dimanche, 14 avril, 2024

Burn-out : les uns profitent, les autres payent

Imaginez que votre patron abuse (oui, c’est pour les besoins de la démonstration, dans la vraie vie ça n’arrive jamais). Deux de vos collègues sont parti·es ou ont été poussé·es vers la porte pendant la crise sanitaire et vous avez hérité de leurs missions. On vous a promis que c’était temporaire mais l’activité est revenue, il n’y a pas de recrutement à l’horizon et la fatigue s’installe. Votre n+1 sait déjà que l’équipe est en train de craquer. Elle est bien sympa mais ne peut que compatir avec vous car c’est plus haut que sont prises les décisions. Est-ce que continuer au même train et vous laisser finir en burn-out, en arrêt pour les six mois, un ou deux ans que réclame le traitement, serait une décision économiquement rationnelle de votre patron ?

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samedi, 23 mars, 2024

Une captivité coupable ?

L’an dernier, une étude publiée par des économistes rendait compte de la somme pour laquelle les utilisateurs et utilisatrices des médias sociaux consentiraient à se déconnecter. Les étudiant·es d’une université états-unienne accepteraient 59 dollars, pas moins, pour ne plus se connecter à TikTok et 47 pour délaisser Instagram. De manière plus intéressante et apparemment contradictoire, ils et elles paieraient cette fois 28 dollars pour voir leur entourage (et elles-mêmes) se déconnecter de la plateforme chinoise et seulement 10 pour Instagram qui était pourtant, la dernière fois que j’ai regardé, la plateforme qui impactait le plus négativement les personnes qui ne s’en servent pas que pour regarder des vidéos de chatons.

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vendredi, 8 mars, 2024

Comment j’ai appris à mépriser Sandrine Rousseau

Il me semble important de critiquer les camarades, non par plaisir égocentrique et pour se mettre en valeur à leurs dépens mais parce que toutes les stratégies peuvent être interrogées et que personne n’est à l’abri d’une dérive. Les critiques du camp opposé, par leur violence, leur injustice ou leurs présupposés biaisés, tendent plutôt, et c’est compréhensible, à conforter celle ou celui qui les essuie qu’à susciter un peu de remise en cause. Au contraire, une critique « amie » doit faire surgir des questionnements, rappeler des exigences partagées… et accessoirement être cordiale et éviter la personnalisation.

Ce billet n’est pas une critique amie.

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lundi, 19 février, 2024

I'm so happy to see you

Les logiques du développement personnel se sont doucement imposées dans notre imaginaire. Les ouvrages qui ont envahi les rayons des librairies peuvent dispenser une grande sagesse, si possible orientale, ou enchaîner les conseils simples ou les lieux communs (charité bien ordonnée commence par soi-même). Offrant une façade lisse, ils ont un propos aussi varié que consensuel. Depuis quelques années les critiques s’attachent à cet objet protéiforme, en dévoilant les nombreuses influences derrière une apparence anodine. Le développement personnel tire ses origines d’une part d’un ethos libéral et méritocratique qui s’exprime assez frontalement en langue anglaise depuis au moins un siècle : tout le monde peut devenir riche, celles et ceux qui ne le sont pas n’ont pas su tirer profit de mes enseignements, que voici offerts à la vente. Les nouvelles pratiques spirituelles devenues plus visibles en Occident à partir des années 1960, mais qui elles aussi ont des racines profondes, en constituent le versant ésotérique.

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jeudi, 15 février, 2024

Une colère qui se tient sage

La récente mobilisation agricole a emmêlé tous les ingrédients qui caractérisent la France depuis son accélération illibérale : une pauvreté que le travail peine à résorber malgré les promesses renouvelées depuis 2007 de lui redonner sa « valeur » (morale, voire moralisatrice, mais jamais économique) ; la colère à laquelle donnent lieu ces promesses non tenues et le sentiment d’avoir été le dindon de la farce ; l’arbitrage systématique des gouvernements en faveur des classes dominantes.

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jeudi, 25 janvier, 2024

France Bullshit

Il y a quelques jours j’ai repéré une pub assez laide pour un entreprise avec un nom à la con. Un peu comme Assur2000 ou Charenton Clés. Passant et repassant devant pour aller prendre le métro (quand il est accessible), il m’a fallu un temps pour comprendre que France Services était une énième déclinaison de France Bullshit, cette refonte des services de l’État sous une marque à la syntaxe anglaise.

