent d’interdire des manifestations pour la seule raison qu’elles déplaisent aux puissants… Ah non, là il reste encore quelques magistrat·es réveillé·es pour retoquer leurs arrêtés, maigre consolation.

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dimanche, 23 avril, 2023

« Mon corps, mon choix »

Il y a quelques jours, dans un groupe féministe, nous avons déplié un paragraphe de notre manifeste qui reprenait le slogan « Mon corps, mon choix ». J’avais émis quelques doutes sur cette formulation car si entendue comme un appel à la liberté reproductive et sexuelle des femmes elle fait consensus, elle contient aussi tout un monde contre lequel, en tant que féministes au sein d’un syndicat de transformation sociale, nous luttons. Enfin, j’espère.

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mardi, 28 mars, 2023

Fin du monde et petits fours

findumonde.jpg, mar. 2023Édouard Morena, Fin du monde et petits fours. Les ultra-riches face à la crise climatique, La Découverte, 2023, 168 pages, 21 €

Il y a quelques années surgissait une écologie people. Les stars s’engageaient pour la planète : Mélanie Laurent co-réalisait le film Demain avec Cyril Dion, Leonardo DiCaprio invitait sur son yacht géant le petit Pierre Rabhi, Aurélien Barrau et Juliette Binoche engageaient, avec leurs ami·es du monde du cinéma, l’humanité à se ressaisir et les autorités à prendre des mesures coercitives s’il le fallait (1). Tous leurs discours avaient en commun une écologie niaise, faisant l’impasse sur notre organisation sociale et sur la liberté donnée aux plus gros acteurs économiques d’user et d’abuser des ressources naturelles (2). Le livre du politiste Édouard Morena n’est pas consacré à ces petits fours-là mais la lecture de son livre donne des clefs pour comprendre qu’il ne s’agit pas là de niaiserie mais d’une stratégie de classe très consciente appuyée sur la niaiserie de certaines personnalités.

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mercredi, 15 mars, 2023

Retraites : où est la vraie démocratie ?

Samedi dernier à la manif, l’ambiance était morose dans le cortège contre la réforme des retraites. Et dans les conversations des gens qui ne prennent pas la peine de venir, j’entends beaucoup cet argument selon lequel la question se réglera lors des prochaines élections. Comme si les élections ne se jouaient pas sur d’autres sujets. Comme si la rue ne gouvernait pas à partir du moment où un mandat était accordé par une élection. Dans la tête de beaucoup de monde, l’élection dresse la feuille de route du gagnant de la course à l’échalote et des mini-gagnant·es de la mini-réplication en 577 exemplaires. D’ailleurs, pour une fois, la réforme majeure du quinquennat était annoncée (d’habitude ils ne prennent pas cette peine, en 2017 par exemple un vague programme macroniste avait été improvisé trois semaines avant le scrutin). Une fois n’est pas coutume, elle l’a été en 2022, en pire, puisqu’elle prévoyait un départ à la retraite à 65 ans. En théorie, donc, les personnes qui ont comme moi voté pour empêcher l’accession au pouvoir de pire encore ont plébiscité cette réforme qu’aujourd’hui une majorité écrasante refuse… et refusait déjà durant la campagne électorale (1).

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lundi, 27 février, 2023

La moindre étincelle

ou Résumé subjectif des années Covid

Il y a trois ans, les politiques de santé publique, pourtant jusque là maltraitées par des gouvernements néolibéraux, nous étaient imposées pour cause de crise sanitaire à un degré de coercition jamais vu. Celles et ceux qui étaient confiné·es chez soi étaient nourri·es d’appels à la solidarité pour celles et ceux qui trimaient dehors, infirmières et premières de corvée. Nous redécouvrions, après un moment d’hallucination et d’indignation, des gestes très anciens comme la quarantaine et le confinement, avec leur coût humain, social et économique élevé. Solution de dernier recours qui fut appliquée docilement mais critiquée en particulier pour l’arbitraire et la violence avec lesquelles elle fut mise en œuvre.

