Textes › En toute impunité

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dimanche, 31 mai, 2020

En toute impunité (1)

J'ai subi un crime de haine qui est resté impuni. Il y a quelques années je rentrais chez moi à vélo dans le centre de Lille avec un ami. Nous roulions en file indienne, alors qu'il nous était permis de rouler de front, dans un rond-point urbain, la place Philippe Lebon à Lille. Je ne m'explique pas pourquoi, au feu rouge, je remets en question ma position sur la chaussée. Peut-être parce que je me sens déjà menacée par une voiture tout près de nous. Oui, je suis bien placée, je prends ma place sur la chaussée pour éviter d'être fauchée à chaque sortie d'automobile à droite. Un tutoriel de la Sécurité routière suisse explique ici qu'il faudrait même rouler « au milieu de la voie ». Lorsque le feu passe au vert, nous redémarrons. Devant un nouveau feu rouge, cinquante mètres plus loin, parvis Saint-Michel, un automobiliste fait une queue de poisson à mon ami qui est placé devant. Mon ami le prend à partie en tapant sa voiture du plat de la main (note : ce n'est pas comme ça qu'on abîme les carrosseries, c'est seulement pour produire un peu de bruit et capter l'attention).

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En toute impunité (2)

Un an plus tard, mon agresseur court toujours avec sa haine, toujours capable d'un passage à l'acte violent. Un an plus tard, je me décide à faire d'autres démarches, cette fois sans attendre la police. Grâce à un ami et à l'excellent site Service-public.fr, je saisis le procureur de la République par une lettre recommandée et attire son attention sur ma plainte en déshérence. Celui-ci peut juger que « mon agresseur » n'est pas que mon agresseur mais une menace pour d'autres encore, autres personnes à vélo ou à pied où dont la tête ne lui revient pas et qu'il souhaite punir comme il a puni mon ami puis moi. J'ai porté plainte pour mon assurance (mais je ne me suis pas assez bien assurée) et pour ça. Mon agresseur n'appartient pas à mon cercle de connaissances, je ne peux rien négocier avec lui, ses proches ou les miens, rien exiger comme réparation. Dans une société anonyme, je ne peux faire appel qu'à la police. Puis à la justice, qui ne bouge pas. Sans réponse du procureur, je porte plainte auprès du doyen des juges d'instruction et demande en raison de ma pauvreté l'exemption d'une provision que sans ça je devrais faire dans le cas où ma plainte serait calomnieuse. Cette exemption m'est accordée et une juge d'instruction est saisie de l'affaire.

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