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jeudi, 21 décembre, 2023

L’extrême droite règne mais ne gouverne pas

Le trafiquant d’influence Darmanin-démission, par ailleurs ministre de l’intérieur, se flatte de ne pas avoir fait voter sa loi contre les personnes migrantes avec les voix de l’extrême droite. Cela m’évoque la situation suédoise à l'issue des élections de 2022. L’extrême droite suédoise, un parti d’origine néo-nazie bien nommé Démocrates de Suède (SD), est le deuxième plus gros groupe parlementaire (73 sièges) derrière celui du parti social-démocrate (107 sièges). Mais c’est le dirigeant d’un parti de droite ayant obtenu 68 sièges, Ulf Kristersson, qui dirige le gouvernement dans lequel sont entrés d’autres partis de droite ayant fait des scores de respectivement 5,34 et 4,61 %. À eux trois, ceux-ci ont réuni 30 % des voix et donc des sièges. Le gouvernement Kristersson est élu par 176 voix contre 173 grâce à un accord programmatique avec le SD. Celui-ci fait en outre partie d’un cabinet informel qui réunit les quatre partis et prépare les budgets endossés par la coalition de trois partis. Officiellement, l’extrême droite ne gouverne pas en Suède, elle se contente de régner.

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samedi, 16 décembre, 2023

Les gueux, restez chez vous !

Il l’a dit ou il ne l’a pas dit ? Le préfet d’Île-de-France n’a pas annoncé de confinement des habitant·es de la région pendant la durée des Jeux olympiques. Non. Il a simplement fait remarquer que les transports régionaux était tellement performants « qu’à certains endroits le plan de transport ne permet d’acheminer les spectateurs que si tous les autres voyageurs ou presque étaient dissuadés » de les prendre. Venant d’autorités si soucieuses de respecter les libertés civiles, ça fait un peu peur, même si le type n’a pas prononcé l’expression « confinement olympique ».

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samedi, 9 décembre, 2023

Nourrir la bête

« La magie Shiva n’a jamais été aussi accessible », apprend-on sur les publicités pour cette entreprise qui met à disposition du travail de ménage. « Shiva vous permet de faire le choix de régler la moitié de votre facture chaque mois en bénéficiant immédiatement de votre crédit d’impôt. » Ménage, garde d’enfants et même cours de musique à la maison font l’objet de publicités variées qui insistent toutes sur ce fait : c’est l’État qui paye la moitié !

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samedi, 4 novembre, 2023

Sous le parapluie trans

Je suis bénévole dans un festival de cinéma qui tient à une non-mixité aujourd’hui devenue moins courante. Alors que bon nombre d’espaces non-mixtes sont « sans mecs cis(genre) », soit adoptent une non-mixité queer, nous tenons à être un lieu pour « les femmes et les lesbiennes » (1). Depuis vingt ans que je connais le festival, toutes les femmes y sont les bienvenues, cisgenre ou transgenre. J’apprécie le fait que chaque groupe puisse bâtir un espace qui correspond à ses aspirations et que diverses définitions de la non-mixité cohabitent, qu’on ne standardise pas les pratiques militantes. Ce festival réunit des festivalières très diverses, de tous âges, venues de tout le pays, avec des positionnements politiques différents qui se frottent parfois. L’an dernier un tag sur le mur externe du lieu disait : « Festival transphobe ». Cette année ce sont des « lesbiennes pas queer » tout aussi courageuses et anonymes qui ont pris la parole de cette manière très déplaisante pour faire connaître leurs reproches. Ça veut peut-être dire que le festival n’est pas monolithique et ces attaques sont une reconnaissance de la diversité qui y a cours.

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Une histoire d’autoroute

En 2007, l’écologie avait enfin surgi comme un sujet politique légitime, après des décennies d’alertes ignorées. C’est cette année-là que je me suis engagée dans une lutte contre un projet d’aménagement, l’autoroute A65. Première autoroute de l’après-Grenelle de l’environnement, le projet aquitain, long de 150 km, supposait l’artificialisation de 1 500 hectares et la destruction de huit zones Natura 2000. J’avais rencontré à l’occasion un petit groupe de militant·es landais·es très attaché·es à leur coin de forêt et à leurs sept fontaines, à quelques dizaines de kilomètres de là où j’ai moi-même grandi.