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lundi, 30 janvier, 2023

Le Mythe de l’entrepreneur

entrepreneur.jpg, janv. 2023Anthony Galluzzo, Le Mythe de l’entrepreneur. Défaire l'imaginaire de la Silicon Valley, « Zones », La Découverte, 2023, 240 pages, 20 €

Auteur de La Fabrique du consommateur, Anthony Galluzzo nous livre ici le pendant de sa remarquable histoire de la consommation, une analyse du mythe de l’entrepreneur aux USA. Son histoire commence par la fin, avec la célébration de Steve Jobs. Galluzzo tente une histoire du succès d’Apple par plusieurs angles. Et si cette entreprise devait tout à Steve Wozniak, l’ingénieur de talent associé à Jobs depuis les fameux débuts de l’entreprise dans un garage ? Ou bien à Mark Markkula, l’homme qui réussit à intéresser les investisseurs au destin de la start-up, avec un succès tel qu’elle dut vite refuser des propositions d’entrée dans le capital ? Ou bien à la Silicon Valley, ce tissu d’entreprises dont Hewlett-Packard où Wozniak fit ses premiers pas et Xerox qui inventa dès 1973 l’interface graphique qui fit le succès d’Apple ? Ou bien à l’État, très volontaire dans la création de ce cluster de laboratoires de recherche fondamentale financés par le public, complété par des entreprises qui en valorisaient l’innovation ? Un peu de chaque, évidemment. Le mythe de Steve Jobs illustre bien ce que François Flahaut appelait le « paradoxe de Robinson », cette image de l’homme qui ne doit rien à personne – mais qui survit grâce au bateau échoué dont la cale contient tous les outils nécessaires, pour ne rien dire des savoirs acquis en Angleterre et que le naufragé a emportés avec lui sur son île déserte.

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jeudi, 12 janvier, 2023

La bride sur le col

Il y a quelques semaines, je suis restée songeuse devant un énième fil sur un réseau social bien connu. Un homme avait pris des photos de ses enfants devant le SUV nouvellement acquis de son voisin et mettait en évidence le contraste entre la vulnérabilité des petit·es et la lourdeur de la machine. Suivaient des interrogations sur la dangerosité de cette voiture pour les autres car, outre la lourdeur de l’engin en cas de choc, la visibilité est compromise par la taille du capot. La personne qui conduit n’est pas en mesure de seulement voir la tête d’un enfant en âge de traverser si elle est à moins de x mètres de la voiture, le x en question augmentant avec l’énormité du véhicule. Les réponses étaient très clivées, les un·es acquiesçant et les autres défendant le choix du propriétaire du char d’assaut, au nom de la liberté individuelle.

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vendredi, 23 décembre, 2022

On recrute

Ce mois-ci le président de mon conseil départemental avait des mots émouvants dans le journal de la collectivité sur les vies brisées par le chômage de longue durée et la nécessité humaine d'aider les personnes à s'insérer. On comprend bien l’intérêt des conseils départementaux à ne pas laisser le chômage s’installer et les chômeurs et chômeuses en fin d’indemnisation demander le RSA, distribué par leurs bons soins malgré des budgets toujours moins généreux alloués par l’État. Les larmes de crocodile du président ont surtout quelque chose d’un peu désuet ou carrément manipulateur à l’heure où un chômage de masse laisse place, dans des conditions qu’on ne comprend pas bien, aux pénuries de main d’œuvre.

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samedi, 12 novembre, 2022

Soyez sympas, portez un masque

Quand les annonces dans les trains et les métros, depuis plus de six mois, invitent « vivement » au port du masque pour éviter la propagation du Covid alors que même le personnel de la SNCF ou de la RATP ne le porte pas, la parole des autorités est démonétisée comme jamais. « Parle à mon cul, Manu, ma tête est malade ! » On pourrait en sourire ou se réjouir de cette insubordination mais je ne pense pas qu’elle constitue le moindre antidote au libéralisme autoritaire qui triomphe actuellement, avec son atteinte aux formes démocratiques pourtant peu exigeantes du gouvernement représentatif. Au contraire, c’est d’obéissance aux autorités qu’il est question quand le gouvernement choisit de se passer dans les lieux publics d’un moyen de protection simple, au motif que les hôpitaux sont à peine engorgés et que le nombre de mort·es chaque semaine est acceptable (l’équivalent d’un ou deux cars qui se crashent chaque jour, presque trois pendant le printemps électoral), et que l’immense majorité d’entre nous le suit.