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mercredi, 25 octobre, 2023

« Nous sommes en guerre »

Rien de tel qu’une bonne guerre pour faire taire toute contestation. On se souvient du maréchal Macron, recevant dès 2018 des réponses cinglantes à son mépris, mis en difficulté sur sa réforme des retraites, se saisissant de la crise sanitaire pour se faire une image de chef de guerre là où on avait plutôt besoin de soignant·es. Plus tard il a su également profiter des guerres des autres pour se mettre en scène viril et hétérosexuel, en sweat à capuche et mal rasé pour mimer maladroitement le président ukrainien. La guerre fait les chefs, la guerre fait l’unité. Quand c’est la guerre, il faut abdiquer toute réflexion, faire front commun contre l’ennemi. Les conflits sur la production des richesses, serait-ce par la destruction de nos milieux de vie, et sur leur répartition n’importent plus quand on a un ennemi, extérieur idéalement et à défaut intérieur.

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mardi, 3 octobre, 2023

Un pays qui aime le sport

Celles et ceux que fatigue l’overdose actuelle de sport ne sont pas au bout de leurs peines. La France macroniste est un pays profondément divisé politiquement et dans lequel les entrepreneurs en politique n’ont de cesse de nier à leurs adversaires la simple existence ou d’appuyer à leur profit sur tout ce qui clive (voir le récent usage de l’abaya, mot et vêtement inconnus de la plupart d’entre nous avant qu’un ministre n’en fasse LA menace contre sainte République, bien avant le démantèlement organisé des services publics). Cette France-là a bien besoin de sport, cet objet qui réconcilie à moindre coût, et Emmanuel Macron s’en empare avec enthousiasme. On se rappelle l’énarque vibrant de manière exagérée à la victoire de l’équipe de France en 2018 et sa silhouette exultante, pour une fois virile et hétérosexuelle, aussi vite répliquée sur le matériel promotionnel de l’Élysée. C’est bien là un usage politique, voire partisan, du sport mais on est tenu de respecter l’injonction paradoxale à une réconciliation programmée autour de l’équipe de France. Le président va pêcher un peu de popularité dans les stades ? Impossible de le huer, il représente la France. Il mène une politique assise sur une bien faible légitimité démocratique et sa Première ministre ne gouverne plus que par 49.3 ? Il est Mbappé ou Dupont, il est la France, taisez-vous.

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lundi, 18 septembre, 2023

Pas de Covid long pour la chair à patrons

J’ai découvert il y a peu grâce à un haut fonctionnaire du ministère de la santé, lors d’une conversation privée, la réalité du Covid long : plutôt qu’une affection qui toucherait une part significative des personnes infectées, même quand leurs symptômes ont été très légers, le Covid long ne serait au fond qu’un symptôme psychiatrique, conséquence de nombreux confinements. Devant ces assertions affirmées avec l’assurance du chef de service, j’ai fait comme avec les platistes et les porteurs de chapeau anti-radiation en papier aluminium. J’ai clos poliment la conversation sur l’accord qu’il nous fallait plus d'études.

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mercredi, 13 septembre, 2023

Covid et punaises de lit

Un ménage sur dix aurait été confronté à la question des punaises de lit depuis 2017. Je n’en fais heureusement pas partie mais j’en ai fait la déplaisante expérience en voyage. Les morsures sont très douloureuses, bien que la douleur s’efface dans l’heure, et elles perturbent fortement le sommeil puisque ces bêtes trouvent refuge dans la literie (mais pas seulement) et préfèrent sortir dans l’obscurité. Un logement infesté, c’est un véritable cauchemar. Impossible de dormir sereinement, d’inviter chez soi des ami·es, à dormir évidemment mais aussi à prendre l’apéro sur un canapé (1). Ou alors à leurs risques et périls, ce qui accroît le risque pour les ami·es d’ami·es et ainsi de suite. Par certains aspects, cette question des punaises de lit me rappelle le Covid. Et j’ai longtemps été tentée d’y consacrer un billet, ce que je fais aujourd’hui, rattrapée par l’actualité.