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vendredi, 30 septembre, 2022

Casser le thermomètre

« Vous avez remarqué, personne ne porte de masque. Les gens ont l’air en forme... » C’est donc que la pandémie est terminée, disait le président états-unien le 18 septembre. Une pandémie est terminée quand les indicateurs le montrent, pas quand les autorités abandonnent toute mesure de précaution et que cela donne l’impression au public que tout va bien. Mi-juillet de cette année, en France, c’était l’équivalent de deux cars par jour qui se crashaient en tuant des malades du Covid, pour presque un million de nouveaux cas par semaine mais il était surtout question de partir en vacances sans aucune mesure de précaution dans les transports en commun, avec l’injonction de tout oublier pour bien dépenser. Ce que l’on peut retenir de la sortie tautologique de Joe Biden, c’est avant tout que les dirigeants ont envie que la crise sanitaire soit finie, quelque soit la réalité des faits.

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mercredi, 24 août, 2022

Des lobbys au menu

Daniel Benamouzig et Joan Cortinas Muñoz, Des lobbys au menu. Les entreprises agro-alimentaires contre la santé publique, Raisons d’agir, 2022, 176 pages, 9 €

C’est un court ouvrage mais qui rend compte d’une recherche très ambitieuse sur l’influence des entreprises agroalimentaires sur le débat et les politiques publiques en France. Cette influence se déploie dans trois dimensions avec trois outils privilégiés. Les think tanks investissent le champ scientifique, les organisations de représentations d’intérêt les instances étatiques, les fondations d’entreprise la société civile. Leurs efforts se sont particulièrement concentrés ces dernières années sur trois sujets : la mise en œuvre du Nutriscore, les états généraux de l’alimentation et dans une moindre mesure la discussion de l’interdiction de publicités télévisées pour les aliments transformés à l’attention des enfants. Ces trois moments ont été l’occasion d’influences plus directes qui mobilisent des liens créés et entretenus en continu par l’industrie en ordre plus ou moins dispersé car au-delà des entreprises, les filières (profession du lait ou du sucre) et l’ensemble de la profession (Association nationale des industries alimentaires, la discrète Ania) mènent des actions en ce sens.

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vendredi, 8 juillet, 2022

Face aux politiques sanitaires inconsistantes, l’autogestion ?

Deux ans après les mensonges sur les masques, que le gouvernement n’avait pas pris la peine de provisionner en masse malgré les multiples alertes de virus se transmettant par voie d’air, les autorités ont été jugées fautives par le Conseil d’État. Mais aucune responsabilité n’a été précisément établie concernant les personnes mortes des conséquences de leur action car après tout c’est aussi la faute à pas de chance quand on chope le Covid et parce que les dites autorités ont quand même montré leur bonne volonté pour lutter contre l’épidémie en promouvant largement la distanciation physique et le lavage des mains. Voilà qui pose problème. Car la distanciation physique et le lavage des mains ne contribuent pas vraiment à la réduction des risques Covid. Pire, les efforts qui leur sont dédiés sont divertis du cœur du problème : la transmission par aérosols, qui nécessite port du masque et aération des locaux. Et depuis deux ans et demie, ce cœur de la réduction des risques est sous-estimé ou ignoré et nous perdons « la bataille de l’air ».

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lundi, 20 juin, 2022

Un pays démocratique ?

Enfants, nous avions appris que la France, les pays d’Europe occidentale et tous les pays où se tiennent des élections libres étaient des démocraties. Mais aujourd’hui on constate, dans des pays du Sud, du Nord mais également au cœur de l’Europe, que de plus en plus de dirigeants très peu respectueux des règles démocratiques sont élus, souvent réélus, et cette définition ne tient plus. Les choses sont plus compliquées et force est de constater que « démocratique » n’est plus un adjectif absolu mais qu’il admet des variations : les régimes, les pays ont des caractères démocratiques plus ou moins marqués. À quoi cela tient-il ? Et où en est notre société en matière de démocratie ?

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lundi, 6 juin, 2022

Nos morts

C’était il y a presque vingt ans. Nous avions payé un lourd tribut à la canicule, 15 000 morts de plus par rapport à un été comme les autres. L’occasion d’extorquer un jour de travail gratuit dont bénéficient les entreprises et pour lequel elles versent à l’État en contrepartie 0,3 % de leur masse salariale pour financer un impôt aux personnes âgées et handicapées. 15 000 morts avaient suffi à nous tordre le bras, un an après un mouvement contre une énième attaque sociale. C’était pour la bonne cause.

Aujourd’hui, après presque vingt années supplémentaires de mépris néolibéral et de virages vers l’extrême droite, ces 15 000 morts sont une broutille. Après tout, c’était 80 % de vieux et de vieilles, on s’en tape. Même lassitude devant les morts du Covid, un nez à l’air vaut bien une vie. Le variant Omicron ? Il est sympa quand même, depuis une vingtaine de semaines qu’il est majoritaire il n’a tué que 26 000 personnes. Une peccadille, ces 26 000 familles endeuillées, une à deux centaines par jour. Tant que l’économie n’est plus impactée, tout va bien, inutile de rappeler ce fait dans le débat public.

Bon courage à celles et ceux qui bossent en ce lundi de Pentecôte et on croise les doigts. Ce n’est pas parce que cette fois on n’a pas pleuré nos mort·es qu’on ne va pas les payer.

dimanche, 22 mai, 2022

La grande convergence

Imaginez cette annonce dans un avion : « Mesdames et messieurs, pas la peine d’attacher vos ceintures, elles ne servent à rien : même avec, des gens ont pu mourir dans des accidents aériens. Nous avons revendu les gilets de sauvetage et économisé sur les inspections de sécurité avant le vol. N’hésitez pas à aller fumer dans les toilettes et bon courage pour arriver à bon port. » Ce n’est pas le genre d’annonce qui susciterait les applaudissements et les cris de joie des passagèr·es mais c’est ce qui s’est passé mi-avril quand aux États-Unis les juges ont estimé que le port du masque attentait à la liberté individuelle. Et pas du tout à la liberté de tou·tes de prendre les transports en toute sécurité, malgré leur fragilité ou leur simple manque d’appétence pour une semaine de grosse crève, le risque d’un Covid long et la possibilité d’infliger tout ça ou pire aux personnes de leur entourage et au-delà. Le scénario catastrophe s’est propagé de l’Amérique libertarienne à la France macroniste avec un mois de retard et, le 16 mai, la fin du port du masque obligatoire dans les lieux publics confinés s’est étendue aux transports en commun. Ironie de l’histoire, ce sont ces jours-là pour lesquels l’Assurance maladie me demande de renseigner mes cas contact car je viens d’être testée positive (j'ai répondu en donnant la liste des lignes de transport en commun que je fréquente).

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samedi, 21 mai, 2022

Reconnaître nos chaînes pour espérer les briser

Des jeunes qui ont le grand mérite d’avoir décroché un diplôme sensiblement égal à celui de leurs parents. Des consommateurs et consommatrices à blâmer pour leurs choix peu soutenables. Des personnes positives au Covid et qui ne peuvent que regretter leur manque de chance. Nous peinons toujours à admettre à quel point nos vies sont déterminées par l’organisation sociale et préférons envisager nos personnes en majesté, en capacité de mener des vies indépendantes, de faire des choix qui leur appartiennent entièrement.

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