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mardi, 12 septembre, 2023

Luttes LGBTI, luttes des classes ?

En mars 2023, j’ai été invitée par l’UNEF à m’exprimer à l’université Clermont-Auvergne dans le cadre du Festival étudiant contre le racisme et les discriminations. La soirée a commencé par l’intervention d’un membre des Inverti·es qui a présenté ce collectif très présent dans le mouvement contre la réforme des retraites et sa volonté d’inscrire les personnes LGBT en tant que telles dans le mouvement social, notamment en raison du fait que c’est à ce titre que beaucoup sont vulnérables économiquement.

J’ai enchaîné en apportant quelques précisions sur la préhistoire du mouvement LGBT (j’étais la plus âgée dans l’assistance, ayant eu 20 ans en 1997) et en abordant des questions qui me tiennent à cœur. J’étais venue avec deux livres très différents. Le premier, du journaliste espagnol Daniel Bernabé, s’intitule Le Piège identitaire, chroniqué ici, et porte sur la politique des identités sexuelles et raciales, trop souvent perçue comme subversive. L’expression politique de minorités sexuelles n’est pas en soi un danger pour l’ordre établi. Barnabé montre combien la social-démocratie démissionnaire a même utilisé ses réponses aux revendications de ces minorités pour se donner une caution de gauche qu’elle ne méritait plus en raison de ses politiques trop favorables au capital et néfastes aux intérêts des plus pauvres (parmi lesquel·les ces minorités sont par ailleurs surreprésentées, ce que note bien Bernabé). Pensons dans le contexte français au mariage pour tou·tes, seule réforme de gauche de Hollande, par ailleurs responsable de la loi travail, de la mort de Rémi Fraisse et d’une répression politique violente, des cars Macron et de l’adoubement de celui qui depuis six ans fait le marche-pied de l’extrême droite. Rétrospectivement, le mariage pour tou·tes, une réforme par ailleurs insatisfaisante aux yeux de communautés LGBT, a le goût amer d’un quinquennat déjà à droite.

livres-LGBT-classes.jpeg, sept. 2023

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dimanche, 10 septembre, 2023

Plantez des arbres !

arbre-sécheresse.JPG, sept. 2023Tout le monde aime les arbres. Même Macron. Et pour cause, en dehors de leur valeur intrinsèque, leurs bénéfices pour les êtres humains sont nombreux. En ville les arbres améliorent la qualité de l’air en capturant le CO2 et relâchant de l'oxygène. Ils apportent une ombre bien plus fraîche (1) que celle des « ombrelles » en béton qui les ont parfois remplacés (2). L’absence d’arbres et des espaces trop minéraux provoquent au contraire des îlots de chaleur insupportables lors des périodes caniculaires toujours plus nombreuses. Les arbres à feuilles caduques ont même le bon goût de se dévêtir l’hiver, quand les maisons ont besoin des apports du soleil pour se réchauffer, et c’est l’un des principes de l’architecture bioclimatique. Dans les prés et même les champs, la présence d’arbres protège de la sécheresse, apporte de l’ombre et du fourrage pour les animaux (les ruminants mangent aussi des feuilles), du bois dans les économies paysannes pour le chauffage ou la construction. Les recherches en agroécologie nous ont permis de mesurer les bénéfices de l’arbre jusque dans les champs. Certes ils compliquent le travail mécanique et réservent une partie de la surface, qui ne peut être cultivée. Mais globalement, il est établi que la présence d’arbres est un bénéfice y compris en matière de production végétale et là encore les canicules à venir ne feront que les accroître en comparaison avec les terres sans arbres, plus sujettes à la sécheresse et dont l’attrait paysager est par ailleurs bien faible. Les forêts, en revanche, apportent fraîcheur et variété des espèces vivantes (3). Les paysages arborés fournissent un plaisir qui va jusqu’à l’émerveillement mais qui disparaît devant une monoculture à perte de vue. Partout la présence d’arbres contribue à l’entretien de populations d’insectes pollinisateurs ou non, au maintien de la vie. Et au niveau global, les arbres ont les mêmes avantages de captation du CO2 et leur rôle dans la régulation des gaz à effet de serre est bien connu. Dans les forêts tropicales, la plantation d’arbres nourriciers au milieu des arbres qui ont poussé spontanément ainsi que la chasse d’animaux forestiers ont permis à de nombreux peuples, comme à Bornéo, de vivre dans cet écosystème. La déforestation sur tous les continents de larges pans de forêt met en jeu leur survie… et à terme, la nôtre.

IMG_1329.JPG, sept. 2023

Photos : En septembre 2022 en Loire-Atlantique, l'herbe n'est restée verte que sous un grand arbre. Pendant une très chaude journée d’été dans le Lot-et-Garonne, des animaux d’élevage se regroupent à l’ombre des arbres. Ombre portée en été sur la façade d’un mas provençal par un micocoulier.

mas-micocoulier.jpeg, sept. 2023

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vendredi, 8 septembre, 2023

Séparer la femme de l’artiste

On ne peut pas séparer l’homme de l’artiste, dit-on. Au-delà de la simple volonté de punir des méfaits qui ne l’ont pas été et de porter atteinte au succès d’un artiste par ailleurs méchant homme, il y a l’idée que l’œuvre tout entière respire le vice reproché à son auteur. Est-ce si vrai ? Si c’était le cas, toute la série de J.K. Rowling, tout le monde de fiction qu’elle a créé autour d’une école de sorcellerie, transpirerait la haine des femmes trans qu’on attribue à l’autrice, celle dont on ne prononce plus le nom. Or il m’a été plus d’une fois donné de constater que pour les fans de Harry Potter qui sont trans ou soutiennent les personnes trans dans leur lutte contre un carré de féministes, en nul cas cet univers fictionnel ne devait être banni de leurs étagères. Il continue à être lu, à offrir des références, à être exploité commercialement – et de quelle manière ! L’œuvre continue à être révérée mais sur l’artiste tombent des foudres qui vont jusqu’à invisibiliser sa maternité de l’œuvre, voire, mais c’est pour rire, à l’attribuer à un homme. Vous savez, Harry Potter à l'école des sorciers, le livre de Daniel Radcliffe. Certes tout le monde sait que le type en question avait 8 ans quand le bouquin est paru mais est-ce si drôle de matilder une autrice pour la simple raison qu’on est opposée à son propos ? Tellement de femmes ont été spoliées de leur œuvre, en leur temps ou pour la postérité, que le phénomène a été identité sous le nom d’effet Matilda.

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mercredi, 30 août, 2023

Eux ou nous

« Nous sommes les 99 %. » C’est une expression et une analyse que je n’ai jamais trop appréciées. Nous serions ainsi, tou·tes autant que nous sommes, cadres sup et crève la dalle, soumis·es aux diktats du capitalisme. Et personne parmi nous, oh non, n’en serait le prisonnier volontaire, bien content·e de profiter de toutes les marchandises qu’il offre. Quand j’entends « 99 % », je repense à ce militant communiste montrant à ses potes les photos de ses vacances au Vietnam avant la réunion de la gauche unie post-2005. Je l’imagine aujourd’hui conduisant un SUV, ce type de voiture encore peu répandu il y a dix ans et que l’industrie automobile n’a pas spécialement promu avant de se rendre compte de la force de la demande – demande par ailleurs tirée entre autres par le sentiment (et la réalité) de la moindre sécurité face aux SUV des personnes qui conduisent des voitures de taille plus raisonnable (1). Ou comment un objet énergivore et idiot s’est imposé via le marché (y compris les marchés publics) et contribue à verrouiller notre futur.

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mardi, 15 août, 2023

Arrêtez de vous indigner !

Cette année je suis membre dans des collectifs militants de deux commissions qui ont chacune pour objectif de défricher des prises de position sur des questions délicates. J’ai été encouragée à y participer au motif qu’il faut y assurer un peu de diversité politique et que peu de personnes ont envie de s’y coller quand elles savent ne pas défendre la position qu’il est de bon ton d’avoir. J’ai prouvé ma capacité à défendre des positions minorisées, à ne pas répéter la doxa et à mettre le doigt sur les questions qui fâchent. Ça ne m’a pas empêchée d’y aller la boule au ventre en raison des violences symboliques qui se jouaient dans ces réunions.

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